Nous sommes redevables à
Edgar Rice Burroughs d'être l'auteur de Tarzan, l'un des mythes les plus forts de notre imaginaire : ce descendant de Mowgli, défenseur de la nature et écologiste avant l'heure, continue à se balancer de liane en liane dans notre esprit, et n'est pas près de se poser, tant le besoin de sérénité écologique nous est indispensable. Mais ce géant (Burroughs, pas Tarzan, quoique…) est aussi l'auteur de plusieurs séries romanesques, parues à l'origine dans des « pulp magazines », qui font de lui l'un des précurseurs d'un genre nouveau, à mi-chemin entre la science-fiction et le fantastique, qui dix ans plus tard posera les bases de la fantasy.
« le cycle de Mars », appelé aussi « Cycle de John Carter », du nom de son héros, est la première et la plus célèbre des séries qu'Edgar Rica Burroughs a écrites dans ce domaine. Il est composé de onze volumes d'intérêt décroissant, les trois premiers étant les meilleurs (ils sont spécialement dédiés aux aventures de John Carter). Les huit autres, bien que d'une lecture aisée, retiennent moins l'attention. : « Une princesse de Mars » (1912), « Les Dieux de Mars » (1913), « le Seigneur de la guerre de Mars » (1914), « Thuvia, vierge de Mars » (1916), « Les Pions humains du jeu d'échecs de Mars » (1922), « le Conspirateur de Mars » (1927), « le Guerrier de Mars » (1930), « Les Epées de Mars » (1935), « Les Hommes synthétiques de Mars » (1939), « Liana de Gathol » (1941), « John Carter de Mars » (1941).
John Carter est un Américain lambda comme vous et moi (à supposer que vous et moi soyons américains et lambda, il y a peu de chances, mais imaginons). Chercheur d'or en Arizona, bloqué dans une caverne il se trouve propulsé dans une planète inconnue. Il est fait prisonnier par des créatures de plus de quatre mètres, ayant deux bras, deux jambes et deux autres membres servant accessoirement de bras et de jambes, ce qui peut être très utile à l'occasion. Les géants font une autre prisonnière d'une autre race, celle-là parfaitement humanoïde. Elle s'appelle Dejah Toris, elle est princesse d'Hélium, une autre cité-état de la planète. Et c'est Déjah qui va apprendre à John Carter où il a mis les pieds : La planète s'appelle Barsoom (Mars pour les Terriens) elle est habitée par plusieurs races diverses : les Martiens Verts qui sont les géants cruels et brutaux mais intelligents qui l'ont « accueilli » et les Martiens rouges, parfaitement humanoïdes si ce n'est la couleur cuivrée que revêt leur épiderme. Il y a également d'autres races (d'autres couleurs) mais soit elles sont en voie d'extinction, soit elles sont déjà légendaires. John Carter et Déjah Toris, tombent amoureux l'un de l'autre. Ils vivent ensemble, vivent plein d'aventures incroyables, et sont sur le point d'avoir un enfant, lorsque par un caprice du destin John Carter est propulsé dans l'autre sens, sur Terre, à son point de départ. Etonnant, non ?
C'est ça le truc : une fois qu'on est embarqué là-dedans, il ne faut s'étonner de rien, prendre tout comme ça vient et se laisser guider. Et savez-vous que ça marche ? Vous sortez de là en vous exclamant : Comment ? Il quitte Dejah ? Déjà ? Vivement le second tome !
En Amérique, Burroughs est un monument national. Bon, sa littérature n'est pas des plus relevée, n'est pas
Hemingway, Steinbeck ou
Faulkner qui veut. Mais le lecteur français y gagnerait à goûter ces aventures fantastiques, où il ne faut pas se poser de questions, où tout ce qu'on risque c'est d'y prendre goût, et plaisir.