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3,69

sur 1215 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Reconnaissons-le : je suis une intellectuelle. J'ai été nourrie par Saussure, Barthes, Jakobson et consorts.

Parlons-en d'ailleurs, de Jakobson : ses six fonctions du langage ont bercé mes études. Six, oui, six ! Pas sept. Mais ici, il en est question, justement, de la 7e. Et c'est à cause de ça que Barthes a été assassiné.
Enfin, dixit Laurent Binet ! Il s'en donne à coeur joie, ce Binet, et en devient iconoclaste. Les plus grands penseurs de notre temps (les années 80 et celles qui précèdent) ont été mis à rude épreuve et c'est hilarant. Voir Sollers et Kristeva hanter les couloirs de l'hôpital où gît Barthes après avoir été renversé, accompagnés de BHL avec sa fameuse chemise ouverte et ses cheveux au vent, assister aux scènes débridées dans les bains publics où le protagoniste homosexuel n'est autre que Michel Foucault, et j'en passe...tout ceci m'a bien fait rire. Ces maitres au phrasé si souvent hermétique redescendent d'un coup de leur piédestal, là, et l'ex-étudiante que je suis, qui les idolâtrait tout en planchant avec acharnement sur leur prose, jubile et se sent vengée.
Mais bon...Si Binet avait continué de cette façon, je l'aurais suivi sans hésitation !
Malheureusement (pour moi), il a fallu qu'il mêle Giscard, Poniatowski, Mitterrand et toute la clique des politiciens français et qu'il m'emmêle, par la même occasion. Un embrouillamini de dialogues peu intéressants pour moi car faisant référence à des situations purement françaises (inutile de rappeler que je suis belge et peu habituée à ces politiques surréalistes....euh....non, je retire ce que je viens de dire), un voyage à Bologne où, à part Umberto Eco, qui est déjà en lui-même très hermétique, j'ai rencontré un tas de gens inconnus et des pensées de plus en plus absconses...me voilà perdue.

Irritée, énervée, me demandant si mes circuits neuronaux s'étaient tout à coup mis à dysfonctionner ou tout bêtement à vieillir de façon accélérée, j'ai jeté l'éponge.
Oui, j'ai a-ban-donné ce livre qui au premier abord me faisait rire quasi à toutes les phrases ! Après une bonne centaine de pages, mon esprit a commencé à décrocher, tout comme ma mâchoire qui a bien failli...

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, a dit Boileau. Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Logorrhée loufoque, évènements tirés par les cheveux, querelles intestines...
Finalement, je rends grâce à mes professeurs du temps de mes études de lettres, eux qui étaient arrivés à me faire aimer la linguistique.
Je m'en vais de ce pas oublier ce Binet qui était presqu'arrivé à me la faire détester !
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Laurent Binet s'est manifestement beaucoup amusé, on est content pour lui. Mais son livre, certes malin, bien agencé, méchant juste ce qu'il faut, brillant par moments, est plus proche de "Da Vinci Code" que du "Nom de la Rose".

Dix noms célèbres par page (on se croirait dans la kitschissime série d'Arthur Conte, mais si, souvenez-vous : "1er janvier 1900", "1er janvier 1920", "1er janvier 1940", etc), des allusions assez faciles à décrypter (et le lecteur se félicite de sa toujours efficace culture), quelques phrases en anglais, italien ou allemand pas trop difficiles à comprendre, un humour fin comme du gros sel (Sartre, toujours vivant dans le roman alors qu'il meurt, comme l'on sait, peu après Barthes, est décrit d'une phrase : "on dirait un fantôme"...)

Le pire : ce personnage qui se demande s'il ne serait pas... un personnage de roman ! Ah non, pitié, on nous a déjà fait le coup des centaines de fois (Borges, etc) ! Nabokov dans "Lolita" se moquait déjà de ce procédé.

J'oubliais l'essentiel : tous les cinq chapitres, quelques pages qui semblent recopiées de "la linguistique pour les nuls", histoire pour le lecteur de se dire qu'il n'a pas perdu son temps...

Brillant ? Si l'on veut. Mais paillettes plus que diamant. On est parfois ébloui, façon poudre aux yeux.

