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Dominique Jean (Traducteur)
EAN : 9782070762231
308 pages
Gallimard (07/11/2001)
3.67/5   684 notes
Résumé :
« Miss Grey était une étrange créature ; jamais elle ne flattait et elle était loin de leur faire assez de compliments ; mais, quand elle parlait d'elles ou de quoi que ce fût qui les concernât en termes élogieux, elles pouvaient avoir la certitude que sa bonne opinion était sincère. Elle se montrait dans l'ensemble très prévenante, discrète et pacifique, mais certaines choses la mettaient hors d'elle ; certes, cela ne les gênait guère, mais pourtant mieux valait ne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (155) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 684 notes
Anna Brontë décrit la condition peu enviable de bien des femmes qui ne peuvent être que gouvernantes, situation sentimentale d'une sécheresse triste. La modestie, les bonnes manières, l'éducation sont mises en avant comme étant des valeurs fort protestantes. Enfin, l'innocence enfantine est ici bien vite réfutée : impossible d'y croire après.
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S'il existe un dénominateur commun aux romans écrits par des femmes de lettres anglaises entre la fin du XVIIIème siècle et le milieu du XIXème siècle - les fameuses périodes géorgienne et victorienne - c'est bien la qualité d'écriture. le style en est si caractéristique qu'on pourrait presque les croire tous issus de la même plume mais ce ne serait pas leur rendre justice car ils sont vraiment tous différents les uns des autres. Ce qui les différencie ainsi, c'est la subtile combinaison de la sensibilité et du talent de leurs auteurs.

Pour le cas très particulier de la fratrie Brontë, il existe un autre facteur de différenciation, c'est l'approche dramatique. Ainsi, si Charlotte et Emily ont respectivement donné dans le drame noir ("Jane Eyre") voire très noir ("Les Hauts de Hurle-Vent"), Anne, quant à elle, a préféré préserver son héroïne des pires "souffrances", lesquelles ne s'avéreront ni insurmontables ni de nature à dénaturer sa personnalité.

Et pourtant, la célèbre famille Brontë semble avoir eu le drame dans la peau !
Si nous nous penchons quelques instants sur la destinée de ses membres, nous constatons qu'aucun des enfants Brontë n'a fait de vieux os. Les aînées, Maria et Elizabeth, sont décédées avant l'adolescence, Charlotte n'a pas atteint la quarantaine, Branwell - le seul petit gars - a cassé sa pipe tout juste passé les trente ans, Emily l'a imité au même âge et quant à Anne, notre auteur, elle ne les aura jamais atteints !

Intéressons-nous de près à "Agnès Grey", un roman conçu comme le journal intime d'une gouvernante, fille de pasteur, placée dans différentes riches maisons, parvenues ou aristocratiques. Ses divers postes lui fournissent d'innombrables exemples de la piètre qualité des moeurs et des vertus des classes aisées de la société britannique de l'époque et, de ce fait, son récit est une source sociologique précieuse.

J'ai déjà mentionné en introduction que l'écriture était très belle et, en effet, on sent que l'auteur est bel et bien issue d'une famille de lettrés. Née la benjamine et ne souhaitant sans doute pas déroger à la tradition, Anne a donc pris la plume à son tour et s'est plu à témoigner de l'existence souvent rude et toujours ingrate des gouvernantes, de ces femmes qui sans faire partie de la classe des domestiques n'en étaient pas moins considérées comme des "gens de maison", c'est-à-dire que leur statut n'était pas digne d'intérêt pour la société qu'elles fréquentaient. Aujourd'hui, on dirait pour faire court qu'elles avaient "le cul entre deux chaises".

Anne Grey ayant elle-même exercé l'emploi de gouvernante, elle peut donc en parler avec justesse et précision. Son lecteur devient alors le spectateur privilégié du quotidien d'Agnès, son héroïne, malmenée par ses élèves, méprisée par ses employeurs, humiliée par le cercle de leurs familiers, etc. Même sans connaître sur le bout des doigts la biographie d'Anne Brontë, on peut facilement comprendre qu'une grande part du récit d'Agnès fait écho à sa propre expérience. Mais, rassurez-vous, notre auteur est une femme au coeur d'artichaut et les jours sombres d'Agnès pourraient bien finir par virer au rose...

