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EAN : 9782378562021
64 pages
Verdier (28/03/2024)
4.06/5   16 notes
Résumé :

La Vie s'entend à s'attacher les services des créatures en qui elle est éparse et persiste. Il n'y a que les nôtres qu'elle paraisse un peu dédaigner. On ne serait pas, sans cela, sujet au doute. On n'aurait pas tous ces regrets ni cette envie, souvent, de ne plus vouloir. La tentation d'abandonner ne serait pas tapie au creux de chaque jour et jusqu'au cœur de nos entreprises. Cette félicité qu'il faut supposer aux animaux, elle nous a peut-être été ac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ses souvenirs d'enfance n'appartiennent qu'à Pierre Bergounioux. Et pourtant... Et pourtant ce qu'il décrit, avec une précision miraculeuse, des images et des sensations plantées dans sa mémoire, de jours bénis passés dans le Lot, en été, dans deux maisons de famille, j'ai l'impression que j'ai connu, ou que je suis passée tout près.
Peut-être parce que tous les enfants remarquent ce que les adultes ne regardent plus, ne voient plus que comme des éléments muets de leur décor : « le reflet doré de la fontaine en cuivre », « les sauterelles grises aux ailes carmin ou bleu roi, la chaleur dure, le buis et la citerne ».

Au-delà de cette mémoire d'enfance que sans doute tout ancien enfant conserve, prête à s'émouvoir, il y a chez Pierre Bergounioux la certitude qu'il était de cette terre-là, qu'il y était chez lui alors qu'il n'a fait qu'y passer, à l'occasion de vacances. Il a grandi corrézien alors que Cassagnes, sa lumière, ses couleurs, lui avaient laissé entrevoir une plénitude qui lui a échappé. le regret ne l'en quittera pas, et se confirmera à l'occasion d'un retour de quelques heures, trente ans plus tard.

Une écriture très travaillée, très fouillée, qui fait de chaque parcelle de souvenir, un instant d'une réalité tangible. Cinquante pages pour revenir en enfance, pour être de nouveau, et seulement, l'enfant Pierre Bergounioux. Mais que cet enfant-là me parle !
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Extraire l'enfoui, retrouver l'impression, traquer l'éblouissement premier du sentiment de l'existence, faire advenir l'image du réel que le temps, l'habitude ont confié aux limbes, c'est à quoi s'emploie Pierre Bergounioux dans le Matin des origines. Instant inaugural, splendeur des commencements, vérité "après quoi le reste n'est qu'intermède".
De ce Lot lumineux, découvert dans ses premières années, la maison rose en particulier domine et hante sa mémoire et ses rêves ; elle revient d'ailleurs comme un leitmotiv auréolé de bonheur dans plusieurs autres écrits de l'auteur. Grâce à elle et à ses environs immédiats, à ses couleurs, aux odeurs qu'elle recelait, à ses habitants, s'est éveillée une sensibilité qui nous vaut assurément ce très beau texte ; celui-ci parvient à restituer quelques-uns de ces moments de l'enfance où l'on sent avant de penser.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Par mon père, j’ai partie liée avec l’eau, les vallons et les friches, la pierre dure, l’ardoise, le sombre, l’ennui de vivre, l’impatience d’en finir. C’est lui. C’est l’inclémence de la terre limousine, livrée depuis le fond des âges à la bruyère et aux ajoncs. C’est là que j’ai vécu.
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Les bêtes ont reçu les ailes, les crocs, les poisons, leur livrée verte ou sable pour se maintenir en vie – c’est leur lot de bêtes – et nous, les lumières de la raison. Seulement elles jettent, ces lumières, sur les choses, quand on finit, un peu, par les connaître, un jour tel qu’on n’en a plus tellement envie. Le premier à avoir établi que penser nous qualifie en propre et qu'à ce faire, notre existence trouve son accomplissement, celui-ci s'avise aussi, lors de l'hiver 1619, dans l'Allemagne dévastée où il guerroyait, que sa douleur augmente avec son savoir. De sorte que la plus haute lucidité coïnciderait avec la pire souffrance et que si nous ne possédions que cette triste faculté, que sa clarté d'éclipse, nous n'aurions pas le cœur à rester.
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Tel est sans doute mon premier souvenir et, à coup sûr, l'un des plus hauts qui soient en moi. La notion de mon existence m'est donnée pour prix de ma témérité. J'ai subi deux ou trois année durant l'ascendant de l'espace, obéi aveuglément à l'injonction de tenir les yeux fermés quand la nuit est en gésine du jour, du temps neuf qui nous est accordé chaque matin. Et je viens d'atteindre, à pied, la gare, porteur d'âmes de plomb*. Je me suis avancé dans cette lie, ce gâchis d'encre où l'aurore s'apprête. J'ai versé tribut, affronté les puissances tutélaires et touché la joie pure, tenace, aujourd'hui encore agissante, qu'elles tiennent en réserve derrière l'écran immatériel de l'espace et les voiles du sommeil pour les coeurs audacieux. A moins que ce ne soit notre destinée d'aller mais que, doutant qu'elle soit bien telle, effarés, timides, il faille d'abord que le monde s'en mêle. Qu'il nous prodigue ses biens sans nombre pour secouer la torpeur où l'on est d'abord enseveli, comme un prolongement du néant antérieur ou la prémonition, déjà, du néant prochain dans lequel nous basculerons. Sans ses dons, nous ne bougerions pas. Nous passerions dans le sommeil l'intervalle entre pas encore et plus jamais.


*l'auteur parle d'un souvenir où enfant il portait une valise avec ses soldats de plomb
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Il y a les heures d'or, la royale main des puissances chargées de nos éveils mais il y a aussi, à quelque degré, l'attente que nous apportons comme un écho des vieux âges. La main fit le Quercy pour nous toucher au cœur. Mais il était dans mon sang avant que j'aille à sa rencontre sous l'aurore du premier jour. Je sais pourquoi tout changeait soudain entre Salviac et Cazals, pourquoi l'émotion m'a coupé le souffle quand je revins trente années plus tard avec la mélancolie que mon père m'a léguée; j'étais chez moi.
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Et puis trop souvent, par la suite, je suis parti seul, chargé d'autant de livres que j'en pouvais porter, vers de grandes villes inconnues où j'avais à devenir. C'est là que j'ai appris à considérer les choses sous le jour triste où se dessine leur nature véritable à moins que ce ne soit notre triste, notre tardive capacité de les voir autrement qui nous les montre, à la fin,sous ce jour désenchanté.
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Videos de Pierre Bergounioux (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bergounioux
Cette semaine, Augustin Trapenard est allé à la rencontre de Pierre Bergounioux à l'occasion de la sortie en poche de son livre "Le Matin des origines" aux éditions Verdier. Ce merveilleux ouvrage célèbre l'ancrage profond dans ses racines, dans les terres du Quercy entre Lot et Corrèze, où l'auteur a grandi, dans la chaleur de la maison rose et au sein des paysages qui ont façonné son être. Ces souvenirs, imprégnés dans sa mémoire, représentent une part essentielle de son identité qui demeure là-bas. À travers ces pages, Pierre Bergounioux évoque avec justesse le lien puissant que la terre tisse avec nos souvenirs et nos émotions, révélant ainsi le pouvoir des lieux familiers pour donner du sens à notre passé et à nos moments les plus heureux. Il était donc évident qu'Augustin Trapenard se déplace au coeur de cette histoire, sur les contreforts du plateau des Millevaches, dans sa maison de Corrèze pour un retour aux origines de la vie et de l'écriture.
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