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sur 1215 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'éclate absolue!

Quel romaniste, quel linguiste, quel philologue n'a pas rêvé dans son moi le plus intime, dans son for le plus intérieur, dans son jardin le plus secret, de mettre aux prises les descendants de Jakobson dans un jeu de massacre bien ordonné et de les envoyer se faire ...lanlaire avec les fonctions référentielle, expressive, phatique, métalinguistique, conative (non, ce n'est pas une grossièreté!) et enfin poétique du langage...quitte à en imaginer une septième, de fonction, qui les sublime toutes: la fonction "magique" qui confère à son utilisateur la maîtrise absolue dudit langage.

Le pouvoir par le verbe. L'arme de séduction massive, la bombe H (HhH) des politiques aux dents longues...ou limées!!

Grâces soient rendues à Laurent Binet qui dans ce thriller parfait, tordant, bourré de malice, truffé de pastiches, sautillant gaiement d'une citation détournée à une allusion épicée, nous mène grand train dans le microcosme allumé des structuralistes en pleine déconfiture!

Voyons plutôt les protagonistes :

-à ma gauche, l'élite intellectuelle de l'époque: Barthes, fraîchement écrasé- mais est-ce bien un accident, cette camionnette conduite par un Bulgare qui roule si visiblement les rrr qu'on ne peut ignorrrrer son orrrrigine?- Foucault, chaudement sorti des back doors des saunas qu'il affectionne ( une des scènes les plus hilarantes du livre, qui n'en manque pas!!) - Kristeva, sacrificatrice aux yeux noirs, Sollers, bouffon pathétique et cocasse -ah, ah, oh oh, - sautant du coq à l'âne sans effort et sans vergogne ( zeugma)- BHL, (mais oui, BHL: "Le lecteur, glisse Binet, s'étonnera peut-être de la présence de BHL mais déjà à cette époque, il est dans tous les bons coups" , et quand il ne veut pas se faire remarquer -rareté!- il déboutonne une chemise noire, incognito...). J'allais oublier Althusser qui rêve d'étrangler sa femme...et va bientôt passer aux actes, Derrida qui fait cavalier seul, Deleuze, le sémillant sémiologue, maître Ecco, grand ordonnateur de débats rhétoriques digitophages ( comprenne qui lira...), sur fond d'attentat fasciste en gare de Bologne... Rien que du beau linge, on vous dit!!

-à ma droite, les politiques : Giscard , tout chuintant de suffisance aristocrate et auvergnate, mais pas sûr de battre encore une fois le candidat malheureux de la gauche, aux dents pas encore limées: Mitterrand, cet "homme du passé" qu'il a si bien mouché aux élections précédentes...

Voilà pour ceux que l'on a déjà "vus dans de précédents épisodes "et qu'on reconnaît au passage, pour notre plus grande délectation..

Mais il y aussi les deux enquêteurs- on vous l'a dit, c'est un polar, il y a mort d'homme- le couple classique des policiers, Double-Patte et Patachon, le petit méchant et le grand gentil, le bas-du-front -presque -national et le sémiologue distingué , assistant à Vincennes. Il y a celui qui devient un as du Rubikube et celui qui décode signes et faux-semblants avec la dextérité d'un Sherlock Holmes...

Double enjeu:
-qui mettra la main sur le billet où Barthes a consigné cette 7ème fonction mythique que tous recherchent et qui déclenche une avalanche proprement impressionnante de morts violentes dans le Landernau structuraliste?
-qui gagnera les élections présidentielles de 81?

D'accord, ce deuxième suspense n'en est plus un pour nous...mais quelle formidable idée d'avoir mêlé l'un à l'autre...et de voir les rivalités intellectuelles et politiques régies par la même sauvagerie, la même soif de reconnaissance, les mêmes dévouements zélés ou serviles...

J'avais déploré dans HHhH que Binet se soit un peu emmêlé les pinceaux dans le récit et le méta-récit, pour reprendre le jargon structuraliste à l'honneur, mais ici l'ironie ne nuit en rien à la poursuite de l'intrigue, elle s'y intègre merveilleusement au contraire: on se régale, on rit, on est épaté de tant de pertinence et d'impertinence, ravi de revisiter sur le mode parodique ces "maîtres-penseurs" des années 80, de parcourir avec alacrité et une joyeuse férocité les grands événements politiques de ce début de décennie...

Un livre formidable de drôlerie, d'intelligence et d' inventivité!!

J'ai vraiment adoré (fonction expressive ou émotive) et je vous le recommande chaudement (fonction conative), si vous voyez ce que je veux dire (fonction métalinguistique)?
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J'ai été enthousiasmé par ce roman, qui est très drôle tout en étant documenté et même instructif. Il se présente d'abord comme un polar, la mort accidentelle de Roland Barthes étant considérée comme un meurtre qui va en entraîner bien d'autres et une enquête policière atypique.

