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4,05

sur 12474 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
On m'avait conseillé ce classique de la sf et c'est hésitante que je me suis décidée à m'y plonger. Les classiques et moi, ça fait deux et je crois bien que ce livre ne fera pas exception 😖

L'auteur imagine un monde où il est interdit de lire, interdit de penser, de s'instruire et où toutes formes de littérature (hormis les BD) sont brûlées, détruites 😨 Dans ce futur où les écrans sont devenus rois, une brigade de pompiers existe pour répondre aux dénonciations de citoyens sur d'autres qui possèdent des livres. Montag, pompier de cette brigade, commence à se poser des questions, des questions pour le moins existentielles... 🤔

Je commence par l'énorme point positif selon moi : la plume. Je l'ai trouvée vraiment fluide et c'est pourtant l'inverse que je craignais en commençant ma lecture. Heureusement, j'ai été détrompée et c'est justement grâce à cette dernière que j'ai pu lire ce livre sans trop de difficultés 😌
L'auteur a cherché à faire passer nombre de messages ici : la technologie qui envahit nos vies, l'apathie pour nos familles, la domination sur nos pensées. Dans le quotidien de ces gens, c'est comme si les enfants n'existaient plus, comme si les animaux étaient des sous-merdes. Je n'ai décelé aucun amour, aucune passion. Simplement l'envie de ces gens de se « divertir », d'oublier leur vie insipide. Rien d'autre ne compte 😲

Ce que je reproche à ce livre, c'est le cruel manque de détails, de développement sur la situation. On sait ce qu'il se passe : on brûle les livres. On sait pourquoi : ça provoque trop de sensations aux lecteurs, leur permet de penser, de réfléchir. Mais on en sait ni le comment. Ni le quand. J'ai été déstabilisée, perdue 😵 Certains éléments échappent encore à ma compréhension. Certains propos m'ont parfois choquée, en grande partie de la bouche de Mildred, la femme de Montag 😱

Comme je l'ai haïe ! Une femme si décalée de la réalité, froide, insensible. Superficielle. Elle et ses amies ont été pour moi des femmes incapables de bons sentiments, dénuées d'instinct maternel, de bon sens, de réflexion.
À l'inverse, j'ai tellement aimé Clarisse ! Ses propos parfois sans queue ni tête mais qui avaient tout de même un sens. Assez originale pour que je puisse m'attacher à elle, assez pour bouleverser Montag 🥰

Et puis des questions ont afflué. Pourquoi les pompiers brûlent-ils les maisons entières alors qu'ils ne doivent que détruire les livres ? Que deviennent les « criminels » ?
Enfin, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire malgré la plume agréable et les messages importants. Cependant, je suis bien contente d'avoir lu ce classique dans le genre ! 😍
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Après la découverte du film de François Truffaut (1966), j'ai pas tardé à lancer le roman qui s'attardait sur ma liseuse.

Le roman de Ray Bradbury, lui, date de 1953. Dans un régime totalitaire obscur, les pompiers ne représentent plus la lutte contre les incendies mais la destruction des livres.

Montag appartient à cette brigade. Une nuit, il croise une étrange voisine. Cette rencontre insolite, ponctuée de la question : « Etes-vous heureux ? », est l'étincelle par laquelle la vie de Montag va s'illuminer.

Quel enseignement tirer de cette lecture ? Tout d'abord qu'il faut se méfier des inconnu.es dans la rue, de surcroît à la nuit tombée. La nuit recèle nombre de dangers, et votre vie pourrait bien en être chamboulé à trop s'y risquer.

Plus concrètement, que le papier brûle à un peu plus de 232,7 degré Celsius. Ce qui fait presque 506 Kelvin. Et 451 degré Fahrenheit. Qu'il ne faut pas oublier ce premier h dans le nom Fahrenheit parce que la physique/chimie c'est quand même une contrée lointaine dans ma tête.

Plus sérieusement, que le film m'aurait tout aussi bien suffit. le livre n'a pas eu d'impact supplémentaire. Je regrette de ne pas avoir éprouver de malaise au sein de ce totalitarisme obnubilé par les bûchers de livres. Oui, par moment, j'ai pu ressentir, de manière fugace, ce sentiment oppressif d'une surveillance constante entretenue par les bons rapports de voisinages mais jamais de ressenti aussi malsain et étouffant que dans « 1984 ».

