Ses souvenirs d'enfance n'appartiennent qu'à
Pierre Bergounioux. Et pourtant... Et pourtant ce qu'il décrit, avec une précision miraculeuse, des images et des sensations plantées dans sa mémoire, de jours bénis passés dans le Lot, en été, dans deux maisons de famille, j'ai l'impression que j'ai connu, ou que je suis passée tout près.
Peut-être parce que tous les enfants remarquent ce que les adultes ne regardent plus, ne voient plus que comme des éléments muets de leur décor : « le reflet doré de la fontaine en cuivre », « les sauterelles grises aux ailes carmin ou bleu roi, la chaleur dure, le buis et la citerne ».
Au-delà de cette mémoire d'enfance que sans doute tout ancien enfant conserve, prête à s'émouvoir, il y a chez
Pierre Bergounioux la certitude qu'il était de cette terre-là, qu'il y était chez lui alors qu'il n'a fait qu'y passer, à l'occasion de vacances. Il a grandi corrézien alors que Cassagnes, sa lumière, ses couleurs, lui avaient laissé entrevoir une plénitude qui lui a échappé. le regret ne l'en quittera pas, et se confirmera à l'occasion d'un retour de quelques heures, trente ans plus tard.
Une écriture très travaillée, très fouillée, qui fait de chaque parcelle de souvenir, un instant d'une réalité tangible. Cinquante pages pour revenir en enfance, pour être de nouveau, et seulement, l'enfant
Pierre Bergounioux. Mais que cet enfant-là me parle !