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4,08

sur 2933 notes
Admirable roman pour parler du vide et de l'attente. Deux thématiques difficiles mais Buzzati réussit son pari en nous faisant suivre la destinée d'un militaire dont la vie échoue dans un fort aux portes du désert. le désert des Tartares (voir les définitions mythologiques des grecs aux chrétiens) .
Sa vie est faite d'attente et d'actions simples, rythmées, quotidiennes.
Un roman très surprenant, à la limite du réel mais pourtant bien réaliste sous certains aspects.
Histoire triste de celui qui attend, au nom de certaines vanités mais aussi de la suffisance, et consacre sa vie à une cause dont l'avènement n'arrivera pas ou trop tard.

Excellent souvenir de lecture.

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Le lieutenant Giovani Drogo a de l'allant et l'espoir d'une vie d'aventures alors, quand il décroche un poste sur la frontière au fort de Bastiani, c'est l'agence tous risques qui lui tend les bras et il envisage le meilleur. La vie en première ligne a ceci de palpitant que l'on ne sait jamais ce qu'il va se passer dans l'heure.
Il coche toutes les cases du gars kinenveut, sérieux, obéissant et ambitieux: une carrière militaire et des filles qui lui tendent les bras.

Mais, passé le charme de la nouveauté, avec la découverte de la forteresse et de ses habitants, on lui cache des choses et on l'intalle dans un quotidien triste comme un restaurant sans clients.

C'est "Un jour sans fin", le film de Harold Ramis avec Bill Murray et Andy McDowell, mais sur un ton poétique et pessimiste.
Un confinement qui durerait des années.

Comment ne pas voir une allusion à sa propre condition. Les choix dont on ne satisfait pas. L'enfermement. Passer sa vie à la perdre. C'est du Cioran dans l'esprit.
Buzzati a mis un tigre dans son moteur mais il ronronne tout en menaçant de se réveiller quand la fin approche.

J'ai été enchanté par l'ambiance parfois fantastique mais j'ai aussi subi le message subliminal qui m'a bien secoué.

Un spleen 5 étoiles.
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C'est la force des très grands livres que de pouvoir se plier à de multiples interprétations. J'ai lu le désert des Tartares à une période de ma vie où, jeune adulte, je ne savais pas trop quelle orientation donner à ma vie et où je me laissais un peu aller. C'est un livre qui m'a été d'un grand secours. le héros gâche sa vie dans un fort éloigné de tout dans l'attente d'une guerre improbable. Il pense qu'il a toute la vie devant lui et laisse passer une à une toutes les opportunités de bonheur. On le voit ainsi renoncer à son amour de jeunesse, de crainte qu'il ne le prive de la gloire qu'il recherche. Naturellement, au moment où celle-ci pourrait enfin se présenter, il s'aperçoit que son temps est révolu...
Cette histoire m'a fait comprendre qu'il faillait rapidement que je me décide avant qu'il ne soit trop tard ! Certes, le désert des Tartares, l'oeuvre la plus célèbre de Buzzati devenue un classique de la littérature, possède un sens plus profond que celui que je lui accorde. On y trouve en effet une réflexion poignante sur le temps qui passe : le but poursuivi à son insu par le héros n'est pas la gloire, mais la mort, car dans un monde où toutes les questions essentielles restent sans réponse, le temps nous entraîne fatalement vers cette seule réalité. Mais permettez-moi de garder ma première impression et de continuer à penser que le désert des Tartares m'a servi d'électrochoc. Après cette lecture, je n'étais plus le même ; j'ai pris vraiment les choses en main. C'est en cela que les livres nous sont indispensables : ils nous aident à vivre.
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Fort Bastiani, citadelle au coeur d'un désert de pierre. Drogo Giovanni, alors dans la fleur de l'âge, y est affecté d'office. Décidé à partir le plus tôt possible afin de se rapprocher de la ville et des jeunes filles, il se laisse malgré lui entraîner dans l'attente d'ennemis potentiels, les Tartares, supposés apparaître un beau jour à l'horizon de ce désert infini. Les jours, puis les semaines, passent animés par les imperceptibles mouvements perçus un jour entre les pierres. Comment quitter le fort alors que l'heure de gloire pourrait être si proche? Peu à peu, Drogo perd contact avec sa ville natale et ses amis d'enfance qui ont continué leur vie de leur côté.
On retrouve dans ce roman ce qui faisait la richesse du recueil de nouvellesle K, dont notamment l'absurdité de la vie et l'ironie qui s'en dégage. Tout ça en fait un récit profondément déprimant mais intriguant également. L'écriture est magnifique, les paysages envoûtants... la philosophie qui s'en dégage donne à méditer sur notre manière d'imprimer la vie en nous.
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« Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant.
Au fort de Belonzio qui domine la plaine.
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros ! »

Impossible de débuter la lecture du « Désert des Tartares » sans songer à la chanson de Jacques Brel, ce qui n'a rien d'étonnant puisque ladite chanson, « Zangra », a été directement inspirée du roman de Dino Buzzati. Voyez plutôt. Nous sommes au fort de Bastiani, citadelle délabrée et située en marge de toute civilisation. En face s'étend le désert des Tartares, immense étendue de pierre blanche où jadis rôdaient de terribles barbares mais où pas un signe de vie n'a été détecté depuis maintenant des siècles. Pourtant le fort est toujours là et la garnison attend. Qu'attend-elle ? Nul n'a l'air d'en être tout à fait sûr et surtout pas le lieutenant Giovanni Drogo, jeune officier tout droit débarqué de la ville et dans les rêves martiaux s'effritent peu à peu aux murailles poudreuses de Bastiani.

