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EAN : 9782246804574
288 pages
Grasset (04/03/2015)
3.26/5   82 notes
Résumé :
« Je ne pouvais pas trop regarder mon fils jouer avec le chien de notre petite voisine parce que ma femme me parlait :
— La peau me brûle, je perds mes cheveux et mes ongles jaunissent. Je suis allée consulter un spécialiste, le docteur Zenger, et figure-toi qu’il a fini par trouver la cause de cette maladie… Tu veux connaître la cause, Jacques ?
— Oui.
— C’est toi… C’est toi, Jacques !
— Moi ?
— Oui. D’ailleurs, tu apprendras que ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Jacques Blanchot a tout d'une vie de chien. Aucune ambition, aucun amour propre, niais, médiocre, il se fait jeter par sa femme qui ne supporte plus sa médiocrité et attrape une bronchoïte aiguë. L'allergie aux chiens ou à Jacques Blanchot, la nuance est mince. Jacques va alors acheter un chiot et dépenser une somme folle pour cette petite bête qui quelques minutes plus tard se fera écrasée par un bus.

Portrait burlesque, loufoque et ironique de la société, Samuel Benchetrit décrit tant avec humour que tendresse les hommes qui n'ont plus grand respect pour leurs semblables. Quand on est traité comme un chien, autant le devenir pour de bon. Voici donc la nouvelle peau de Jacques qui progressivement va prendre la peau de Chien. Mais être un chien n'est pas toujours commode, les hommes sont parfois pires avec eux qu'entre eux.

Un roman qui nous montre qu'à force d'être sous-estimé et traité comme un moins que rien, on finit par le croire et à s'éloigner du monde sans pitié.
Samuel Benchetrit est un écrivain découvert dans Reviens que j'avais beaucoup apprécié, j'ai retrouvé ici son goût du rire et du déjanté (peut-être ici un peu trop pour moi).

Une vie de chien dans un monde de chiens pour un roman qui mord, qui lèche, qui obéit et désobéit aux codes, bref un roman qui a du chien.
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Jacques Blanchot, antihéros sans caractère, se fait virer par sa femme. Une première partie drôle qui devient vite pathétique. Dépité, il achète un chien qui se fait écraser en sortant du magasin. Il se rendra quand même aux leçons de dressage qu'il a payées. La transformation va commencer... Une vision sur le monde contemporain pas joli de par son individualisme, sa violence, etc. Roman déjanté qui n'est pas sans penser à Fante. En cherchant qui était l'auteur, je vois qu'il vient d'épouser Vanessa Paradis. Ici, un paradis ou enfer qui a du chien. Ouaf !
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Samuel Benchetrit a décidément le don de se glisser dans la peau de personnages atypiques sinon complètement décalés. C'est à se demander s'il ne l'est pas lui-même, décalé. Déjà, dans le "Coeur en dehors", il parvient à faire parler un gosse d'immigrés, qui dépeint la société dans laquelle il évolue, cette société qui lui enlève sa mère parce qu'elle n'est pas en possession de ce petit bout de plastique sur lequel figure ce qu'on appelle son identité. C'est toute la naïveté de ce petit gamin attachant qui nous attendrit et nous révolte, parce qu'avec son petit vocabulaire de jeune garçon « des cités », on comprend que l'injustice n'a pas une once de pitié pour l'innocence. Avec une lucidité naïve, le petit Charlie décrit son monde de violence quotidienne, et le transforme en un endroit où il fait bon vivre, un monde de possibilités et de découvertes.

Dans "Chien", l'auteur nous propose une nouvelle vision du monde, cette fois, non à travers les yeux d'un mouflet, mais d'un.... homme... ou bien d'un chien, on ne sait pas. Est-ce important ? La nuance est tellement subtile.

Jacques Blanchot a tout pour déplaire : c'est l'incarnation-même de la médiocrité. Que dis-je ? de la nullité. Sa femme ne le supporte plus, à tel point qu'elle en perd ses cheveux et en attrape des boutons. Son fils ne l'aime pas particulièrement. Il n'a aucune conviction, aucune ambition, sans doute aucune conversation, à en juger par la faible teneur en pertinence de ses réflexions. On suppose qu'en plus, il est moche. Il déclare lui-même, en repensant à ceux qui lui reprochent son manque d'imagination, être né sans personnalité, comme l'on peut naître sans bras, ou sans jambe. Lui est venu au monde sans âme. Il est du genre à se faire avoir par le premier mercantile qui tente de lui sucer son fric jusqu'au sang, et à contracter un crédit à 7% de taux d'intérêts sur trente ans. Bref, c'est un couillon ordinaire qui a parfaitement sa place dans ce monde.

