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Blaise Cendrars (Traducteur)
EAN : 9782246119128
285 pages
Grasset (05/10/1988)
3.76/5   21 notes
Résumé :

Ce roman est un documentaire édifiant, il évoque l'Amazonie dans toute sa beauté et toute son horreur. Il donne la parole au monde qui hante ce climat d'eau, et de feu" (Cendrars): les sauvages, les primitifs, les natifs, les "caboclos", les ouvriers agricoles, les colons, les planteurs, les émigrants... Un livre grand et pathétique, dans une traduction de Cendrars."

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un joli cadeau de la littérature mondiale, ou quand un écrivain-voyageur, Blaise Cendrars, nous offre ce qui se fait de mieux en roman sur la jungle amazonienne, loin de l'habituel exotisme ou des représentations tronquées.
C'était — il nous l'explique dans sa préface — une demande de longue date de son éditeur, qu'il finira par honorer après être tombé sur ce roman largement autobiographique de ce portugais, José Maria Ferreira de Castro, parti à l'adolescence trimer au fond de l'Amazonie brésilienne pour une poignée de reais, orphelin qui ne céda pas aux sirènes de l'aventure, mais à l'écho d'occasions rêvées de l'autre côté de la colline, comme tant d'autres avant et après lui.

Son récit est limpide, de son départ forcé des côtes brésiliennes, en passant par le long voyage le menant au fond du Rio Madeira, jusqu'à entamer les choses sérieuses, on se familiarise avec cet anti-héros dont l'auteur ne fait rien pour le racheter à nos yeux, évidente franchise du romancier exorcisant une expérience traumatique.

La jungle y est fascinante, repoussante, mystérieuse et brutale, révélant le caractère des hommes, ne pouvant le dissimuler au milieu de ce lieu si loin des conditions d'épanouissement sociétal habituelles, où seule une longue adaptation permet d'y évoluer sans trop de difficultés, tels les Parintintin, peuple dont la sourde menace plane sur le livre, eux qui semblent avoir la bonne idée de tenir à distance le matérialiste, et à l'occasion lui trancher la tête pour la rapporter chez eux et danser en cercle tout autour.

L'histoire donne aussi un petit aperçu de lutte des classes, d'intacte morale prolétarienne et de capitalisme criminel, exacerbée façon moiteur, bien que soluble dans ces eaux boueuses, le commerce des hommes y semblant si dérisoire…

On en profitera également pour répondre à une critique qui, avant même de nous parler du contenu de ce roman, souligne au gros feutre « le caractère suranné » de certains mots employés par Cendrars, sans vraiment s‘interroger s'il ne fait que les traduire du Portugais, ou bien s'il emploie simplement le vocabulaire propre à son époque ; bref ce babéliote au pseudo redondant confirme bien cette tendance, en même temps que son nom, pour les surfaces propres et plates, remplies de séparations, catégories et intercalaires, chacune se réservant ou non l'utilisation de certains mots, « ce mot en N.. » dont la part concernée s'est réservé l'utilisation, forcément subversive et discriminante, mot historique et vilain certes, mais éradiqué des livres et des usages secondaires de manière si vaine…
( « ghost writer » ça vous plait davantage ? moi non… et comment appelez-vous cette grosse casserole à panier utilisée pour la friture ? )

