Livre complexe. Je ne connais pas toutes les autrices mentionnées. (J'utilise autrice car, d'une part, écrivaine fait trop ressortir le calembour et, d'autre part, tous les autres termes limitent à un seul type d'écrit alors qu'elles ont produit des oeuvres diverses et variées.)
Les chapitres concernant les autrices déjà connues sont plus faciles à assimiler.
Ce livre me rappelle un professeur (mes dernières années d'école obligatoire, ses dernières années avant la pension) un peu touche à tout qui nous faisait découvrir la littérature française selon son humeur du jour. Il mettait ainsi des auteurs et autrices sur notre radar, les rapprochant ainsi d'une éventuelle pile à lire. Ce livre remplit le même office : nouvelle approche sur des autrices méconnues et présentation d'autrices inconnues, les rendant ainsi plus visibles lors de passages en librairie ou en bibliothèque.
Toutes les autrices que je connaissait déjà, c'est ce professeur qui me les a présentées en premier.
Il nous avait aussi parlé du mythe de Sisyphe et de Camus qui considérait qu'il faut imaginer Sisyphe heureux.
Quand on lit l'histoire des ces femmes, indéniablement Sisyphe est une femme. Mais il faut imaginer Sisyphe heureuse car même si les avancées sont minimes et presque éphémères, elles sont là et la suivante, même si elle part à nouveau de zéro ou presque, sait, chaque fois un peu plus, que c'est possible.
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(Natalia Ginzburg)
On ne met pas les enfants au monde pour qu’ils vivent dans le calme et l’abondance, les pieds bien au chaud, on les met au monde pour qu’ils vivent ce qu’il y a à vivre, y compris les tapis de bombes, les privations et la faim.
Les petites vertus, comme la bonté, c’est bien pour les adultes. Mais aux enfants, il faut, dit-elle, enseigner au contraire les grandes vertus. Non pas l’économie, le chacun pour soi, les tirelires, mais la générosité et le désir de savoir, le courage et l’amour de la vie. (Page 105)
Les personnes individuelles, nul ne sait pourquoi elles sont là et ce qu'elles sont venue faire au monde. Les raisons de leur existence sont cachées dans les plis de leurs destins, silencieuses, privées, secrètes, et on ne les découvre qu'une fois qu'elles sont mortes. Très souvent on ne les découvre jamais. Lorsqu'elles sont mortes, nous comprenons soudainement quelle était leur configuration dans le paysage de l'univers. Il y a des personnes qui restent dans notre mémoire comme des roches, d'autres qui sont là comme des arbres, d'autres encore qui sont comme des potagers, ou des nuages, ou des collines, ou des fleuves.
Je découvre une phrase qu'elle a écrite à propos de Primo Levi, son contemporain, son homonyme - elle s'appelait Natalia Levi avant d'épouser Leone Ginzburg -, avec qui elle partageait tant. Elle disait ceci, et je tremble en recopiant ses mots : "Ce qui rend ces souvenirs familiaux encore plus pathétiques et précieux, ce qui les rend chers à notre coeur et si déchirants, c'est le sentiment que donne le récit d'avoir exhumé un monde qui a disparu de la surface de la terre pour toujours. Non seulement parce que les créatures de ce monde n'existent plus mais parce que les camps de concentration nazis en ont englouti tellement d'autres semblables à elles: des vieilles dames fragiles, bizarres, vulnérables, et simples.
Et nous ne parvenons pas à oublier en parcourant cette galerie de portraits que cette naïveté singulière, cette simplicité, un génocide les a balayées de la surface de la terre et en a détruit tous les germes, de sorte qu'elles ne pourront renaître en aucun lieu."
(Natalia Ginzburg, ardemment discrète)
Natalia Ginzburg : Notre coeur est très fort. Parce qu'il attend toujours. On ne sait pas ce qu'il attend. Mais il est doté d'une patience infinie. Tout le reste est en nous très fragile. Nous avons l'estomac délicat, la peau délicate, palais sensibles, les nerfs fragiles. Nous avons des insomnies, des tremblements, des cauchemars, des sueurs nocturnes. Mais le coeur n'a jamais rien. Il est très sain. Il avale tout, il digère tout, les éloignements, la solitude, les poisons, les pensées angoissantes, les années horribles. C'est le coeur qui est fort, c'est le coeur.
(Natalia Ginzburg, ardemment discrète)
Sylvia Townsend Warner : "Quand j''étais jeune, note-t-elle plus tard, ce qui m'émouvait c'était d'éprouver des chocs artistiques, amoureux ou intellectuels. Maintenant, ce qui me bouleverse, c'est de faire des choses moi-même." C'est une des phrases qui m'accompagnent dans la vie.
(I went nowhere, I knew no one, I did nothing, Laura Willowes : évasion réussie)
Les nouvelles. Lecture de « Une société », par Anne Alvaro, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe.
« … non seulement les femmes se prêtent moins aisément à l'analyse que les hommes, mais ce qui fait leur vie échappe aux méthodes habituelles par lesquelles nous examinons et sondons l'existence. »