Et pourtant. Commence sa rapide et quasi-imperceptible transformation à partir du jour où sa femme le jette hors de sa propre maison tant ses démangeaisons deviennent insupportables, et où, sans savoir pourquoi, il achète un chien, comme ça. Un chien dont la laideur lui fait penser à Hitler, mais pour lequel il investit la quasi-totalité de son salaire. Plusieurs centaines d'euros qui finissent sous les pneus du bus, à peine sortis de l'animalerie. La mort du petit chiot tombe mal, le voilà bien emmerdé, lui qui a payé des leçons de dressage. 50 euros la leçons, à ce prix-là, il faut bien y aller. Tant pis, il ira, et c'est lui qui fera le chien, puisque de toute façon, il n'est pas sûr d'être un homme. Tous les samedis, il endosse donc sa parure de chien, à savoir son collier et sa laisse, et joue son rôle de chien, qui ne diffère pas tellement de son rôle d'homme. Progressivement, il commence à penser comme un chien, à adopter la logique canine, qui, finalement, ressemble drôlement à la logique humaine. Ce, pour devenir, petit à petit, Chien, le fidèle compagnon du dresseur, le meilleur ami de Paco et le prétendant de Dina, deux chiens qu'il a rencontrés à l'animalerie, chez son nouveau maître. Alors, pour la première fois de sa vie, il se sent investi d'une ambitieuse mission : s'échapper de l'animalerie et vivre avec ses deux nouveaux compagnons dans la nature, loin de ces êtres humains qui se conduisent comme des chiens.

D'un mot à l'autre, tout d'abord, face à l'absurdité de la situation, on rit aux éclats. Et puis, tandis que l'absurde s'installe, il perd de son étrangeté, il en devient la norme. Alors on s'y habitue, et il ne fait plus rire. Il devient presque angoissant. C'est tout plein de cynisme sur la condition humaine moderne. Ce qui concorde parfaitement avec cette ambiance chienne : cynisme ne dérive-t-il pas du terme grec "kyon", qui signifie "chien" ? C'est bien pensé. Benchetrit, voilà un écrivain qui a du chien !
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Jacques Blanchot est un homme marié, a un enfant (dont il ne serait pas le père biologique), et travaille dans une boutique qui vend des articles de beaux-arts.


Sauf que les premières pages annoncent de manière cruelle et absurde la chute de cet homme.


Sa femme le quitte, enfin elle lui demande de quitter le domicile conjugal pour une raison incongrue puisqu'elle affirme être allergique à sa personne (prouvé par la médecine en plus). Jacques accepte et part. En chemin, il s'arrête dans une animalerie et achète un chien et tous les accessoires nécessaires (croquettes, laisse, couffin et des cours de dressage) , ce dernier meurt sous les roues d'un bus quelques centaines de mètres plus loin. Il décide de prendre un hôtel, avec pour seul bagage ses accessoires canins. Il a dépensé une somme considérable pour ce chien déjà mort, et n'a plus d'argent. Un malheur n'arrivant jamais seul, Jacques perd son emploi.


Si la succession des premiers évènements révèle déjà un contenu "drôle et déjanté" ( cf. 4 ème de couverture), la suite n'est pas fantaisiste mais hallucinante.


Jacques se rend aux cours de dressage (sans chien) et va devenir pour un cours le chien du gérant de l'animalerie , au fur et à mesure que le roman avance, Jacques se confond de manière subtile avec l'animal et le devient pour devenir complètement transparent en tant qu'humain . Il mange des croquettes, dort à la manière d'un chien, comprend les autres chiens etc. … la gérant de l'animalerie l'adopte. Il faut noter que son apparence ne change pas mais que les autres le voient comme un chien - un chien spécial- certes mais un chien.


Jacques vit une vie de chien auprès d'un maître qui s'avère brutal, il s'enfuit etc. je ne livre pas la fin du roman.


Ce roman a une portée philosophique et morale et utilise des situations très absurdes pour arriver à ses fins.


Pourquoi avoir choisi le chien plus que le chat ? Je pense que le choix de l'animal a une importance. le chien a un caractère dévoué, il est fidèle, aime le jeu et la compagnie. Parfois le chien apparaît comme un animal naïf, prêt à tout pour satisfaire son maître. Cette fidélité et cette naïveté sont incarnées par Jacques, lorsque son fils le dépouille littéralement financièrement pour l'achat d'un skateboard ou quand sa femme le jette à la porte. Jacques n'est pas un homme qui se rebelle, il subit. Parfois, au détour d'une phrase, on se surprend à le trouver stupide et vouloir le secouer. Ce n'est pas possible d'être aussi passif dans sa vie au point de devenir le petit toutou bien élevé de son maître.


Jacques symbolise le pouvoir des hommes sur les autres hommes, la figure du chien était donc idéale, aurait-il été possible de le faire avec le chat, animal indépendant et perçu parfois comme intéressé ?


Et puis, ne dit-on pas une chienne de vie ou vie de chien pour qualifier une existence ennuyeuse et difficile ?


Ou au contraire, ne qualifie-t'on pas un homme dur et sévère de « chien ».


Ici , le chien est le gérant de l'animalerie et Jacques a une vraie vie de chien dans tous les sens du terme.