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Et bien moi, je ne suis pas tombé en extase devant le dernier livre de Laurent Binet !
Pourtant le début était prometteur, le sentiment que l'aventure allait être de bien belle. Et puis, très vite, l'ennui s'est pointé sans crier gare, par petites touches comme si le prétexte du roman (la mort de Roland Barthes et son possible assassinat) suffisait à tenir la distance. Je suivais l'enquête déjanté de Bayard et de Simon sans déplaisir mais aussi et c'est plus embêtant, sans guère d'intérêt. Plus les pages s'additionnaient moins mon plaisir grandissait. Pourtant on devine avec quelle délectation, Binet à du drôlement s'amuser à se moquer du monde politique et littéraire de ces années là, certains portraits sont particulièrement gratinés (ou pas?). le talent est là c'est une évidence, mais je n'ai pas accroché tout simplement. Beaucoup y ont vu un roman hilarant, jubilatoire, culotté, tant mieux pour eux. Moi c'est plus un sentiment d'indifférence qui prédomine à la fin du roman. Tant pis pour moi. J'avais de loin préféré son précédant roman « HHhH ».
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J'ai abandonné la lecture de ce livre (60% lu) , brillant, érudit, mais qui ne parvenait plus qu'à me fatiguer là où j'avais souri… au début.
Si déboulonner des idoles, à la manière du valet de chambre pour qui il n'y a pas de grand homme, est parfois salutaire, le systématisme et le ton railleur qui accompagne chaque personnage m'on fait perdre le plaisir de lecture.
Le procédé est applicable à n'importe quel microcosme pour un spécialiste de celui-ci, avec de bonnes connaissances techniques que l'auteur pourrait monter en épingle.
A quand l'enquête sur la mort de Senna, pilotée en arrière-plan par Prost avec cylindres, moteur turbo, pneus tendres et freins céramique, à quand la recherce des dessous de l'attentat contre Monica Seles, dont Steffi Graf a trop profité, avec revers slicé, montée à contretemps, pronations et coups droits inside-out ?
Le tout arrosé de la description des à cotés dignes d'une télé-réalités qui montreraient Federer se curant le nez, ne couvrant pas la cuvette des WC et insultant ce connard de Djoko en le découvrant en une d'un magazine.

Comme l'a dit Yann Moix, en voyant Petruciani Binet aurait essentiellement décrit le physique ingrat de ce jazzman de génie.
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Difficile de faire une critique sur ce livre tant ma lecture a évolué au fur et à mesure pour finir carrément en diagonale pour hâter un peu la fin !

Intriguée par l'idée d'un Da Vinci code littéraire et suite aux critiques dithyrambiques je me suis précipitée sur cette enquête pour le moins originale qui prend place dans le milieux intellectuel littéraire parisien du début des années 80.
Le début m'a emballée, j'ai beaucoup souri devant l'apparition de nombreux personnages très connus, les dialogues percutants, le duo du flic très classique avec un jeune intello de gauche ...
Et puis les dialogues sont devenus très répétitifs et prévisibles, les scènes s'enchainaient mais se ressemblaient beaucoup, pour finir la fin fut très laborieuse en ce qui me concerne. Je l'ai finit un peu dans la précipitation pour connaître la fin parce que ça reste une enquête e que malgré tout on a envie de connaitre l'assassin !

Je lui mets 2 étoiles parce qu'il y a de la recherche, Laurent Binet a très bien su restituer ce milieu intello-bobo des années 80 à la veille de l'élection présidentielle avec tous les enjeux que cela comporte. Mais je me suis pas mal ennuyée au final !

Je recommande néanmoins l'excellent "Hhh" du même auteur qui n'a rien à voir ! A sa sortie ce livre m'avait profondément emballé, d'où une grande déception ici ...

CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 - Prix Interallié 2015
CHALLENGE MULTI-DEFIS 2016 - Un livre qui a gagné un prix littéraire
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L'intrigue du nouveau roman de Laurent Binet est réjouissante: Roland Barthes, célèbre sémiologue français, est assassiné, renversé par une camionnette le 25 février 1980, en sortant d'un déjeuner avec François Mitterrand. La raison de ce meurtre subtilement orchestré est la suivante: Barthes détient à ce moment-là un document qui pourrait changer les fondements du langage et devenir un formidable outil de pouvoir, il s'agit de la septième fonction du langage définie par Jakobson, autre linguiste réputé. Une enquête et une course-poursuite infernale s'engagent alors entre un commissaire dépassé par le monde intellectuel des années 80, accompagné de Simon, un jeune universitaire spécialisé dans les sciences du langages, et les tueurs de Roland Barthes qui essayent par tous les moyens de récupérer ce fameux document, volatilisé après l'accident.

