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EAN : 9782266260206
240 pages
Pocket (16/06/2016)
3.85/5   74 notes
Résumé :
Magnifique roman choral construit comme un concerto, entre envolées lyriques et murmures, "Un coeur en silence" est une ode à la musique et à son pouvoir.
A Berlin, alors qu'un concert en hommage à Karl T., chef d'orchestre virtuose décédé dix ans auparavant, est sur le point de wcommencer, la présence d'une femme dans le public rend certains membres de l'orchestre nerveux. Qui est-elle ? Que fait-elle ici ?
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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A Berlin, Mark s'apprête à diriger un concert en hommage à son père, le chef d'orchestre Karl T. Il a réuni les mêmes musiciens que lors de la dernière tournée de Karl, il y a dix ans de cela. Ainsi, Anna et Teresa sont aux violons, malgré un antagonisme aussi tenace qu'ancien. Anna exhibe son précieux Stainer devant sa rivale qui reste de glace, Mark est nerveux et, dans la salle, Maria les observe. Invitée par le chef d'orchestre, elle a fait le déplacement depuis Barcelone bien que l'âge avançant, sa santé est déclinante.

Quatre personnages réunis autour d'un violon, d'un maestro disparu et, par-dessus tout, unis par la musique.
Teresa, enfant pauvre d'une couturière à domicile voit son destin se modifier quand elle trouve un Stainer abandonné dans une décharge. Elle a huit ans et décide qu'elle sera violoniste.
Anna, elle, est une privilégiée. L'argent ne manque pas, c'est l'amour qui fait défaut. Mal aimée puis abandonnée par sa mère, elle a commencé les cours de violon contrainte et forcée.
Maria, née dans une famille de musiciens andalous, n'imaginait pas un jour s'approcher du violon ou de la musique classique. Employée de maison chez Karl T., elle va vivre durant quarante années dans le culte du grand homme qui l'a initiée à l'instrument.
Mark a grandi à Berlin Est et ce n'est qu'à la chute du mur qu'il a pu rejoindre son père à Barcelone. Violoncelliste de formation, il a repris le flambeau de la direction d'orchestre à la mort de Karl.
Ces quatre voix vont se mêler pour raconter leurs destins croisés. Amour et haine, jalousie et luttes de pouvoir, musique et silence pour des personnages forts, à la psychologie finement décrite dans un roman où le feu couve sous la glace. L'amour est au coeur de l'intrigue - amour de la musique, amour maternel, amour pour un homme - un sentiment qui fait grandir mais qui peut aussi anéantir... Une très belle réussite de Blanca BUSQUETS qui signe là un roman envoûtant où derrière une froideur étudiée se cache le feu des passions humaines. Un coup de coeur.
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L'histoire étonnante de la destinée d'un violon, d'une interprète improbable et d'un professeur hors du commun
C'est l'hommage autour d'un homme, illustre musicien qui marqua les coeurs et les esprits.
Amour, haine, témoins des âmes blessées : les coeurs saignent de ne pas avoir su se parler.
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Blanca Busquets, Un coeur en silence - 2015

« On marche si bien en touchant le sol avec les pieds, ça donne la sensation de savoir ce qu'on fait, de dominer son propre destin. » Maria

Voilà un roman bien touchant que j'ai lu en une journée. A travers les yeux de Thérésa, Anna, Maria et Mark, on assiste à un chassé-croisé de personnages, tous amoureux fous de la musique ou qui la découvrent comme une lumière de guérison ou de passion. C'est aussi l'histoire d'un violon Stainer qui, passant de l'un à l'autre, révélera beaucoup de la vie et des attentes de chacun. Il fait figure de personnage à part entière.

Au début, on se demande si on aimera, on ne comprend pas trop ce que tous ces personnages ont dans le ventre et dans le coeur puis on s'attache à Maria, à son monsieur Karl, son employeur, et on se laisse guider par l'histoire qui défile comme un fil d'Ariane et nous amène à l'essentiel. C'est petit à petit que l'on découvre chacun. Seul bémol, j'aurais aimé que l'auteure suggère plus au lieu de tout dire. Un peu de nuance dans la psychologie des personnages aurait aussi été la bienvenue, mais on aime parfois que tout ne soit pas gris. Il faisait soleil aujourd'hui et j'ai aimé les soleils de Maria.

Blanca Busquets est espagnole. Elle est née à Barcelone en 1961.
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Teresa est issue d'une famille pauvre, qui subsistait grâce à une mère aimante n'hésitant pas à fouiller les décharges pour compléter un maigre salaire de femme de ménage en revendant des objets à un brocanteur. À l'âge de sept ans sa vie fut transformée lorsqu'un violon – magique pour elle – se retrouva entre ses mains.

