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EAN : 9781092444170
l'Atelier contemporain (13/01/2015)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Les agendas que le peintre Pierre Bonnard tint toute sa vie durant ne sont pas simplement constitués de dessins et d’informations sur le temps qu’il fait ; on y trouve aussi de très nombreuses notes sur sa peinture, la création et ses enjeux. Ces « observations sur la peinture », semées ici comme des notes entre les lignes, confirment l’impression de se trouver dans un sanctuaire de la création. Elles trahissent les hantises de l’artiste, son inlassable recherche de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pierre Bonnard a écrit que « La beauté, c'est la satisfaction de la vision. La vision est satisfaite par la simplicité et l'ordre. »

On pourrait aisément adopter cette formule pour décrire ce petit volume édité par l'Atelier contemporain, car les notes des agendas de Pierre Bonnard y sont mises en forme d'une manière sobre et harmonieuse, à la manière de petits haïkus, séparés par des plages de blanc qui illuminent les mots, comme en peinture « le voisinage du blanc rend lumineuses des taches très colorées. »

Peu de couleurs pourtant dans ce volume, mais les facsimilés sépia des pages des agendas griffonnés au crayon par Pierre Bonnard sont des éclats qui touchent le coeur : ils montrent que le peintre vit dans une « rencontre aimante avec le monde », comme le dit la belle introduction d'Alain Lévêque.

Pierre Bonnard note en effet chaque jour le temps qu'il fait, « beau » ou « nuageux ». Parfois « beau » est biffé, car les pluies sont arrivées. Il n'oublie pas qu'il faut acheter du charbon ou des allumettes. Il esquisse le chat qui passe, le mouvement de la mer, des silhouettes à insérer dans un tableau en cours.

Mais surtout, il y a ces notes brèves « À soi-même » (pour paraphraser Odilon Redon) qui n'étaient pas destinées à être publiées, mais que P. Bonnard a réunies à la fin de sa vie pour les offrir dans la revue « Verve ».

Ce sont elles, avec quelques inédits, que l'on retrouve couchées sur le papier légèrement glacé de ce si beau volume, accompagnées d'une préface d'Alain Lévêque et d'une introduction d'Antoine Terrasse.

Pierre Bonnard lui-même avait intitulé ces notes « Observations sur la peinture ». Un titre sans prétention à l'image même d'un artiste perpétuellement insatisfait qui allait jusqu'à retoucher ses toiles une fois exposées, comme un couturier arrangerait un drapé avant un défilé.

D'ailleurs Pierre Bonnard écrit que le « peintre doit avoir par moment un métier de modiste. » Il parle aussi de lui-même comme « d'un peintre en bâtiment » et des artistes comme d'« artisans. »

C'est que la peinture, qui est du domaine de la sensation et de l'émotion, est surtout un « faire ». Bien des théoriciens de l'art et des artistes eux-mêmes ont voulu mettre des mots sur ce mystère. Souvent en vain. Mais les rapports entre les mots et les images sont un autre sujet, vieux comme le monde ou presque (« ut pictura poesis » et inversement…).


Il vaut donc mieux se reculer, faire une esquisse, puis aller faire un tour.
Associer ou dissocier les couleurs.
Observer, mais transposer, souvent malgré soi (« les mystères du nerf optique »).
Profiter des hasards.
Utiliser des assiettes pour les couleurs et pas une palette. Travailler des morceaux en cachant le reste du tableau.
Considérer que le principal sujet, c'est la surface qui a sa couleur, ses lois, par-dessus les objets.

Tout cela est dans les notes de Pierre Bonnard. Ce sont des constats, des tâtonnements, jamais des conseils. Avec toujours le souci sous-jacent de bien faire, que techniquement la peinture tienne « sans craquelures ».

Et la constatation si lucide de « commencer seulement à comprendre » à la fin de sa vie.

Touchent aussi ces quelques notes plus personnelles : « Celui qui chante n'est pas toujours heureux » ou « Mieux vaut s'ennuyer seul qu'à plusieurs. »

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« L'Atelier contemporain » présente ici un petit livre , préfacé par Alain Lévêque et avec une introduction d'Antoine Terrasse, petit livre constitué des notes prises par Bonnard entre février 1927 et 1946. Ces phrases sont notées de sa main sur ses agendas, parmi des remarques sur le temps qu'il fait - essentiel pour un peintre - , des listes de courses, et surtout des croquis de femmes, d'animaux, de paysages.

Bien sûr, la plupart des notes concernent le travail du peintre, la technique, l'inspiration, le repentir : le pinceau d'une main, le chiffon de l'autre. Remarques sur les couleurs, leur rôle par rapport au dessin. Remarques sur les rapports entre l'imagination et la mémoire (de quels peintres ne sommes-nous pas les suiveurs sans nous en douter?)

Une leçon de peinture en quatre lignes :
1- L'idée de l'objet oeuvre d'art
2- La belle impression initiale
3- le magasin de beauté personnelle et des maîtres
4- Les propositions de la matière picturale

Un conseil inattendu : Pose la première touche et va faire un tour.



Il établit le rapport entre musique et peinture, poésie et peinture, citant « ses » quatre poètes : Villon, La Fontaine,Verlaine, Mallarmé. Il établit le rapport entre l'objet et la peinture (l'instantané : la tasse japonaise, le plat savoyard), la nature et la peinture. le mouvement et la stabilité.


