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Jean-Pierre Aoustin (Traducteur)
EAN : 9782070348527
608 pages
Gallimard (02/10/2008)
3.62/5   128 notes
Résumé :

Condamné pour le meurtre d'un cheval, George Edalji, jeune avoué d'origine parisienne, est emprisonné puis relâché sans avoir été innocenté.

Son teint mat et sa parfaite intégration sociale dérangent l'Angleterre bien-pensante de ce début de XXe siècle.

Fragile, effacé maladroit et démuni, il va faire appel à Arthur Conan Doyle, alors un des hommes les plus célèbres d'Angleterre, le créateur de Sherlock Holmes...
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime de temps en temps lire un Julian Barnes. Les derniers en date, - Une fille, qui danse - et - Rien à craindre - m'ont plutôt permis de passer quelques heures agréables.
Cette fois-ci, c'est le thème qui m'a paru attractif : un "polar" non fictionnel mettant en scène Sir Arthur Conan Doyle, alias Sherlock Holmes, enquêtant dans une sombre affaire "de maltraitance animale" pour laquelle le fils d'un pasteur parsi, George Edalji, est injustement condamné à sept ans de travaux forcés...
Surprise !... C'est la structure narrative plus que le "polar" en lui-même qui m'a séduit.
Quelle heureuse idée que celle de Barnes que d'alterner des chapitres "Arthur" et "George" pour nous permettre, sans l'effet lassant du genre, de découvrir les biographies "respectées" de ces deux hommes que tout opposait ( Arthur Conan Doyle et George Edalji) et d'y insérer ce qui sera le trait d'union, la raison de leur rencontre : l'affaire précédemment mentionnée !
Deux plaisirs en un donc dans cet ouvrage : deux biographies pleines de vie, de relief, extrêmement bien contextualisées, et une enquête... avec des temps forts... et d'autres moins. Mais le lecteur n'est jamais perdant.
Le bémol se situe, à mon sens, dans la comparaison totalement déraisonnable entre l'affaire Edalji et l'affaire Dreyfus. J'ajouterais quelques libertés prises par l'auteur dans les dates et les circonstances qui ont rapproché ces deux hommes.
C'est un travail littéraire d'honorable facture... auquel il manque cependant l'intensité dramatique qu'auraient méritée ces deux destins et les épreuves auxquelles la vie les a confrontés.
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Arthur est un homme mûr, un athlète, qui a atteint une réussite sociale comme il ne l'aurait jamais imaginé dans sa jeunesse. George est un jeune homme timide, instruit et méthodique qui vit dans une ville de la campagne anglaise, où son père est vicaire. Arthur est médecin et a pratiqué comme ophtalmologiste, bien que la profession qui lui a valu la gloire et la fortune en soit une autre. George étudie le droit à Birmingham et travaille ensuite comme stagiaire pour un avocat. Arthur est marié, mais amoureux d'une autre femme qui lui l'aime en retour, mais à laquelle il est cependant incapable de toucher ne serait-ce qu'un cheveu, par respect pour sa femme. George est célibataire et n'est pas connu pour avoir une relation avec une femme, bien qu'il aimerait le faire, quoique d'une manière quelque peu déroutante. Arthur a été élevé catholique, mais au fil du temps, il s'est intéressé aux pratiques spirites, auxquelles il en est venu à croire fermement. George est un anglican, la foi dans laquelle son père le vicaire l'a élevé. Arthur est écossais, issu d'une famille irlandaise, bien que sa figure soit devenue l'incarnation du gentleman anglais, ou, du moins, britannique. George est bien anglais, des Midlands, et il ne se sent rien d'autre ; mais beaucoup de ses voisins ne le voient pas ainsi, car son père, en plus d'être un vicaire anglican, est Parsi. Arthur écrit des histoires : des histoires d'horreur, des histoires d'aventure et, surtout, des mystères. Il est même le créateur du détective littéraire par excellence, l'archétype qui définira tout le genre pour les années à venir. George a écrit un livre sur la législation ferroviaire. de retour du travail, il fait généralement des promenades solitaires dans la campagne à la tombée de la nuit. Des tueries d'animaux et certains autres événements étranges se produisent dans sa région, il fait l'objet d'une enquête et est accusé de les avoir commis : il finit par se retrouver en prison. George demande l'aide d'Arthur, et Arthur, dont la noblesse d'esprit et l'intégrité sont considérées comme un exemple pour toute la nation, accepte de l'aider. Arthur, bien sûr, est Arthur Conan Doyle, et George est George Edalji, un jeune métis qui a clamé son innocence, sans être écouté. Et Arthur & George est un roman sur les différents chemins qui peuvent être suivis pour être un homme ; sur notre propre identité et notre intégration dans le monde . Un roman sur l'éloignement que ce monde peut vous imposer et à quel point vous pouvez être étrange pour lui. Un roman sur la mesure que l'on est soi-même capable de donner et sur ce que les autres pensent que l'on est capable de donner. Celui d'une amitié basée sur la reconnaissance de l'autre, sur le respect mutuel et la confiance, plutôt que sur l'affection. Un roman sur Sir Arthur Conan Doyle et sur George Edalji, l'homme qui lui a demandé de l'aide à lui et non à et non Holmes, sa créature, ce "fils" presque plus détesté qu'aimé. Arthur & George est un roman plein de sensibilité, de subtilité et d'intelligence, écrit par un Julian Barnes en état de grâce.