On ira bientôt retrouver Blaise vers d'autres horizons…
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Alberto, jeune portugais en exil au Brésil, loge chez son oncle Macedo à Bélem. Sans travail depuis quelques mois, il se retrouve à la charge de son parent qui voit d'un mauvais oeil l'inactivité de son neveu. Profitant du passage dans la ville de Baldino, contremaître d'une plantation de caoutchouc dans la forêt amazonienne, à la recherche de main d'oeuvre, Macedo suggère à Alberto de tenter sa chance. Humilié par la démarche de son oncle, le jeune homme accepte de partir. Après une remontée mémorable du Rio Madeira jusqu'à la plantation « le Paradis », Alberto est associé à Firmino, un mulâtre qui récolte le caoutchouc depuis des années pour le compte de Juca Tristao, propriétaire de l'exploitation. La chute du prix du caoutchouc condamne les « seringueiros » au labeur à vie pour pouvoir rembourser les dettes contractées à l'embauche : prix du voyage, de l'équipement et des denrées alimentaires. Entre la chaleur, la jungle oppressante et la menace des indiens, la vie des « seringueiros » est un enfer auquel très peu échappent. Plongé dans cet univers déshumanisant, le jeune homme perd peu à peu ses repères et se laisse gagner par le désespoir. Ce roman aux descriptions hallucinantes d'un univers totalement hostile à l'homme et d'un réalisme bouleversant s'inspire de l'expérience de l'auteur qui a quitté le Portugal à l'âge de 12 ans pour aller au Brésil y trouver du travail. Engagé comme « seringueiro », il s'est enfui au bout de 4 ans. Blaise Cendrars, séduit par la richesse linguistique et le réalisme de ce roman, décida de le traduire afin d'en faire connaître l'auteur.
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Un pur moment de bonheur à lire dans sa langue originelle le portugais et par défaut dans une traduction soignée du sieur Cendrars Blaise, écriture généreuse, crue, au scalpel, tous les ingrédients du néoréalisme portugais transpirent à chaque page, souffrance, isolement, solitude, rêves irréalisables, vie d'esclave qu'Alberto va partager pendant une année, au milieu de la folle mêlée des troncs, des lianes, des herbes, dans la chaleur écrasante, environné de serpents d'un nombre et d'une variété infinis. A cette existence désespérée, Alberto réussira-t-il à échapper, avant d'être vaincu par la maladie, vaincu par la solitude, par la peur, vaincu par la forêt amazonienne qui n'accepte pas les blessures faites à son flanc par l'homme ...
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La traduction de Blaise Cendrars offre assez souvent, au détour d'une phrase des mots totalement surannés. Roman inspiré des expériences de l'auteur portugais immigré dès l'âge de 12 ans au Brésil, l'écrit laisse trop de place à l'évolution des personnages et ne se concentre pas sur le point de l'Histoire de l'exploitation du caoutchouc. Il n'a pas ni force ni l'exhaustivité de "Seringueros" ("Manaos" titre original) d'Alberto Vasquez-Figueroa ni même de "La révolte des pendus" de B.Traven qui eux, d'emblée se placent sur le plan humain et humaniste de la dénonciation de l'exploitation éhontée de l'homme par l'homme dans les plantations de caoutchoucs pour "Seringueiros" ou dans les latifundios du Mexique pour "La révolte des pendus".
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Voilà un livre qui est un document précieux sur le fonctionnement d'une plantation, à l'époque de la fièvre du caoutchouc en Amazonie. Ce roman, Forêt vierge, illustre la perversité avec laquelle la main-d'oeuvre était exploitée.

Alberto avait soutenu la monarchie lors des troubles politiques qui ont conduit à l'instauration de la république au Portugal. Traqué, il s'est exilé à Belém, au Brésil. le jeune homme est maintenant au chômage et demeure à la charge de son oncle. Celui-ci, qui n'apprécie guère la situation, saisit la première opportunité pour envoyer son neveu travailler dans une plantation de caoutchouc.

Après quelques semaines de traversée à bord du bateau Justo Chermont, Alberto arrive à destination, dans le domaine du Paradis. Étant donné son niveau d'instruction – il était étudiant en droit à Lisbonne –, il s'attendait à intégrer l'administration de la plantation de caoutchouc. le propriétaire, Juca Tristão, n'en tient aucun compte. Il le prend comme seringueiro ; c'est-à-dire récolteur de latex.

