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EAN : 9782818006443
384 pages
P.O.L. (01/12/2011)
4.23/5   41 notes
Résumé :
L'écriture est pour moi un moyen de m'explorer, donc de me rejoindre mais aussi de me dépouiller de l'acquis, de l'inutile, et enfin, de me dépasser en me centrant sur mon centre. (26 février 1964) Loin d'y consigner ses activités quotidiennes au jour le jour, Charles Juliet entreprend dans son Journal un profond travail sur soi. Au fil des quatre volumes qui le constituent, s'étalant entre 1957 (il a 23 ans) et 1988, il s'emploie ... >Voir plus
Que lire après Journal, tome 4 : Accueils (1982-1988)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Immense plaisir d'avoir compulsé le journal d'un homme tel que Charles Juliet. Tristesse aussi, la dernière page lue, d'avoir à le quitter, comme on quitte un ami, car le sentiment est fort d'avoir vécu un vrai moment de partage et d'échange.
« Accueils »…un titre qui s'accorde impeccablement bien avec le ressenti du lecteur à la lecture de ce quatrième journal qui s'étend de 1982 à 1988. L'auteur, en nous ouvrant les portes de son intimité, nous accueille chez lui, dans sa sphère privée et se livre à nous avec toute la tendresse, l'humilité, la finesse et la pudeur dont il a fait montre dans les écrits qui ont fait sa notoriété de « Lambeaux » à « L'année de l'éveil ».

Charles Juliet est un homme de silence et de réflexion. Longtemps, son écriture a porté les stigmates de ses tourments et de ses peurs. Longtemps, la foi en lui et en son potentiel lui fit défaut. Si le besoin d'écrire était viscéral, les souffrances et les inhibitions étouffaient son aspiration à devenir écrivain, obstruaient le chemin qui menait à une écriture libre, dégagée des considérations superficielles, des comparatifs ou des valeurs d'estime.
L'écrivain s'exprime sur la complexité et la difficulté d'écrire ; l'angoisse de la page blanche, la déception, la gêne éprouvés face aux mots quand ceux-ci se refusent à vous ou reflètent mal ce que vous tentez de dire. Il y rapporte aussi la lutte de chaque instant et le travail acharné, la discipline stricte, l'application, la méticulosité d'orfèvre dans la recherche du souffle, du rythme, de la musicalité d'une phrase.

Un long travail sur lui-même, pendant de nombreuses années, a été nécessaire pour le libérer des démons et des chaînes qui entravaient sa progression.
Plongeur en eaux troubles, Charles Juliet s'est immergé dans les abysses de son « moi profond», à l'écoute des résonnances intimes de son esprit et de son coeur, pour accéder à cet éveil de la conscience qui s'apparente à la sagesse orientale.
Ce quatrième journal tenu par l'écrivain est la réalisation de ce cheminement intérieur, de cette quête de soi qui l'a porté pas à pas vers la délivrance, vers la source, vers la lumière.
La lecture d'oeuvres aussi hétéroclites qu'abondantes, des soufismes de Rûmî aux nouvelles de Carlson Mac Cullers, ont été les passerelles spirituelles fondamentales de son errance en pays mental.
Si les trois journaux précédents apparaissent plus sombres, porteurs de violence et de colère contenues, ce quatrième ouvrage autobiographique que l'on peut néanmoins lire indépendamment des autres, nous révèle un Charles Juliet serein et délivré, désormais en accord avec lui-même, un homme qui, au prix d'une totale remise en question de son être, a consenti enfin à ce qu'il était, à ce qui le définissait, un homme en pleine adhésion au monde et à lui-même.

La bonté, la chaleur, la simplicité de l'auteur affleurent à chaque ligne dans ses plaisirs, ses goûts, ses penchants.
La peinture compte énormément, révélant la fibre sensible de son être ainsi qu'un oeil vif et nuancé sachant observer avec l'émotion nécessaire pour alimenter son monde intérieur.
Charles Juliet fait état d'une admiration pleine d'humilité pour les artistes - écrivains, peintres, sculpteurs - qui l'ont intellectuellement enrichi : Beckett, Hölderlin, Bram van Velde, Giacometti, Soulanges…
Pour certains de ses contemporains, il a créé de véritables liens d'une amitié solide basée sur la même soif d'ouverture et d'éveil : Christian Bobin, Philippe Jaccottet, le peintre lyonnais Truphémus…

Et puis, au fil de sa quête, Charles Juliet parle également de tous ces anonymes qu'il a su écouter et comprendre, pour qui ses livres ont fait l'effet d'une révélation et avec lesquels il entretient des correspondances soutenues; rencontres souvent fortuites, toujours bénéfiques, de personnes qui s'adressent à lui pour livrer leurs tourments, leurs désarrois, leur difficulté de vivre et de s'accomplir en ce monde.
Au-delà du grand écrivain qu'il incarne, les gens voient en lui un ami, un confident, car les sujets qu'il aborde les renvoient à eux-mêmes et à leurs troubles existentiels. A travers la voix de Charles Juliet, c'est alors la voix de toutes ces personnes inaptes à exprimer leurs pensées profondes, qui se fait entendre.