Anna est la fille d'une famille riche, à qui il a manqué un père et l'amour de sa mère. Contrairement à Teresa, elle n'a eu aucun problème pour suivre des cours de musique et devenir une artiste reconnue à la virtuosité inégalable.

Maria a grandi dans une famille andalouse où le chant et la tradition orale étaient très présents. Au service de Monsieur Karl, un chef d'orchestre ayant fui la RDA pour se réfugier à Barcelone, elle a découvert la musique classique, et s'est initié à la pratique du violon auprès de son employeur qui a décelé chez elle une oreille impressionnante.

En début de récit, Mark, le fils de Karl, s'apprête à diriger un concert dans lequel doit être joué le concerto pour deux violons de Bach tant aimé de son père décédé dix ans auparavant, avec les deux solistes qui l'avaient interprété juste avant la mort du maestro.

La narration chorale fait revivre le temps d'un concert les souvenirs de Mark, Teresa, Anna, et Maria, avec comme liens entre tous les récits : Karl, un violon, Bach, et la musique en général.
Le lecteur découvre au fil des pages des personnages aux personnalités bien marquées influençant leur approche de la musique et leur manière de jouer. Karl lui-même essaye de faire cohabiter le trop-plein d'âme de Teresa et la technique plus froide d'Anna, tout en appréciant la fraîcheur de Maria lorsqu'elle joue de petites oeuvres sans prétention.

J'ai apprécié ce roman qui parle évidemment beaucoup de musique, mais j'aurais aimé m'imprégner encore plus de cette musique au travers des témoignages des divers narrateurs. Il m'a juste manqué quelques envolées lyriques magnifiant le concerto pour deux violons de Bach.
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« UN COeUR EN SILENCE » Blanca Busquets (Les escales, 210 pages)
Si l'on attend d'un roman qu'il soit d'abord une belle musique, alors il faut lire cette première traduction française de la catalane Blanca Busquets.
Quatre personnages : Teresa, enfant pauvre qui à force de travail et de talent devient violoniste inspirée ; Anna, gosse de riche, élevée sans amour, violoniste experte elle aussi, mais que tout oppose, sur le plan humain et musical, à Teresa ; Mark, fils d'un génial chef d'orchestre allemand que son père a abandonné en fuyant la RDA pour s'installer à Barcelone ; et Maria, servante au grand coeur, vivant dans l'ombre dudit chef d'orchestre, qui se révélera avoir une oreille musicale très sensible.
Sur une trentaine d'années ou plus, ces quatre personnages vont donc tourner autour des deux autres protagonistes du roman, le fameux chef d'orchestre et un violon exceptionnel datant du XVIIème siècle d'une sonorité extraordinaire. Ils vont s'accrocher à l'un et l'autre, les aimer, parfois se battre pour eux, se détester à leur propos, s'aimer autour d'eux. Le roman suit donc dans de fréquents allers et retours dans le temps qui ménagent un joli suspense ces quatre acteurs d'une intrigue qui nous tient en haleine, et qui ne se dévoile que petit à petit tour à tour du point de vue de chacun d'entre eux. Amours, haines, abandons et filiation, don de soi ou vol de l'autre, dans une atmosphère très bien orchestrée par Blanca Busquets, voilà le programme.
L'écriture est belle, fluide, musicale, d'autant que les sentiments de certains personnages s'expriment avec une touche de pudeur et de réserve, quand d'autres sont plus violents. La trame est bien construite en petits chapitres courts, et une fois dans le roman, on n'en sort plus. J'ai juste regretté une touche un peu trop « à l'eau de rose » sur la fin du livre. Mais j'ai aimé ce beau roman, aussi beau que son titre en français, dans une belle édition ; et l'on espère d'autres traductions en français de cet auteur apparemment confirmé en Espagne.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Mon premier violon, je l'ai trouvé dans une décharge publique. Pourtant c'était un excellent violon, même si, bien entendu, à l'époque, je ne le savais pas encore. Mais j'étais sûre d'une chose, il était magique. Ça, je m'en aperçus tout de suite, au premier coup d'oeil, parce que malgré la nuit tombée, il brillait et, en général, ce qui brille est magique. Je ne mens pas, pas du tout. À cette époque, ma mère et moi, nous fouillions souvent dans la décharge pour trouver quelque chose à vendre. Si je racontais ça à certains de mes collègues ici, ils seraient stupéfaits.

Ils arrivent les uns après les autres. Jusqu'à maintenant, j'étais seule dans la salle de concerts. Puis j'ai entendu des pas légers s'approcher de la scène. Un premier musicien est apparu, un trompettiste à l'air triste, comme s'il ne possédait rien de précieux en ce monde à part son instrument. Il me salue d'un geste de la main et marmonne quelques mots incompréhensibles. Je crois qu'on m'a dit qu'il était roumain.

