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EAN : 9782330125226
140 pages
Actes Sud (04/09/2019)
3.25/5   16 notes
Résumé :
Au printemps 1947, Marcel Carné et Jacques Prévert ont tourné un ¿lm à Belle-Île-en-Mer, La Fleur de l'âge. Celui-ci s'inspirait de la mutinerie survenue en 1934 dans le bagne d'enfants érigé non loin du Palais, le principal port de l'île. Il y était question d'amours impossibles entre un mutin en cavale (Serge Reggiani) et une riche estivante (Arletty), entre une jeune îlienne (Anouk Aimée) et un innocent mis en cage... De cette nouvelle collaboration, la huitième,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En 1947, Jacques Prévert et Marcel Carné s'associent pour tourner en Belle île en mer un long métrage (intitulé d'abord l'île aux enfants perdus) puis ensuite, La fleur de l'âge) autour d'un fait divers survenu en 1934 dans l'île : la mutinerie d'u bagne pour enfants qui avait pas mal défrayé la chronique à l'époque.

Auréolé des chefs d'oeuvre intemporels que sont "Quais des Brumes" ou "les enfants du paradis", et avec un casting 5 étoiles ( Arletty, Serge Regianni, Paul Meurisse et la toute jeune Anouk Aimé, pas encore en période chabadabesque) , le projet avait tout d'un futur chef d'oeuvre...

Sauf que, si le tournage a bien eu lieu, le film ne verra jamais le jour sur les grands écrans, le film ayant été victime de coups de sort à répétition ( problème avec la production, tempête terrible sur le tournage..) et pire encore les bobines des 25 premières minutes montées à l'époque, qui laissait présager d'un grand film, auraient toutes été égarées et demeurent toujours introuvables à ce jour.

Bref, ce film a rejoint la longue listes des longs métrages maudits, entre l'enfer de Clouzot, le Don Quichotte de Welles ou le Napoléon d'Abel Gance, alimentant les fantasmes les plus fous des cinéphiles !
le narrateur de l'histoire, qui n'est autre que Nicolas Chaudun lui même (qui est éditeur d'art, documentariste et écrivain) va alors entreprendre une enquête à la recherche de ses bobines perdues, et nous raconter le détail de la genèse du film.

Se faisant aider par son ami Philippe Claudel, écrivain et cinéaste ( et qui apparaît particulièrement sympathique), il va entrer en contact avec Anouk Aimée, la seule survivante du projet, qui va peut être lui donner des précisions sur ses fameuses bobines égarées...
C'est parti pour 200 pages sur le cinéma d'après guerre, cette période si particulière où il était essentiel de chasser les démons de l'occupation ( Arletty , dont le rôle sous la guerre fut assujetti à quelques interrogations, en fut un peu les frais), et où le cinéma de Renoir et Duvivier régnait en maître....

On sent que l'auteur connait parfaitement son sujet, il livre des passages très pointus et érudits sur cette période, et même si parfois son roman peut virer dans un coté un peu réac , l'ensemble demeure de fort belle tenue et s'accompagne d'une jolie réflexion sur la transmission par le 7e art ...
Un roman à conseiller mordicus aux cinéphiles !

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Point de départ du livre : en 1934 la mutinerie à Belle-Île d'un centre de détention (appelons les choses par leur nom) pour mineurs délinquants et fortes têtes.
Après avoir passé en revue les diverses politiques de condamnation et répression des mineurs de l'avant-guerre, l'auteur nous exposera la genèse du film de Carné et Prévert, "La Fleur de l'âge", dans le contexte du cinéma français de l'époque. Nous vivrons les conditions calamiteuses du tournage du film qui finalement ne vit jamais le jour.
Le narrateur, qui voue un culte au cinéma français de cette époque, se lance à la recherche des bobines de ce ce bout de film inabouti
Au delà de l'intérêt documentaire pour les cinéphiles voilà un livre à l'intrigue bien menée, souvent drôle et sensible.
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J'avais appris l'histoire de la mutinerie au bagne d'enfants de Belle-Ile en 1934, et celle du film avorté que Carné et Prévert ont voulu faire en 1947, lors de l'exposition à Vannes en avril 2013 des superbes photos de plateau d'Emile Savitry.

