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Sanda Stolojan (Traducteur)
EAN : 9782729107666
Editions de La Différence (03/10/1997)
4.56/5   8 notes
Résumé :
Lucian Blaga (1895-1961). Roumain natif de Transylvanie, il acquiert une formation théologique puis, à Vienne, philosophique (il laisse dans le domaine de la pensée pure une œuvre importante). Au lendemain de la guerre, le régime communiste le réduit à l’isolement. Blaga a vécu en osmose avec cette nature omniprésente, dont il célèbre l’humilité, ou traduit, « penché sur les énigmes du monde », les mythes et la magnificence, en « homme seul à la recherche d’un sens ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vous ne connaissez pas la littérature roumaine, vous ne lisez pas de poèmes ? J'ai compté pour vous, une quarantaine de poèmes plutôt courts, dans une édition bilingue roumain-français présentée par la traductrice Sanda Stolojan qui relève très justement en exergue le credo suivant de Blaga lui-même : « Le chemin du poète le conduit aux sources ». Noter que la traductrice a elle-même écrit des poèmes. Les deux célèbres poèmes "Je ne foule pas la corolle de merveilles du monde" et "L'Âme du village" y ont été retenus, tout comme celui inspiré par C. Brâncuși, "L'Oiseau sacré".
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J'avoue avoir un peu de mal avec ces anthologies, où l'on enchaîne plus ou moins les morceaux de bravoure sans véritable unité. le travail remarquable de Sanda Stolojan est néanmoins à souligner, surtout considérant la difficulté de traduire la poésie dans l'ensemble, la roumaine en particulier (considérer par exemple les débats sur Eminescu).
Pour le reste, les critiques déjà présentes donnent une bonne idée d'ensemble. Blaga travaille beaucoup sur les mythes, accorde une grande importance au pouvoir des mots. La poésie est donc sacrée et un parfum de mysticisme flotte donc sur l'ensemble du recueil (noter également que le mysticisme était en vogue en Roumanie à son époque, dont il a capturé une partie de l'esprit). Ce qui implique qu'il faut, pour les apprécier, s'abandonner, se laisser envoûter par ses poèmes, enfin laisser le charme opérer...
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Un aperçu de l'écriture envoûtante de Lucian Blaga, poète et philosophe roumain, écrivain hybride d'envergure magistrale, encore trop peu traduit en français. La recherche des origines et les motifs de la terre, du cosmos, des rêves et de la transcendance métaphysique y sont centraux. Une très belle oeuvre symboliste aux accents mélancoliques, dans laquelle résonnent les accents d'une magie tellurique, primordiale.
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Une véritable mise en mots du silence et de l'énergie universelle.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Notre légende
     
Ce soir-là, précédé de graves tumultes,
il y eut un indicible changement,
en cette terrienne époque de brouillard et de glaise,
et dans les voisines contrées lunaires de la-haut.
Le monde s’était paré de carats
qu’aucune balance n’a jamais estimés.
     
D’argent — ô — les gradins et les fronts brillèrent —
purs témoins des desseins de l’univers,
tandis que nous nous cherchions sauvés des pénombres
comme deux créatures de soie en marche.
     
A cette très haute heure d’alchimie céleste
nous obligeâmes la lune — et encore quelques astres
à emprunter l’orbite
qui encercle nos coeurs.
     
- - -
     
Legenda noastră
     
În seara aceea, cu grave tumulturi în urmă
ceva se schimbase nespus,
aci-n pământeana epocă, de neguri și humă,
și-n megieșe lunare ținuturi, de sus.
Dobândise tărâmul carate
pe nici un cântar încercate.
     
De argint se făcură, o, treptele, frunțile —
martore pure izvoadelor din univers.
Iar noi ne ghiceam izbăviți din penumbre,
ca două făpturi de mătase în mers.
     
În ceasul acela înalt, de-alchimie cerească,
silirăm luna — și alte creo câteva astre
în jurul inimilor noastre
să se-nvârtească.
     
     
Traduit du roumain par Sanda Stolojan
pp. 112-113.
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Nous portons sans larmes
une langueur dans nos chants
et nous sommes pour toujours
en route vers le ponant.

Notre âme est une épée
de feu éteinte dans son fourreau.
Ah, encore et encore
tarissent en nous les mots.

Dans les branches des mélèzes
vibre un vent éternel.
En parcourant le monde
nos balades sont des passerelles.

Nous traversons des crépuscules
à la bouche des lys purs,
et nous cachons en nous
une fin sous l'armure.

Nous portons sans larmes
une langueur dans nos chants
et nous sommes pour toujours
en route vers le ponant.

Nos blessures nous pèsent – sources –
ouvertes sous notre vêtement.
Nous prolongeons l'infini
d'un mystère, d'un chant.
(CHANTEURS MALADES)
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Perspective
     
Nuit. Sous les sphères, les grandes,
dorment les monades.
Mondes comprimés,
larmes insonores dans l’espace,
les monades endormies.
Leur mouvement — louange du sommeil.
     
