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sur 4805 notes
Les challenges littéraires me permettent souvent de sortir des livres qui trainent dans ma PAL depuis très longtemps, des livres que j'ai parfois acheté sur un coup de tête et dont je repousse toujours la lecture. Et une fois la lecture achevée, on se demande toujours pourquoi on ne l'a pas lu plus tôt !

La petite fille de monsieur Linh est un roman magnifique pour lequel j'ai eu un vrai coup de coeur. On y fait la connaissance d'un vieil homme qui quitte son pays en guerre avec sa petite fille. Il veut lui offrir une vie meilleure, loin de tous ses dangers. Ils embarquent donc tous deux dans un bateau pour un pays qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne parlent pas la langue et ou tout leur est étranger. « Il n'oubliera jamais la saveur muette de cette première soupe, avalée sans coeur, alors qu'il vient de débarquer, qu'au-dehors il fait si froid, et qu'au-dehors, ce n'est pas son pays, c'est un pays étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps qui passera, malgré la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le présent. »

C'est un magnifique roman, très court mais pourtant tellement puissant. C'est avec beaucoup de pudeur que ce monsieur Linh se confie à nous, nous raconte sa vie dans son pays où il a perdu sa femme, son fils et sa belle-fille. Il nous raconte également sa nouvelle vie dans ce pays qui lui semble étrange. « Il demande ensuite à la jeune fille son prénom. "Sara", répond-elle. Monsieur Linh fronce les sourcils. Il ne connaît pas ce prénom. "Et que veut-il dire, ton prénom ?" s'inquiète-t-il. "Il veut dire Sara, Oncle, c'est tout. Rien d'autre". le vieil homme hoche la tête. Il se dit qu'un pays où les prénoms ne signifient rien est un bien curieux pays. »

L'écriture de l'auteur est magnifique et le roman tellement touchant. La fin m'a surprise, je ne m'y attendais pas et justement malgré la tristesse de l'histoire j'ai aimé cette chute totalement inattendue. Ce n'était pas ma première rencontre avec Philippe Claudel mais ce n'est sans doute pas la dernière.
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Et si c'était la surenchère de laideur, de violence, de population déplacée et de guerre que j'absorbe chaque jour depuis des lustres qui ont fait que ce roman m'est apparu saturé de mièvrerie ?
L'auteur n'en est pas le responsable, mais comment m'apitoyer sur le récit de ce Monsieur Linh qui a tout perdu, sa maison, son pays, ses enfants, à qui il ne reste que sa petite fille alors que dans le monde me sont relatés quotidiennement des faits similaires, bien réels ceux-là.
De l'Ukraine à la Libye en passant par l'Arménie et la Palestine, ce n'est que désolation, persécution et souffrance.
Des « Monsieur Linh » par milliers sont arrivés par bateau, en train ou à pied et vont finalement errer dans des pays qui ne veulent pas d'eux.
Comme dans le roman, ils vont vraisemblablement rencontrer des centaines de « Monsieur Bark » qui à la vue de cette détresse humaine vont culpabiliser que leur gouvernement ait déstabilisé leur régime ou d'avoir eux-mêmes prit les armes pour aller les abattre chez eux comme on leur a ordonné de le faire.

C'est intéressant de ne pas savoir d'où vient Monsieur Linh et dans quel pays il débarque avec sa petite fille très sage, trop sage même, trop silencieuse, traumatisée surement, trophée d'un peuple détruit.
Ce mystère confère un côté universel à cette histoire. Ce sympathique Monsieur Bark est Monsieur Tout-le-monde avec un passé de guerrier repenti qui a eu la vie dure. Ce pauvre homme cassé, seul, a perdu sa femme juste avant la retraite.
Malheureusement, la retraite n'a pas le même sens dans tous les pays de cette terre.
Pour certains c'est une pause méritée pour d'autres c'est un exode forcé.