Des aphorismes viennent scander les réflexions sur l'art du peintre, inattendus : La discrétion est souvent une lâcheté. Pour certains l'amour c'est le sexe avec quelque chose autour. A l'instant où l'on dit qu'on est heureux, on ne l'est plus.


En 1945, il conclut : Il y a une formule qui convient parfaitement à la peinture : beaucoup de petits mensonges pour une grande vérité.


Un recueil intéressant, émouvant aussi par son caractère intime. Ainsi commenté par Alain Terrasse :
« Aucune volonté de didactisme dans ce notes ; aucune règle énoncée qui ne vaille que pour soi-même. Rien de strictement « intellectuel ». Et, cependant, avec l'amour de la vie, toute l'intelligence de la peinture. »

Et combien émouvante cette dernière remarque du maître en 1946, peu de temps avant sa mort :
«  Je commence seulement à comprendre. Il faudrait tout recommencer... »
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Je remercie Libfly et les éditions L'Atelier contemporain de m'avoir offert ce court texte qui reprend des notes réunies par le peintre dans un cahier d'écolier. Des réflexions au cours des années de peinture, de la sensibilité à chaque ligne et le sentiment de partager avec l'artiste quelque chose de précieux. Les rapports entre la peinture et la vie sont ici présentés comme essentiels et si vous avez eu la chance de voir l'exposition au musée d'Orsay, vous comprendrez mieux à travers cet ouvrage ce que Pierre Bonnard a voulu nous dire ou nous taire.
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Un tel texte est autant un plai­sir de lec­ture qu'une réflexion des plus per­ti­nentes sur la pein­ture...
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
/ 13 janvier 1934 /
Pour se juger, changement de place :
le mur – le plein air.
Déformation de la distance.
Déformation du dessin pour la visibilité.
/ 14 janvier 1934 /
D’abord imaginer des moyens.
En trouver en cours d’exécution, qui se présenteront
forcément.
/ 15 janvier 1934 /
On peut prendre toutes les libertés de ligne,
de forme, de proportions, de couleurs, pour que
le sentiment soit intelligible et de bonne visibilité.
Les intentions sont néant.
/ 16 janvier 1934 /
Quand on déforme la nature elle est toujours dessous, au
contraire de l’œuvre de pure imagination.
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/ 13 mars 1934 /
Il ya des cas où il faut combattre la complémentaire et pas
plus.
/ 13 mars 1934 /
Il faut du peintre en bâtiment – bien faire une teinte plate.
/ 26 avril 1934 /
Profter des hasards ou plutôt des imprévus nécessite de les
comprendre après.
Idée de fabrication contre l’idée de copie.
/ 13 juin 1934 /
Dans l’exécution pas de perfectionnements. Il n’y a que
des bouleversements.
/ 17 juin 1934 /
Les incompatibilités – l’observation corrigée par le
sentiment seul capable de les résoudre.
/ 25 août 1934 /
La couleur, clé de chaque tableau.
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Si on oublie tout, il ne reste plus que soi, et cela n’est pas suffisant. Il est toujours nécessaire d’avoir un sujet, si minime soit-il, de garder un pied sur terre.

Quand on couvre une surface avec les couleurs, il faut pouvoir renouveler indéfiniment son jeu, trouver sans cesse de nouvelles combinaisons de formes et de couleurs qui répondent aux exigences de l’émotion.

En art, il n’y a que des réactions qui comptent.
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Delacroix l’a écrit dans son Journal : « on ne peint jamais assez violent ». Dans la lumière du Midi, tout s’éclaire et la peinture est en pleine vibration. Portez votre tableau à Paris : les bleus deviennent gris. Vus de loin, ces bleus, aussi, deviennent gris. Il existe donc en peinture une nécessité : hausser le ton. Les primitifs l’avaient bien compris qui cherchaient les rouges, les azurs, les plus ardents dans les coloris précieux : le lapis-lazuli, l’or et la cochenille. La nature nous tend des pièges avec ses thèmes, que l’intelligence, mais surtout le métier, parviennent à déjouer. C’est le seul avantage que nous ayons de vieillir : profiter de nos expériences personnelles.

J’espère que ma peinture tiendra, sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon.
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/ 22 avril 1931 /
Dans la vision, l’esprit a une capacité réduite pour sentir
un grand nombre d’éléments plastiques par groupements,
ou proches.
On peut augmenter cette capacité.
/ 25 octobre 1931 /
Tout l’effet pictural doit être donné par des équivalents
de dessin. Avant de mettre une coloration, il faut voir les
choses une fois, ou les voir mille.
/ 16 février 1932 /
Représenter la nature quand c’est beau. Tout a son
moment de beauté. La beauté, c’est la satisfaction de
la vision. La vision est satisfaite par la simplicité et
l’ordre. La simplicité et l’ordre sont produits par les
divisions de surfaces lisibles, les groupements de couleurs
sympathiques, etc.
/ 14 mars 1932 /
Activité et compréhension sous le signe de la réussite.
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Videos de Pierre Bonnard (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bonnard
Véronique Serano, conservateur au musée Bonnard du Cannet, montre comment Pierre Bonnard s’est emparé momentanément de la photographie.
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