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EAN : 9782355021336
64 pages
Les Cahiers de l’Égaré (01/06/2022)
4.2/5   5 notes
Résumé :
ARSÈNE:- Ne bouge plus ou j’te crève ! Fous-moi la paix ! J’veux pas remonter ! Barre-toi tout seul avec ton eczéma, ta mère, ton pariétal, tes extases de poule glousseuse… Toutes façons y’a plus rien « là-haut »… Y’a plus rien…

ECZÉMA:- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Allez viens couillon… « Là-haut » y’a la lumière, les filles, le bruit, l’odeur d’essence, les gens, l’amour, la vanité, la haine, la vie quoi !… Et puis tu dois avoir tes gosses ce we... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Alain Cadéo me surprendra toujours…

Non, vous ne rêvez pas.

J'imagine déjà l'affiche de cette nouvelle pièce.

En bas, en caractères gras, cette demande adressée au public :

« Les spectateurs sont priés de se munir de bottes cuissardes, masque, casque et lampe frontale. »

Descente dans les égouts…

PROLOGUE

Moi, Minotaure…

Je suis repu et fatigué de dévorer des chairs ayant la saveur douceâtre de la raison. J'aimais le sang poivré du guerrier à la poursuite de ses mythes et la foudre sucrée dans la chevelure électrique des vierges. Vos offrandes ont désormais le goût du faisandé ou pire de la fadeur. Pauvres petits hommes, vous avez muré l'espace de vos rêves et, privés de vos dieux tutélaires, vous êtes devenus de mous anthropophages. Une après une se sont éteintes les brûlantes larmes de l'espoir. Vous n'avez plus de larmes, que des plaintes sèches et lugubres d'enfants tremblants sans lendemains.

Alors moi, Minotaure, je rôde minéral dans un labyrinthe mort comme un ventre stérile. Pourtant, j'étais la vie et le sang brut de vos désirs. Vous m'avez oublié mais, indéracinable, indestructible, je viens encore aujourd'hui réclamer mon dû, la mystérieuse part qui me revient de droit, le lourd secret déposé dans vos âmes à l'aube des temps.

Vous n'avez plus voulu de ce secret, vous le trouviez pesant et il vous obligeait. Un seul d'entre vous restera et celui-là je mangerai son coeur.

Ainsi lorsque tout aura disparu, nous, les dieux, nous reviendrons sur terre et nous referons l'Homme à notre image.

*

» Qui pourra un jour me dire à quoi servent les mots, les gloussements gratuits et purs s'échappant comme bulles des bouches rondes et mouillées des tout-petits enfants ? C'est le babil des innocents, les sources claires d'un monde neuf, les derniers sons ou l'ultime mémoire d'une puissante Joie sacrée et sans ambiguïté ? Bien avant le simiesque héritage d'un langage tout fait, il y a le gazouillis ou le protolangage, chaque son signifiant un morceau de Parfait. Et qui pourra me dire ce que nous en avons fait ? Des mots pour bien parler, pour avoir l'air intelligent, des mots pour insulter, des mots pour en découdre, des mots pour ne rien dire, des mots comme sonnailles sur les cous d'un troupeau mâchant et remâchant l'herbe triste d'un terrain vague usé jusqu'à la trame pour avoir englouti des tonnes de déchets. Mais où est-il passé le Verbe rédempteur, le Om, l'imprononçable, le son vibrant de toute création ? Il est, c'est terrifiant, dans le regard sans fond des tout-petits enfants. »

Alain Cadéo 22 avril 2022 à 22 H 22, mot adressé à son ami JCG

*

Deux gus :

Azema, dit Eczéma.

Un rêveur, un optimiste, une boule de malice et de bonne humeur. Peut-être un intello contrarié capable de s'adapter à tout. Il a une grosse tache sur le visage et une autre sur le bras. Passe son temps à se gratter et les démangeaisons s'accentuent en fonction de l'action. Bavard, sympathique, aime à susciter l'inquiétude. Père mineur en Alaska ayant abandonné sa famille. Mère prostituée. Pas d'attache.

Arsène, surnommé Arsenic par ses collègues de boulot.