Roman vraiment intéressant qui exploite les faiblesses des uns et le pouvoir absolu des autres, la solitude des uns, l'indifférence des autres. L'ambiance « déjantée » et absurde permet de faire de ce roman une matière à réflexion.
Lien : http://helene14.canalblog.co..
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Chien est un roman à la fois drôle et tragique, qui raconte la métamorphose d'un homme en chien. Jacques Blanchot, le héros, est un personnage effacé et soumis, qui perd tout ce qu'il a : sa femme, son fils, son travail, son logement. Il se retrouve seul et sans repères, jusqu'à ce qu'il achète un chien qui meurt aussitôt. Il décide alors de prendre sa place et de vivre comme un animal, sous la tutelle d'un maître tyrannique et violent.

Il nous livre une fable cruelle et ironique sur la condition humaine, en montrant comment un homme peut être réduit à l'état de chien par la société. Il dénonce ainsi l'individualisme, la violence, le mépris et l'exploitation dont sont victimes les plus faibles et les plus vulnérables. Il utilise pour cela un humour noir et grinçant, qui fait rire jaune et qui provoque le malaise.
Le style de Benchetrit est simple et efficace, sans fioritures ni effets de manche. Il crée une atmosphère absurde et décalée, où le réel et le fantastique se mêlent. Il joue avec les codes du genre, en passant de la comédie au drame, du réalisme au burlesque. Il fait preuve d'une grande inventivité et d'une originalité déconcertante, en nous faisant entrer dans la peau et dans la tête d'un chien.
Chien est un roman qui ne laisse pas indifférent, qui interpelle et qui bouscule. Il nous fait réfléchir sur notre rapport aux autres, aux animaux, à nous-mêmes. Il nous fait prendre conscience de la fragilité de notre humanité, qui peut être mise à mal par les circonstances et par les autres. Il nous fait aussi éprouver de l'empathie et de la compassion pour ce héros hors du commun, qui devient un chien pour survivre.



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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il y a toujours un chef. Celui de la bande qui maltraitait mon fils s'appelait Stanislas, je le connaissais de vue, il avait treize ans, et il était plus grand que moi.
Lorsque j'avançai vers lu, il me regarda en souriant.
- Je crois que tu as pris mon téléphone.
- C'est votre fils qui me l'a donné.
Il souriait.
- Il ne te l'a pas donné volontairement.
- Si.
- Tu lui as demandé de te le donner.
- Non.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Tu dois me le redonner et arrêter de nous voler.
- C'est pas du vol... C'est lui qui est toujours à nous ramener des choses de chez vous... On lui a jamais rien demandé, mais il veut qu'on soit amis, alors il nous fait des cadeaux... des choses à vous.
Mon fils est arrivé. Il n'a pas eu l'air joisse de me voir parler avec Stanislas.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
- Je suis venu pour récupérer mon téléphone, et j'ai promis à ta mère de parler à tes copains pour qu'ils arrêtent de te racketter.
Stanislas a dit :
- On n'est pas ses copains.
Et mon fils :
- Ils me rackettent pas, c'est moi qui leur donne des choses.
- Mais pourquoi ?... Tu peux te faire accepter autrement, pour tes qualités humaines.
Ils se sont marrés tous les deux. Ils semblaient d'accord sur ce point : mon fils n'avait aucune chance de devenir copain avec ces gars en comptant sur son humanité.
- Ecoute, papa, tu ferais mieux de rentrer à la maison... Tout ça te regarde pas.
- C'est quand même mes affaires que tu voles à chaque fois.
Mon fils me fixait et Stanislas continuait de sourire, heureux de découvrir de qui mon fils tenait sa médiocrité.
(p. 27-29)
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Avant que je ne sorte, le père de ma femme attrapa mon avant-bras qu’il sera fort et tendrement.
Il dit :
– Je sais.
Je répondis :
– Je sais.
Et il ajouta:
– Je sais que vous savez.
Ce fut le moment le plus intense que je vécus avec cette famille, toutes générations confondues.
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Il a attrapé un chiot par la peau du cou.
–C’est le plus beau de tout le magasin !
Ce qu’il tenait devant moi était la pire chose que j’avais pu voir en vrai. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé que c’était le chiot d’Hitler. Et que ce chiot tremblait parce qu’Hitler était mort et qu’il ne le reverrait plus. Et que les yeux du chiot étaient exorbités parce qu’un obus avait pété à un mètre de sa gueule. Et aussi qu’il bavait parce qu’il avait piqué un peu de cyanure à Eva Braun dans le bunker.
Bref, ce chiot me rappelait totalement le troisième Reich.
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Aucun membre de ma famille proche n’avait connu de problème de santé avant l’âge de soixante ans. Ils étaient morts un an plus tard, au début de la retraite. Juste après avoir trimé quarante années dans les mêmes usines, à soulever le même sac d’ordures et à obéir aux mêmes ordres.
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Nos ancêtres ont connu les plaines jaunes, les rivières sauvages, les forêts millénaires... Puis ils ont. connu les hommes, leur maison, leurs nourritures préparées, leur violence, ils ont cru passer un pacte d´amitié avec eux, sans se rendre compte que les plaines jaunes devenaient des villes grises, les rivières sauvages des égouts...
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