Laurent Binet ajoute à cette trame policière une reconstitution du début des années 1980, avec comme sommet le débat télévisé entre Giscard et Mitterrand. Il nous dresse le portrait de l'intelligentsia et des figures politiques parisiennes, peint les luttes politiques sanglantes en Italie et un monde universitaire américain. Bien documenté et quasi vraisemblable, il accumule canulars et caricatures, dans un bain souvent très sex, drugs and rock&roll.
Les cercles politiques proches de Giscard et Mitterrand sont peints en quelques conversations où en peu de phrases Ponia, Fafa, Lang etc paraissent aussi vrais que nature, mais dont les raccourcis et quelques notations de contexte font une narration hilarante en simplifiant à outrance leurs motivations.
Le vrai héros du roman est peut-être le langage, c'en est au moins le sujet. Politiques et intellectuels voudraient le maîtriser grâce à une septième fonction imaginaire, sortie d'une théorie linguistique cachée que tous s'arrachent, prêts aux pires crimes pour sa possession. Les linguistes et sémioticiens sont au premier rang, les rhéteurs, orateurs, littérateurs, provocateurs (Hallier, Sollers), et débatteurs (politiques ou pros de l'éloquence) les poursuivent. Tous font l'objet de caricatures, où il y a besoin de peu de déformation (sauf pour Sollers qui est l'objet de moqueries incessantes et BHL écrasé de mépris silencieux) : beaucoup de raccourci et un peu d'exagération suffisent à me faire rire franchement. Il s'agit d'une période où j'étais jeune adulte et dont je me souviens de faits parfois anecdotiques (tout de même, est-il anecdotique qu'Althusser tue son épouse dans une crise de démence?), et je ne suis pas sûr que des lecteurs plus jeunes en profitent aussi bien. (J'ai quand même révisé : la gare de Bologne ne m'a pas immédiatement rappelé un attentat fameux, je ne l'ai vu venir qu'avec peu d'avance sur le récit).

Après le polar et le portrait de classe, une troisième couche de sens est introduite par un jeune universitaire dont le policier s'est adjoint les services, tellement le monde du structuralisme lui est étranger. Nous bénéficions de ses explications, d'extraits de cours, de lectures et de colloques (dont certains tournent de nouveau à la caricature, sans pour autant cesser d'être instructifs). Ici encore, ma position est privilégiée : je me suis assez intéressé à la linguistique et assez peu à la sémiotique pour me sentir à l'aise dans ces explications et en apprendre beaucoup, mais il me semble que de plus profanes ou plus experts en profiteront bien aussi, apprenant plus sur le fond ou riant plus du mode de présentation.

Le quatrième thème est absolument enchanteur : comme dans HHhH, Binet ne se contente pas d'écrire, il nous fait réfléchir à cette action d'écriture. Il s'interroge sur la liberté de l'écrivain. Il n'a pas peur (malgré les exhortations de son éditeur, explique-t-il ailleurs) de donner un autre sens au meurtre commis par Althusser, à en inventer d'autres parmi les personnages célèbres, dont certains ont heureusement survécu bien après (Derrida, Searle...). le jeune universitaire, héros apparent du récit, revenant sur la totale improbabilité de ce qui lui arrive, conclut que de telles coïncidences ne sont possibles que dans un roman : ce passage est extrêmement jouissif, il a d'ailleurs été recopié plusieurs fois sur ce site, allez voir. Bref, Binet s'amuse encore à penser, tricote ses personnages de couches de réel et de fiction, et nous invite, admirant cet écheveau, à nous demander : qu'est-ce que la littérature ?

J'espère que je n'en dévoile pas trop en concluant : le troisième héros est Umberto Ecco, roi du langage en théorie et en pratique, qu'on nous donne à admirer, sans trop se moquer de lui sauf un jeu de mot facile mais amusant, sur son nom.

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Alors là, je dois dire que je n'avais jamais lu un texte de cette nature ! Intelligent, original, dense et drôle à la fois, il est aussi brillamment maîtrisé que complètement déjanté !

Par où commencer pour vous le présenter ?
Disons d'abord qu'il s'agit d'un hilarant pastiche de roman policier, qui se joue de tous les codes du genre : l'enquête y est menée par un attelage hautement improbable, composé d'un commissaire réactionnaire s'intéressant assez peu à tout ce qui s'apparente à la culture et d'un maître de conférence en linguistique gauchiste enseignant à la fac de Vincennes, embarqué bien malgré lui dans l'aventure. Nous sommes en 1980, Mitterrand est à la veille de gagner les présidentielles, et les sémioticiens tiennent le haut du pavé dans les milieux intellectuels parisiens. Voilà pour le décor.
Quant à la mission confiée à nos deux compères, le commissaire Bayard et Simon Herzog, elle consiste à retrouver l'assassin de Roland Barthes. Car vous croyiez sans doute que l'auteur des Fragments d'un discours amoureux était mort accidentellement... Mais pensez-vous que se faire renverser par une voiture au sortir d'un déjeuner chez le candidat socialiste en passe de remporter des élections historiques peut vraiment être le seul fruit d'un malheureux hasard ?