Très grand, voûté, l'ail clair, râleur. le genre revenu de tout. Sens de la répartie aigre-douce. Bosseur, « pro », toujours syndicaliste mais grand déçu de la politique et des humains en général. Au fond pour lui il n'y a pas d'issue. On nait, on vit, on meurt dans un boyau. Pas de choix. « La vie est un long fleuve de merde ». Il est comme la plupart d'entre nous, incrédule, pragmatique, réaliste et pourtant il rêve d'autre chose, d'un ailleurs, différent. Marié, père de deux enfants qu'il ne voit plus, divorcé. Travaille depuis 30 ans dans les égouts, Passionné contrarié, Il se veut lucide, froid, cynique.

*

Je revois l'auteur, dans le noir de son cabanon, pestant contre l'exiguïté des parois de son refuge, râlant des injonctions de sa femme hurlant : « Alain, l'alarme sonne dans la cave ! ». Les travaux venaient de se terminer, les premières pluies dégoulinaient sur la paroi rocheuse. Dans les caves de la bâtisse rénovée, l'humidité suintait de partout. le réservoir du déshumidificateur débordait…

L'homme était assis sur les premières marches, les pieds dans l'eau, il écrivait…

*

Pour les deux compères les égouts, ben voyons ! C'est Palma, Tahiti, c'est les îles ! Ils pataugent dans la gadouille, prêts à rencontrer quelque vahiné…

Ils sont là, sous terre, à soixante mètres. Tout peut péter là-haut, ils ne s'en rendraient pas compte.

Il y a le téméraire, il y a l'angoissé. Nous les lecteurs. le grand silence.

Quand le vent s'engouffre soudain dans ce qui semble une caverne aux contours définis, sous un vague éclairage fluorescent, ils devinent des signes sur les parois, des peintures rupestres représentant des mains, d'étranges silhouettes cornues des animaux. Tout au fond ils distinguent un énorme squelette, comme celui d'un…

*

Alain Cadéo me surprendra toujours… écrivais-je plus haut. L'écrivain, sondeur de l'âme humaine, explore avec justesse ce qui questionne tout individu. Pourquoi moi ? Il y a les vainqueurs, et moi le vaincu, l'estropié, déguisé en gladiateur avec juste un slip ridicule…et mes coups fumants. Les bons coups, les coups doubles, les gros coups… Ceux-là y' m'sont passés sous le nez…