Alberto est envoyé à Todos-os-Santos, une parcelle reculée de la concession. C'est sur ce site qu'il va travailler. On lui définit son parcours. Celui-ci est jalonné d'arbres à caoutchouc qu'il doit entailler pour faire sortir et récolter le latex. La tâche n'est pas évidente. Heureusement, il est supervisé par Firmino qui lui enseigne volontiers les bases de cette technique.

Comme la majorité des seringueiros du Paradis, Firmino est originaire du Ceará, dans le nord-est du Brésil. Dans cette région sévissait une sécheresse terrible qui les a fait tomber dans la misère. Pleins d'espoirs, ils ont accepté les offres de travail des exploitants de caoutchouc. Ils pensaient rester en Amazonie le temps de réunir un bon pécule et projetaient de retourner assez vite dans leur village. Une fois sur place, ils ont été confrontés à une autre vie de misère.

Le système de production, au sein de la plantation de caoutchouc, est organisé de telle façon que les gains des ouvriers compensent difficilement leurs charges. Les seringueiros paient un prix démesuré pour leur nourriture, leurs ustensiles et leur matériel de travail. Isolés dans la forêt amazonienne, ils ne peuvent se fournir ailleurs. Leurs revenus sont modiques, car ils sont basés sur le cours du caoutchouc. Et celui-ci a perdu beaucoup de sa valeur depuis que les Anglais se sont mis à l'exploiter. Tant qu'ils ne remboursent pas leurs dettes, les seringueiros ne peuvent quitter la plantation.

Ce procédé d'endettement présente de nombreux avantages pour Juca Tristão, le propriétaire du Paradis. Il a une main-d'oeuvre permanente à disposition. En dépit de la chute du cours du caoutchouc, il dégage de bons bénéfices, grâce à la modestie des rétributions données aux seringueiros. Il n'est pas le seul à agir ainsi. Ce système a été adopté par l'ensemble des exploitants de caoutchouc.

Alberto réalise très vite quel est le sort d'un seringueiro. Il se sent pris en otage. Cela le met au désespoir. Lui le citadin, plus familier des bancs de l'université que de la forêt équatoriale, se retrouve à saigner des arbres ! Il se débrouille d'ailleurs moyennement dans cette tâche. Cela lui attire des ennuis avec les contremaîtres qui ont à l'oeil ce jeune homme cultivé. Il risque en plus sa vie. le seringueiro qui le précédait sur le même parcours s'est fait décapiter par les Indiens Parintintins. L'objectif d'Alberto est de rembourser sa dette. Va-t-il y parvenir ?

Si le système d'exploitation du caoutchouc est si bien décrit dans ce roman, c'est que José Maria Ferreira de Castro, l'auteur, l'a lui-même vécu. À 12 ans, il s'est embarqué pour le Brésil, loin de la misère de son Portugal natal. Pendant quatre ans, il s'est retrouvé à travailler comme seringueiro dans une plantation de caoutchouc. Comme le Paradis, elle était nichée en pleine la forêt amazonienne, sur les berges du Rio Madeira. Il a réussi à s'en échapper.