Et puis il y a cet élitisme qui imprègne la quête sans fin de l'incinération de tous les livres. Dans « tous » les livres, il s'agit des oeuvres majeures de la littérature, des publications intellectuelles de l'humanité. Les livres couvrent tellement plus de catégories. Et je me dis que l'on a tous au moins un livre qu'on aimerait voir brûler. Mais je prends le propos bien trop au pied de la lettre, je le sais…

De même, j'ai souvent entendu la thèse selon laquelle Ray Bradbury pointe du doigt l'abrutissement par la télévision dans ce roman. Mais il m'a semblé plus nuancé dans son propos, visant plus certains contenus proposés par les médias que des types de médias précis. Manque de bol, j'ai perdu la citation étayant mon propos… Et je n'ai aucunement l'intention de relire le roman pour la retrouver ! Tout ça pour en arriver à l'idée que l'abrutissement des masses est bien large, y compris sur le papier.

Le final est intéressant, et optimiste. Montag achève son périple au sein d'une communauté de marginaux capables de réciter un livre dans son intégralité. Des livres humains ! Et là des idées saugrenues me font dériver :

- Quel est le plus énorme pavé qu'ils sont capables d'ingurgiter ?
- Est-ce que le tome 1 de Guerre et Paix serait forcément en couple avec le tome 2 ?
- Et si « Le retour du roi » mourrait prématurément alors qu'on vient juste de démarrer l'écoute avec « Les deux tours » ?

C'est le retour vers une tradition orale, bien antérieure à l'apparition de l'écriture et à celle de l'imprimerie. Un temps où les histoires étaient racontées, jouées sur scène, un temps qui annonce le possible retour des livres, plus tard, loin de l'intolérance. Et c'est peut-être parce que j'ai ce sentiment en moi que les livres ne peuvent mourir, que je n'ai pas ressenti de désespoir dans ce monde où les livres deviennent cendres.
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Dans une société future, la lecture est interdite, posséder des livres également. Les pompiers sont chargés de brûler tous les livres, jugés subversifs.

Tout lecteur a déjà ententu parler de ce livre au moins une fois. Une société sans livres, le cauchemar absolu pour les accros à la lecture que nous sommes. Je n'imagine pas une seconde ma vie sans livres et je pense qu'il en est de même pour la plupart d'entre vous.
Fahrenheit 451 traîne sur mes étagères depuis très longtemps. Il me faisait très envie et m'intriguait autant qu'il me faisait peur. J'ai fini par le lire, comme ça sur un coup de tête.

Au sujet de l'histoire rien à dire, c'est effrayant mais tellement bien pensé. Bradbury était un visionniaire. La société qu'il a imaginé dans son roman n'est pas très éloignée de celle d'aujourd'hui. Ultra connectée, des écrans partout, des émissions poubelle comme la téléréalité. On ne brûle pas les livres mais on les censure où on cherche parfois à les faire interdire. Il y a quelques semaines en Oklahoma, une enseignante s'est vue contrainte de démisionmner pour avoir partagé avec ses élèves un code donnant accès à des livres interdits par l'état. Ces livres parlent de racisme et des droits des personnes LGBTQIA+. Bon retour au moyen âge !
Il est indispensable pour contrôler la population de la priver de la culture, de l'instruction et surtout de la liberté d'expression. Nous en avons également quelques exemples encore aujourd'hui. Ray Bradbury l'avait-il vu venir ?

Adorant les dystopies j'ai bien sûr aimé l'idée de départ. Mais hélas la mayonnaise n'a pas pris. C'est plat, c'est long et s'il n'avait pas été si court je me serais limite ennuyée. L'histoire ne m'a pas emportée, vu le contexte, j'ai trouvé que ça manquait de tension. Il m'a fallu atteindre les 50 dernières pages pour avoir un regain d'intérêt. Pas d'attachement non plus aux personnages qui n'ont suscité en moi aucune émotion.
Le style de l'auteur ne m'a pas déplu mais je l'ai trouvé très froid.

Un avis mitigé donc pour ce classique de la SF. Les attentes étaient trop grandes et comme souvent dans ces cas-là, j'en ressors un peu déçue.

Un livre à lire pour tous les messages qu'il véhicule. Je suis navrée de ne pas l'avoir plus apprécié mais heureuse de l'avoir lu.
Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Bonjour tout le monde !