*

Les Cahiers de l'Égaré sont heureux d'accueillir dans leur collection théâtre, l'écrivain Alain Cadéo, un magicien des mots qui écrit par nécessité et sous dictée depuis 40 ans, à n'importe quelle heure de la nuit, sur n'importe quel support, en n'importe quel endroit, pourvu que ce soit loin des humains bruyants, tout près du babil profond des tout-petits enfants, du murmure des personnes en soins palliatifs ou du surgissement inattendu et inouï des dieux.
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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Alain Cadéo nous livre une pièce de théâtre en trois actes pour revisiter le mythe du Minotaure, créature mi-homme mi-taureau, qu'il faut nourrir afin qu'elle reste tranquille.
Ses deux personnages :
ARSENE dit ARSENIC est râleur, désenchanté, fait des blagues à deux sous.
AZEMA dit Eczéma est un optimiste malicieux, aimant l'aventure (enfin pas trop loin de chez lui), son venin est un filet de vinaigre dans ses propos.
Clin d'oeil de l'auteur, car l'arsenic soigne l'eczéma.
Ce sont deux égoutiers qui sont envoyés dans les boyaux de la ville pour résoudre le problème du 109.
Arsenic est envoyé pour la fuite du 109 et Eczéma pour le bouchon du 109.
Arsenic préfère travailler seul mais Eczéma, lui se réjouit d'avoir quelqu'un à qui parler.
Les égouts sont la lie de la société. Nos deux philosophes d'égouts vont nous interpeller sur la marche du monde.
Eczéma voit le verre à moitié plein, Arsenic le voit toujours à moitié vide.
A eux deux ils forment un tout.
D'emblée le prologue nous dit que notre monde n'est plus flamboyant, plus de goût pour le piquant, le relevé, non tout est « faisandé », âcre, fade.
Le décor est planté, les didascalies sont claires et donnent à voir, ces deux être qui sont là, sous terre, à cause du dysfonctionnement des têtes pensantes du haut.
La scène d'ouverture est grand-guignolesque, sur la courtoisie d'usage et nous livre des indications sur ces deux loufoques. Loufoques ? le sont-ils ?
Les dialogues sont pimentés :
ECZEMA : « —Oh ça va l'agité ! On est pas aux pièces ! Tu vois, quoi que t'en dises, t'as le choix de pas faire du zèle. Y a personne ici, pour contrôler. Et puis tiens, tu peux même imaginer par exemple que tout pète « là-haut »… Et ben nous, là, sous terre, à soixante mètres, on s'en rendrait même pas compte… »
Nos deux compères ont résolu le problème du 109, reste à trouver la sortie.
ARSENE : « — Bon, t'arrêtes tes conneries, je panique pas du tout, j'en ai simplement plein le dos de supporter ton baratin. Ça me déconcentre. Dans ce dédale y faut être attentif. Si tu continues avec tes « élucubrations » c'est plus Eczéma qu'on va t'appeler, ce sera plutôt du genre « cul en feu » ! »
Une pièce de théâtre réussit ne se lit pas elle s'entend et se voit.
C'est le cas, je dirais même elle se sent, car parfois le lecteur se pince le nez à cause des remugles.
Nos deux personnages s'adressent à nous pour nous émouvoir, nous solliciter, nous invectiver et revendiquer. Car la vie est un vaste sujet, surtout si l'on aborde son sens à l'échelle individuelle mais aussi à l'échelle collective.
J'ai indubitablement pensé à Giono, philosophe des Grands chemins.
De l'explication très simple au labyrinthe des expériences, des motivations, des racines, le cheminement se fait comment ?
De ceux qui sont ancrés dans la terre à ceux qui sont des « mangeurs de vent » comment se positionner ?
En 50 pages Alain Cadéo nous amène sur le chemin de la réflexion par le rire, le burlesque.
Notre époque échappera-t-elle au retour des Dieux ?
A vous de le dire.
Alain Cadéo est un homme-orchestre de talent, ses instruments : les mots, en roman, essai, poésie et théâtre.
La couverture d'Isabelle Forno est juste merveilleuse, elle joue entre le visuel d'un labyrinthe et l'oeil du Minotaure qui vous guette. Elle atteint son but.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Il fallait bien s'appeler Alain Cadéo pour me faire lire une pièce de théâtre. Si j'en ai beaucoup lu dans ma jeunesse, études de lettres obligent, il y a belle lurette que j'ai cessé. Les pièces, je préfère les regarder. Mais je n'ai pas résisté à ce petit livret, pièce en trois actes, dont le titre me posait question.

Me posait aussi question la photo de couverture dont j'avais bien du mal à comprendre le sens : une sorte d'oeil au fond d'un tourbillon, ou d'un tunnel…allez savoir ! Et pour y voir plus clair, il m'a fallu ouvrir le livre et découvrir…deux personnages…Azema, appelé Eczéma, sans doute parce qu'il passe sa vie à se gratter, plutôt sympathique et rêveur. L'autre, Arsène, est surnommé Arsenic par ses collègues. Il est un rien râleur, genre grand déçu de la vie et des gens. Ces deux-là se retrouvent dans les égouts (le 109) – c'est leur métier – l'un pour réparer une fuite, l'autre pour régler un problème de bouchon. le premier est ravi à l'idée de ne pas être seul, l'autre peu content de se voir affublé d'un comparse.

Nous sommes donc bien dans un tunnel et un troisième personnage semble se profiler… je n'en dirai pas plus. Qu'il s'agisse d'une pièce de théâtre, celle-ci est la première que je lis de l'auteur, ou de ses romans, que je connais bien, l'écriture est toujours aussi belle. Alain Cadéo est décidément un magicien des mots, mêlant avec bonheur poésie, humour et réflexions profondes. Car les mots, il sait en jouer, les assembler, les enrober d'éclats de lumière et de rire pour transformer les instants les plus sérieux en véritable plaisir. Là, il revisite le mythe du Minotaure, celui que l'on nourrissait de chair humaine et qui se plaint que "[Nos] offrandes ont désormais le goût du faisandé ou pire de la fadeur". Et à travers cette histoire qui débute de manière hilarante par des échanges d'une politesse quelque peu désuète il nous parle de peurs, nous invite à réfléchir à cette époque, la nôtre. N'est-elle pas en train de disparaître ? Et les dieux, qu'en feront-ils ?