Maintenant, c'est gentiment à la mode de faire des marches de la solidarité par dizaines de kilomètres à grand renfort médiatique mais commençons par arrêter de marcher sur la tête. Ces démarches à mon sens ne sont que des cautères sur des jambes de bois et ne font plaisir qu'à notre égo.

Et si je m'étais trompé, qu'en définitive, ce roman était une fable et que ma fièvre est montée sans raison à échafauder des parallèles contestables ?

Et si la fin était tragique mais poétique, et si Monsieur Linh était allé boire à une source ?
« On raconte que son eau a le pouvoir de donner l'oubli à celui qui la boit, l'oubli des mauvaises choses. Aussitôt qu'il l'a bue, sa mémoire devient légère : ne restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan. »

Et si c'était un rêve et en aucun cas une « rave » ?


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Magnifique et époustouflant ! Ce roman écrit avec une grande sensibilité à la manière d'un conte, est immuable, suspendu dans le temps : ni dates, ni lieux, et qui nous relate la poignante histoire d'un réfugié… Un vieil homme qui a tout perdu là-bas, dans son pays aux mille parfums à cause de la guerre, et qui se retrouve seul, accompagné uniquement de sa petite fille, et égaré dans un pays froid et hostile dont il ne parle pas la langue.
Le déroulement du récit dépeint avec admiration sa solitude, ses souvenirs, sa nostalgie, son deuil, sa tristesse infinie pour les siens mais jamais son désespoir. Pour lui l'espoir fait vivre par l'attachement et l'amour profond d'un grand-père envers sa petite fille et, aussi par la naissance d'une grande amitié, aux bonheurs simples et attentionnés, entre un vieillard et un vétéran qui ne parlent pas la même langue et se comprennent au-delà des mots. On se laisse prendre par la singularité des personnages et on finit par se passionner pour cette étrange amitié.
C'est un récit plein de poésie, riche en métaphores. le déroulement final est inattendu ; ce qui fait la force et la volonté de l'auteur de terminer son oeuvre par un dénouement pour le moins surprenant………
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En commençant la lecture de ce court roman, je ne pensais vraiment pas être prise par tant d'émotions... mais quelle surprise !! Plus j'ai avancé dans la lecture et plus je me suis attachée au personnage de Monsieur Linh : un vieil homme qui se retrouve en exil dans un pays dont il ne parle pas la langue pour échapper à la guerre dans son pays. Dans ses bras, sa petite fille qui l'accompagne partout et qui lui donne l'espoir et la force de continuer.
Sa rencontre avec Monsieur Bark dans cette nouvelle ville inconnue de lui est également très forte et très émouvante.
De plus, l'auteur a écrit cette histoire avec beaucoup de poésie, ce qui fait de ce livre une véritable oeuvre. J'ai adoré.
Je le recommande vivement car il est tout simplement : MAGNIFIQUE !
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Rares sont les récits d'une telle envergure qu'il m'ait été donné de lire en si peu de pages. Je viens de découvrir la plume de Philippe Claudel, et n'ayons pas peur des mots, La petite fille de Monsieur Linh est un chef d'oeuvre dans le genre. Une histoire simple avec des mots simples certes, mais pas que...
Pourquoi en tirer de telles éloges me direz vous ? Il faut l'avoir lu pour comprendre, enfin je le crois...
Une rencontre : Deux hommes échorchés par la vie ; Monsieur Linh ayant fuit son pays en guerre, emportant avec lui la seule personne qui lui reste à chérir, sa petite fille Sang Diû et Monsieur Jack, désespérément seul depuis le décès de sa femme, lambinant sa solitude comme on traîne une valise trop lourde.