Laurent Binet est quant à lui doué d'un sens du romanesque et du rocambolesque suffisamment aiguisé pour trouver matière à la plus réjouissante des intrigues policières. Roland Barthes aurait en effet été en possession d'un document potentiellement capable de donner un pouvoir insurpassable à celui qui en prendrait connaissance : il révélerait la nature de la septième fonction du langage, suggérée par Roman Jakobson dans son ouvrage de référence, Essais de linguistique générale, fonction qui permettrait à celui qui la maîtrise de prendre l'ascendant sur son interlocuteur... et sur le monde. La maîtrise du discours, à l'origine était le Verbe : tel est bien le coeur de toute forme d'organisation sociale et de toute prise de pouvoir. C'est bien pour cela que la sémiologie acquit une telle importance dans les années 70-80 : si la rhétorique, qui vise à convaincre, s'exerce depuis l'Antiquité, la sémiotique, qui permet d'analyser et de décoder toute forme d'expression et de création, prétendait enfin lever le voile sur les mécanismes à l'oeuvre et, du coup, de les neutraliser et de n'en être plus le jouet. D'où peut-être une forme d'ivresse du pouvoir des mots (tant il est vrai que le discours de certains sémioticiens est abscons), que Binet met en scène de manière totalement délirante.

Ce document, dont on comprend toute la valeur, va bien entendu exciter la convoitise tant des milieux politiques, qui y voient l'instrument permettant d'établir définitivement leur domination, que des intellectuels qui veulent toucher au plus près du secret de la maîtrise du verbe, au coeur de leur activité.

L'enquête se déroule donc dans ces deux milieux. A l'exception des deux héros, on n'y rencontre que des personnalités existant ou ayant existé, tels Foucault, Derrida, Sollers, Kristeva, BHL, Umberto Eco, mais aussi Jack Lang, Laurent Fabius, Serge Moati, Régis Debray, Mitterrand, Giscard et bien d'autres. Ce qui est d'un premier abord assez déroutant - mais néanmoins extrêmement jubilatoire - c'est que tous ces protagonistes sont traités comme des personnages de pure fiction: contrairement aux conventions généralement admises dans un roman mettant en scène des personnages publics, ils commettent des actes et se trouvent confrontés à des situations dénués de toute espèce de vraisemblance (heureusement d'ailleurs pour Sollers, qui a dû beaucoup souffrir s'il a lu ce livre, et pas uniquement dans son amour-propre !). Et pourtant, malgré tous les excès, grâce à bien des petites touches qui fonctionnent comme des signes, le portrait des différents personnages est saisissant de ressemblance, ce qui n'est pas le moindre des talents de Binet que de parvenir à cet exploit !

Ce qui est particulièrement savoureux avec ce livre, c'est la manière dont il adopte peu à peu une démarche métadiscursive. Tandis que l'intrigue se déroule, le texte s'interroge sur sa propre nature, dans une démarche digne des analyses qu'auraient pu faire les héros de ce livre (et qui n'est pas sans rappeler les écrits d'un certain Pierre Bayard, professeur de littérature... à Paris VIII-Vincennes, tiens, tiens!). Ainsi Simon Herzog finit-il par s'interroger sur lui-même : se trouve-t-il dans la vraie vie ou dans un espace romanesque ? L'auteur va-t-il le tirer du mauvais pas où il se trouve, ou bien sa dernière heure a-t-elle sonné ? Cela ne l'empêche pas de songer qu'«un personnage comme Sollers ne peut exister en vrai» !
Bref, l'auteur joue avec son lecteur avec une habileté dont les quelques mots produits ici ne sauraient totalement rendre compte.
A l'exception peut-être d'une légère baisse de régime vers le milieu du livre, dans la partie où les protagonistes se rendent aux Etats-Unis pour un séminaire, je me suis régalée de bout en bout avec ce livre offrant de nombreux niveaux de lecture. Pour conclure, je dirais qu'au-delà du contexte historique qui fait le cadre de ce roman et de la qualité réflexive de l'exercice, au-delà également de tout l'ancrage théorique qu'il nous permet de réviser, Binet réussit à faire monter une véritable intensité dramatique, ce qui n'était pas donné d'avance.
Un régal de lecture, donc, dont on ressort avec le sentiment d'être plus savant tout en s'étant énormément amusé !