Je ressors de ce labyrinthe, admirative du talent de l'auteur de faire de cette réflexion profonde sur notre devenir un moment aux accents jubilatoires.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Il y a quelques jours, Martine Cadéo m'a envoyé un message me proposant la lecture d'une pièce de théâtre…
Tout a commencé ce jour-là.
Quelques temps plus tard, elle me prévint que le livre allait pouvoir être envoyé chez moi. Je lui transmis mon adresse pour la seconde fois. C'est à ce moment-là que j'aurai du m'en douter ! Mais je ne savais pas encore où j'allais…
C'était ma première “pièce de théâtre”.
J'avoue que ma curiosité avait été plus rapide que ma raison, compte tenu du volume de ma PAL !
Mais c'était déjà trop tard… j'avais franchi la première étape.

Dès lors, je ne pouvais plus reculer…
Je commençais donc ma lecture.

“Moi, Minotaure…
Je suis repu et fatigué de dévorer des chairs ayant la saveur douceâtre de la raison…”
÷÷÷÷÷÷÷
Je redécouvre donc un “Alain Cadéo” dans un tout autre registre que celui que je lui connaissais, et je dois avouer que j'ai très vite été pris au jeu, et je me suis même amusé.
Compte tenu du nombre de pages, j'ai décidé de m'isoler et de lire la pièce à haute voix !
Je peux vous assurer que si vous avez la possibilité de faire, le récit prendra un tout autre relief.

C'est une très belle joute verbale que nous propose Alain.
C'est délicieux, c'est exquis… ça fourmille d'idées à chaque dialogue.
Deux personnages “bougons” et perdus en sous-sols, dépassés par une situation hors du commun.
Je peux difficilement vous en dire plus sans trahir le récit et l'auteur. Mais le tout est rondement mené, avec un final qui ne mérite que mes applaudissements !

J'ai malgré tout trouvé un petit point négatif, et j'espère bien qu'Alain n'en prendra pas ombrage. J'eusse aimé qu'il y ait un peu plus de pages… pour étancher cette nouvelle soif !
÷÷÷÷÷÷÷
Voilà, c'est fait.
Je ne peux en vouloir qu'à moi-même.
Dorénavant, je réfléchirai beaucoup plus longtemps avant de donner une réponse…
Résultat…
J'ai de nouvelles envies !!!
Mais où vais-je trouver le temps de les assouvir ?
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
ECZEMA : - Attends, pas tout de suite… Un dernier p'tit verre… Je voulais t'dire… Juste un truc sur ma mère, un truc que j'ai jamais dit à personne… Mais ça vient là, faut qu'ça sorte… Bon ben voilà… Ma mère… c'était un cadeau. Même si y payaient les types, ça restait un cadeau… vu qu'elle était tellement mignonne… Et tu l'aurais vue rire ! Ce qui était dur pour moi en fin de compte, c'était de la partager. Et puis fallait toujours qu'elle bouge. On aurait dit un oiseau… En fait d'oiseau moi j'avais que des miettes, des p'tits bouts d'amour… Mais alors ceux là… Si tu savais… La régalade… J'en faisais des tartines, pain beurre et miel
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ARSENE : - Stop ! On arrête tout là ! J'ai pas envie en plus d'me prendre la voûte sur la gueule avec tout ton bordel ! C'est pas parce que Monsieur il a le rythme dans la peau qu'on va s'lâcher dans ta rave party et y passer la nuit ! Faudrait plutôt songer à retrouver l'109 ! Aventurier de mes deux !
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ARSENE : - Y'en a j'vous jure ! Sûrement des gros cons de gothiques ! Une saloperie de secte ! Ou une bande qui se la joue anthropophage, vampire ou loup-garou…
Bon, c'est pas tout ça, va falloir continuer le travail. Tiens, essaye de réduire le débit avec la vanne là…
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ECZEMA : - Ben quoi ! On n'est pas peinards là, tous les deux, dans nos égouts ! Personne pour nous faire des reproches ! On travaille au rythme qu'on veut, on a ni chaud ni froid, on peut lambiner, chanter, siffler. On peut même gamberger tout à notre aise…
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