-
     
Perspectivă
     
Noapte. Subt sfere, subt marile,
monadele dorm.
Lumi comprimate,
lacrimi fără de sunet în spaţiu,
monadele dorm.
Mişcarea lor — lauda somnului.
     
     
Traduit du roumain par Sanda Stolojan
pp. 74-75.
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Un homme se penche

Je me penche :
suis-je au-dessus de la mer
ou bien sur la margelle
d’une pauvre pensée ? – Je ne sais.

Mon âme roule jusqu’au fond
telle une bague qui glisse
du doigt émacié par la maladie.
Viens, ô fin ! répands ta cendre sur toutes choses.
Il n’y a plus d’appel pour m’étourdir,
ni de chemin qu’il me tarde de parcourir.
Viens, ô fin.

Accoudé une fois encore
à ras de terre je me soulève,
l’oreille à l’écoute.
Il me semble entendre au loin
une eau frappant un rivage.
Autrement rien, rien,
rien.
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AUX LECTEURS.
Ici est ma maison. De l'autre côté le soleil et le jardin avec ses ruches.
Vous, vous passez sur la route et vous regardez à travers la grille
attendant que je parle. - Par où faut-il commencer ?
Croyez-moi, croyez-moi, on peut parler de tout à longueur de temps :
du sort et du serpent de bon augure,
des archanges qui labourent avec leur charrue,
les jardins de l'homme,
du ciel vers lequel nous grandissons,
de la haine et de la chute, de la tristesse et des crucifixions
et surtout de la grande traversée.

Mais les mots sont les larmes de ceux qui auraient tant voulu
mais n'ont pas su pleurer.
Combien amère est toute parole,
aussi - laissez-moi
cheminer muet parmi vous,
et venir à votre rencontre les yeux fermés.

p. 23
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Video de Lucian Blaga (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucian Blaga
"Le chemin du poète le conduit toujours aux sources" Lucian Blaga
« Lucian Blaga (1895-1961) a parlé lui-même en termes inoubliables du monde où il est né. […] la première période de sa vie, l'enfance dans l'atmosphère magique du village ancien, l'époque de « Bildung » d'un fils de pope de Transylvanie et d'une mère paysanne […]. […] la vraie tonalité du poète est pourtant ailleurs. Elle est dans le drame mystérieux qui se joue entre le ciel et la terre, dans « la grande traversé » à laquelle la nature, les étoiles, les bêtes et les hommes participent, dans leur lente procession vers la mort. Une grande mélancolie cosmique venue de l'accord avec le destin enveloppe l'homme […]. le désespoir humain prend chez Blaga le chemin du dépouillement frémissant ; le « cri vaincu », qui accompagne toutes choses humaines, se résout dans le silence et l'écoute des profondeurs. […] L'homme est au monde pour vivre face au mystère, pour tenter de pénétrer les côtés cachés des choses, pour écouter, pressentir, vivre des expériences qui débouchent sur des révélations venues des profondeurs de lui-même. […] Un sentiment intense, personnel, du mystère des origines traverse la poésie de Blaga. […] […] La poésie de Blaga est hantée par une étrange et symptomatique absence : celle d'un dieu caché, un dieu imploré qui s'est « enfermé dans son ciel comme dans un cercueil ». […] […] Ses tristesses dévoilent plutôt une obsession d'essence spirituelle, sa mélancolie et son amertume se confondent avec l'aspiration du vieux moine sur le seuil, qui attend sa fin en prêtant l'oreille au vide du tombeau. […] »
« […]  […] Le miracle de sa naissance a voulu que Lucian Blaga soit avant tout poète. Par-delà le langage et ses symboles, sa parole éveille en nous un sentiment venu de loin. Elle est la voix de l'autre mémoire, celle qui se souvient de ce que nous sommes. La voix de l'humain avec ses racines liées à l'univers, avec ses profondeurs, ses capacités créatrices de mythes, son aspiration au silence contemplatif, à l'indicible, à la pureté, à la lumière, à l'accueil éveillé du mystère de la mort : … tourne ton visage vers le mur et tes larmes vers le couchant… » (Sanda Stolojan)
0:00 - Je ne foule pas la corolle de merveilles du monde 0:59 - Aux lecteurs 1:46 - Biographie 3:13 - Désaveux 4:57 - Nous, les chanteurs lépreux 5:55 - Épilogue 6:14 - Générique
Référence bibliographique : Lucian Blaga, L'étoile la plus triste, traduit par Sanda Stolojan, Éditions Orphée La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Lucian-Blaga-Selected-Philosophical-Philosophy/dp/1622732936
Bande sonore originale : Carlos Viola - Godforsaken Place
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/godforsaken-place
#LucianBlaga #LÉtoileLaPlusTriste #PoésieRoumaine
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