Lien : https://editionsbarometre.co..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Malgré cette déclaration optimiste, les « seringueiros » se regroupèrent en donnant des signes de profond découragement. Ah, oui, c’en était fait du beau rêve qui les avait entraînés ici. La gomme se dévalorisait. On gagnait tout juste de quoi manger, de se payer, le dimanche, quand ils venaient s’approvisionner au magasin du « Paradis« , un kilo de manioc et autant de viande séchée. Ceux qui à force de travail et de surmenage, réussissaient à se faire octroyer une avance, n’arrivaient pas à la rembourser. La nourriture la plus stricte coûtait beaucoup plus cher que ne rapportait la récolte de la semaine. Il fallait se priver de tout pour se procurer les quelques mètres de toile nécessaires à la confection d’une blouse neuve ou pour arriver à avoir le litre de tafia où noyer son chagrin. Quelle désillusion ! Le retour au village natal, là-bas, dans les plaines du Céara, devenait d’année en année plus problématique. Certains « chemins » ne donnaient pas plus de deux gallons par jour, quand encore ils les donnaient, et il fallait faire au moins deux tournées pour récolter ça ! et à la fin de la semaine on totalisait trois boules de caoutchouc et quelques kilos de « sernamby« , lequel ne valait d’ailleurs presque rien. Et dire que tous ces maudits crétins de bleus, qui débarquaient, s’imaginaient pouvoir faire rapidement fortune et s’en retourner très prochainement chez eux, riches à millions, comme l’avaient fait les premiers colons, les pionniers qui avaient planté leur « boîte à lait » dans les caoutchoutiers sauvages de la forêt vierge. Oh, les imbéciles ! Et les vieux résiniers désabusés méprisaient d’autant plus les nouveaux venus qu’ils devinaient que ces illusions et ces bobards étaient ancrés dans leurs cerveaux, et leur mépris allait jusqu’à la haine.
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Durant son séjour à Bélem, Alberto avait eu le loisir de se familiariser avec tous ces noms évocateurs que les colonisateurs portugais avaient plantés jadis comme des jalons dans ces contrées inhospitalières où ils pénétraient flanqués de quelques pièces d’artillerie et escortés de beaucoup, beaucoup d’ambition.
Ces noms, chers à son esprit et que les âges avaient patinés de fastes et d’héroïsme, lui mettaient aujourd’hui du baume à l’âme. Il y puisait une consolation secrète et comme une revanche de civilisé à l’encontre des Céaréens abrutis et de l’indifférence qu’affectaient à sa condition d’homme éduqué des canailles comme son oncle ou Balbino.
Quand il suivait les cours de l’université, le passé de sa patrie se présentait à lui comme un modèle à suivre, comme une leçon à apprendre et à retenir pour la grandeur de son pays. Les exploits mentionnés dans l’histoire du Portugal, les actions d’éclats de sa race, l’épopée des « descobridores », leur gloire rejaillissaient sur toute la collectivité lusitanienne, étaient un trésor sacré appartenant à tous, et, personnellement, il y puisait beaucoup de réconfort dans l’infortune. Mais depuis son exil, le contact forcé avec les Brésiliens avait encore exacerbé son patriotisme.
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La jungle était maîtresse de tout. L'homme ne comptait pour rien au milieu des feuilles. Il devait se résigner à ne rien comprendre à l'énigme de la végétation qui l'entourait et être prêt à y perdre la vie.
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Indolent, enclin à la vie sédentaire et contemplative, le caboclo, le paysan brésilien, ignore les ambitions qui agite les autres hommes. En Amazonie, la forêt vierge lui appartient -ses immensités, ses solitudes- non par le droit écrit mais par le droit tacite et ancestral du premier occupant.
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Tout l’immense bassin de l’Amazone aboutissait à ce port, qui s’ouvrait sur le restant du monde et où, fréquemment, pénétraient les majestueux transatlantiques de gros tonnage. Venus d’Europe, ils remontaient jusqu’à Manaos, et certains, plus hardis et se fiant à la profondeur du fleuve mystérieux, poussaient même jusqu’à Iquitos. Leur coque de fer, leur sombre couleur et leurs lignes dures contrastaient avec l’élégance native des « gaïolas », dont les deux ponts découverts n’avaient pas un recoin démuni de clous pour y fixer un hamac, propice à la rêverie, à la sieste et au farniente. Tandis que le jet de l’ancre des longs courriers s’accompagnait d’un bruit brutal et impératif, les agiles « gaïolas », entraînées aux haltes fréquentes et imprévues qu’exige le service de cabotage de débarcadère en débarcadère et qui durant tout leur long voyage sur les rivières de l’intérieur sont esclaves des caprices de la sonde, mettaient beaucoup moins de sérieux dans cette manœuvre, et leurs chaînes d’ancre fusaient comme un éclat de rire.
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