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EAN : 9782264006745
154 pages
10-18 (01/04/1985)
3.69/5   89 notes
Résumé :
Ah, si Peau d'Âne se faisait sauter! L'érotisme léger est, ici, une tendre impertinence, et la parodie de Hemingway, du western et du roman gothique, moins importante que cette formidable décontraction, subversive et bon enfant. Brautigan ne prêche ni morale ni politique, mais sa merveilleuse loufoquerie rejoint la grande tradition radicale américaine et l'humour surréaliste. Ce flâneur, le maître de l'imaginaire, est dangereux. Mine de rien, en souriant, le chapeau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'écoute Bookmakers, le podcast d'Arte dédié à l'écriture. On y croise des écrivains de tous horizons et ils parlent simplement de leur rapport à l'écriture qui peut s'avérer finalement parfois complexe. À défaut de terminer mon putain de manuscrit, j'écoute ceux qui y sont parvenus, dans l'espoir que. Bref. Philippe Jaenada, dont j'avais déjà entendu le nom quelque part, mais résolument jamais lu, parle vrai. Étonnant, il a commencé dans la vie, ou plutôt à la gagner en se faisant passer pour une fille sur “des sites de cul sur minitel”. Et donc, un jour, on lui passe un petit bouquin de Richard Brautigan, Willard et ses trophées de bowling. “Moi, ça, plus que Boris Vian, ça a bouleversé ma vie […] et je me suis dit, pourquoi je ne pourrais pas faire ça moi ?“.

En écoutant l'extrait du bouquin proposé dans l'émission, ça m'a parlé. Quelque chose a raisonné, alors j'ai pris un post-it et j'ai écrit de façon approximative quelque chose comme “Hervé Villard fait du bowling de Richard Brodigane“. le post-it est resté là un moment. Il n'est pas ordinaire car il est bleu. Quand je matérialise la trame de mon bouquin sur mon tableau blanc, le bleu sert pour les scènes ayant lieu dans le passé, j'appelle ça les scènes froides car éteintes. Ce sont mes “cold case” (sans Lilly Rush), même si elles ne sont jamais vraiment classées. Vous vous en foutez. D'accord, reprenons.

Je me décide à me commander le fameux livre de Brautigan. Un bel objet d'ailleurs, qui donne envie d'être ouvert. Et là, je me retrouve en compagnie d'un couple tout à fait charmant ; expérimentant les plaisirs du bondage pour mieux oublier les verrues se développant dans l'urètre de monsieur.

Dès que les verrues firent leur vaginale apparition chez Constance, Bob s'empressa d'en vérifier l'existence chez lui : pour découvrir que non, il n'avait pas de verrues sur la queue. C'est en effet lors des rapports que s'attrape le virus qui fait proliférer le papillome verruqueux : ceci étant dit, seul un petit nombre de gens entrant en contact avec le dit virus s'en trouve contaminé. Ce qui explique que certaines personnes se trimballent avec le virus – mais pas les verrues – alors que d'autres en entrant en contact avec lui (le virus) ne les chopent pas (les verrues).

À l'étage du dessous, Willard, un drôle d'oiseau, veille sur ses trophées de bowling. Pour dire vrai, ce ne sont pas les siens, mais ceux des Logan Brothers. Trois frères, que l'on se représente bien en mode Dalton. Ils sont la fierté de leur ville, les champions de bowling du coin. Un père mécanicien qui aimerait plutôt être mécanicien à plein temps que père d'ailleurs. Et un jour, le drame s'abat sur les Logan Brothers, un cambriolage et plus un seul trophée de bowling dans la monumentale étagère dédiée à cet effet. Il ne manque que les trophées.

Willard était un oiseau en papier mâché d'environ un mètre de haut, avec de longues pattes noires et un corps en partie noir lui aussi, et recouvert d'un étrange motif bleu, blanc et rouge, comme on n'en avait jamais vu encore, le tout surmonté d'un bec aussi exotique que celui d'une cigogne. Et ses tro phées de bowling? Volés. Évidemment.

C'est la grande dépression pour les trois frères qui partent en vrille et quittent leur bourgade pour rechercher, au hasard des routes, leurs trophées. Au fil de leur quête, ils s'affranchissent de tout et deviennent des caricatures d'eux même. Il y a celui qui attend le coup de téléphone, celui qui lit des bandes dessinées et celui qui ne fait plus que boire des bières. Et ce passage dans le motel demeure mon favori.

Le Logan Brother qui faisait dans la lecture de bandes dessinées la reposa sur le lit à côté de lui. Puis il s'absorba dans la contemplation de la couverture. le héros qui l'ornait avait l'air aussi ténébreux qu'un petit-beurre rance.

