J'avais remarqué ce livre dans les étals de ma bibliothèque indépendante, je ne l'ai pas acheté, puis quelque temps après, je l'ai coché lors d'une masse critique, pour être choisit, avec beaucoup de plaisir, je devais forcément recevoir ce livre de toute manière,
Baudelaire est un écrivain qui a bercé mon adolescence avec ces Fleurs du mal, ce recueil de poésie a bouleversé mes émois au plus profond de ma chair, pour m'ouvrir une route inconnue que j'arpente depuis, celle de la littérature par la lecture, la poésie cristallise les mots avec une musicalité qui berce mes songes, de partition imaginaire éphémère, je vagabonde dans le coeur des poètes nocturnes,
Rimbaud à la main de Dieu,
Apollinaire perdu dans les vapeurs d'alcool,
Verlaine, l'amant maudit,
Jacques Prévert et ces Paroles, tous gravitent dans une sphère spéciale de mon coeur, mais
Baudelaire restera l'éternel. Ce sont des écrits de jeunesse, les premiers de 1845, ces textes forgeront l'esprit Baudelairien, nous y voyons là sa culture littéraire et artistique de l'époque, les deux premiers textes font référence à
Balzac et
Stendhal, le troisième est un texte édité en feuilleton, les deux derniers sont des extraits des premiers Salons, genre inauguré par
Diderot, en annexe nous avons quelques lettres.
Comment on paie ses dettes quand on a du génie, Titre du recueil et du premier texte est publié en 1845 dans des revues, anonymement puis signé
Baudelaire-Dufays, cette petite parabole légère narre comment un auteur grâce à sa verve littéraire, son génie comme le dit
Baudelaire réussi à gagner de l'argent de façon ingénieuse, ce court texte est une petite bafouille toute simple, sans prétention, faisant référence à
Balzac, nous n'avons pas le temps de reprendre notre souffle que la nouvelle est déjà terminée, ce style est une sorte de « nouvelle à la main », c'est facile à lire et à l'oublier aussi,
Baudelaire s'essaie à la traduction d'
Edgar Poe, pour bien affiner cette écriture qui créera Les fleurs du Mal.
Choix de Maximes consolantes sur l'amour, est le deuxième écrit, publié en feuilleton dans la revue Corsaire-Satan du 3 mars 1846. Il y a comme un écho qui sonne au loin de la cristallisation
De Stendhal, l'amour s'émerveille,
Baudelaire s'essaie à analyser l'amour que porte certains personnages selon l'horizon qui le porte, et plane aussi ce soupçon Les Fleurs du mal, la laideur peut être la beauté, l'imperfection la source heureuse d'une passion !
Conseils aux jeunes littérateurs fût publié en feuilleton dans l'Esprit public en 1846 sous la signature
Baudelaire-Dufays, est un texte ironique sur les jeunes auteurs, une petite parabole humoristique, l'expérience est l'essence même de l'écrivain, le travail forge le succès, la volonté est primordiale, l'écrivain doit à tout prix écrire et vendre sans concession, être esclave des mots, comme si il se prostitué, puis
Baudelaire continue sa petite démonstration en citant
Balzac et sa méthode de composition, il se renie un peu dans cette forme parfaite d'avoir une inspiration saine, sans artifice, lui étant amateur de vin et de paradis artificiel, sans oublier l'absinthe, l'alcool qui rend fou, la poésie est indispensable,
Baudelaire la béatifie,
“ Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, – de poésie, jamais. L'art qui satisfait le besoin le plus impérieux sera toujours le plus honoré.”
Baudelaire dénigre la femme, dans ce style XIXème siècle, ce côté misogyne de l'époque, elle ne peut aider l'écrivain, cette petite satire est jeune, comme celle de l'écriture de
Baudelaire, presque scolaire, il se tâtonne, la poésie sera sa conquête absolu, cette nourriture indispensable pour survivre.
Salon de 1845, est paru en volume sous la signature
Baudelaire-Dufays influencé par Les Salons de
Diderot,
Baudelaire a se mérite d'être sincère dans ces jugements sans complaire dans l'euphorie de complaisance, celle de la mode du moment, ou pire, de cette critique d'amis malhonnête, d'ailleurs nous sommes toujours dans ce dictat Parisien et de cette communauté consanguine qui dicte sa loi.
Salon de 1846, paru en volume, en mai 1846, sous
Baudelaire-Dufays, poursuit sa critique assez juste de l'art, du romantisme à la justesse de l'imagination,
Baudelaire assène cette Bourgeoisie maitresse de toute chose, amis des arts par votre richesse et votre savoir, en dédiant ce livre. La critique doit être « amusante et poétique », selon
Baudelaire, un tableau peut devenir un sonnet ou une élégie, elle doit ouvrir l'horizon, et cite
Stendhal par cette citation sur la peinture : « la peinture n'est que morale construite ! », elle dérive vers la métaphysique vers un romantisme dite de la beauté. le romantisme, c'est regardé l'avenir, sentir l'art qui nous habite, cet art moderne, celui qui se différencie par la nature de sa région où
Baudelaire trace une carte géographique des couleurs à travers certain Peintres, cette couleur qui définit l'harmonie, la mélodie et le contre-point, c'est le mélange de deux tons, le froid et le chaud,
Baudelaire étudie avec beaucoup de délicatesse les peintres et leurs oeuvres, différenciant les purs dessinateurs et les coloristes, les un philosophes et abstracteurs de quintessence, les autres poètes épiques.
Un choix de lettres, nous est proposé, comme celles à
Sainte-Beuve, Narcisse Ancelle,
Gérard de Nerval, Poulet-Malassis et deux autres à des inconnus, Monsieur O et R (1845), l'une d'elle est celle nommée « Lettre du suicide » adressée à Narcisse Ancelle,
Baudelaire a tenté de mettre fin à ces jours avec un couteau. Nous pénétrons dans une intimité presque voyeuriste avec ces lettres, qui nous dévoilent la verve de
Baudelaire et aussi le caractère de notre poète à travers l'époque, il est en manque d'argent, pour en demander à Poulet-Malassis, en manque d'inspiration, il se dit remplit de malheur, l'argent reste un soucis pour lui, les dettes s'accumulent,
Baudelaire s'inquiète, se meurt de ces émotions ternes et lasses, ce jeune homme est en gestation inconsciente de son oeuvre majeur, celle qui va diamanter à vie la poésie Française avec Les fleurs du mal.
Une lecture qui nous embarque dans la jeunesse tumultueuse et artistique de
Baudelaire,
Balzac,
Stendhal accompagnent notre jeune critique en herbe dans ces petites satires de factures maladroites, où se décèlent les prémisses de son génie poétique, un doux moment avec ce livre qui se termine par quelques lettres de notre
Baudelaire tout en émotion.