La vie au fort est si terne, le temps si long, les jours si gris… Alors pourquoi notre jeune lieutenant refuse-t-il sa mutation quand, après quatre pénibles mois de service, le médecin de la citadelle lui propose aimablement de le faire porter pâle pour retourner à la ville ? C'est que Drogo espère et que, tout au fond de lui, il sait. Il sait que, tôt ou tard, apparaitra sur l'étendue blanche du désert un petit point noir, que ce petit point noir grossira pour devenir une tache, puis cette tache deviendra une armée, une armée hurlante et grouillante qui s'abattra sur les murailles de Bastiani. Alors, Drogo se dressera, seul rempart entre la barbarie et la civilisation, il saura se battre et vaincre, et son nom rentrera pour toujours dans l'Histoire de son pays. Qu'importe quelques mois ou quelques années perdus, Drogo n'est-il pas encore jeune ? N'aura-t-il pas le temps, une fois sa gloire assurée, de goûter les plaisirs de la vie et de l'amour ? Regardez-le, notre beau lieutenant ! Regardez-le sur ses remparts, le manteau claquant sur ses épaules et le poing sur la hanche, magnifique et tragiquement inconscient, il attend l'ennemi qui le fera héros.

Ben, voilà, maintenant j'ai le cafard. Grand merci, monsieur Buzatti, vraiment ! C'est bien gentil de votre part d'écrire des chefs-d'oeuvre, mais pourquoi les faire si tristes, si sombres, si désabusés ? Pas besoin d'avoir la fibre militaire pour s'identifier au malheureux Drogo, tant son histoire est semblable à celles de millions d'autres hommes qui, dans l'attente d'un destin fabuleux mais incertain, laissent leur vie leur glisser entre les doigts. Qui que vous soyez, « le désert des Tartares » vous parlera et vous plombera le moral, car si nous ne pensons pas être des Drogos, nous craignons tous un peu de le devenir un jour… Superbement écrit et franchement désespérant.
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Publié en 1940, ‘Le désert des Tartares' est un roman que j'avais épinglé dans ‘Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie'. Dino Buzzati est un des auteurs à lire dans le cadre du Challenge solidaire, c'était l'occasion de découvrir sa plume.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé son écriture et toutes ses façons de décrire la fuite du temps.

La première affectation du lieutenant Giovanni Drogo le conduit au fort Bastiani. C'est un endroit qui n'augure rien de bon et Drogo n'a pas l'intention d'y rester plus de quatre mois. le fort doit garder une frontière avec un désert qui reste... obstinément désert.

Ce livre m'a paru parfois un peu long. J'ai cependant trouvé le personnage principal intéressant. Sa vie lui échappe. Il semble hors du temps, bloqué dans le fort alors qu'autour de lui la vie continue sans lui.

Cela m'a fait penser à une citation de Jean-Michel Maulpoix : «Chacun voudrait se croire unique, pour se consoler du peu de poids que pèse sa vie quand elle se cogne par hasard contre une autre vie, et ne pas entendre le peu de silence qui se fera sur la terre le jour où son coeur cessera de battre. »

La vie est trop courte pour passer son temps à attendre.

« Cependant, le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s'arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'oeil en arrière. »Arrête ! Arrête ! » voudrait-on crier, mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages ; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entraîné dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais. »



Challenge solidaire 2024
Challenge 20e siècle 2024
Challenge multi-défis 2024 (27)
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J'ai toujours eu l'intime conviction que c'est les livres qui nous choisissent et je viens d'en avoir la certitude. J'ai remarqué le désert des tartares une première fois il y' a un an chez mon bouquiniste, attendant avec patience un lecteur, à la même place, sur la même étagère. Mais à chaque passage, mes envies allaient ailleurs…J'en avais entendu parler bien sur, mais je pensais que c'était un livre qui raconte une guerre; ce n'est pas que je n'aime pas ce genre de livres, mais je n'étais pas d'humeur. Il y' a deux semaines, ma main, je ne sais pourquoi, s'est tendue vers lui. En lisant le résumé, le choix de ma prochaine lecture a été fait et ce fut le moment parfait. Dans ce récit, Dino Buzzati nous raconte le destin d'un lieutenant affecté à un fort, un fort qui s'avère être presque abandonné. Toute sa garnison est en attente, l'attente de la guerre, de la gloire, de la reconnaissance. L'univers est lourd oppressent, angoissant…Un récit allégorique qui nous renvoie à nos choix, nos attentes, notre destin. Je me suis toujours posé cette question : où fini l'obstination et où commence l'acharnement ? Une fois engagés dans une voie, peut –on revenir ? Faut-il continuer ? Attendre jusqu'à quand ? Je ne pense pas que Dino Buzzati veuille nous donner des réponses, mais nous amener à y réfléchir. Ce livre peut avoir autant d'interprétations que de lecteurs, autant d'émotions que de sensibilités : il est universel… Après avoir refermé la dernière page, je me suis dit que peu importe le choix, la fatalité et le destin sont plus fort que nos espoirs et nos attentes, il faut juste les accueillir avec dignité. Lecture marquante, un livre à lire et à relire.
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Difficile de faire une critique de ce livre.