Je n'ai pas été transportée par ma lecture. le tempérament d'Agnès, sa morale, sa bigoterie, ses choix, son impuissance et ses mines de chien battu m'ont souvent tapé sur le système et quoiqu'elle mette en lumière avec réalisme le quotidien des gouvernantes, l'attitude de notre héroïne m'a plutôt ennuyée. de plus, le récit n'est jamais illuminé par quelques notes d'humour ou par quelques considérations intellectuelles - éléments qui font toute la supériorité de Jane Austen, soit dit en passant.

Dans l'ensemble, le récit d'Agnès reste très prosaïque, moralisateur et mortifiant. Il n'en aurait pas fallu beaucoup plus pour transformer son journal en "évangile selon Agnès Grey" or, sans en espérer cinquante, quelques nuances auraient été appréciables...
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Anne est la moins connue des trois soeurs Brontë. Elle était la plus jeune, il s'en fallut de quelque mois qu'elle ne soit aussi la première à mourir. Elle ne connut guère sa mère, morte quand elle avait un an, ni ses deux soeurs ainées Maria et Elizabeth, morte quand elle en avait cinq. Elle ne connut pas non plus les internats où faillirent succomber les deux autres. Mais la tuberculose finit par faire son oeuvre également sur elle, alors qu'elle n'avait encore écrit que deux romans.

Agnès Grey' est le premier des deux. Très autobiographique, il raconte ses douloureuses expériences de (très) jeune gouvernante dans diverses familles de la bonne société anglaise. La fin heureuse en revanche, relève hélas de la fiction…

D'emblée, on constate que son style littéraire n'a strictement rien à envier à celui de ses deux soeurs. Elles sont passées par le même creuset. Des esprits fins, subtiles, délicats, brillants. Et, dans le cas de la pauvre Anne, ou Agnès comme elle a préféré se désigner, condamnée par la pauvreté à évoluer dans un milieu rustre et grossier. Malgré leur fortune, ses employeurs sont des brutes à peine patinées d'un verni de courtoisie. Tout le monde la tient pour quantité négligeable, y comprit les domestiques – qu'elle est pourtant la seule à considérer comme des êtres humains et pas des machines à servir.

Quand aux enfants dont elle s'occupe, on pourra constater qu'hier comme aujourd'hui l'absence d'éducation produit les mêmes résultats. Seul changement notable, les petites brutes modernes ne sont Dieu merci plus assez dégourdies pour dénicher les oisillons. S'ils l'étaient, ils leur arracheraient sans doute les ailes avec autant de plaisir.

S'y ajoute, bien sûr, une solide morale victorienne. Anne Brontë se fait visiblement une haute idée du métier d'éducateur, mais guère si différente d'aujourd'hui. Certaines leçons morales ont changées (une fille ne doit pas trainer avec les palefreniers et les piqueurs) d'autres sont toujours valables (ne pas épouser un homme uniquement pour son argent). La religion est son principale refuge et soutien moral – ce qu'on peut comprendre, pour quelqu'un qui a grandi au milieu des deuils.