Au cours de leur sortie journalière au jardin public, la rencontre de ces deux protagonistes, ne parlant pas la même langue, va bouleverser le cours de leur existence. Cette amitié timidement naissante va très vite leur devenir aussi indispensable que l'air qu'ils respirent.
On pourrait reprocher à l'auteur le silence de la petite Sang Diû qui, tout au long de la lecture semble presque trop sage. Mais passé outre ce détail, voila une très belle description de l'amitié entre deux êtres qui, perdus dans un monde lancinant, n'auront de cesse de se retrouver envers et malgré tous les obstacles.
Philippe Claudel nous livre un magnifique message de fraternité. L'émotion gagne le lecteur et ce, jusqu'à la dernière page où l'on tremble...
Un récit court, simple, bouleversant, tendre et brutal à la fois, poétique et tellement humain, de ceux que l'on n'oublie pas...
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Le paradoxe est là : une histoire simple, peu de personnages, on se laisse emmener, souriant, attendri ; et puis le sourire, peu à peu, se transforme en grimace et on pleure.
La description de M. Linh et son ami, est extraordinaire de précision, de subtilité.
Le style est agréable, doux, fluide. Ce roman se lit d'une traite, sans effort... mais il secoue !
Un vrai chef d'oeuvre qui émeut, fait réfléchir, change notre vision sur pas mal de choses.
Bref, un petit bijou d'humanité et un hymne à l'amitié
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Je ressors de ce livre avec l'impression que quelqu'un m'a raconté une histoire d'une voix douce. L'impression de sortir d'un rêve. de ce roman ressort une douceur rêveuse. L'écriture est comme un poême suave.
J'ai adoré...
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Monsieur Linh quitte son pays en guerre sur un bateau .
Ils sont tous morts derrière lui.
Il emporte une valise avec des vêtements usagés, un sac de toile avec une poignée de terre de son pays et...son plus précieux trésor : sa petite-fille, un tout petit bébé nommé Sang Diu, matin doux.
Le voyage dure longtemps.
Arrivés dans une grande ville, il est recueilli dans un centre d'accueil et ne peut s'empêcher de sortir en suivant un trottoir de peur de se perdre.
Sur un banc, il rencontre un habitant bien triste, veuf depuis peu , monsieur Bark avec qui il va lier une amitié bien qu'ils ne se comprennent pas.
En le relisant, j'ai découvert que certaines scènes sont plus intenses que celles que j'avais en mémoire comme la tristesse du veuvage de Monsieur Bark, la volonté farouche de Monsieur Linh de se raccrocher à quelqu'un ou à des lieux un peu connus, cette constatation que Mr Linh est décidément trop âgé pour quitter son pays que j'ai imaginé être le Vietnam pour les consonances des noms.
Et puis il y a cette surprise finale que je n'avais pas du tout vu venir.
Décidément Philippe Claudel a une écriture envoûtante, empreinte d'empathie envers les personnages du roman.
Une belle initiative de relire ce court roman qui m'avait laissé une forte impression quand je l'ai lu pour la première fois bien avant que je ne m'inscrive sur Babelio.
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Philippe Claudel nous raconte une histoire simple. Il choisit de suivre pendant quelques jours monsieur Linh, un vieil homme exilé confronté à un environnement hostile. Hostile parce qu'il n'en comprend pas la langue, les codes ou n'en reconnaît pas les senteurs. Pour continuer à vivre, monsieur Linh se raccroche aux souvenirs de ce pays qu'il a dû quitter, puis aux rencontres avec un homme seul qui devient rapidement son ami alors qu'il ne comprend pas ce qu'il lui raconte.

L'auteur évoque avec tendresse ce pays à tout jamais perdu. On ne saurait nier que c'est triste mais sans aucun pathos.