Pourtant sur un plan purement littéraire, c'est la recréation de la vie de George Edalji de comment sa personnalité et les contours de sa pensée intime se construisent sous nos yeux émerveillés, qui donne la mesure de l'immense talent de Julian Barnes. L'auteur sait prendre une histoire vraie et la transformer, au-delà de la pure anecdote pour l'intégrer é son territoire et à son monde littéraire. Avec un style d'une simplicité trompeuse (le travail de l'auteur semble à peine perceptible) et avec une précision arithmétique, le parcours de vie de ces deux hommes se déroule en parallèle, illustrant deux manières d'appréhender la vie et d'affronter ses défis.
Un bon roman.
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Cent ans après les événements qui réunirent autour d'un fait divers le célébrissime Arthur Conan Doyle et l'obscur George Edalji, le distingué Julian Barnes produisit.. un roman. Comme dans tout exercice du genre, l'on peut être travaillé par une désagréable impression de sables mouvants. Où se situe la "vérité vraie" ? D'autres genres, pour partiels qu'ils soient, n'en livrent pas moins un matériau brut à l'esprit critique du lecteur. Ainsi du témoignage d'un contemporain (Frank Harris évoquant la déchéance d'Oscar Wilde par exemple) ou les minutes d'un procès (celui du même Wilde tel que présenté par son petit-fils Merlin Holland). Ici, l'on devine un travail conséquent de documentation mais l'intrusion sans limite dans l'intimité et la psychologie des protagonistes suppose assurément une liberté d'auteur que seul le genre romanesque peut permettre. La note finale n'en définit pas précisément les contours.
Un roman, donc. Pas un suspense haletant autour des machinations machiavéliques d'un Moriarty ou des meurtres horrifiques d'un Jack l'Éventreur, mais juste une histoire sordide de mutilation d'animaux. Et plutôt que la peinture d'une époque et de ses supposés préjugés, une illustration en habits d'époque, d'une finesse toute britannique, des troubles immémoriaux de l'existence. Avec sa patte doucement ironique, l'auteur ne rate pas une occasion de montrer combien la vie sait nous balancer cul par-dessus tête. Elle le fait avant même la naissance mais, là au moins, cela paraît pour la bonne cause. Après, c'est moins sûr. Dans le roman, George Edalji est non seulement innocent des faits qu'on lui reproche, il est innocent en toutes choses. le droit a valeur de mise en cohérence et, à ses yeux, l'on ne peut décidément pas modeler une poterie sans argile. Il ira pourtant en prison. Non parce que le procureur est un parfait salaud mais plutôt parce qu'il est doté d'une intelligence et d'une habileté que redoutent ses collègues avocats, que la société humaine n'est pas régie par le syllogisme judiciaire et que le meilleur argument demeure ce qui impressionne. Son géniteur, double image du Père, des certitudes et de l'autorité, déchoit au rang de vieillard hébété en passant de la chaire au prétoire. La sentence satisfait un chef de la police qui avait son opinion avant de diligenter l'enquête et s'indignait de la cruauté gratuite infligée aux animaux, sous les têtes de cerfs ornant son salon. L'Angleterre de l'époque est parcourue par le cirque de Buffalo Bill, grand massacreur de bisons mais probable héros de toutes les têtes blondes. George Edalji quitte le monde civilisé que sa famille d'origine indienne avait en grande partie intégré pour être réduit à un état quasi-animal : enclos, hardes, numéro, exposition permanente. Et Conan Doyle n'est pas simplement le chevalier blanc remettant tout cela en ordre. Créateur comme chacun sait d'un personnage aux dons supérieurs d'observation et de déduction, ophtalmologue de formation, il n'a pas "vu" venir la tuberculose qui emportera sa première épouse. Considérant sa création comme mineure dans une oeuvre qu'il voulait d'une autre nature, il l'a engloutie dans les chutes du Reichenbach, et a bel et bien vu le monde de ses lecteurs s'en désoler quand, dans le même temps, son père alcoolique mourait sans bruit à l'asile et le destin de son couple se fracassait. Et puis, entiché d'esprit chevaleresque, nouveau Lancelot pris au piège des beaux yeux de Guenièvre, il a connu l'amour, le vrai, celui que commandent les sens et que n'arrêtent ni les principes ni le regard des autres. Et ainsi de suite...
Au-delà de ce propos dont l'ampleur dépasse le cadre depuis longtemps évanoui des circonstances ainsi recréées, on ne saurait rendre le sentiment de finesse, de consistance et - paradoxalement - d'abîme qu'inspire la lecture de ce bel et authentique ouvrage. Idéal à lire sur une île celtique caressée par le souffle du vent, sous les cris moqueurs des mouettes et des goélands.
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En fait de "plus haletant des thrillers" annoncé par cette 4ème de couverture, le roman se présente d'abord comme une biographie parallèle de chacun des deux protagonistes, dont les chemins ne se croiseront (et pour moi il était temps !) qu'à partir de la page 348 (sur 595).