Je n'ai pas été totalement séduite par le "roman" que Nicolas Chaudun a tiré de ce naufrage cinématographique, mais j'en attendais sans doute trop.

Les photos de Vannes m'avait déjà appris beaucoup de choses ; j'avais même gratouillé autour pour écrire un article de blog et fournir des liens vers la presse de l'époque et autres sites ; le grand mérite de Nicolas Chaudun est de livrer cette histoire à un public de lecteurs beaucoup plus large que celui des visiteurs d'une expo en province (sans parler de l'audience riquiqui de mon blog !).

En 1934 un fait divers bouleverse Prévert : pour mater la rébellion des jeunes internés de la maison de redressement de Belle-Île, les autorités locales font appel aux habitants et aux touristes. Une prime est distribuée pour chaque fugitif retrouvé... Jacques en fait un poème, La Chasse à l'enfant, et un scénario.

Ce n'est qu'après la guerre que les vieux amis Carné et Prévert pourront concrétiser leur projet de film basé sur cet événement triste et révoltant. Hélas, de mai à juillet 1947, d'incidents en difficultés techniques et financières, le tournage vire à la catastrophe et sera complètement arrêté au bout de trois mois. Cela fait penser à L'Enfer de Clouzot... Sauf que cette fois on a complètement égaré et jamais retrouvé ce que Marcel Carné avait finalement sauvé et monté une dizaine d'années plus tard.

A mon goût, la part de fiction que Nicolas Chaudun a choisi d'introduire est un peu faible (en quantité et qualité) par rapport à la vraie richesse de la part documentaire de son ouvrage.

Dans la peau d'un enquêteur lancé sur la trace de quelques bobines de rushes montés que Carné aurait "égarées" mais dont plusieurs témoins ont certifié l'existence, il part à la recherche des rares survivants de l'époque du tournage. le choix est restreint... à Anouk Aimée, 17 ans en 1947. Une chance pour le cinéphile-détective tombé en amour en 1966 pour la Femme d'un Homme (la digression sur le film de Lelouch est savoureuse même si elle est un peu hors sujet !). D'abord la rencontrer, la faire parler du tournage... Comme son personnage, l'auteur sera un peu mortifié de la distance que la toujours belle actrice met avec son interlocuteur. Dans les Remerciements, il écrit : " Qu'Anouk Aimée me pardonne de l'avoir accablée du poids d'une responsabilité qu'elle n'a jamais endossée, de mes immixtions de pure fantaisie dans sa vie privée, et qu'elle soit remerciée de l'aide qu'elle a bien voulu m'apporter, au début, tout au moins. "

Si je n'ai pas été prise par surprise par le sujet de L'Ile des enfants perdus, les nombreux détails sur la préparation du projet de film, puis le tournage, même écourté, m'ont passionnée et appris beaucoup de choses sur le cinéma de l'entre-deux guerres et de l'Occupation, le moment charnière après guerre où tout va basculer avec la Nouvelle Vague et faire oublier nombre de chefs-d'oeuvres (et navets) que Nicolas Chaudun nous remet en mémoire. Les portraits des divers protagonistes du tournage (réalisateur, scénariste, acteurs, techniciens, et même figurants !) sont fouillés ainsi que pour les plus importants, leur vie personnelle et professionnelle. Celui d'Arletty à une période dramatique de sa vie (l'Epuration) est formidable, plus encore à mon avis que celui d'Anouk Aimée. Pour moi c'est elle la vraie héroïne du roman. Ou alors Marcel Carné ? Jacques Prévert ? Leur amitié-collaboration est émouvante, même quand elle se termine sur cet échec.

J'ai été un peu sévère au début de ma chronique. Ce livre est une mine de plaisirs pour les fanas de cinéma, et... les amoureux de Belle-Ile-en-Mer. J'espère que les vrais cinéphiles (aux rangs desquels je ne me range pas) ne seront pas déconcertés par la mention "roman" sur la page titre du livre : je me répète, la partie fiction n'est pas prépondérante, et facilement identifiable du reste.

