Bataillon de Corée : Les volontaires français 1950-1953

Juin 1950. Rompant un pacte tacite, la Corée du Nord envahit la Corée du Sud. Voyant leur protégé au bord de l'annihilation, les États-Unis volent à son secours et battent le rappel de leurs alliés. La France, engluée dans la guerre d'Indochine et saignée à blanc par la reconstruction, promet royalement… Un bataillon. Mais vous savez, ce sont les meilleurs, assurent-ils aux Américains outrés !

Et de fait, le Bataillon français de l'ONU (vite rebaptisé par ses membres le boeuf-oignon) mérita cette qualification. Il fut de tous les coups durs, de Wonju à Arrow Head en passant par Crève-Coeur. Des noms qui n'évoquent rien à la plupart des gens, et qui recouvrent peu ou prou la même réalité : attaques et contre-attaque sanglantes les unes après les autres, des milliers de morts pour quelques pitons ou lignes de crêtes transformés en paysages lunaires par l'artillerie.

Le livre nous fait pénétrer dans l'intimité de ces hommes, tous volontaires, aux profils et aux motivations les plus diverses : ex-pétainistes ou anciens de la résistance ; aristocrates ou ouvriers ; attirés par l'appât du gain ou l'idéalisme… Ils surent former un bloc soudé, qui résista contre des forces parfois dix fois supérieures en nombre. Ils combattirent au côté des américains, des sud-coréens et des régiments de toutes nationalités. Ils eurent leurs pertes, se retrouvèrent parfois totalement encerclés mais parvinrent toujours à s'en sortir.

Écrit dans un style direct et très militaire, ce livre nous permet de découvrir la réalité d'une guerre dont les stigmates sont toujours visibles de nos jours, et l'aventure d'une poignée d'homme que rien ni personne n'obligeait à aller se faire trouer la peau à l'autre bout du monde, et qui choisirent pourtant de le faire.

Voici une page d'histoire qui tient en une ligne dans les manuels scolaires et encore ne parlent-ils pas de la geste de cette poignée de français, tous volontaires, qui sont allés combattre l'invasion communiste de la Corée du sud.
Ce silence ne rend la lecture de ce livre que plus respectueuse. Soldats perdus loin de chez eux, les volontaires du bataillon de Corée ont su gagner par leur courage, leur audace et leur vaillance au combat, l'admiration des autres contingents.
Ils sont morts dans la boue et le froid du pays du matin calme, face à un ennemi résolu. Ils sont morts oubliés de leur pays, croisés anonymes ou simplement guerriers. Ils sont morts en frères face au même danger. Certains en sont revenus. Ils se sont tus pour la plupart. Qui les aurait compris ?
Erwan Bergot retrace besogneusement leurs combats, leurs sacrifices pour cette idée qu'ils se faisaient de la liberté. Qu'il en soit remercié.

Erwan Bergot est un ancien militaire français qui s'est tourné vers l'écriture à la fin de sa carrière. Il débute son service militaire au 11e choc et part en 1951 pour l'Indochine au sein du 6e RPIMa sous les ordres de Marcel Bigeard.

Il prendra part à la bataille de Dien Bien Phu lors de son séjour en Indochine et sera interné dans les camps vietnamiens. En 1955, Bergot part pour l'Algérie au sein du 2e REP et du 11e choc. Il mettra un terme à son engagement militaire à la suite d'une grave blessure à l'oeil droit.

L'engagement d'un bataillon de volontaires français sous le drapeau de l'ONU durant le conflit en Corée est tombé dans l'oubli. Durant la même période, la France déployait une forte présence militaire dans l'autre conflit de l'extrême-Orient, celui de l'Indochine.
Quelques centaines de pages agréables à lire, l'auteur nous fait revivre les durs combats de ce bataillon français, la majorité du temps en infériorité numérique face aux rouges coréens ou chinois.

Un très bon opus d'errance Bergot sur un sujet hélas méconnu en France. Qui en effet, sait qu'il en pleine Guerre d'Indochine, un bataillon de l'armée française à combattu en Corée aux côtés des troupes de l'ONU ?