Ce roman prend alors la forme d'un thriller savoureux où les faits réels deviennent largement romancés par la fantaisie et le talent d'écrivain, incontestable, de Laurent Binet, que j'avais déjà fort apprécié à la lecture de son premier excellent roman, HHhH, qui raconte l'attentat qui a été fomenté contre le dirigeant SS Reinhard Heydrich durant la Seconde Guerre. Ce roman met en scène tout un pan de la vie intellectuelle et culturelle des années 80 avec des personnages réels, plongés dans des situations absurdes, librement sorties de l'imaginaire loufoque de l'auteur, qui sont parfois fort comiques. Ainsi on retrouve Michel Foucault (dans un sauna gay!), le couple Philippe Sollers et Julia Kristeva (absurdes au possible!), Umberto Eco, Jean-Paul Sartre, Louis Althusser, et le ridicule BHL et sa sempiternelle chemise blanche!

Ce roman s'annonçait alors comme une réussite. Si la première moitié du roman donne un ton jubilatoire et part dans un joyeux bordel bien ficelé, la seconde partie quant à elle s'égare malheureusement dans des envolées intellectuelles et philosophiques qui viennent considérablement alourdir le récit, et le rendent, souvent, très obscur. En effet, les personnages déclament des tirades inspirées, d'ordre souvent politiques ou culturelles qui, si elles ne sont pas connues véritablement du lecteur, paraissent alors insipides et opaques. C'est dommage. On a non seulement l'impression de passer à côté du texte et de sa tonalité apparemment cynique, mais en plus on se sent cruellement lésé car on ne semble pas convier à la rigolade générale. le roman prend alors une tournure déplaisante, où Laurent Binet s'enfonce dans son propre délire et s'exerce à des joutes oratoires (par ses personnages) peu compréhensibles, sinon de lui-même. Pour montrer, inutilement, toute l'étendue de sa grande culture politique et culturelle des années 80? Je ne l'espère pas.

Déçu par ce roman car j'aime beaucoup les talents d'auteur de Laurent Binet et sa façon de raconter les choses. Mais avec La Septième Fonction du Langage, il m'a perdu en cours de route, c'est dommage, mais j'attends tout de même son prochain roman avec impatience.
Lien : http://aucrepusculedesmots.b..
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Février 1980, Roland Barthes meurt, écrasé par une voiture à Paris.
L'écrivain Laurent Binet imagine que ce n'est pas un accident mais un meurtre, que quelqu'un en voulait à Barthes et surtout à un fameux document non encore publié qui traiterait de la 7ème fonction du langage.
L'idée de départ est très bonne. Il s'agit d'une sorte d'enquête policière menée par un commissaire pas du tout intello qui s'appelle Bayard.
Il va rencontrer les intellectuels en vogue à l'époque : Foucault, Eco, Deleuze, Sollers, BHL et comme ce document de Barthes intéresse aussi les hommes politiques, il croisera aussi Giscard, Attali, Rocard, Lang, Mitterrand.
Le début était prometteur mais rapidement, je me suis sentie noyée sous les détails, les descriptions, les considérations philosophiques et intellectuelles. Je pense que ce roman plaira davantage aux universitaires, néanmoins, c'est drôle, enlevé et original, c'est juste que c'est trop long !
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Ah qu'il est difficile de noter et critiquer ce roman ! Presque aussi difficile qu'il m'a été de le finir ! Car, si je me suis délectée du premier tiers, au bout d'un moment je me suis lassée des bacchanales, des dérives, des considérations intellos divagantes...
Brillant, ce roman prend pour point de départ l'assassinat de Roland Barthes. Bayard le flic se fait assister de Simon le professeur pour mener à bien l'enquête. Avec brio, Laurent Binet étale une connaissance archi-poussée de la linguistique, de ses théoriciens, mais aussi de tout ce qui faisait le gratin intellectuel de la France du début des années 80. Truffé de références, ce roman a dû demander un boulot de fou !
Véritable claque intellectuelle, il n'en demeure pas moins, à mon goût, trop touffu, long et a tendance à partir dans tous les sens. Ancienne étudiante en linguistique, j'ai aimé croiser de vieux noms et théories bien connus (structuralisme, Kristeva, perlocutoire...) mais au bout su compte tout ceci est un peu trop farfelu et demande une attention de chaque instant pour tout comprendre. La fin sauve le livre, elle est bien trouvée, même si on la sent un peu venir.
Bref, je reconnais le brio de ce travail, mais n'ai pas vraiment trouvé Saussure à mon pied...
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Je tiens à préciser tout de suite que malgré tout ce qui va suivre, j'ai pris un très grand plaisir à lire ce livre. Je me suis bien amusé de certaines situations même si certaines me semblent aller trop loin… nous y reviendrons. Mon côté néophyte de la linguistique n'y est certainement pas étranger et j'ai pour ma part apprécié le côté didactique du livre qui se place ainsi clairement comme un ouvrage de vulgarisation à l'attention du grand public. Mais je pense qu'il a d'autres prétentions et c'est là que le bat blesse.

