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EAN : 9782072485947
264 pages
Joëlle Losfeld (30/11/-1)
3.27/5   11 notes
Résumé :
Le nouveau roman de Dermot Bolger, Le ruisseau de cristal (The Woman's Daughter), commence avec l'histoire d'une jeune fille vivant recluse et caché dans une petite chambre. Elle ne fait l'expérience du monde qu'à travers sa fenêtre et les histoires que lui raconte sa mère : l'arrivée de sa famille dans ce quartier résidentiel de banlieue, les jeux avec son frère, qui se muent en un amour incestueux dont on devine les conséquences tragiques, sa vie dans l'Irlande de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le ruisseau de cristal a été une lecture assez difficile, si ce n'est carrément éprouvante, tant sur la forme que sur le fond.
Le texte, en trois grandes parties qui se font écho, est très déstructuré, avec des changements de points de vue et même d'époques d'un paragraphe à l'autre sans aucune transition. Je me suis sentie perdue en lisant les première pages et je me suis demandée dans quoi j'avais bien pu m'embarquer. Mais il suffit de faire confiance à l'auteur et se laisser porter par le texte, et petit à petit les éléments prennent place et tout devient compréhensible (ou presque...).
Quant à l'histoire en elle-même, ou plutôt les histoires car on suit plusieurs récits ayant tous eu lieu au même endroit (au bord du fameux ruisseau du titre) mais pas tout à fait à la même époque, ces histoires sont toutes marquées par une atmosphère dérangeante, des relations amoureuses malsaines qui ne font que souligner la solitude profonde des personnages qui semblent hantés par des fantômes plus présents que les vivants.
Malgré la difficulté du texte et son âpreté, j'ai beaucoup aimé le ruisseau de cristal qui m'a beaucoup touchée.
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Dermot Bolger n'est pas un auteur facile à aborder. Ses récits ancrés dans la classe ouvrière irlandaise, sont souvent assombris par les violences infantiles, l'alcool, la perte violente de parents. La frontière avec l'au-delà, l'imaginaire n'est jamais loin.
Ce roman est particulièrement complexe parce qu'il a été écrit en plusieurs étapes. Dermot Bolger a écrit la première partie en 1987 et l'a complétée avec deux autres parties cinq ans plus tard.
Sandra a perdu sa mère alors qu'elle avait huit ans. Elle est élevée par son père dans une maison de cité proche du cimetière et du ruisseau. La maison n'est pas grande, elle doit dormir dans le même lit que son frère. A l'école chrétienne, elle est éduquée à la badine.
Une vie sinistre qui lui fait accepter la tendresse particulière de son frère, même si elle sait que c'est mal. Jusqu'à se retrouver seule avec cette maison et une enfant que l'on devine, fruit des amours incestueuses, cloîtrées jusqu'à la mort.
La seconde partie est particulièrement difficile à suivre puisqu'elle alterne deux histoires en des temps différents.
Une histoire actuelle d'un jeune bibliothécaire d'une famille ouvrière des années 70 amoureux de Joanie, jeune femme libérée, mystérieuse, perturbée par la méchanceté de sa grand-mère et la connaissance du drame survenu dans une des anciennes maisons de la cité.
» Elle avait l'air d'en avoir déjà plus vu dans la vie que le reste d'entre nous. Et pourtant, il y avait en elle quelques traits enfantins, la façon dont elle se vantait constamment des succès de sa famille, celle dont elle marchait, comme si les yeux de tous les hommes présents n'avaient pas pu se détacher d'elle.«

Puis, au XIXe siècle, celle d'un précepteur, Johnny, lui aussi issu d'une famille pauvre mais éduqué par un intellectuel voisin, amoureux d'une servante, Bridget, jeune fille hantée par des visions de fantômes dans sa chambre.
« Les vieilles d'ici disent qu'un enfant des fées est venu et lui a volé son âme, mais bon, encore faut-il y croire.«

La troisième partie reprend l'idylle entre un Johnny (oui encore un, celui qui a découvert l'enfant cloîtrée dans la maison de la cité) et Joannie. Cette partie assez énigmatique elle aussi reprend toutefois quelques liens comme le personnage de Turlough, un vieil ermite sensible aux âmes du passé, les lieux et maison des drames.
» Et j'ai compris que ce ne sont pas les fantômes du passé que nous devrions craindre, mais ceux qui ne sont pas encore nés, dont on n'a pas encore rêvé, ceux à venir, hors de notre contrôle ou de notre compréhension, qui se souviendront ou bien qui oublieront, qui nous pardonneront ou qui nous condamneront.«