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Parfois, dans les boîtes à livres, on y découvre de jolis trésors…
Publié aux éditions Stock en 2005, puis aux éditions le Livre de Poche en 2007, » La petite fille de Monsieur Linh « de Philippe Claudel est un songe à l'amour et à la tendresse, sous une écriture poétique et épurée.
Lorsqu'il débarque un peu perdu et hébété sur ce continent inconnu, Monsieur Linh sert dans ses bras, sa petite-fille, Sang diû.
p. 10 : » L'enfant est sage. C'est une fille. Elle avait six semaines lorsque Monsieur Linh est monté à bord avec un nombre infini d'autres gens semblables à lui, des hommes et des femmes qui ont tout perdu, que l'on a regroupés à la hâte et qui se sont laissé faire. »
Placés dans un centre d'accueil provisoire, Monsieur Linh et Sang diû cohabitent avec d'autres familles. D'un naturel très discret et introverti, il reste enfermé dans son coin avec l'enfant. Elle est tout ce qui lui reste ; la fille de son fils.
p. 17 : » La petite ne se révolte pas. Elle ne pleure jamais, ne crie pas davantage. C'est comme si, à sa façon, en réprimant ses pleurs et ses désirs impérieux de nourrisson, elle voulait aider son grand-père. C'est ce que pense le vieil homme. «
Mais les journées lui semblent longues, enfermés ainsi. Il se dit que la petite aurait besoin de prendre l'air. Alors il quitte le centre et brave le froid, à la découverte de ce paysage si différent ! Les voitures, les gens, la langue… il est complètement perdu dans cette ville immense !
p. 34 : » Il n'a jamais faim. Il serait seul, il ne mangerait pas. D'ailleurs, s'il avait été seul, il ne serait même pas là, dans ce pays qui n'est pas le sien. «
Il décide de s'asseoir sur un banc, près du parc, pour se reposer un moment. Un gros homme s'y trouve déjà. En l'apercevant, ce dernier commence à parler. Mais Monsieur Linh ne comprend pas cette langue. Alors, il l'écoute, patiemment. Puis il le salue et s'en va. Au centre, personne ne lui adresse la parole. Les enfants sont brusques avec la petite Sang diû. le vieil homme lui accorde toute son attention et la rassure.
p. 44 : » Je suis ton grand-père, lui dit Monsieur Linh, et nous sommes tous les deux, nous sommes deux, les deux seuls, les deux derniers. Mais je suis là, n'aie crainte, il ne peut rien t'arriver, je suis vieux mais j'aurai encore la force, tant qu'il le faudra, tant que tu seras une petite mangue verte qui aura besoin du vieux manguier. »
Il retrouve le gros homme le lendemain, assis sur le même banc. Monsieur Bark se présente, et, maladroitement, comprend que Monsieur Linh se nomme Monsieur Tao-Laï. Il lui explique que s'il vient chaque jour ici, c'est pour voir le manège que sa femme tenait dans le parc. Son métier, c'était de donner la joie aux enfants.
Malgré la barrière de la langue, les deux hommes continuent de se retrouver sur ce banc. Une complicité naît, faite de pudeur et de respect. Monsieur Bark se prend d'affection pour la petite. Il trouve ce duo à la fois étrange et attendrissant.
Mais le centre d'accueil était une situation provisoire, comme le lui rappelle l'interprète et la responsable. Il doit se tenir prêt à changer de lieu.
p. 128 : » Pourquoi faut-il donc s'éloigner de tant de choses ? Pourquoi la fin de vie n'est-elle que disparition, mort, enfouissement ? « se demande, lassé, Monsieur Linh.
Sans s'imaginer que c'est peut-être la dernière fois qu'il voit son ami, monsieur Bark emmène le vieil homme et la petite Sang diû voir la mer. Là-bas, il lui fait un aveu terrible. Un aveu qui lui pèse sur le coeur depuis tant d'années…
p. 95 : » Je le connais votre pays, Monsieur Tao-Laï, je le connais… »
C'est un récit terriblement poignant que nous propose Philippe Claudel dans ce roman. Concis, il est empli de non-dits, de silences, lourds de sens. J'ai aimé cette pudeur constante. Bien que ma lecture de ce livre soit tardive depuis sa parution, elle n'altère en rien la puissance des émotions. Il est parfois bon de laisser passer du temps, de découvrir certains livres après le flot médiatique. A découvrir !!!
Lien : https://missbook85.wordpress..
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