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Le propos est simple : « l'histoire d'un manuscrit perdu pour lequel on tue des gens ». C'est un sujet bateau qui nous valu le meilleur comme le pire.
Ici , la légitimité est difficilement contestable, puisque le bout de papier précieux qui sera la cause de morts violentes, se réfère à la langue, au pouvoir des mots, à l'art de communiquer. Et qui cela peut-il intéresser, hormis les spécialistes du sujet qui en font leur fond de commerce? Les politiciens bien sûr : la langue comme arme de destruction dans des duels dont l'enjeu est le pouvoir.
Et là où il y a ambition, il y a danger. La mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette, ne serait-elle pas un accident banal? C'est curieusement le fait que l'on met un enquêteur sur l'affaire qui change l'histoire. Car cela signifie qu'i y avait anguille sous roche pour ne pas dire congre sous le dolmen…
Et comme notre Bayard n'est pas sans peur ni reproche en ce qui concerne la science du langage, il débauche manu militari un spécialiste, Simon, chargé d'enseignement à Vincennes.

Le lecteur est alors catapulté dans un tourbillon d'actions et de contre-actions, au sein du microcosme que constitue l'intelligentsia (parfois auto-proclamée) des années 80. On côtoie sans émoi Sollers et Kristeva, Althusser et son épouse jusqu'à ce qu'il la tue, mais aussi BHL, sans publier Deleuze, Guattari, Foucault et j'en passe. le clou du spectacle consiste en ces joutes oratoires au cours desquelles s'affrontent les aficionados des lettres. Cela fonctionne comme une société secrète, avec une hiérarchie bien huilée, et un enjeu de taille pour se hisser vers les sommets, mais je n'en dis pas plus sous peine de lever le mystère sur un détail qui a son importance.

C'est à la fois drôle et intelligent. le roman fourmille de détails qui le replace bien dans la période, avec un effet comique et nostalgique (en pleine réunion de travail pour la campagne présidentielle, c'est plutôt rigolo de préciser que « Moatti mange des palmitos »), drôle aussi cette histoire de cendriers atypiques renforce le sentiment de dérision.

Enfin on aime aussi la mise en abîme du personnage qui se bat contre son auteur : « Si ça se trouve, le romancier imaginaire n'a pas encore pris sa décision. Si ça se trouve la fin est entre les mains de son personnage, et ce personnage c'est moi ». C'est à un degré moindre la technique qui avait été utilisée pour hhhhH, mais cette fois , la mécanique de construction n'est plus l'enjeu de l'écrit.

C'est déroutant au départ, mais rapidement le nombre d'étoiles potentielles a grimpé dans mes prévisions pour finir par ce cinq étoiles bien mérité?