Post lecture terminée #48

J'ai lu “Fahrenheit 451”, de Ray Bradbury

Résumé

Nous sommes dans le futur, et désormais les pompiers ne sont plus là pour éteindre le feu, mais pour brûler les livres dans les maisons. La littérature a été bannie de ce monde futuriste en guerre. Nous suivons ici Montag, pompier de la brigade 451, qui va enfreindre le règlement, il va lire et de fait, devenir un dangereux criminel.

Mon point de vue

Imaginez vous un monde sans livre, où lire et posséder des livres est un crime, cela paraît impensable, et pourtant dans ce futur créé par l'auteur c'est le cas. La littérature est désormais considérée comme néfaste, les écrans ont remplacé les livres, la notion de famille et d'amour a disparu. Une vie mécanique, ou personne n'hésite à dénoncer son voisin parce qu'on suppose qu'il possède des livres dans son grenier.

Montag est un pompier du futur, il exécute les ordres, il mène une vie dépourvue de sens, sa rencontre avec Clarisse va agir sur lui comme un détonateur, une prise de conscience qui va s'intensifier face à ce système totalitaire dans lequel il vit et le pousser à se mettre en marge de la société au péril de sa vie, mais au nom de la littérature.

Pour être honnête j'ai eu un peu de mal avec cette lecture, elle a été laborieuse pour moi, bien qu'elle véhicule des messages très importants et finalement très actuels. La montée des écrans, laissant de côté les livres, et surtout la manipulation médiatique, même si nous n'en sommes pas à ce point là, certains livres sont encore de nos jours censurés par rapport au message qu'ils véhiculent.

J'ai bien aimé la plume de l'auteur, c'est d'ailleurs ce qui m'a permis de poursuivre ma lecture, car j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, et surtout il manque trop d'informations sur la situation, pourquoi en est-on arrivé là. C'est une remarque que je fais souvent lorsque je lis ce genre de livre, nous sommes directement parachutés dans une situation sans en avoir les tenants et les aboutissements.

Je voulais le découvrir, c'est chose faite, mais il ne fera pas partie de mes coups de coeur, même si j'aime beaucoup ce style de lecture normalement.

Connaissez vous ce roman? Aimez vous ce genre de lecture?





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Mon avis :
Un classique que je voulais lire depuis un petit moment. L'écouter en audio a été une bonne occasion de découvrir cette dystopie visionnaire.

Quand on sait que cette histoire a été écrite en 1953, on a du mal l'imaginer.

Dans ce monde futuriste, le livre est devenu interdit. Les pompiers sont là pour veiller au bon respect de la loi. Dans un monde où les maisons ne brûlent plus, il a fallu leur trouver un nouveau but. Mais un soldat du feu ne va pas l'entendre de cette oreille...

Alors, je dois dire que je n'ai pas pris particulièrement de plaisir à l'écoute de cet audio. Il m'a manquée un petit "je ne sais quoi", un peu plus de sentiment pour avoir envie de m'y replonger entre chaque pause. La voix du narrateur y est-t-il pour quelque chose ? Peut-être car le récit n'est pas trop vieillot et il a bien traversé les années.

Le côté visionnaire pour l'époque est bien vu même si la technologie telle qu'elle a été pensée est, forcément un peu différente de la notre. Tout le côté psychologique et humain est bien vu. La technologie qui sépare virtuellement les hommes par exemple.

Je vous laisse vous faire votre propre opinion de ce roman à moins que cela ne soit déjà fait ?

 


Lien : http://the-love-book.eklablo..
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Voici un grand classique que j'ai eu envie de découvrir de par son titre pour commencer, m'evoquant mon travaille ( célèbre parfum de chez Dior ... Lol ) et ensuite parce que ce livre est apparement une référence !

Et bien je n'ai malheureusement pas accroché. L'histoire est très intéressante et angoissante à la fois, se dire qu'on peux vivre dans un monde ou toute lecture est proscrite, ou la population se voit réduite à dialoguer avec des murs et finissent par trouver cela tout à fait normale...
Ce que j'ai préférer reste encore le personnage du pompier Montag qui est un homme intelligent et curieux et le personnage de Clarisse qui disparaît un peu rapidement à mon goût.
Un livre assez court mais que j'ai mis du temps à lire, malheureusement la fiction n'est vraiment pas mon truc.
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J'ai bien aimé les idées de l'histoire, mais je n'ai pas aimé le déroulement de la trame. La chasse à l'homme m'a un peu coupé l'herbe sous le pied et déçu par rapport à tout ce que j'espérais au début du roman, et les migrants intellectuels qui apprennent les textes à conserver n'apparaissent que dans les 20 dernières pages. Dommage pour moi. J'ai eu aussi quelques soucis avec la traduction, je me suis posé des questions d'ordre linguistique ou logique, donc je note dans un coin pour mémo de relire ce bouquin dans quelques temps, en anglais dans le texte.
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J'ai à la fois adoré et détesté ce roman ! Impossible me direz vous ? Et bien pourtant si.