Jusque là, ces deux vies, qui n'ont rien de commun, sinon l'époque, sont évoquées en séquences alternées et l'auteur rend compte avec talent des personnalités de chacun (complètement opposées, l'un, le créateur de Sherlock Holmes, étant aussi extraverti que l'autre manifeste peu de goût pour la fréquentation de ses pairs), en dépeignant aussi bien leurs actions que leurs réactions intimes, enracinées dans ce qu'ils ont pu vivre dans leur enfance (Conan Doyle imprégné des histoires chevaleresques narrées par sa mère, George Edalji élevé par un père pasteur rigoriste). Après avoir donc accepté cette façon de procéder à laquelle je ne m'attendais pas (je pensais lire quelque chose de plus dynamique), j'ai apprécié la qualité de ces deux portraits, l'un marqué par l'irruption d'une incroyable accusation policière, l'autre par une vie amoureuse à rebondissements et un intérêt croissant, bien expliqué, pour le spiritisme.

Pour ce qui concerne l'"affaire" proprement dite, elle est présentée de manière détaillée dans tout son déroulement et on sent que l'auteur s'est appuyé sur une documentation scrupuleusement étudiée. Les irrégularités dont sont entachés les procédés policiers et judiciaires n'en apparaissent que plus criantes et ce sont elles qu'Arthur Conan Doyle va s'acharner à relever, en même temps qu'il décidera de mener ses propres investigations (qui tout compte fait aboutissent très rapidement).

