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Monique Saint-Come (Traducteur)Gabriel Marcel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782266157858
448 pages
Pocket (13/01/2006)
4.18/5   376 notes
Résumé :
La Vingt-cinquième heure est l'histoire d'un homme, Iohann Moritz, décrété Juif sur une simple dénonciation : incarcéré, il est ensuite reconnu non seulement aryen mais membre de la race la plus pure : celle des Seigneurs !
Embrigadé dans l'armée nazie, Moritz sera successivement traité par les alliés comme un ami, car il a permis l'évasion de soldats français, puis comme un ennemi, sur le simple vu de sa "fiche". Tout cela sans jamais tenir compte de l'homme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
4,18

sur 376 notes
Attention,chef-d'oeuvre!!!Quand je me souviens d'avoir été traitée d'anti-communiste primaire au lycée,autour de ce livre...

C'est l'histoire de Iohann Moritz,martyr dès les balbutiements de la seconde guerre mondiale,parce qu'un pourceau de gendarme voulait pouvoir violer sa femme en toute impunité...ce qui fut fait,car il le dénonça comme juif ...
Pleurez,mes amis,pleurez pour lui,qui a subi sans rien comprendre les multiples transferts de camps de prisonniers,hongrois,allemands,puis allemands dans l'autre sens,qui s'est même retrouvé évadé sans le vouloir!!!reconnu SS ,puis non SS,puis interné par les forces alliées...j'ai en tête de façon assez précise la "pétition"d'un prêtre orthodoxe,auprès des autorités d'un de ces camps,décortiquant les rations distribuées aux prisonniers(nombre de pois chiche,nombre de cuillers de bouillon,nombre de bouts de graisse,nombre de tout,à la suite d'une évaluation sur des milliers de rations dont il a tiré des statistiques),afin de proposer le "nombre" assez exact pour une survie positive des prisonniers,à savoir en laisser assez de valides pour bosser aux tâches,en rectifiant la ration distribuée..Un chef-d'oeuvre d'ironie(je me répète).
En 1949, les américains finissent par le déclarer innocent...sa femme le rejoint,ainsi que ses enfants,et ceux nés des viols,et la fin est terrible:
un photographe chargé de lui faire des papiers "d'identité" ,lui dit
"SMILE",et lui,hagard,que fait-il???
Je crois que ce livre a été "filmé",mais ne l'ai point vu.Je relis ce livre très souvent,quand j'ai envie de pleurer et de penser au parcours hallucinant de Iohann Moritz,mon ami.

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Je ne souhaite pas revenir sur tout ce qui a trait à ce livre. Toutefois, je ne saurais me priver d'une prise de position visant à sonner le glas de la complaisance  : son succès, les origines roumaines de Virgil Gheorghiu, la polémique sur son passé fasciste, sa carrière de prêtre. Ce n'est pas l'essentiel, surtout sachant ce qu'a été l'entre-deux-guerres en Roumanie, où bien d'autres ont pris des positions qu'ils ont été amenés à regretter ou qui ne les honorent.
Les livres bien plus documentés que moi sur le sujet ne manquent pas (Lucian Boia, Alexandra Laignel-Lavastine, et autres). Par contre, ce qui est écrit dans le livre est bien plus ennuyeux.
Je cite Lucian Boia : « Le plus traqué des universitaires de Iași fut Iorgu Iordan. Les étudiants légionnaires voulaient sa tête à tout prix. » (soupçonné de relations étroites avec les Juifs, de communisme et de franc-maçonnerie). Dans le roman de Virgil Gheorghiu, qui est à l'opposée de l'échiquier politique, et par pitié je ne risque pas de croire à la coïncidence, Iorgu Iordan est le nom du colosse allemand psychopathe puis nazi père de Suzanna. le choix d'un personnage principal qui écume tous les camps possibles et imaginables (en passant, on ne risquait guère d'écumer les camps d'extermination, surtout mal en point comme le héros) et qui n'est pas juif est du même tonneau, mais ce n'est pas le plus gênant (enfin, je relève tout de même en passant les personnages de Russes, tous odieux, les Juifs stéréotypés et pour la plupart négativement connotés et je ne parle pas des femmes, des cruches à 90 % (Hilda, Suzanna) ou des intrigantes comme Eleonora West).
Les personnages n'ont aucune psychologie digne de ce nom et ne sont qu'au service de la thèse fumeuse de l'auteur selon laquelle à 25 heures, les hommes se mettent à déporter leurs congénères automatiquement, comme des machines. La philosophie est aussi pauvre que la psychologie et semble essentiellement viser à nier ce qui rend unique la solution finale : le régime nazi (et pas un autre) a tenté d'éradiquer le peuple juif (et pas un autre). Qu'il y ait eu d'autres massacres, d'autres morts, d'autres dictateurs, soit, mais parmi eux on ne relève pas un seul ordinateur, même pas celui qui a mis une raclée à Kasparov aux échecs et qui ne manque donc pas de moyens intellectuels. Pour une raison assez simple : en général, lorsque vous êtes indifférent comme une machine, vous avez autre chose à faire qu'organiser la solution finale. Vous pouvez toujours philosopher sur l'indifférence de certains « rouages » administratifs, et Dieu sait que c'est déjà discutable, mais sans au moins un haut de la hiérarchie haineux, pas de massacre.
Toute cette entreprise pour éviter à Gheorghiu, sous un verbiage plus qu'abondant, la moindre réflexion, mais là je ne peux que supposer, sur ses propres opinions d'extrême droite, mais pas seulement, car les regretter serait bien peu de choses. Encore faudrait-il savoir comment on est arrivé là.
Là-dessus, le message de ce roman est clair : ne comptez pas sur moi pour vous répondre. Ou pire encore : c'était pas Hitler, c'était le démon de minuit vingt-cinq !
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Un grand livre, un chef d'oeuvre envoûtant de Virgil Gheorghiu , qui a donné un très beau film, celui d'Henri Verneuil en 1949.
Dans un petit village roumain de Transylvanie, Iohann est au service d'un prêtre orthodoxe, le père Koruga un homme bon. Iohann Moritz a décidé de partir aux USA et l'espoir de revenir avec l'argent d'un terrain convoité. Il a les billets pour le bateau, mais sa fiancée Suzanna a peur.