Par ce livre, Dermot Bolger montre comment les drames de nos voisins peuvent envahir les consciences des faibles. Chaque génération porte successivement les errances des fantômes proches de nos vies. Et dans cette société ouvrière de l'Irlande, les drames sont fréquents.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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L'irlandais Dermot Bolger n'est pas un écrivain facile. Et le Ruisseau de cristal (The Woman's Daughter en V.O), roman dont la première partie a été publiée en 1987 (Sous le titre : le ventre de l'ange en France) puis étoffée par son auteur 5 ans plus tard, est sans nul doute plus rude encore que ce que l'on avait pu lire de lui jusqu'ici. Première raison : les thèmes abordés. Bolger est le chantre de personnages assez souvent issus de la classe ouvrière dont l'aliénation sociale provient aussi bien de leur condition que de leur inadaptation à leur temps. Comme si le bonheur leur était inaccessible, à eux qui vivent dans les quartiers les plus pauvres de Dublin ou dans ses faubourgs. Inceste, alcoolisme, maltraitance, ... des existences comme des chemins de croix. Deuxième raison : la construction du livre, constitué de trois récits, le deuxième comportant en son sein une histoire se déroulant à une autre époque et ressemblant à une sorte de rêve surgi de nulle part. A travers ses différentes intrigues reliées confusément par un ruisseau qui s'écoule au milieu du paysage, Bolger s'attache à décrire des solitudes infinies, des cadres familiaux dévastés par des désirs interdits et des vies détruites dès la jeunesse. Sombre tableau d'une grande puissance stylistique mais où la noirceur de destins sans avenir se révèle extrêmement éprouvante.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Une claque magistrale.
Mais il m'aura fallu du temps pour entrer dans l'histoire de Sandra, jeune femme issue d'un milieu ouvrier et devenue mère incestueuse d'une fille qu'elle aime autant qu'elle déteste et qu'elle cache depuis dix-huit ans. Dans cette première partie, Dermot Bolger alterne la première personne, Sandra, et la troisième, narrateur externe, témoin silencieux de ces deux vies gâchées : celle d'une mère et celle de sa fille qui voit sa vie s'écouler sans jamais être sortie de sa chambre. C'est horriblement beau et époustouflant, sordide mais tellement ancré dans l'histoire sociale irlandaise. Car combien sont-elles ces femmes violées qui portèrent des enfants déchus avant même d'être nés ? Combien sont ces femmes qui cachèrent honteusement leurs grossesses et firent disparaitre les enfants de leurs vies ? Société moralisatrice qui a fait des femmes le seul terreau des péchés de l'humanité. Avec cette histoire, ce sont les travers de l'âme humaine et de la société du XIXe siècle aux années 1980 que Dermot Bolger met en lumière sans jamais juger. Mais au-delà de Sandra, ce sont six autres destins que l'auteur nous raconte, tous dans ce même quartier ouvrier qui a vu Sandra grandir, et dont le dénominateur commun à tous est la misère sociale.
C'est un roman extrêmement puissant sur la mémoire et ce qui restera des hommes, des femmes et de leurs histoires malgré le passage du temps incarné par un ruisseau peu à peu dompté par la « modernité ».
Mais c'est aussi un roman très difficile à lire et à aborder. Divisé en trois parties, dont la première fut publiée cinq ans avant les deux autres, ce texte passe d'une époque à une autre sans transition aucune. Cette lecture nécessite donc une attention de tous les instants. C'est une lecture qui se mérite mais qui mérite aussi tellement d'être lue tant la langue est belle et d'une rare sensibilité qu'elle justifie de ne pas la laisser tomber à la première difficulté.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce ruisseau n'a pas la pureté qu'il prétend ! Son lit tortueux traverse les êtres, s'alourdissant au passage du limon de plus en plus opaque de leurs vicissitudes. Ses courants traîtres nous jettent sur des berges inhospitalières où s'entrelacent des destins tragiques. Témoin muet s'exprimant au travers du personnage récurrent de Johnny, le ru verse dans le sordide et le malsain.

Mais en filtrant ses eaux turbides, celui qui était autrefois un jouvenceau bondissant dépose sur le tamis du lecteur des reliquats d'amour et d'innocence. On y devine aussi des scories, obsessions de l'auteur pour les grands évènements qui ont marqué l'Irlande : la famine, la lutte des classes, l'urbanisation galopante.

Bouleversant.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il y a une cité des morts en sentinelle face à sa fenêtre. Dans la ravine qui les sépare un flot gonflé et débordant d'effervescent déchets industriels couvre d'écume les pierres lisses. Sur les bords, tandis que les mares noires nichées dans les traces de pneus entrecroisées bouillonnent sous les torrents de pluie, les dalles de granit gris se tachent d'éclats de boue. Penché au-dessus de rues et des ruelles aux chaussées défoncées des arbres couverts de lierre frissonnent devant les maisons où nulle âme ne bouge.
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Une grande demeure est comme le bureau d’un clerc dans un roman de Dickens – pour qui vient de l’extérieur, hautes fenêtres et silence que seul le bourdonnement intense du travail interrompt, mais pour ceux de l’intérieur les murs eux-mêmes semblent vivres emplis de secrets chuchotés.
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