"Arthur et George" m'est donc apparu comme un roman intéressant certes et de qualité, où l'auteur manifeste un savoir faire indéniable dans la peinture des caractères et l'évocation d'une société que les préjugés rendent capable du pire aveuglement lorsqu'elle est censée rendre la justice, mais que je n'ai pas trouvé palpitant, excepté dans la partie consacrée à la contre-enquête entreprise par Arthur Conan Doyle.
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Arthur & George sont Arthur Conan Doyle, le père de l'iconique Sherlock Holmes et George, George Edalji, un avocat britannique d'origine indienne.
Une adaptation pour l' iTV en mini série de 3 épisodes de 60 minutes a été réalisée par Stuart Orme en 2015.

C'est un copieux et bon roman historique de 552 pages avec en plus, un passage réussi dans le genre thriller; la construction du roman est intéressante avec chapitres alternés entre Arthur et George depuis leur enfance jusqu'à l'âge adulte. le roman est basé sur ce que les Anglais ont baptisé comme le Great Wyrley Outrages de la fin du siècle XIX dans le village de Wyrley, près de Birmingham, une vraie affaire judiciaire sur laquelle Julian Barnes a consulté toute la documentation.

Arthur Conan Doyle ( le nom de famille est Doyle, Conan est un deuxième prénom) a des origines écossaises et de petite noblesse; il a grandi sans trouble, très proche de sa mère, et a entrepris des études d'Ophtalmologie que ne l'ont pas passionné. Très vite il s'est mis à écrire avec un succès immédiat, depuis qu'en 1887 il créa le personnage légendaire du détective Sherlock Holmes. Il s'est marié avec Touie, devenue assez vite phtisique. La maladie de sa femme a été longue et vers l'âge de 50 ans il connut Jean Lockie, une jeune femme d'une vingtaine d'années, avec laquelle il va vivre pendant une dizaine d'années un amour platonique intense pour ensuite l'épouser.

George Edalji est fils d'un vicaire parsi, marié avec une écossaise; la paroisse du père de George est en milieu rural et très tôt la famille fera l'objet d'agressions : lettres anonymes, animaux morts et autres objets sur leur pelouse, harcèlement scolaire pour George. George est un garçon placide, plutôt effacé, bien élevé. Il fera du droit après ses études et s'établira à Birmingham tout en restant au domicile parental. A ce moment, il va se produire une avalanche de faits violents autour du domicile du vicaire: des animaux des alentours seront sauvagement agressés, des lettres anonymes vont se multiplier envers toute la famille, particulièrement envers George.

L'enquête de police sera trop sommaire, voire calomnieuse et George, après un procès inique, sera condamné à 7 ans de travaux forcés, malgré la constante protestation de la famille et du propre accusé qui se défend comme l'avocat qu'il est.

Au bout de 3 ans de conduite impecable, il sera relâché est soumis à des conditions humiliantes qui n'incluent pas l'acquittement.

C'est ici que les vies d'Arthur et de George vont se croiser. Arthur Conan Doyle, au sommet de sa réussite littéraire et sociale, rencontrera George et comprendra dès le premier contact qu'il est innocent. Dès lors il n'aura cesse de remuer ciel et terre, de s'enquérir de tous les documents du procès, d'écrire à toutes les personnes influentes, mettant en jeu son honneur, sa crédibilité, son temps, sa passion, afin de provoquer la révision du procès.

Cette révision aura lieu, mais George sera reconnu innocent et coupable par la justice britannique qui n'aura pas voulu reconnaitre la série d'anomalies dans le déroulement du procès. L'Etat ne voudra pas l'indemniser non plus pour les 3 années d'incarcération injustement subies. Néanmoins, cette révision du procès permettra à Georges de reprendre l'exercice de sa profession d'avocat.

Après la révision du procès et après avoir rattaché les tenants et les aboutissants, en connaissant même le nom du coupable, le primum movens de ce harcèlement serait un rôle social négatif de xénophobie, la non acceptation dans ce milieu rural d'un vicaire d'origine parsi et par la suite la réussite du fils, lequel intrinsèquement s'est toujours considéré comme britannique.