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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« Il faut que tu lises La septième fonction du langage !... »
… Et Michel le distingué libraire de L'Emmaüs d'Angers, m'a confié son exemplaire du Livre de poche.
Je confesse avoir quelque-peu attendu, avant d'entamer la lecture de ce livre réjouissant.
Un livre passionnant, aussi, et malin dans son mode polar… Dame, on n'attire pas le lecteur avec un livre nécessitant un tube d'aspirine pour le lire !
Ce voyage dans les sphères politiques et intellectuelles du couple d'années 1980-1981, avec une élection présidentielle à la clef en France, est particulièrement bien organisé. Nous voilà embarqués dans une enquête policière à la poursuite de cette Septième fonction du titre… Septième fonction que Laurent Binet a eu la courtoisie de m'expliquer après les six premières… Et de me l'expliquer simplement en me donnant l'envie d'aller explorer, plus tard, d'autres livres. C'est sympa.
Le postulat de départ est assez limpide : Roland Barthes a été assassiné et il détenait un écrit susceptible d'offrir un pouvoir démesuré à celui qui serait seul à le détenir.
Damned !
C'est donc Simon Herzog et le commissaire Bayard qui vont suivre la piste de la fonction (ais-je le droit de dire « formule » magique) dans des tribulations qui les mèneront aux États-Unis et en Italie.
L'intello et la brute, l'instinctif et le penseur, vont s'appuyer mutuellement pour tenter de mener à bien la mission que Valery Giscard d'Estaing leur a confié : Retrouver cette introuvable Septième fonction du langage, qui serait certainement fort utile pour sa réélection à la Présidence de la République …Maintenant, on sait pourquoi il n'a pas fait de second mandat ! Gag.
Ces aventures dans les eaux troubles du langage et de la formule, avec un groupe récurent d'intellectuels frères souvent ennemis, réserve de belles scènes d'action. Elles plongent aussi dans des faits d'actualité d'époque devenus historiques… Ainsi, l'attentat de la gare de Bologne en Août 1980.
Et puis, point de bon roman sans une petite dose d'épices sexuelles !... Avec une scène succulente dans laquelle le commissaire Bayard est surpris dans une position plus que gênante, entre quelques autres…
Alors, quid de cette Septième fonction du langage ?
Qui l'a eu, qui qui l'aura, qui s'en servira (Euh… S'en est servi peut-être puis que c'était il y a maintenant quarante ans passés), et quelqu'un l'a-t- il seulement eue ?... Et c'est tout l'art de Laurent Binet de maintenir le suspense jusqu'à la fin ou presque.
Bon, j'en oublie certainement dans ma critique que ne manqueront pas d'y trouver et relever les nouveaux lecteurs que j'envie déjà (J'envie aussi ceux qui ont lu le bouquin avant moi, mais un peu moins tout de même…)
Alors, merci Laurent Binet et encore merci à Michel !
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Comme j'ai bien fait d'aller piocher dans ma Pal de 2015 ! J'en ai exhumé « La Septième Fonction du langage », ce qui m'a permis de me gondoler pendant plusieurs jours. Comme le dit Michfred : « L'éclate absolue ! »
Question : l'éclate en question n'est-elle pas conditionnée par un minimum de connaissances sémiotico-linguistiques ? Euh… C'est pas faux. Maintenant, je suppose que des enfants peuvent se marrer en lisant « le Tour de Gaule » d'Astérix sans forcément décoder le nom du préfet de Lugdunum (Encorutilfaluquejelesus, pour mémoire). Et que tous les lecteurs de hard S.F. n'ont pas leur agrégation de physique quantique.
Et puis Binet n'est pas avare de parenthèses didactiques (au moins au début) grâce à un policier parfaitement béotien qui s'aventure lui aussi dans un domaine dont il ne connaît rien.
Et puis, surtout, comme Ecco, à qui il rend un hommage appuyé, Binet se sert des codes de la littérature de genre pour nous apprendre des trucs compliqués. Comme dans « le Nom de la rose », des cadavres s'accumulent pour interdire l'accès à un document essentiel écrit par un grand théoricien : Aristote pour l'un, Jakobson pour l'autre. Comme « le Nom de la rose » toujours, il s'agit d'un roman historique : nous sommes, non pas en l'an de grâce 1327, mais à quelques mois des élections de mai 1981.
Mais s'agit-il uniquement d'une pochade, d'une parodie de la French theory ?
Si la sémiologie est la « discipline qui applique les procédés de la critique littéraire à des objets non littéraires », il faut en tirer les conclusions qui s'imposent : tout est roman. On peut étudier la vie comme on étudierait un texte littéraire justement parce que nous sommes tous des héros de roman.
Tiens, par exemple : Barthes est mort en sortant d'un déjeuner concocté par Jack Lang. C'est historiquement indéniable. Maintenant, à qui fera-t-on croire qu'un ministre nommé « Lang » n'a rien à voir avec la mort d'un linguiste ?
En partant de ce principe, la vie a une construction aussi logique que celle d'un roman et il n'y a pas de hasard. Ça tombe bien puisque la septième fonction du langage est la fonction performative qui consiste à agir par la seule parole. Bon, si moi je dis « Abracadabra », aucun lapin ne va sortir de mon chapeau (d'ailleurs je n'ai pas de chapeau) et quand j'affirme d'une voix légèrement hystérique que j'ai raison, il n'est pas dit qu'on me croie. En revanche, quand Dieu dit : « Que la lumière soit. », la lumière fut. Et quand le romancier affirme que Roland Barthes a été trucidé par des espions bulgares, c'est qu'il l'a été. C'est grâce à la fonction performative que nous tombons amoureux : d'abord parce nous ne le sommes pas tant que nous n'avons pas dit « Je t'aime », ensuite parce que la passion n'existe que d'avoir été apprise dans les romans et les poèmes.
Un roman sur la septième fonction du langage n'est donc qu'une mise en abyme puisqu'il n'y a pas plus performatif qu'un texte littéraire qui s'engendre par sa propre logique : c'est parce que les Bulgares sont réputés pour leurs parapluies empoisonnés que, suivant la théorie d'Isidore Ducasse comte De Lautréamont, Simon se retrouve à forniquer avec la belle Bianca sur une table de dissection bolognaise. Tout est signe, rien n'est hasard.
Mais, même si ce roman est très maîtrisé, je lui vois un défaut majeur : Binet y fait mourir Derrida, soit 20 ans au moins avant sa mort réelle. Je suppose qu'il a hésité avant de commettre le test ultime : tuer un personnage encore vivant dans la vie réelle et lire le lendemain dans le journal que la vie réelle n'existe pas puisque l'individu serait passé de vie à trépas à peine sèche l'encre du livre.
Bref, ce livre était à deux doigts d'être parfait.
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Sept incontournables raisons de lire la Septième fonction du langage de Laurent Binet !
1. Une (ré)vision efficace de toutes les théories du langage au cours d'une plongée désopilante dans le monde universitaire des années 80.
2. Une intrigue policière foutraque avec duo d'enquêteurs contrasté (dans l'esprit Poirot-Hasting ou Larosière-Lampion d'Agatha Christie), victimes à la pelle et sang qui gicle (attention aux doigts!...)
3. Une aventure à la James Bond -démythifié quelque peu- avec société secrète et belles peu farouches.
4. L'occasion de retrouver Umberto Ecco plus grand que jamais !
5. Un récit enlevé, rythmé, musical parfois qui rend au langage ses lettres de noblesse.
6. Les réflexions existentielles de Simon Herzog, personnage pas si secondaire en lutte contre son créateur (« Il ne sera pas dit que quiconque puisse lire en lui comme un livre »)
7. L'humour des situations, l'audace des portraits et les pieds de nez qui n'évitent pas toujours d'en venir aux mains...
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Tandis que je visualise l’ordonnée de l’axe paradigmatique m'offrant un choix de vocabulaire comme du linge mis à disposition dans les tiroirs d’un chiffonnier et que j’ordonne mes mots en abscisse sur l’axe syntagmatique en espérant que la locomotive soit assez puissante pour entraîner l’ensemble, je fais la liste de tout ce que ce livre m’a apporté. Il m’a intriguée, il m’a amusée, il m’a instruite. Autant dire que je me suis délectée sur presque 500 pages. Une intrigue de nature policière constitue le ressort principal du roman. Partant de cette hypothèse_ si Roland Barthes, le critique, le sémiologue n'avait pas été renversé accidentellement par une camionnette en 1980 ?_ l'auteur nous plonge dans une enquête dont les enjeux sont exacerbés par l'imminence de la campagne présidentielle. En effet, il apparaît vite que Barthes aurait eu en sa possession la septième fonction du langage, celle que Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale n'aurait pas voulu révéler par crainte de l'immense pouvoir qu'elle procure à celui qui la maîtrise.