On reconnait bien le talent des soeurs Brontë quand bien même le récit, plus autobiographique, voir cathartique, n'a pas la fulgurance des ‘Hauts de Hurlevent' ou la puissance de ‘Jane Eyre'.
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Mes lectures d'autrices du XIXème siècle se suivent et ne se ressemblent pas... Après Jane Austen, me voici chez Anne Brontë, oui vous savez la benjamine de la fameuse fratrie.
L'univers littéraire des seules soeurs Brontë que je connaissais jusqu'à présent, - Charlotte et Emily, m'ont entrainé dans des territoires romanesques où se côtoient le sombre, le gothique, le morbide...
Anne Brontë est sans doute moins connue que ses deux autres soeurs, elle partage cependant deux points communs avec ses aînées : elle fut à son tour une femme de lettres et elle connut un destin tragique, la mort la fauchant elle aussi à la fleur de l'âge.
Agnès Grey est son premier roman. Il est pour une large part autobiographique, le roman étant fondé sur la propre expérience de l'autrice comme gouvernante et préceptrice.
Ici on est très éloigné de la dramaturgie noire qu'on peut rencontrer dans Jane Eyre ou encore dans Les Hauts de Hurlevent.
J'ai abordé ce roman avec l'attention qu'on porte lorsqu'on est autorisé à ouvrir un journal intime.
Agnes Grey est la fille du pasteur d'un village du nord de l'Angleterre, entouré de landes à perte de vue. Ses parents ayant subi un revers de fortune, Agnes Grey décide de les aider financièrement. Elle quitte le presbytère familial pour confier ses services à une riche famille aristocratique, les Bloomfield.
Elle va occuper l'un des rares emplois permis aux femmes respectables au début de l'ère victorienne : gouvernante d'enfants de riches. Dès les premiers jours, elle doit faire face non seulement à l'indiscipline d'enfants gâtés plus passionnés à chaparder les nids, à étrangler les oiseaux dans leurs si douces mains qu'à apprendre leurs leçons, mais aussi aux humiliations des parents qui prennent systématiquement la défense de leurs « adorables » petits chérubins.
Ah ! Ces sales gosses ! À sa place, moi je les aurais... Pardon, je m'emballe... Mais qui voudra encore croire après cela à l'innocence éperdue de l'enfance...
L'écriture, simple, fluide, certes très académique, est d'une très belle tenue.
Le roman vaut surtout pour la peinture, brossée par petites touches mais sans concession, de cette riche bourgeoisie terrienne de l'ère victorienne qui écrase la condition de femmes modestes, société dont les principes fondés sur le rang et l'argent se heurtent à toutes valeurs sociales et morales.
Ce roman avait tout pour égayer mes pensées, j'avais posé mes pas dans la douceur de la narratrice, dans la beauté de ses joues qui rosissent de confusion, son esprit oscillant entre volontarisme et résignation, mais le récit très conventionnel offre finalement peu de nuances d'Agnes Grey, de sorte que l'ennui est venu rapidement au gré de ma lecture.
Dieu aussi est venu s'en mêler, le bougre. Un des personnages a beau rétorquer à notre héroïne que « Dieu est amour », la belle affaire ! je vous avoue que j'ai une autre opinion de ce sentiment exalté...
J'étais pourtant tout émoustillé lorsque j'ai lu cette citation de la narratrice qui commençait pourtant bien :
« J'ai commencé ce livre avec l'intention de ne rien cacher, afin que ceux qui le voudraient pussent lire dans le coeur d'une de leurs semblables ; mais nous avons des pensées que nous ne voudrions laisser voir qu'aux anges du ciel, et non à nos frères les hommes, pas même aux meilleurs et aux plus bienveillants d'entre eux. »
Alors je l'ai laissée folâtrer vers les anges du ciel et de la terre.
J'ai poursuivi ma lecture avec ce bel ennui traversant ce ciel pâle d'automne au-dessus de la campagne anglaise. J'ai tenté d'effleurer les pages, cherchant à éveiller la sensation mutine d'un battement d'ailes, mais leur mélancolie délicieusement désuète ne concédait rien.
Il n'en demeure pas moins un roman de qualité, méconnu tout comme son autrice, méritant d'être déplacé vers la lumière parce qu'il a des choses à nous dire sur les vicissitudes de la condition féminine, bien davantage que sur les états d'âme et les sentiments de sa narratrice.
