Les Inséparables - Malentendu à Moscou

L'authenticité de ses exigences spirituelles ne sert qu'à la mortifier au sens propre du terme, à la torturer, en l'acculant à des contradictions intimes. Parce que, pour elle, la foi n'est pas, comme pour beaucoup, une complaisante instrumentation de Dieu, un moyen de se donner raison, de s'autojustifier et de fuir ses responsabilités, mais le questionnement douloureux d'un Dieu silencieux, obscur, un Dieu caché.

Atroce contradiction de la colère née de l'amour et qui tue l'amour. À chaque seconde, évoquant le visage, la voix d'André, elle attisait une rancune qui la dévastait. Comme dans ces maladies où on forge sa propre souffrance, chaque inspiration vous déchirant les poumons et cependant vous êtes obligé de respirer. « Et alors, quoi ? » se demanda-t-elle hébétée en revenant vers l'hôtel. Pas d'issue. Ils continueraient à vivre ensemble, elle enfouirait ses griefs, quantité de couples végètent ainsi, dans la résignation, le compromis. Dans la solitude. Je suis seule. À côté d'André, je suis seule. M'en convaincre.

Quand le vent soufflait, les peupliers murmuraient. Le vent m'exaltait. Il me semblait que d'un bout de la terre à l'autre les arbres se parlaient entre eux et parlaient à Dieu ; c'était une musique et une prière qui traversaient mon cœur avant de monter au ciel.

Au galop mes jours m'échappent, et en chacun d'eux je languis.