Les milieux intellectuels de l'époque sont bien sur interpellés et c'est ainsi qu'entrent en scène des personnages tels que Foucault, Deleuze, Althusser et Derrida, les universitaires ainsi que le couple Kristeva-Sollers avec dans leur sillage, BHL (ces deux derniers étant particulièrement épinglés par Binet). Vu les enjeux de l'enquête, les milieux politiques sont également sur les rangs, Giscard, le Président en place (le premier dont j'ai des souvenirs, c'est sans doute fort naïf mais son prénom m'intriguait...), sérieusement menacé dans son renouvellement de mandat par l'éternel challenger, Mitterrand. Chacun peut bien sûr compter sur le soutien de son clan, côté pouvoir en place, les deux Michel , Poniatowski et d'Ornano, côté prétendant, un bataillon en rangs serrés composé de Fabius, Debray, Lang, Badinter, Moati et Attali. J'étais encore enfant à l'époque mais je me rappelle bien cette campagne présidentielle (Ah, le fameux débat télévisé !). C'est la première fois que j'ai eu une conscience politique (certes, largement influencée par celle de mes parents) et j'ai vu repasser tous ces noms avec une forme de nostalgie, marqueurs d'une époque où je commençais à percevoir le sérieux du monde des adultes.

Ajoutons, côté intrigue, que le roman sort du cadre français (le pouvoir est un enjeu universel) pour aller faire un petit tour en Italie à la rencontre du brillant Umberto Eco et qu'un autre contexte tout aussi prégnant est abordé, celui du terrorisme politique de tous bords dont Bologne fut le témoin sanglant.