Curieusement, ni Doyle ni George n'étaient Anglais de pure souche et c'est probablement ceci qui a provoqué le total engagement de Doyle dans la défense de George Edalji. Arthur Conan Doyle était un personnage paradoxal : un sportif accompli, un homme cultivé élevé dans le respect des valeurs chevaleresques par sa mère, mais il était contre le vote des femmes. Il a cédé aussi à la mode du spiritisme, menant quelques expériences qui ont surpris ses contemporains.

Un roman qui se lit avec intérêt, même si par moments il m'a semblé un peu long. C'est un roman qui nous plonge dans les notions d'identité et de race et qui révèle les mentalités à l'époque victorienne.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Une rencontre dans une chambre aux rideaux tirés. Un petit-fils qui, par l'acquisition du souvenir, venait de cesser d'être une chose, et une grand-mère qui, en perdant ces attributs que l'enfant acquérait, était retournée à cet état. Le garçonnet avait regardé ; et plus d'un demi-siècle plus tard, l'homme adulte regardait encore. Comprendre ce qu'était au juste cette "chose" - ou, plus exactement, ce qui se passait au juste quand se produisait le changement fatal, ne laissant qu'une "chose" - allait devenir d'une importance cruciale pour Arthur.
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George Ernest Thompson Edalji fut accusé d'avoir blessé avec préméditation et intention de nuire un cheval appartenant à la Compagnie charbonnière de Great Wyrley, le 17 août. Il fut noté que l'accusé plaidait non coupable, et l'inspecteur Campbell fut invité à témoigner pour la police. Il expliqua qu'on l'avait fait venir dans un champ près de la houillère vers sept heures du matin et qu'il y avait vu un poney gravement blessé qu'il avait fallu achever ensuite.
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Deux ou trois de ses romans les moins remarqués avaient eu pour personnage principal un détective privé calqué sur Joseph Bell de l'hôpital d'Édimbourg : une observation attentive suivie d'une déduction rigoureuse était la clef d'un diagnostic de fin limier aussi bien que de médecin .... Il avait initialement appelé son détective Sheridan Hope. Mais il n'était pas très satisfait de ce nom, et Sheridan Hope s'était transformé d'abord en Sherringford Holmes, puis - inévitablement, sembla-t-il plus tard - en Sherlock Holmes.
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Un enfant veut voir. Cela commence toujours ainsi, et cela commença ainsi alors. Un enfant voulut voir.Il pouvait marcher, et atteindre une poignée de porte. Il le fît sans intention particulière, mû par le seul désir instinctif de découverte de l'enfance. Une porte était là pour être poussée , il avança, s'arrêta, regarda. Il n'y avait personne pour l'observer, il fit demi-tour et s'éloigna, après avoir refermé soigneusement la porte derrière lui.Ce qu'il vit là devint son premier souvenir. Un petit garçon, une chambre, un lit, des rideaux tirés filtrant la lumière de l'après-midi. Lorsqu'il en vint à raconter cela publiquement, soixante années s'étaient écoulées. Combien de récits intimes avaient poli et ajusté les mots simples qu'il utilisa finalement ? Cela semblait sans nul doute aussi clair qu'en ce jour lointain. La porte, la chambre, la lumière, le lit, et ce qu'il y avait sur le lit : une «chose blanche, cireuse».
Un petit garçon et un cadavre : de telles rencontres ne devaient pas être rares dans l'Edimbourg de son temps.
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C’est un garçon timide et sérieux, particulièrement sensible aux attentes d’autrui. Il lui semble parfois qu’il déçoit ses parents : un bon fils devrait se souvenir d’avoir été choyé dès le début. Pourtant ses parents ne lui reprochent jamais cette déficience. Et alors que d’autres enfants pourraient combler cette lacune – pourraient insérer de force un visage aimant de mère ou le bras robuste d’un père dans leurs souvenirs –, George ne le fait pas. D’abord, il manque d’imagination. La question de savoir s’il n’en a jamais eu ou si son développement a été contrarié par quelque acte parental est pour une branche de la science psychologique qui n’a pas encore été conçue.
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