« (ils) laissent passer un groupe de maos apparemment décidés à casser du spinoziste aux cris de « Badiou avec nous ! » »

Livre intellectuel raté à visées populaires ou livre populaire réussi à visées intellectuelles ? Là est toute la question et je n'arrive pas à trancher.

Pour l'aspect populaire de vulgarisation, j'ai pris plaisir à apprendre qu'il existait, selon Jakobson, six fonctions du langage (référentielle : ce dont on parle ; émotive ou expressive : exprime la position de l'émetteur ; conative : dirigée vers le récepteur, souvent sous forme d'interpellation ; phatique : la parole pour la parole, sans attacher d'importance au contenu ; métalinguistique : sert à s'assurer qu'émetteur et récepteur se comprennent, le dictionnaire est un objet purement métalinguistique, par exemple ; poétique : elle se passe de commentaire mais relève de tout ce qui a trait aux jeux de langages).

L'objet du livre est de nous mener sur la trace d'une éventuelle septième fonction du langage, dite performative. Pour ce faire, Laurent Binet nous accorde deux aides : un inspecteur de police et un linguiste, petit universitaire engoncé qui nous précède dans le cadre de l'enquête demandée par un Giscard alors président (nous sommes en 1980) sur la mort accidentelle ou non de Rolland Barthes, sur fond d'élection présidentielle à venir et de luttes intestines dans le petit monde des intellectuels français mais pas que.

Laurent Binet fait cela dans un style extrêmement fluide et accessible en y injectant une bonne dose d'humour relevé par l'antagonisme au départ de l'inspecteur et du linguiste, l'un étant représentant d'une droite vieille France et l'autre d'une gauche encore timide.

Pour autant cet humour est-il vraiment efficace ? Oui mais il fait grincer des dents et des neurones. On a beau essayer d'y voir un second ou troisième degré, l'attaque contre les intellectuels de l'époque avec Philippe Sollers et Julia Kristeva en figures de proue est féroce. le mélange des genres parait alors un peu suspect. Pour ne rien arranger, Laurent Binet pousse les descriptions de ses personnages très loin dans le ridicule et le n'importe quoi, au même titre que certaines scènes qui tiennent du grand guignol plus que de l'enquête policière et/ou linguistique. Les personnages n'existent alors plus que dans leur caricature et le symbole qu'ils sont sensés représenter perd alors de sa crédibilité.

Petite note paradoxale sur ce récit et sur l'objet livre : Laurent Binet prend la parti de la défense du langage dans tout ce qu'il a de supérieur à l'écrit… et pour ce faire passe par l'écriture. Drôle de pied de nez qu'un linguiste favorise le plus faible des supports pour encenser l'autre !

Lien : http://wp.me/p2X8E2-zM
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Une bouffonnerie, rien de plus, méchante qui plus est (à raison ? à tort ? ), qui a juste le mérite de désacraliser le statut d'intellectuel à la française, qui en prend pour son grade... On ne peut parfois s'empêcher de ricaner : BHL, Sollers, le portrait est au vitriol. Sinon, l'enquête en elle-même ne fonctionne pas, Binet s'est visiblement documenté, et il cherche à placer son savoir et ses petites anecdotes en prenant le prétexte de l'enquête, sans se soucier de la rendre plausible. Le duo d'enquêteur par contre est amusant, Pierre Bayard, assorti de son assistant, philosophe sémiologue, aussi fort que Sherlock ! Erudit, méchant, parfois jouissif, certainement oubliable.
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