Lien : https://tillybayardrichard.t..
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À la fin du mois de juin 1948, des baraquements sont créés à Haute-Boulogne situé à quelques pas de la citadelle à Belle-Île-en-Mer, qui sont devenus dès le 21 septembre de la même année, par décret du Ministre de l'intérieur, le dépôt de Belle-Île-en-Mer et qui s'est transformé en une colonie pénitentiaire avant de devenir une institution publique d'éducation surveillée pour enfants indisciplinés. Un lieu où la rigueur prévalait et où les punitions corporelles étaient monnaie courante. le lieu est demeuré célèbre pour sa révolte survenue en août 1934, suite au décès d'un garçon, roué de coups pour avoir mordu dans un morceau de fromage avant de manger sa soupe. Profitant des échauffourées au sein de l'établissement, une cinquantaine d'enfants sont parvenus à fuir. Alertée, la presse s'est naturellement emparée de ce fait divers et, par le truchement d'articles, a provoqué un émoi général, dénonçant des conditions inhumaines de détention. Au printemps 1947, le réalisateur Marcel Carné et son scénariste Jacques Prévert sont allés dans la région, afin d'y tourner « La fleur de l'âge » ou « L'île des enfants perdus ». Il devait y être question de la susdite révolte au bagne, mais également d'une histoire d'amour entre Serge Reggiani et Arletty, Anouck Aimée et un mutin. Par les faits d'un hasard qui induit souvent fort mal les choses, le projet a été abandonné, alors que les premiers bouts avaient été montés et montrés à un panel de connaisseurs. Un long métrage prometteur selon plus d'uns. Aujourd'hui, que reste-t-il de cette aventure, hormis quelques photographies qui témoignent de la volonté de concrétiser le script ? Rien, sinon des souvenirs ! Tous les rushes ont disparu. Malchance ? Torpillage ? Il s'est enfin avéré que cette galère a entraîné la rupture des maîtres-d 'oeuvre. Marcel Carné se repliant sur des thèmes de seconde zone et Prévert abandonnant progressivement les plateaux de cinéma. Nicolas Chaudin nous propose une enquête palpitante, en partant à la recherche des bobines perdues, stimulé par de maigres indices et énormément de fausses pistes. L'opportunité surtout de remonter à l'âge d'or du septième art français, qui se pratiquait alors en noir et blanc et qui basait ses succès sur une kyrielle de comédiens célèbres.
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Plus une étude qu'un roman, ce livre relève d'une enquête sur le non-accomplissement d'un film qui devait être réalisé par la collaboration du tandem Carné-Prévert en 1947, à qui le cinéma français doit quelques chefs d'oeuvres.
Les rushes de ce film qui ne verra jamais le jour, sont tournés en 1947 à Belle-Île en mer avec Arletty, Reggiani et Anouk Aimée qui en sont les vedettes. le sujet s'inspire d'une mutinerie qui a eu lieu dans le bagne d'enfants à Belle-île (colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne) en aout 1934. a notre déshonneur, ce type d'établissement fleurit en France durant le XIXème. En 1936, un autre soulèvement a lieu à Boulogne-Billancourt où 10 jeunes filles pupilles se sont évadées d'une « maison de redressement ». En 1937, la martyrologie perdure, un jeune homme Roger Abel meurt à la suite de mauvais traitement dans la colonie d'Eysses (Lot et Garonne). Sensibilisé par le sujet, Prévert écrit un poème Chasse à l'enfant p33, qui dénonce la maltraitance infligée à ces jeunes, orphelins et abandonnés, démunis de tout.
En 1936, durant le gouvernement du Front populaire de Léon Blum, fut créé un sous-secrétariat d'Etat chargé de la protection de l'enfance. Suzanne Lacore y a exercé cette fonction durant un an. Prévert et Carné qui avaient déjà l'idée de ce film en tête, s'adressent à elle p60. Sans succès. En 1937, le ministère de l'intérieur interdit tout film dont le scénario fait miroir des tensions de la société française ; en 1938, la censure interdit le tournage du film, puis arrive 1939. A la libération, les gens du spectacle ont subi une forme d'épuration, dont Arletty (Léonie Bathiat) fut une victime (il faut bien le dire). Amoureuse elle était, pas collabo ! de sa phrase devenue célèbre : si mon coeur est français, mon cul lui, est international, elle résume bien l'ambigüité des mises à l'écart, à quoi de vrais coupables ont échappé.