Le Logan Brother qui s'adonnait à la bière termina celle qu'il avait entamée, et en commença une autre. Il aimait beaucoup sentir le froid de la canette dans sa main. C'était, au bout de ces trois années passées chercher les trophées de bowling qu'on leur avait à volés, un des rares plaisirs qu'il lui restait.

Le Logan arpenteur, lui, continuait de faire les cent pas dans la pièce minuscule. Il avait un revolver à la main. Il ne cessait d'en ouvrir et fermer le baril let chargé, et d'en contempler les balles. Il avait hâte de s'en servir. Il voulait tuer les gens qui lui avaient piqué ses trophées de bowling bien-aimés.

Richard Brautigan, auteur de la fameuse Beat Generation (avec William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac pour ne citer qu'eux) a un don inné pour nous entraîner dans cette intrigue à la fois loufoque et désespérément triste, tellement les différents protagonistes touchent le fond. On se retrouve dans ce que j'appellerai un drame humoristique. Les chapitres sont courts et se terminent toujours avec un éclat de génie donnant non seulement le sourire et empêchant de lâcher le bouquin jusqu'au dernier acte. Une fin à l'image de l'ensemble de l'intrigue, où l'on marche méchamment sur la tête. Une chose est certaine, je viens de découvrir un auteur dont je vais dévorer la prose mais aussi la poésie puisque Richard Brautigan se définissait lui-même avant tout comme un poète.

Mais dis moi Richard, Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus ?
Lien : https://jecritiquetout.fr/un..
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Mon premier Brautigan. Conquis !

Tout y est savoureux, je n'ai pas lâché le livre des mains. Drôle au possible, les portraits des frères abrutis est un ravissement. L'érotisme contrasté bien mené. Les redondances apportent en hilarité, Brautigan s'amuse à insister sur des détails ridicules, les faire réapparaître, en connivence avec le lecteur, une vraie jubilation pour qui s'immerge dans son monde, décortique les phrases parfois destructurées et labyrinthiques.

On peut remettre en cause la traduction, j'y vois au contraire une belle recherche esthétique, beaucoup de créativité, une langue étonnante qui déplaira à certains mais comblera les chercheurs de forme. Brautigan se permet des tournures inédites, indélicates, bancales à souhait, alambiquées, bien loin du classicisme, pour le bonheur du lecteur qui aime être bousculé, chahuté au détour d'une formule. Une vraie poésie s'en dégage, tout comme une vérité de l'oralité.

De l'originalité, tout apparaît loufoque et dérisoire, une réussite. Et puis, chacun de nous devrait savoir ce que font les Logan Sisters ! Inutile de préciser que je me jette sur un autre de ses livres dès la fin de cette phrase.
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À la fin des années 90 il me semble qu'il y a eu période où, dans les revues et magasines, lire Richard Brautigan était une injonction catégorique ; et comme j'étais déjà très obéissant et très fashion, je m'étais fadé, littéralement fadé, l'eau tiède de « sucre de pastèque ». Je n'en ai aucun souvenir sinon l'impression d'être insensible et bête parce que ça ne pouvait pas être le livre qui l'était, insensible et bête.

Récemment, le hasard qui est une autre injonction, veut que Brautigan soit en peu de jours LE conseil de lecture d'un ancien lanceur d'alerte reconverti en wanabe canal+ et une trouvaille dans le local poubelle de mon immeuble. Et décidément : non, vraiment non. le livre ne raconte presque rien et le raconte presque bien. C'est probablement une monodie, écrite comme elle voulait bien s'écrire, orchestrant quand même trois situations distinctes dont on imagine qu'elles vont être jointes dans un grand tout cathartique à la fin. Alors c'est le cas, et c'est proprement expédié en deux pages. Il y a d'une part un érotisme empêché pour cause de maladie vénérienne qui se transforme en relation bondage un peu gaufre avec la maso qui s'ennuie et le sado qui chiale, d'autre part trois frères de l'Amérique profonde qui accomplissent la caricature de l'Amérique profonde dans le braquage de stations servive et le meurtre de sang-froid, et enfin un autre couple qui détient indûment les trophées de bowling du titre et dont c'est la seule fonction avérée. Et comme catharsis deux pages de vaudeville pour faire tenir tout ça, si peu finalement, ensemble.