Mais il est temps de parler des protagonistes chargés de cette enquête compliquée (plusieurs services secrets s'en mêlent aussi...). Comme souvent, il s'agit d'un duo. Pas très original, d'accord mais efficace car l'auteur a su les choisir en jouant la carte des contraires. Le commissaire Jacques Bayard, bon flic qui connaît ses limites, comprend qu'il n'évolue pas sur son terrain de chasse habituel et qu'il lui faut une sorte de guide pour décrypter le langage (pour ne pas dire jargon) de tous ces intellectuels qu'il méprise un peu par ailleurs. Il le trouve en la personne d'un jeune doctorant, Simon Herzog embarqué pour raison d'Etat sur la piste des assassins de Barthes. Ils n'appartiennent pas à la même génération, n'ont pas spécialement les mêmes valeurs (l'un est un ancien de la guerre d'Algérie, l'autre, un intellectuel de gauche), ne s'apprêtent donc pas à glisser le même bulletin dans l'urne mais ces deux-là vont finir par s'apprécier et s'entraider. L'auteur construit progressivement leur amitié improbable sur un ton mi-paternaliste, mi-complice rehaussé de quelques saillies goguenardes, les deux compères prenant plaisir à se brocarder un peu (la joute oratoire est un fil directeur du roman). De manière générale, Laurent Binet adopte un ton moqueur, plus ou moins appuyé, pour dépeindre ces milieux politiques et intellectuels des années 80. Comme il ne s'embarrasse pas de changer les noms, on peut clairement identifier les membres de ce "tout petit monde" (pour emprunter une expression chère à un autre universitaire, David Lodge) et suivre leurs déconvenues. A certains moments, j'ai quand même eu la sensation que l'on était pas loin du règlement de comptes et qu'à une autre époque, tout ça aurait pu se solder par une rencontre à l'aube, au coin d'un pré.

Si j'ai apprécié l' aspect enquête sur fond parfois caustique pour son petit côté page turner, ce n'est pourtant pas la raison qui m'a orientée vers ce livre. Je l'ai bel et bien choisi parce qu'il propose de triturer le langage (la lecture de Epépé de Ferenc Karinthy reste un de mes grands moments de lecture). J'ai adoré découvrir les pères fondateurs de la linguistique et de la sémiotique, Saussure et Jakobson, les 2 axes, les différentes fonctions, les pôles. J'ai trouvé Binet, pédagogue et habile dans sa présentation de cet échantillon de linguistique à tel point que j'ai presque regretté que mon parcours universitaire ne me l'ait pas proposé (tout en me disant qu'avec un mauvais prof, cela aurait été redoutable). Après la théorie, j'ai suivi avec intérêt, les travaux pratiques, les joutes oratoires du Logos club. Bon, c'est vrai, j'ai un peu décroché au moment du cours d'approfondissement, lors du colloque de Cornell. Je dois dire que la passe d'armes Derrida versus Austin représenté par son disciple Searle m'a laissée sur le côté mais, peu importe, avec illocutoire et perlocutoire, j'ai deux mots de plus à ranger dans le chiffonnier (ok, ils ne vont pas forcément servir souvent mais je préfère l'abondance à la pénurie).

Mais il est grand temps, après ce long trajet, de ranger la locomotive en gare car sinon je risque de vous embarquer au pays de la fonction phatique (explication p 146) ce qui ne serait pas franchement performatif.
Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Génial ! C'est le premier mot qui me vient à l'esprit pour qualifier ce bouquin et saluer l'expérience de lecture vécue pendant quelques jours (que je me suis efforcée de faire durer malgré l'envie de tourner les pages). Laurent Binet ose tout. Instruire en se moquant, divertir avec un cours sur la linguistique, faire réfléchir avec drôlerie et insolence. Vous ne saviez pas qui était Roland Barthes ? Sémiologie, linguistique, rhétorique... ça sonne pour vous comme du chinois ? Aucun problème. L'humour, la pédagogie et le talent narratif de l'auteur sont là pour vous éclairer. C'est totalement indolore et ça fait un bien fou.

A partir d'un fait réel (la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette rue des Ecoles le 25 février 1980), de personnages existants ou ayant existé ainsi que de bon nombre de phrases qu'ils ont effectivement prononcées un jour ou l'autre, Laurent Binet bâtit une fiction haletante, une sorte de polar dont le héros est le langage. On est entre La sémiologie pour les Nuls et Tintin au pays des intellos. On croise Sollers, Kristeva, BHL, Derrida, Foucault, Mitterrand, Giscard, Fabius, Lang, Umberto Eco, mais aussi un duo de moustachus à parapluies qui rappellent les Dupont et Dupont et un couple de japonais qui roule en Fuego.

Si la mort de Barthes est jugée suspecte, c'est parce qu'il sortait d'un déjeuner avec François Mitterrand. A quelques mois de l'élection présidentielle, il semble que ce dernier s'intéressait particulièrement à une récente découverte du défunt, la septième fonction du langage, celle qui permettrait de convaincre à coup sûr. Pour Mitterrand qui garde un très mauvais souvenir du débat de 1974 contre Giscard, on comprend tout de suite l'intérêt. Quelle est cette mystérieuse septième fonction (Jakobson, référent en la matière n'en dénombrait que six), existe-t-elle vraiment ? Et qui est prêt à tuer pour l'obtenir ? C'est ce que va devoir découvrir le commissaire Bayard, pas vraiment habitué à enquêter dans les milieux intellectuels et universitaires et totalement dépassé par les notions de linguistique et leurs concepts. Il décide donc de s'adjoindre les services d'un jeune universitaire, Simon Herzog, chargé de décrypter pour lui aussi bien les notions théoriques que les us et coutumes de l'intelligentsia concernée. de Paris à Venise en passant par Bologne et Ithaca (Etats-Unis), les deux hommes tentent de remonter la piste. Il sera question d'une sorte de société secrète où l'on s'affronte à coups de joutes oratoires, d'une piste bulgare, de rivalités entre sommités universitaires et surtout, surtout, du pouvoir qu'octroie le langage à qui sait le manier.

