Nous sommes à la fin du VIe siècle puis au début du VIIe dans un endroit qui ne s'appelle pas encore la France. Deux femmes, régentes mais reines de fait, s'affrontent en de nombreuses batailles dans une guerre qui durera quarante ans : d'un côté Frédégonde, reine de Neustrie, ancienne servante ayant réussi à se faire épouser du roi Chilpéric, un des petits-fils de Clovis, qu'elle a fait ensuite assassiner, femme dominatrice et vénéneuse. De l'autre Brunehaut, reine d'Austrasie, femme cultivée aux ambitions élevées – fonder un état évolué – mais éprise de vengeance après les meurtres de son époux, de sa sœur et de sa descendance par les soins de sa rivale. Après la mort de Frédégonde, c'est son fils, Clotaire II qui poursuit l'œuvre de sa mère. La victoire de Dormelles, en l'an 600, met la Neustrie et Clotaire à la merci de Brunehaut. Mais la reine fait grâce de la vie à celui-ci et lui concède même un petit royaume. Elle va payer cher sa clémence…
Aux côtés de ces figures historiques, Cavanna a créé les personnages très atypiques de Petit-Loup, colosse à la force hors du commun, de Minnhild, sa minuscule compagne et de Fleur, leur fils. Ces trois-là font partie d'une petite tribu d'Armorique, société idéale selon Cavanna, sans dieux ni Dieu, où filles et garçons sont élevés à égalité et apprennent à lire, où la tolérance est de mise. Ces héros imaginaires vont bien sûr interférer dans l'Histoire, alliés de la reine Brunehaut, tantôt messagers, tantôt protecteurs, tantôt détenteurs d'informations capitales…
Ah ! Voilà une période qui ne connaît pas la douceur de vivre ! Les pirates saxons incendient les villages, massacrent les enfants et les vieillards, violent les femmes, enlèvent les plus «vendables» qui deviendront esclaves ou boucliers humains dans les batailles. Du côté des grands, on n'est pas mieux loti : assassinats, complots, trahisons, sacrifices cruels se succèdent… Heureusement, Cavanna dans un style qui n'appartient qu'à lui, impeccable et tout pétri d'humour, nous gratifie de quelques épisodes burlesques et autres paillardises. Voilà une façon bien sympathique d'aborder un pan généralement méconnu de notre Histoire. Une lecture à la fois ludique et instructive, un vrai moment de plaisir.
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Original de commencer une saga par son dernier tome ! Autant j𠆚i beaucoup apprécié les aspects historiques du conflit entre Brunehaut et Frédégonde, autant j𠆚i été moins captivé par les intrigues de la famille des héros. Je recommande ce roman à tous les amateurs d’Histoire !
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Minnhild reprend conscience. Sa joue ne repose plus sur la poitrine aimée. Sa joue s’écrase sur la dalle humide. Petit Loup ! Ils ont emmené Petit Loup ! De la gorge de Minnhild monte le hurlement de la louve dépossédée. Et puis elle se tait. A partir de ce moment, Minnhild n’est plus qu’une volonté tendue vers ce but : le rejoindre. Où qu’il soit. Dans la mort si c’est là qu’il est. Le rejoindre.
Jeunesse et espoir vont de pair, de même qu'amour et insouciance.
Qui prépare la défaite ne croit pas à la victoire.
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées.
Invité :
François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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