Je m'explique.

J'ai été profondément touchée par le côté visionnaire de cet univers futuriste. La société décrite par Bradbudy est une société du paraître, où donner l'impression d'être apprécié, riche ou heureux est plus important que le fait de l'être réellement. C'est également une société où être différent est une tare, où l'originalité est synonyme de terrorisme. Mais c'est surtout une societé imaginée il y a plus de 60 ans, et qui malgré tout ressemble à s'y méprendre à notre monde actuel. J'ai eu des frissons d'angoisse en réalisant à quel point la "famille" qui hante les murs de Mildred était proche de nos téléréalités actuelles. Les radio-dés, les "sports" extrêmes, la publicité omniprésente, la manipulation de l'information, l'abrutissement des foules par les médias... autant d'élucubrations en 1953 malheureusement si réelles de nos jours.

Je regarde autour de moi, et je me demande quand nous allons nous mettre nous aussi à brûler les livres.

Mais alors, allez-vous penser, tu l'as aimé ce livre ! Oui bien sûr, je vous l'ai dit, je l'ai adoré... mais aussi détesté !

Ce que je n'ai pas aimé ? Tout le reste !!! le style fade, l'intrigue incohérente et sans intérêt, le dénouement absent, les personnages caricaturaux et peu crédibles, trop de points obscurs (la guerre contre qui ? pourquoi ? Montag qui d'un côté cache des livres depuis belle lurette dans son aération mais de l'autre vole son premier livre au début de l'histoire...

Au final, j'ai l'impression d'avoir lu un bel essai philosophique déguisé en mauvais roman. J'aurais préféré lire le plaidoyer brut, nu, dépouillé de ce pseudo scenario romanesque.

On ne peut pas mettre 2 notes sur babelio, j'indique donc 3 étoiles, qui correspondent à la moyenne de 1 étoile et 5 étoiles
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Décidément, la science-fiction me laisse relativement indifférente. Je persévère dans le genre surtout pour découvrir les classiques. Bah oui quand même, ils font partie de notre culture et se doivent d'être lus au moins une fois dans notre vie. Non ?
Depuis le temps que je souhaitais me lancer dans la lecture de « Fahrenheit 451 », l'opportunité proposée par le Cook & book club était trop alléchante.
L'explication m'attirait, l'histoire aussi.
Je savais que le côté science-fiction allait me rebuter. Et c'est vrai que le début de la lecture fut complexe. Je me suis accrochée…mais même la longueur du texte plutôt courte me freinait. J'ai eu l'idée de passer en écoulecture… et là c'est passé ! Les audios me permettent vraiment de lire des textes plus complexes pour moi.
Pourtant, je t'assure que j'ai tout de suite été attirée par la quatrième de couverture…
Une société du futur où sont brûlés les livres…
Un pompier dont le métier est de mettre le feu plutôt que l'éteindre.
Des milliers de savoirs qui disparaissent en cendres.
Une société inculte et superficielle.
Des robots qui soutiennent un pays en guerre…
Il n'a suffi qu'une seule rencontre pour qu'en Guy Montag s'installe le doute.
Ce roman court nous entraine dans une vision apocalyptique de notre monde…
Ce que Ray Bradbury propose est un regard sur le monde du futur.
Ce que nous lisons est en grande partie notre réalité.
Ce texte est une allégorie. le monde de Guy Montag est le nôtre…nous refusons juste de regarder la réalité en face.
Certes, nous n'en sommes pas encore tout à fait au même stade…bien que…réfléchis un instant… Des pays où la culture est réduite en poussière, il y en a plus qu'un…et parfois des pays auto-proclamés pays des libertés…
Il est affligeant de constater que des craintes partagées en 1955 sont identiques aux nôtres : omniprésence des écrans, disparition de la culture, uniformisation de la pensée, monde aseptisé, personnel médical insuffisant…
Tu vois où je veux en venir ?
Pourtant, comme l'auteur, je crois en la force de l'humain, en sa résistance à accepter un monde dans lequel il se perd.
Des cons, il y en aura toujours…malgré un système éducatif accessible à tous dans nos pays (l'école est un vecteur de savoirs…les humains y adhèrent ou pas). Certes, cela ne fait pas la majorité…
Restons éveillés… Ce classique est à lire (même si tu ne kiffes pas la SF). Il véhicule des pistes de réflexion sur notre avenir en tant qu'Humanité.
Qu'en penses-tu ?