Le plaisir tient à la multiplicité des perspectives et des niveaux de lecture. Cours accéléré de sémiologie (avec une pédagogie très imagée qui n'hésite pas à convoquer le tennis, Borg et McEnroe pour expliquer la différence entre rhétorique et sémiologie. Brillant.), farce dans le milieu intellectuel de Saint Germain des prés et d'ailleurs, décryptage des discours politiques (ah la réunion de préparation de la campagne présidentielle au domicile de Mitterrand ! Savoureuse.), mais également revue d'une époque révolue où la flamboyance du discours avait encore sa place. Nostalgie d'une époque où l'on croyait au pouvoir des mots au point d'imaginer que l'on tue pour le détenir, que l'on choisisse la joute oratoire pour combattre avec un certain panache.

On a beaucoup parlé des personnalités dont il est question dans le livre, c'est un élément amusant et qui trouve sa justification dans le sujet lui-même. Mais on aurait tort de ne voir que cela. On est ici dans une interrogation permanente sur la fiction et son rapport à la réalité avec une mise en abyme jouissive à partir du personnage de Simon qui ne cesse de se demander - alors qu'il se trouve embarqué dans une série d'aventures loufoques bien loin de son quotidien d'universitaire - ce qu'il ferait s'il était dans un roman. Et l'auteur va jusqu'à introduire dans l'intrigue et la narration des éléments qui sont à la fois des indices qui aident le lecteur à étudier les signes en apprenti sémiologue et des faits qui font avancer l'enquête. Fort. Très fort. Enfin, il n'hésite pas à emprunter à David Lodge le personnage de Morris Zapp (l'universitaire américain de Changement de décor, entre autres) pour lui faire côtoyer Derrida et les autres au sein d'un même colloque, dynamitant totalement les frontières entre fiction et réalité en lui faisant déclarer "qu'il y a à la source de la critique littéraire, une faute méthodologique originelle qui consiste à confondre la vie avec la littérature".

J'aime quand un auteur me juge assez intelligente pour jouer avec lui tout en apprenant. Je sais à présent ce qu'est la fonction performative du langage... mais je ne vous le dirai pas. Parce qu'il serait dommage de vous priver de vos propres moments de jubilation et des mille découvertes qui s'offrent à vous à travers ce livre aux multiples facettes. de ceux que l'on peut emporter sur une île déserte en étant sûr de ne jamais s'ennuyer. Un gros, gros coup de coeur !
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En parcourant ma PAL, mon mari s'arrête sur celui-ci : La septième fonction du langage (hum!) et en sous-titre, Qui a tué Roland Barthes? (mouais...). Des souvenirs douloureux de lectures obligées à l'école secondaire lui confirment ce qu'il pressent déjà : ce sera non. Pour ma part, je ne connais pas Roland Barthes et son oeuvre et j'aime l'originalité de Laurent Binet. Alors c'est parti pour un roman qui s'avère ambitieux, érudit, exigeant et dont le propos, parfois hermétique, est avantagé par une intrigue digne des plus grands thrillers. Une enquête sur les traces d'un document précieux détenu par Roland Barthes, dont la mort accidentelle en 1981 sur la chaussée parisienne, bousculera une flopée d'intéressés, dont le président français Giscard d'Estaing, le candidat François Mitterrand, des philosophes réputés, des agents du renseignement bulgares et russes et l'écrivain italien Umberto Eco. La voix de l'auteur est présente tout au long du récit et pimente l'action, allégeant ici et là avec une touche d'humour, employant un ton professoral pour démonter les théories du langage tout en nous balançant quelques allusions amusantes sur l'avenir. Et soudain, au détour d'une page, « Eco écoute avec intérêt l'histoire d'un manuscrit perdu pour lequel on tue des gens. Il voit passer un homme avec un bouquet de roses à la main. Son esprit vagabonde une seconde, traversé par la vision d'un moine empoisonné. » le duo improbable d'enquêteurs composé par Jacques Bayard, policier chevronné et Simon Herzog, professeur au Centre universitaire de Vincennes, nous ramène justement à celui du Nom de la Rose incarné par le franciscain Guillaume de Baskerville et du jeune novice Adso von Melk. Une lecture brillante, jouissive, preuve qu'il ne faut jamais s'arrêter à un titre...
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