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EAN : 9782746714021
249 pages
Autrement (21/04/2010)
4/5   3 notes
Résumé :
Ils tremblent de froid, de faim, d'humiliation et de rage... La guerre d'Espagne perdue, "le flot sombre des vaincus" traverse la frontière par les brèches du relief pyrénéen et, là "où il ne croyait rencontrer que la générosité française" (Aragon), il trouve les camps et les gendarmes. Xavier Benguerel connut cet exode massif et brutal en février 1939. Comme les 450 000 autres réfugiés, il éprouva lui-même l'affaissement des âmes. Il a tiré de cette expérience un r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Retirada vue à travers deux récits.

Xavier Benguerel, né en 1905, participa à la Guerre Civile Espagnole coté républicain. Il connut l'exil et est donc tout à fait légitime pour nous raconter la Retirada à travers ces deux histoires qui narrent à la fois un parcours personnel et des témoignages recueillis auprès d'autre réfugiés.


Un premier récit qui nous présente cinq intellectuels, écrivains et autres, qui vont fuir ensemble et pour lesquels l'auteur a mis dans chacun d'eux une partie de lui-même. Nous allons vivre au jour le jour avec ces hommes, partager leurs peurs, leurs colères, leurs heurts exacerbés par la fatigue, la faim, le froid.
Ces hommes, lors de cette retraite, vont faire leur introspection et beaucoup disserter sur leur situation passée et future. En effet, ils le savent, ce sont des privilégiés : ils n'ont jamais combattu pour de justes ou mauvaises raisons, ils sont toujours restés à l'arrière, ils font une grande partie de la route en camion et jusqu'au bout seront protégés. D'où leur vient parfois un sentiment de culpabilité. Et nous allons les suivre et les écouter, à chaque instant...


Un second récit dans lequel nous suivons trois personnages qui eux aussi passent la frontière mais dans des conditions beaucoup plus dures. Ils sont internés très vite dans le camp de St Cyprien qui n'est autre qu'une plage livrée à tous les vents sans la moindre commodité.
Ici, pas de grandes pensées philosophiques, il s'agit juste de survivre quotidiennement à la faim, au froid, à la maltraitance, à la folie qui guettent les prisonniers. Aucun espoir, seulement des journées passées à ne rien faire, interminables, sans aucune nouvelle de l'extérieur, sans contact avec la famille, juste remplies de désespoir et de peur.


Deux récits magnifiques d'intensité et d'émotion qui nous font vivre de l'intérieur ce que ces hommes ont enduré. Des pages bouleversantes sur l'exil, la perte des repères , les familles perdues ou abandonnées au pays.

Un grand livre qui donne une vision différente de la Retirada et de l'exil qui va suivre, par rapport à mes précédentes lectures sur le sujet.




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Commencer un livre par un bombardement, ça met tout de suite au coeur du sujet...

Xavier Benguerel, lui même acteur dans cette tragédie humaine de la guerre civile espagnole revient sur les événements dramatiques de l'exode des républicains de Catalogne dans une fiction historique, concrète et quasi journalistique.
Réfugiés marchant par centaines sur les routes, sans vivre, sans eau, sans ressource, épuisés, emprisonnés dans une France qui ne les désire pas et qui laisse ses troupes coloniales gérer des camps d'internement épouvantables.

Les Vaincus ne reviendront pas d'exil, l'Espagne va vivre sans eux des années de Fascisme, les obligeant à tourner le dos définitivement à une part de leur vie et de leurs convictions.
Dans deux gros chapitres de récits complémentaires dans les destinées, le roman suit d'abord les intellectuels, journalistes, politiques qui s'en tirent plutôt mieux, puis les milliers de personnes isolées, sans famille et sans attache qui se retrouvent sans rien.

Au retour de son propre exil en Europe et Amérique, l'auteur a recueilli les témoignages de ceux qui avaient vécu les camps, complétant ainsi sa propre expérience de l'exode pour un livre de mémoire sur la fuite, l'exil, le chaos des situations désespérées et le pire et le meilleur des individus.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'exilé est revenu. Il constate que la maison qui était la sienne ne l'est plus, non pas que des intrus l'occupent, ni qu'il la trouve fermée, ni même que la peinture s'écaille, que le papier jaunisse aux murs ou que les vers rongent les meubles ; non, le vieillissement n'y est pour rien : cette maison n'est plus sa maison, car elle a vécu sans lui.
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Cette impression d'avoir été abandonné par tous, d'être une gêne, de ne servir à rien, d'encombrer... J'y pense souvent. Personne n'est venu nous donner son soutien. Ne serait-ce qu'un peu d'espoir.
Où sont-ils, ceux qui étaient censés nous aider ?
Ils nous laissent crever de faim, de froid, ils tolèrent qu'on se fasse traiter comme de la racaille comme des pestiférés...
Pendant la guerre, tu avais l'impression que tout le monde te soutenait. Depuis qu'on a perdu, je ne vois personne.
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Nous tous, nous aurions dû nous mettre à hurler, sortir du camp comme un troupeau enragé qui écrase tout sur son passage, défier n'importe qui et dire bien haut que nous étions des hommes. Nous nous taisions.

J'ignore si c'était à cause de l'abrutissement ou de la conscience aiguë de notre propre impuissance. Mais nous nous taisions.
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Pire que des bêtes. On n'avait même pas d'étable, pas d'enclos, pas d'antre, pas de terrier. Là-bas, à Saint-Cyprien, on vivait sans abri, sans toi ni muret qui arrête le vent.
Jusqu'à la terre qu'on ne pouvait pas toucher, impossible de s'abriter sous un arbre, de caresser un brin d'herbe, un roseau, de laper un peu d'eau qui ne soit pas saumâtre.
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