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Fahrenheit 451 : température à laquelle le papier s'enflamme et se consume."
Je n'ai jamais été attirée par les univers de science-fiction, que ce soit dans le domaine de la littérature, du cinéma ou des jeux vidéo. J'avais donc un peu d'appréhension en ouvrant le pourtant très classique
Fahrenheit 451 de
Ray Bradbury… Mais étant décidée à rattraper mon retard en matière de classiques SF (1984 et le Guide du Voyageur Intergalactique sont les prochains sur ma liste), il fallait bien que je commence quelque part ! Et je dois dire que je me demandais à quoi pouvait ressembler un monde sans livres.
J'ai d'abord été agréablement surprise de découvrir un roman d'anticipation de type dystopie, plutôt que de la SF que j'appellerais pure (vaisseaux spatiaux, robots humanoïdes et compagnie). Ensuite, je craignais de commencer ma lecture et de tourner les pages sans en avoir envie, de devoir me forcer à poursuivre. Figurez-vous que je l'ai lu d'une seule traite.
Fahrenheit 451, c'est l'histoire de Guy Montag, un pompier qui, loin du sens où on l'entend aujourd'hui, est chargé d'incendier les maisons des contrevenants à l'une des plus importantes lois de ce monde : l'interdiction de posséder des livres. Au lieu de déverser de l'eau, leurs lances crachent du pétrole dont ils arrosent les demeures comme pour en chasser la corruption. Et Montag aime son métier. du moins jusqu'au jour où, suite à une étrange rencontre, il décide, au grand dam de son épouse, d'ouvrir un livre au lieu de le brûler, ce qui changera à jamais sa conception du monde et ses convictions.
le roman de Bradbury nous entraîne dans un univers cauchemardesque pour tout lecteur, où lire est un crime passible de séjour à l'asile voire de mort… Nous voilà face à une humanité délavée, uniforme, terne et sans personnalité aucune. Les gens se ressemblent, sans sentiment aucun, et se plient aux mêmes activités, contraints au bonheur obligatoire sous les yeux d'une « famille » de série télé, dont l'écran remplace les murs même de chaque salon.
le futur imaginé par Bradbury a beau être désespérant, il est affreusement cohérent, ce qui le rend encore plus terrifiant. Porté par des mots justes et une succession incessante (sans pour autant être étouffante, exploit !) d'images et de métaphores,
Fahrenheit 451 nous rappelle avant tout que la lecture est l'une des clefs essentielles à la liberté de l'esprit.
J'ajouterais que l'édition que je possède, celle de 1995 chez Denoël dans la collection « Présence du futur » donne encore plus de relief au roman, grâce à une préface très intéressante qui explique, entre autres, la nécessité d'une nouvelle traduction, mais aussi un dossier en fin d'ouvrage composé de textes courts de Bradbury lui-même ainsi que de commentaires permettant différentes approches.