Coeur-Volant

« Manutentionnaire d'essences », « Maître de la crypte aux parfums », le narrateur est en fait magasinier dans une parfumerie. L'amour des beaux mots et la lecture de Rilke lui permettent d'assumer sa condition plutôt médiocre.
Il est fou d'amour pour son aimée, la belle Natacha, et avec elle s'enivre de l'élégance de Paris.
Une histoire somme toute banale, mais alors, quel délice de lecture.
L'auteur se délecte à jouer avec les mots, et c'est un ravissement pour le lecteur.
Les phrases sont belles, parfois alambiquées, parfois obscures, mais toutes pleines de fragrances. C'est sensuel, lyrique, poétique.
L'écriture est ambitieuse, mêlant modernité très contemporaine et ton ancien à la manière de poètes des temps passés.
Et puis, tous ces beaux mots mystérieux : clepsydre, notule, opoponax, aldéhyde, chanturgue……..
La puissance d'un style qui émerveille et réussit la prouesse de ne jamais lasser, de rester léger et d'amener parfois le sourire aux lèvres.
Il y a un parfait accord avec l'auteur, que j'ai découvert sur internet, en qui l'on décèle une préciosité, une classe, une finesse, une intelligence qui ressemblent à son écriture.

Amour courtois?
Dès les premières pages j'ai su que j'aurais du mal à continuer cette histoire. La quatrième de couverture m'avait déjà rendue dubitative pour un livre croisé par hasard. Je sentais qu'il n'était pas pour moi...
En cause une écriture beaucoup trop elliptique et très poétique, m' imposant la question "mais de quoi parle-t-il?"
Des phrases comme: "J'habite sans honte la forme naïve de l'existence" ou bien encore " j'ai pris la teinte des écorces des sous-bois".
Ça me bloque, ça gâche mon plaisir.

Un livre qui se distingue surtout par cette écriture sinueuse, enveloppante, pour une histoire d'amour à l'ancienne pendant les années Mitterrand. Un employé de parfumerie, subjugué par une Natacha auréolée de fragrances, nous compte avec lyrisme sa passion amoureuse, et les sentiments raffinés et élégants que lui inspire la belle.

Je n'ai pas été très loin donc je n'ai pas d'avis. Je suis une lectrice qui doit être ferrée d'emblée, qui attend que les premières pages soient une mise en bouche, un avant-goût prometteur de la suite.
Et comme en cuisine, la saveur est parfaitement subjective.

A vous de tenter...

Coeur-Volant - rien d'aérien, mais la pesanteur d'une langue précieuse, qui à force de raffinements, de métaphores, de trouvailles, de circonvolutions, d'enrobages diversement subtils, finit par perdre le sens de la narration ...et le lecteur avec. Rien de tel que la passion amoureuse pour susciter chez les âmes assoiffées des envolées lyriques; en l'occurrence, le lecteur préférerait un peu plus de narratif, et un peu moins de style. J'ai trouvé ce livre que je n'ose qualifier de roman indigeste. Oui, il pèse sur l'estomac. Dommage car l'auteur aurait pu en faire un roman délicat et sensible, en choisissant de sacrifier un peu de poésie au profit d'un trame narrative plus prononcée .

J'attendais une poésie du quotidien, frappant de fouet comme celle des surréalistes et je n'y ai trouvé qu'un descriptif jargonnant... Déçue! Je suis passée à côté!