Cela fait un moment que je contemple les sièges vides de l'orchestre, assise à ma place, mon violon à la main. J'en ai eu assez de m'échauffer, j'avais envie de silence. Le silence de la salle et celui qui règne sur cette ville, ses places, ses rues. Le silence des feuilles mortes qui en tombant tapissent le sol des couleurs séduisantes de l'automne. Chez moi, en Catalogne, pour trouver ces couleurs, il faut aller en montagne. Ce que j'ai enfin fait adolescente parce que enfant je n'avais jamais pu quitter Barcelone.

Le violon changea radicalement ma vie. «Regarde ce que j'ai trouvé !» m'exclamai-je en levant dans un geste triomphal l'instrument d'une main et l'archet de l'autre. Les cordes que j'effleurai d'un mouvement involontaire émirent un son aigu déchirant qui me toucha en plein coeur. Je n'aurais pas su dire s'il me plaisait ou pas, c'était un son étrange. J'examinai l'instrument avec attention, attirée par l'ouverture en forme de S, l'esse. J'ignorais ce mot à l'époque, bien sûr, je ne voyais qu'un trou en longueur, parce que je distinguais au fond des lettres manuscrites et je voulais les lire. Je découvris un nom, incompréhensible et reconnus une date, 1672.

- Qu'est-ce que tu fabriques ? se plaignit ma mère. Donne-moi ça, on pourra certainement en tirer quelque chose.

Ma mère ne s'intéressait qu'aux choses que nous pouvions vendre. Nous ne vivions pas dans la rue, ni dans une misère absolue... Enfin, tout dépend de la façon dont on considère les choses. Définitivement oui si l'on prend en compte les critères actuels et leurs conseils diététiques par exemple sur la nécessité de fruits, de légumes, d'hydrates de carbone et je ne sais quoi encore. À l'époque, le seul équilibre de nos repas dépendait de ce que nous dénichions. Il nous arrivait de nous nourrir uniquement d'un peu de pain et de fromage ou de quelques pois chiches ou lentilles. Je n'ai pas connu mon père, mais, d'après ce que m'a raconté ma mère, c'était un étranger qui était venu, lui avait fait l'amour puis était reparti au bout de quelques nuits. Et ma mère, qui vivotait déjà seule, s'était retrouvée avec un enfant à nourrir et là, fini de plaisanter.
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Ma mère ne s'intéressait qu'aux choses que nous pouvions vendre. Nous ne vivions pas dans la rue, ni dans une misère absolue... Enfin, tout dépend de la façon dont on considère les choses. Définitivement oui si l'on prend en compte les critères actuels et leurs conseils diététiques par exemple sur la nécessité de fruits, de légumes, d'hydrates de carbone et je ne sais quoi encore. À l'époque, le seul équilibre de nos repas dépendait de ce que nous dénichions. Il nous arrivait de nous nourrir uniquement d'un peu de pain et de fromage ou de quelques pois chiches ou lentilles. Je n'ai pas connu mon père, mais, d'après ce que m'a raconté ma mère, c'était un étranger qui était venu, lui avait fait l'amour puis était reparti au bout de quelques nuits. Et ma mère, qui vivotait déjà seule, s'était retrouvée avec un enfant à nourrir et là, fini de plaisanter
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on marche si bien en touchant le sol avec les pieds, ça donne la sensation de savoir ce qu'on fait, de dominer son propre destin. En revanche avec les talons aiguilles, tu n'as de contact que sur un point, tu ne sais pas si tu es sur cette terre ou pas. C'est si inconfortable.
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La salle est pleine à craquer. Tout à l'heure, quand je suis entré, l'orchestre s'est levé et tout le monde m'a applaudi. Je me tourne vers le parterre. Je suis ébloui par les feux des projecteurs dirigés vers moi. J'ai des papillons dans l'estomac comme avant un concert. L'adrénaline qui monte et descend finit par s'installer là où elle doit pour provoquer ce mélange d'émotion et de peur. Cette peur qui après est remplacée par la satisfaction et qui doit être ce que nous cherchons tous quand nous faisons des choses qui sortent de l'ordinaire, qui nous rendent nerveux, qui nous changent, et que malgré tout nous faisons. Ce doit être ça.
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La salle est pleine à craquer. Tout à l'heure, quand je suis entré, l'orchestre s'est levé et tout le monde m'a applaudi. Je me tourne vers le parterre. Je suis ébloui par les feux des projecteurs dirigés sur moi. J'ai des papillons dans l'estomac comme avant tout concert. L'adrénaline qui monte et descend finit par s'installer là où elle doit pour provoquer ce mélange d'émotion et de peur. Cette peur qui après remplacée par la satisfaction et qui doit être ce que nous cherchons tous quand nous faisons des choses qui sortent de l'ordinaire, qui nous rendent nerveux, qui nous changent, et que malgré tout nous faisons. Ce doit être ça.
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