Le journal de Charles Juliet est ainsi un long cheminement que l'homme, d'une sensibilité à fleur de peau, capable d'être bouleversé aux larmes par la tristesse se lisant sur le visage d'un anonyme croisé dans la rue, nous invite à partager en sa compagnie.
Chacun de ses mots libère la réflexion, amène à s'interroger sur sa propre personne, à se trouver ou à se retrouver.
Un lien particulier se crée entre l'auteur et le lecteur, une proximité tissée fil à fil sur le canevas des mots, des confidences et des anecdotes, une forme d'amitié solide, chaleureuse, et également pour le lecteur, la reconnaissance envers l'homme-écrivain qui se dévoile et se met à nu dans l'expression même de son rapport à l'écriture.
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Publié chez P.O.L en 2011, ce Journal IV nous permet d'explorer l'intériorité d'un être tiraillé entre ombre et lumière. Sa lumière vient des rencontres avec des personnes de tout horizon, mais qui ont la particularité d'être éveillées à elles-mêmes, au prix souvent d'un long cheminement spirituel. Son ombre vient de son passé, ravagé par la peur et la solitude. Et cette dualité aboutit à l'écriture. Une écriture de soi qui parle à tous. S'immerger dans ce Journal est une expérience spirituelle forte et éblouissante, qui atomise toute la bibliographie de Matthieu Ricard & consorts…

Charles Juliet éprouve une terrible compassion pour les âmes brisées, ce qui rend la lecture de son journal parfois difficile. Car loin d'être un journal nombriliste, l'auteur nous parle de toute cette humanité qui se déchire, se brise et parfois se répare et s'élève au firmament de son être. Quantité d'ouvrages et d'oeuvres sont également évoqués avec passion, et on ne peut que prendre avidement des notes en espérant les découvrir à notre tour. La profondeur des propos tenue dans Accueils est étourdissante, d'autant plus qu'elle s'ancre dans un quotidien que nous connaissons toutes et tous.
Lien : https://lirealombredelolivie..
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critiques presse (1)
Telerama
14 décembre 2011
Poursuivant sa quête solitaire, Charles Juliet n'a cessé depuis 1957 de tenir son journal. Les premiers volumes accompagnaient sa marche ténébreuse, ses tourments. Le quatrième, Accueils, observe les mêmes règles, mais l'écrivain semble se tourner vers le monde.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Tant de choses pèsent rongent nous meurtrissent
Tant de choses me fatiguent me maculent
Tant de choses usent ma ferveur
Endeuillent mon amour des êtres et de la vie

Mais si avant au long des stagnantes années
Ces coups morsures déceptions
Me maintenaient dans la souffrance
Parfois dans l’accablement
Un insurmontable désespoir
Je dois reconnaître que maintenant
Depuis que j’ai traversé la nuit
Ils n’ont plus le pouvoir de me corroder
Me vouer à la détresse
Me contraindre au refus

Tout au contraire
Soumis à une alchimie qui les transmute
Ils ne cessent de me nourrir
De renforcer mon adhésion
De rendre plus grave et plus lucide
Le OUI par lequel j’accueille
Ce qui m’est consenti
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Ma maison de mots, je la construis avec un grand souci de simplicité, de clarté, de rigueur. Pour bien recevoir mes mots, confie-toi au silence, rends-toi léger, transparent et laisse-toi bercer, porter, entraîner. Laisse les mots te pénétrer, rejoindre en toi ce qu’ils ont à te faire découvrir.
Et lorsque tu quitteras ma maison, je souhaiterais que tu sois plus clair, plus intense, que tu saches mieux voir, mieux aimer les autres et le monde, mieux apprécier les multiples beautés de la vie.
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Si peu d’êtres savent qui vous êtes. Pourtant, ce n’est pas que vous soyez verrouillé, que vous refusiez le contact, ayez peur du regard qui pourrait se glisser en vous. Non. Ce sont eux qui ne vous prêtent pas attention, n’éprouvent pas le besoin de vous connaître, ne désirent pas recevoir plus que ce qu’ils vous ont permis de leur donner.
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Pour libérer les mots qui parleront à tous et à chacun, l’écrivain ne doit-il pas descendre au plus profond de lui-même, là où s’étend cette terre qui nous est commune, cette terre où il n’est plus de divisions, où rien ne me sépare plus de toi, où tous nous ne sommes plus qu’un seul.

Un seul corps. Une seule psyché. Une même aventure. Un même destin.
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Souvent, je n’ai en moi que des pierres. Pour que l’écriture me soit possible, il faut qu’elles fondent, que le feu intérieur les transforme en cette substance qui viendra se couler dans mes mots.
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Videos de Charles Juliet (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Juliet
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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