Si mon dernier Bukowski m'a comblé, je n'en dirai pas autant de Chessex. Quelle déception ! Bien sûr, l'écriture tranchante comme un scalpel taille toujours dans le vif de la plaie, mais l'intrigue, cette fois, ne me semble vraiment pas à la hauteur. Cette histoire de secte avec messes noires, mêlant le sacré et le sordide est compliquée à souhait. On a du mal à suivre l'évolution des personnages, même si on sent bien ce qu'a voulu dénoncer Chessex. Ces petites vies étriquées, bourgeoise, trouvant n'importe quelle déviance pour se sentir exister, avec l'accord des religieux, dans les recoins perdus de la campagne vaudoise. Mais, là, ça ne prend pas ! On s'englue dans de la provocation gratuite. Salir une vierge par la traînée de sperme d'un vieux septuagénaire ne suffit pas à faire un roman. Chessex nous avait habitué à beaucoup mieux !
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Je me suis réfugié dans Virginia. Dans ses plis chauds, dans sa douceur, sa voix humide. Un refuge ? Avouez plutôt que vous l'avez pervertie, voyous, toi et ton frère. Dites-nous que vous l'avez excitée, que vous l'avez gobée comme un oeuf frais, comme une huître toute ouverte à vos bouches goulues.
Vous le paierez très cher, Franz Aschenbach. Je vous surveille. Je vous ai surpris par tous les temps, j'ai vu votre barbe tressauter à vos prières et vos filles s'agenouiller devant votre valet. L'estrade de votre grange sue les hosanna et le sperme, Aschenbach et toutes les larmes de vos coupables ne laveront pas ces planches souillées devant le regard de l'Eternel.
Payot - Marque Page - Jacques Chessex - Le dernier crâne de M. de Sade