J'avais déjà lu des nouvelles de Buzzati ( le K), que j'avais beaucoup apprécié, et voyant les critiques élogieuses sur ce roman j'avais hâte de le découvrir. Mais à mon grand regret, la magie n'a pas opérée.

Certes, c'est bien écrit. le postulat de départ est alléchant. L'idée en toile de fond sur l'absurdité de la guerre est intéressante.
Peut-être y avait-il un trop plein d'absurdité. Ou peut-être est-ce la narration trop linéaire et distante qui m'a empêchée d'entrer dans le récit et a fait que tous les événements décrits m'ont laissé complètement indifférente ; en dehors du dernier chapitre que j'ai vraiment beaucoup aimé.

Je ressors de ce roman avec l'idée que Dino Buzzati maîtrise mieux l'art de la nouvelle que celui du roman : le même récit en "format" nouvelle aurait sans doute été plus efficace.
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Jeune soldat fraîchement muté à son premier poste, Giovanni Drogo arrive, plein d'ambitions, au fort Bastiani, dernier bastion avant les plaines du Nord où sont supposés vivre les Tartares. Bien qu'il ne souhaite pas rester, le paysage mystérieux par-delà les frontières le retient. Et le temps passe, cela fait quatre ans qu'il est là, et aucun ennemi à l'horizon...

On nous annonce un chef-d'oeuvre de la littérature italienne. Non pas que ce livre soit un mensonge, mais je n'y ai pas trouvé l'extase littéraire non plus. le principe même de l'histoire est qu'il ne se passe rien. le temps qui passe et s'enfuit sans qu'on le voie vraiment détient le rôle principal. La frustration de Drogo se communique au lecteur qui, comme lui, n'assistera pas à la guerre tant attendue et mythifiée. Au-delà de la frustration, c'est quand même la sensation de perte de temps qui prend le dessus à la fin de la lecture. D'un côté l'on pourrait se dire que nous avons perdu notre temps à lire une histoire dans laquelle rien ne se passe, d'un autre on argumenterait qu'au contraire le lecteur a fait la même expérience que les personnages coincés au fort et que c'est là une expérience de lecture tout à fait particulière. Soit. Mais au final, que nous reste-t-il à part cette morale finale comme quoi nous ne faisons tous en fait qu'attendre la mort en occupant comme on peut la vie ? Voilà en conclusion une histoire assez triste et amère sur la vie.
Je me suis en revanche retrouvée dans l'histoire de Drogo qui attend son moment de gloire pendant trente ans pour finalement se voir écarté au dernier moment et voir la jeune génération prendre sa place. Drogo, représentant d'une génération sacrifiée, qui ne sert à rien et dont on ne sait quoi faire, et qui est là pour boucher les trous en attendant la suivante. Moi qui ai obtenu mon diplôme à peine deux mois avant la crise qui sévit encore aujourd'hui, je fais partie de cette génération qui bouche les trous et ne trouve pas de travail fixe, jusqu'à ce que les nouveaux arrivent.Je fais partie des 25-30 ans dont aucun programme gouvernemental ne s'occupe, eux qui parlent toujours des 18-25 ans.
Oui, triste constat que cette lecture.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Dino Buzzati nous sert ici un bon livre sur la magie du temps qui, à un moment joue à la faveur de l'homme, et, qui par un autre moment joue en sa de faveur, mais le plus souvent, à force de se nourrir de trop d'espoir ou d'espérances pour des lendemains meilleurs ou encore plus décisifs, on est surpris par le cours des choses, le temps , on en a justement plus pour pouvoir agir, et le seul souhait serait de voir les aiguilles d'une montre reculer mais le temps ne connait pas de marche arrière...

Le Désert des Tartares, c'est aussi le parcours de Giovanni Drogo, un jeune lieutenant, affecté à prendre son nouveau service au Fort Bastiani, fort dressé à côté du désert des Tartares, le lieutenant se nourrit de beaucoup de projets, envisageant une gloire dans le service militaire mais quand le fort se présente à lui, il en éprouve de l'horreur. le lieu, à première vue, ne promet aucune gloire pour un jeune lieutenant, il veut vite quitter le fort. Dommage, le temps va en décider autrement
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