Plus jamais. Et petite mention aux éditions 10/18 qui ont choisi un détail du Nighthaws d'Edward Hopper : ça n'a rien à voir. Non plus.
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Ce bouquin est illisible, sincèrement. Pourtant je suis, la plupart du temps, un grand admirateur de Brautigan. Mais, dans Willard et ses trophées de bowling, la traduction de Robert Pépin est lourde, assommée par des tournures incompréhensible, un trop grand nombre de répétitions, de répétitions de répétitions et des néologismes maladroits (un certain "Adoncques", que l'on retrouve aussi dans Tokyo Montana Express). En fait je préfère les bouquins de Brautigan traduits par Marc Chénétier (Ah le génial Un privé à Babylone...). Il faudrait sans doute préférer la version originale, si elle est disponible.
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Deux couples, Bob et Constance d'un côté, John et Patricia de l'autre, assument des relations sexuelles un peu délicates. Un enfant, Willard, a trouvé des trophées de bowling dans le coffre d'une voiture abandonnée et les frères Logan, partis depuis plus de trois ans à la recherche de leurs trophées volés, ont tant cherché qu'ils sont prêts à tout, même à tuer pour les récupérer…
Sur un thème et une intrigue assez improbables, Brautigan nous entraîne dans une histoire inclassable et surréaliste qu'il a essayée de rendre amusante sans vraiment y parvenir. L'ennui c'est que l'humour subversif et bon enfant, la tendre impertinence et la loufoquerie déjantée, promis en quatrième de couverture ne se retrouvent en aucun cas à l'intérieur et que c'est bien dommage. le lecteur s'y débat plutôt avec un texte plat et d'un long ennui, des personnages sans la moindre consistance et une chute archi téléphonée. Par moment, le livre tombe même des mains du mieux intentionné. Heureusement pour lui, l'auteur a eu l'élégance de faire assez court (176 pages) ! Et pour ne rien arranger, la traduction est lamentable, lourde, bourrée d'expressions indigestes du genre « c'est donc que », « par quoi », de multiples redîtes et répétitions, sans oublier les « à peu près » syntaxiques, pour ne pas dire les fautes de grammaire ou de langage…
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ils restèrent au lit, l'un contre l'autre pelotonnés: à se sentir très tristes. Ils se sentaient toujours très tristes après avoir fait l'amour, mais comme de toute façon ils se sentaient presque toujours assez tristes, ils ne se sentirent pas trop dépaysés, sauf qu'ils avaient plutôt chaud et que c'était sans rien dessus qu'ils se touchaient et qu'à sa manière bien à elle, c'était quand même la passion qui leur avait traversé le corps: telle un vol d'oiseau étranges. Ou tel un seul oiseau noir. Et qui aurait volé tout seul.
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Avoir les bras et les jambes écartés ne l’ennuyait pas trop : à condition qu’il ne serre pas trop, ce qui lui arrivait quand même quelquefois. Elle “préférait” avoir les mains attachées juste au-dessus de la tête ; mais… comme ça ne le branchait que très rarement… en fait, elle désirait seulement une chose : prendre congé, et pour longtemps, de tout ce servage et sadisme pour amateurs. Elle n’en tirait plus que de très légers emportements et priait le ciel qu’il se débarrassât de ses verrues ; ah ! si seulement il n’avait pas sexuellement changé ! ah ! si seulement ils pouvaient en revenir à la baise d’antan !
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"(...) Alors, elle s'était assise par terre. À côté de lui. Et aussi précautionneusement qu'on peut le faire pour s'asseoir sur une toile d'araignée en ruine.
(...)"
Richard BRAUTIGAN, Willard et ses trophées de bowling, 1975, 10/18 (p. 20).
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Il lui était impossible de la sentir et ça le rendait triste. Ce qui n’avait, en soi, rien de nouveau étant donné que depuis un certain temps, il n’y avait rien qui ne le rendît pas triste.
Pour une capote tout lui était dérobé de l’intime et de l’éternel de son vagin : adoncques, tel l’étoile perdue, il voulait, affamé, le ciel vespéral de son être profond.
Parce que doucement à son intérieur il était, mais ne pouvait la sentir. Et parce qu’elle lui était perdue, il songeait à l’Anthologie et de nouveau entendait ces mots antiques et qui disaient : « Peindre le lion en commençant par les griffes. »
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Dès que les verrues firent leur vaginale apparition chez Constance, Bob s'empressa d'en vérifier l'existence chez lui : pour découvrir que non, il n'avait pas de verrues sur la queue.
C'est en effet lors des rapports que s'attrape le virus qui fait proliférer le papillome verruqueux : ceci étant dit, seul un petit nombre de gens entrant en contact avec le dit virus s'en trouve contaminé. Ce qui explique que certaines personnes se trimballent avec le virus - mais pas les verrues - alors que d'autres en entrant en contact avec lui (le virus) ne les chopent pas (les verrues).
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