Lien : https://lire1x.com/2023/07/1..
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Un petit gâchis ?

C'est au tour de Fahrenheit 451 de passer sur le grill. Sous la fournaise du lance-flamme ? Non, n'allons pas jusque-là, car les intentions de l'auteur sont nobles, essentielles même, et son style mérite quelque attention.

Parlons-en, de cette plume ! Romantique, poétique à souhait, je l'avais déjà souligné dans mon avis sur les Chroniques Martiennes, du même auteur. Ici, on ressent d'autant mieux ce lyrisme mesuré que le thème s'y prête à merveille. Trop mesuré, malheureusement. J'ai l'impression que Bradbury a refréné ce penchant naturel, sa passion pour les bons mots, les atmosphères oniriques et contemplatives, la philosophie, même.
Ce roman méritait pourtant qu'il y aille franco, tant dans la forme que dans le fond. S'il avait approfondi le sujet principal, à savoir l'importance des livres pour l'avenir de l'être humain, il aurait sans doute trouvé de quoi exprimer vraiment son talent (comme il l'avait fait avec brio dans Usher II). En effet, dans Fahrenheit 451, on survole tout, à l'image de ces zincs, jets ou bombardier qui sillonnent le ciel, sans que l'on sache jamais ce qu'ils foutent là, ni d'où ils viennent. J'attendais un développement des apports de la littérature, par exemple la manière dont tel ou tel texte aurait pu aider Montag, le héros, à appréhender une situation, à réfléchir à sa condition, à s'extraire d'un quelconque guêpier. J'ai eu bon espoir lorsque l'auteur nous annonce une joute verbale par oreillettes interposées ; un souffleur, comme au théâtre, chouette ! Et puis non, finalement, le voilà qui se ravise. Et c'est comme ça pour tout : la jeune femme rencontrée en début de roman, tellement pleine de promesses, mais qui disparaît avant même d'avoir laissé éclore sa pensée débridée ; le revirement du héros, qui se rebelle sans que l'on comprenne vraiment les mécanismes qui l'y poussent, sans identifier clairement l'élément déclencheur ; les contradictions de son chef de caserne, dont les connaissances littéraires et la maestria oratoire vont à l'encontre de sa mission, de son métier – c'est d'ailleurs le point le plus gênant de ce livre, et il eût été intéressant de creuser un peu ce personnage, histoire de donner du poids à cette dualité, à la justifier par la complexité de la nature humaine.
Bref, une idée brillante, mais mal exploitée. Les personnages eux-mêmes manquent de vie (comme dans les Chroniques Martiennes, remarquez), mais c'est peut-être l'atmosphère dystopique qui exige cela.

Ce que Ray Bradbury fait à merveille, en revanche, c'est dépeindre le marasme de la pensée sous les assauts de la technologie, du virtuel et du divertissement prêt à consommer. Il semble évident que l'esprit humain s'abandonne docilement à ce qu'on lui fait ingurgiter, à grand renfort de confort et de possession (ce point précis devait être encore plus percutant lorsque le livre fut publié, en 1953). Des oeillères en forme de murs-écrans, et de la vitesse pour ne plus voir ce qui nous entoure, voilà la recette d'un peuple malléable prêt à ignorer jusqu'à la guerre qui frappe à sa porte. Ce trait est grossi (à peine), et apparaît très justement comme une maladie.

Le bilan reste donc très positif, puisque la plume de Bradbury nous embarque avec sincérité dans une dystopie ou le drame le dispute à l'espoir. La mémoire de notre espèce ne serait pas totalement perdue du moment qu'une poignée d'entre nous aurait à coeur de l'entretenir ?
Puisse cette conclusion éveiller certains de nos contemporains, et les inciter à ouvrir quelques bouquins, nom d'une salamandre !
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