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La famille Grey se compose du père, curé (anglican), de la mère, et de deux filles dont Agnès, la cadette. le père fait de mauvaises affaires et se retrouve ruiné. L'aînée des filles se marie. Pour aider ses parents et ne pas leur être à charge, Agnès décide de se trouver une place de gouvernante, c'est-à-dire de préceptrice, alors qu'elle n'a aucune expérience et est encore elle-même très jeune. Par relations familiales, elle parvient à trouver cet emploi dans une famille de la riche bourgeoisie commerçante, mais il n'est pas certain qu'elle s'y épanouisse… ● On retrouve dans ce roman le beau style des soeurs d'Anne ou de Jane Austen, c'est très agréable à lire. Voici un exemple de bonheur d'écriture, qu'on trouve à foison : « j'aurais été assez à mon aise, si elle n'avait pris tant de peine pour m'y mettre. » ● C'est une dénonciation des moeurs des riches Anglais du XIXe siècle, de leur égoïsme, de leur fatuité, de leur goût des apparences, et même de leur méchanceté, voire de leur sadisme. ● La pauvre gouvernante a fort à faire avec les enfants : « si un homme civilisé était condamné à passer une douzaine d'années au milieu d'une race d'intraitables sauvages, à moins qu'il n'ait le pouvoir de les civiliser, je ne serais pas étonnée qu'à la fin de cette période il ne fut devenu quelque peu barbare lui-même. Ne pouvant donc rendre mes jeunes compagnons meilleurs, je redoutais fort qu'ils ne me rendissent pire, qu'ils n'amenassent peu à peu mes sentiments, mes habitudes, mes capacités, au niveau des leurs, sans me donner leur insouciance et leur joyeuse vivacité. » ● Mais elle a aussi beaucoup de mal avec les parents, qui la méprisent, la tiennent pour quantité négligeable, lui reprochent des défauts qu'ils inventent avec une mauvaise foi déconcertante, souhaitent qu'elle éduque leurs enfants sans lui donner aucun moyen de le faire, bien au contraire, puisqu'ils prennent toujours le parti des enfants contre celui de la gouvernante. ● On trouve de beaux portraits à charge, comme : « c'était l'oncle Robson, le frère de mistress Bloomfield ; un grand garçon plein de suffisance, aux cheveux noirs et au teint jaune comme sa soeur, avec un nez qui avait l'air de mépriser la terre, et de petits yeux gris fréquemment demi-fermés, avec un mélange de stupidité réelle et de dédain affecté pour tout ce qui l'environnait. » ● le roman a bien sûr des côtés moralisateurs et est dépourvu d'humour (contrairement à ceux de Jane Austen), et la narratrice, Agnès Grey elle-même, semble n'avoir aucun défaut. Les maximes raisonnables parsèment le récit : « on n'apprend rien sans travail et sans peine. » « Hélas ! combien l'espoir de posséder l'emporte quelquefois sur le plaisir de la possession ! » ● La richesse paraît être le plus sûr moyen de corruption de l'âme ; Agnès Grey est une véritable adepte des préceptes évangéliques tandis que tous ceux qui l'entourent, sauf sa famille, sont pénétrés d'un pharisaïsme odieux. ● L'intrigue est assez simple et linéaire, et même si on voit paraître la fin bien avant d'y être, elle n'est pas dépourvue de tension narrative faisant tourner les pages à bonne allure, mais le livre vaut surtout par son style, par son témoignage historique et, du moins à l'époque, par son contenu moral. ● J'ai trouvé fort intéressant de lire le premier roman de la moins connue des soeurs Brontë et je le recommande, d'autant qu'on peut le trouver en Kindle gratuit.
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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Quelle étrange fée a frappé les soeurs Brontë de sa baguette ? Car c est toujours un enchantement d entendre la voix d une de ces sirènes.Ah si elles avaient pu vivre et écrire encore et encore !
Pourtant Anne est différente de ses soeurs. Plus réaliste, moins névrosée que Charlotte, et tellement moins rebelle que la sauvage Emily. Et pourtant on se retrouve en paysages connus, nature sombre et splendide, souffles du vent, sentiments bruts sans mélange. Pas de compromis, pas de soumission, résister, mais ici, avec Agnès, dans l'apparente douceur et le silence.
Gouvernante impuissante et humiliée par des familles déliquescentes dont elle dresse un portrait sans concession et toujours d actualité, Agnès fait l expérience de l échec d un bon sens qu elle croyait partagé par tous et assiste, non sans une certaine cruauté, à la chute de ses pupilles ingouvernables et mal élevés. Ce faisant elle se met à rechercher dans ce monde des âmes honnêtes et fortes qui lui seraient soeurs.
Curieux mélange d analyse sociologique et de romantisme débridé, absolument moderne au style translucide et envoûtant, on quitte toujours ces chefs d oeuvre avec un sentiment de manque, de deuil, et le désir compulsif de replonger dans le deuxième roman de la troisième mais non la moindre des génies de Haworth, la locataire de Wildfeld Hall.
