"Ce n'est pas le deuil de ma mère que je dois faire-une mère, ça n'est jamais fini-c'est celui d'une enfance que j'aurais tant voulue comme les autres."
Comme
Sophie Fontanel dans
Grandir, Patricia Forgeot va devoir faire le deuil de son enfance pour
grandir (d'où le titre
Une grande petite fille).
Mais alors que le roman de la première est autobiographique, celui de
Janine Boissard est une pure fiction, dont l'écriture est plus simple mais la trame émotionnelle, plus riche, parle d'abandon et de toute la gamme de sentiments qui se rattachent à ce traumatisme.
"Quand j'avais quatre ans, maman est partie 'pour une autre vie en Californie', m'a expliqué papa".
Enfant élevée par un père tendre et une tante en mal d'enfant, Patricia dite "Patriche (Pas-triche: signifiant quand on se parle on ne triche pas) a trouvé son équilibre entre son père, sa belle-mère sympa et une demi-soeur tour à tour "Miss-sangsue" ou Miss-bonté d'âme". Elle apprend par inadvertance que cette mère, dont elle n'a plus eu de nouvelles durant 16 ans revient sur Paris pour l'inauguration d'une marque de vêtements. Comment ne pas chercher à revoir celle dont elle a tant rêvé et dont elle rêve toujours de conquérir l'amour? Ses attentes seront-elles comblées?
Cette Patricia, tout feu tout flamme, m'a rappellé Pauline, l'une des filles de L'esprit de famille. J'ai apprécié l'opposion des milieux sociaux: celui du père français moyen en pavillon de banlieue et celui de la mère très jet set. le choix est dur à faire car le deuxième éblouit.
Janine Boissard est proche des jeunes dans ce livre (qui pourrait être écrit pour des ados) car elle évoque la "génération SIDA",l'incompréhension familiale,la violence des mots ("pute", "salope", "faire ça" qui blessent), le manque de communication avec les adultes,le fait de se réaliser (ici par le chant puisque Patricia en BTS de comptabilité est par ailleurs soprano).J'ai aimé les portraits forts du père tendre mais maladroit et celui de la mauvaise mère (que l'auteur sait rendre antipathique puis dont elle brise la froideur d'enfant de la DASS).
Un roman facile à lire bourré d'émotions à fleur de peau comme tous les romans de
Janine Boissard (romancière, scénariste dont des feuilletons télé ont été issus de certains de ses livres comme L'esprit de famille )