En 1945, à l'éloge du film les enfants du Paradis, le couple Carné-Prévert se rengorge. 1946, nouveau projet, nouveau titre : La fleur de l'âge, mais rien ne va. Les caprices du ciel, des disputes, des grèves, des accidents… le sort s'acharne. P133 « Chacun se le tint pour dit : La fleur de l'âge était un film maudit ».
Comble de malédiction, les bobines du chef-d'oeuvre inachevé disparaissent… ainsi le narrateur, dont le style est assez pompeux et présomptueux, nous immerge dans sa maitrise du cinéma des années d'avant ou juste après guerre, dont j'ai eu le plaisir de faire une bonne révision.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle [Anouk Aimée] habite à Montmartre une petite maison toute simple, toute blanche, en cela comparable à celle d'Arletty, sur la plage de Donnant. Un jardin dense et hirsute la protège des assauts de la rue comme il ferait de l'embrun. Elle se dresse, enfin si l'on peut dire, elle se hisse hors de terre, cette maisonnette, non loin de la fontaine miraculeuse au clair débit de laquelle saint Denis aurait lavé le sang de sa caboche sauvagement décollée. Ses bourreaux, les flemmards, avaient renoncé à gravir les raidillons de la butte jusqu'au temple de Mercure, lieu désigné du supplice, et l'avaient décapité là, à mi-pente. Nullement offensé, le bon évangélisateur de Lutèce avait ramassé son chef, l'avait baigné dans l'eau pure, puis avait repris sa marche, sa tête entre les mains toujours, celle-ci roulant des yeux, prêchant de-ci de-là d'entre les doigts, pour ne s'affaler qu'à plusieurs lieues au Nord, dans la plaine qui porte aujourd'hui son nom sacré...
Outre le patronage du saint céphalophore, la maison d'Anouk jouit du voisinage de celle de Dalida.
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Le cinéphile de 30 ans vous émunerera sans hésitation les productions des trois dernières années,le nombre d'entrées de chacune, es effets spéciaux- la oui, les effets spéciaux. De surcroit, il fredonnera de bon coeur Gainsbourg ou les Kinks, courra à Londres visiter l'expo Pink Floyd et se ruinera pour un strapontin à l'ultime concert des Stones, ce qui au passage, en fait le compagnon de sortie idéal de son père voire du père de celui ci, preuve indiscutable d'appréciation rétrospective!
Pour autant, Murnau, Capra, Mankiewicz, De Sica, Kurosawa, ces noms là ne lui disent rien : il ne conçoit tout simplement pas de culture cinématographique.
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Les cinéphiles connaissent le naufrage de l'enfer de Clouzot, un chef d'oeuvre inachevé qui précipita son auteur dans la shziophrénie. Et bien d'enfer, Carné eut aussi le sien!
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Il est vrai que je suis tombé instantanément amoureux d'elle la première fois que j'ai vu "Un homme et une femme". Ne pas tomber amoureux d'Anouk Aimée , c'est être un fat. Un ballon de testostérone sans soupape ni thermostat. Se suspendre à son vol, ample et silencieux, enivre de mélancolie. Sa bouche vous remémore des livres ; son regard vous annule... Pour une caresse de ses cils, Pompée aurait déposé les armes au plus fort des batailles.
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A sa suite, les jeunes premiers et les starlettes cabotinaient selon leurs propres arguments. Martine Carol s'essayait avec conviction au statut de sex-symbol. (…) Aigrette boudeuse, elle promenait sa gorge prodigieuse de la plage de Donnant à celle des Cormorans. Pas question de l'avoir, cette gorge, « bronzée comme du yaourt », grasseyait la presse spécialisée de l'époque. Ni le reste ! Martine chérie se baignait donc à poil sous l’œil chassieux des marins pêcheurs, moins enclins, soudain, à prendre la mer. Les épouses tiquaient, forcément. Des mégères s'invectivaient sur les marchés, des couples s'écharpaient dans les chaumières. On imaginait de ces sauteries, faut dire ! Martine, que les rombières dessalées tenaient pour une saucisse de baraque à fritz, enflammait les consciences. Qu'elle parut en short à pinces et revers très hauts sur la cuisse, et, déjà, ce n'était que ricanements d'hyènes. Imaginez nue !
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« le Brasier », de Nicolas Chaudun, c'est à lire en poche chez Babel.
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