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Sa taille était un peu, bien peu, au-dessus de la moyenne. La coupe de sa figure aurait pu être trouvée trop carrée pour être belle, mais cela m’annonçait un caractère décidé. Ses cheveux, d’un brun foncé, n’étaient pas soigneusement bouclés comme ceux de M. Hatfield, mais simplement brossés sur le côté d’un front large et blanc ; les sourcils étaient, je crois, trop proéminents, mais au-dessous étincelait un œil d’une singulière puissance, brun de couleur, petit et un peu enfoncé, mais d’un éclat brillant et plein d’expression. Il y avait du caractère aussi dans la bouche, quelque chose qui annonçait la fermeté de dessein et le penseur ; et quand il souriait… mais je ne dirai rien de cela maintenant : car, au moment dont je parle, je ne l’avais jamais vu sourire, et son apparence générale ne me donnait point l’idée que ce fût un homme aussi simple et aussi affable que me l’avaient dépeint les paysans. J’avais depuis longtemps mon opinion formée sur lui ; et, quoi que pût dire miss Murray, j’étais convaincue que c’était un homme d’un sens ferme, d’une foi robuste, d’une piété ardente, mais réfléchi et sévère. Et quand je trouvai qu’à ces excellentes qualités il joignait aussi une grande bonté et une grande douceur, cette découverte me fit d’autant plus de plaisir que je m’y attendais moins.
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Nos compagnons habituels, on le sait, exercent une grande influence sur nos esprits et nos manières. Ceux dont les actions sont sans cesse devant nos yeux, dont les paroles résonnent toujours à nos oreilles, nous amènent inévitablement, même malgré nous, peu à peu, graduellement, imperceptiblement peut-être, à agir et à parler comme eux. Je n’ai pas la prétention de montrer jusqu’à quel point s’étend cette irrésistible puissance d’assimilation ; mais, si un homme civilisé était condamné à passer une douzaine d’années au milieu d’une race d’intraitables sauvages, à moins qu’il n’ait le pouvoir de les civiliser, je ne serais pas étonnée qu’à la fin de cette période il ne fut devenu quelque peu barbare lui-même.
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Je m’éveillai de bonne heure le matin du troisième jour après mon retour d’Ashby-Park ; le soleil brillait à travers les jalousies, et je pensai combien il serait agréable de traverser la ville calme et de faire une promenade solitaire sur la plage pendant que la moitié du monde était encore au lit. Je ne fus pas longtemps à former ce désir ni lente à l’accomplir. Naturellement je ne voulais pas déranger ma mère ; je descendis donc sans bruit et j’ouvris doucement la porte. J’étais habillée et dehors quand l’horloge sonna six heures moins un quart. J’éprouvai un sentiment de vigueur et de fraîcheur en traversant les rues ; et lorsque je fus hors de la ville, quand mes pieds foulèrent le sable, quand mon visage se tourna vers l’immense baie, aucun langage ne peut décrire l’effet produit sur moi par le profond et pur azur du ciel et de l’Océan, le soleil dardant ses rayons sur la barrière semi-circulaire de rochers escarpés surmontés de vertes collines, la plage douce et unie, les rochers au loin dans la mer, semblables, avec leur vêtement de mousse et d’herbes marines, à des îles de verdure, et par-dessus tout la vague étincelante. Puis, quelle pureté et quelle fraîcheur dans l’air ! il y avait juste assez de chaleur pour faire aimer la fraîcheur de la brise, et juste assez de vent pour tenir toute la mer en mouvement, pour faire bondir les vagues sur la grève, écumantes et étincelantes, et se pressant joyeusement les unes sur les autres. La solitude était complète ; nulle créature animée que moi ; mon pied était le premier à fouler ce sable ferme et uni, sur lequel le flux avait effacé les plus profondes empreintes de la veille, ne laissant çà et là que de petites mares et de petits courants.
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C'est folie que de désirer la beauté ; les personnes sensées ne la désirent pas pour elles-mêmes et en font peu de cas chez les autres. Pourvu que l'intelligence soit bien cultivée et le cœur bon, on ne s'occupe pas de l'extérieur. Ainsi nous disaient les précepteurs de notre enfance et ainsi disons-nous à notre tour aux enfants de notre temps. Paroles fort judicieuses et fort convenables assurément ; mais sont-elles justifiées par l'expérience ?
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