Une tension sournoise surgit, un drame familial va l'éloigner à jamais de son projet. le père de Suzanna soupçonne sa fille d'avoir un amant, très violent sa femme finira fracassée, le père est inquiété, par contre il n'est inquiet que pour ses chevaux.


Tout semblait s'arranger pour les amants, Traian Koruga le fils du prêtre avait même offert un terrain. Il ne leur restait plus qu'à échanger les anneaux. C'est le fil macabre du destin qui va se tendre, la vilenie d'un gendarme, épris de Suzanna, va anéantir le couple. Iohann Moritz est dénoncé comme étant un juif. Moritz est alors envoyé en camp de travail . Son épouse, Suzanna, est contrainte de demander le divorce pour conserver la maison et de quoi élever ses fils.


Le déroulement de l'intrigue entraîne le lecteur dans une spirale envoûtante. Dès le premier chapitre un ciel bleu, puis l'orage, la mise l'écart du père, puis le mariage et l'arrestation.
La bonté naturelle de Iohann le positionne dans un espoir sans fin qui peu à peu grandit, puis brusquement la piste suivie s'effondre et inexorablement le trou suivant devient plus profond, l'enfonce encore plus dans une suite de pièges insolubles.


Une vague viendra encore le sortir du faux pas, funeste, l'espoir finira par sombrer une fois encore, et lui le roumain, devenu Juif, va être condamné par le procès de Nuremberg. Comment ?


S'évadant alors, le tatoué vrai juif avec d'autres détenus juifs vers la Hongrie, pays où la vie est moins dure pour les Juifs, est pris pour un espion roumain. Torturé, longuement à l'ombre de la mort, il est ensuite envoyé, en compagnie d'autres travailleurs hongrois « volontaires », en Allemagne. Il a été simplement trahi par ses amis juifs.


Il est sorti du rang par un médecin comme spécimen exceptionnel de pureté de la famille héroïque, lointaine mais pure lignée aryenne de Transylvanie.
Il finit la guerre dans les SS et vient en aide à des prisonniers pour leur permettre ainsi de rejoindre les Américains. le considérant malgré cet épisode comme ressortissant d'une nation ennemie, ceux-ci l'internent avec les prisonniers de guerre. !
Prisonnier des Américains, il sera traduit devant le tribunal de Nuremberg où cinquante-deux nations le déclarent criminel de guerre...


Plongé dans un univers absurde où l'individu broyé par l'administration n'existe plus, où l'idée de bonheur, se perd dans la nuit des temps, Iohann nous renvoie l'image d'une humanité en déroute.
Iohann Moritz est finalement libéré en 1949 soit dix ans après sa déportation, et retrouve son épouse qui a dû fuir la Roumanie il sera comme un météore de bonté pour Suzanna.


Plusieurs fois l'auteur revient sur cette société en déroute où l'humain a été effacé.
Les premiers esclaves était des personnes humaines reliés à une communauté. Les esclaves techniques ces travailleurs sous payés ont été dépouillés de leurs humanité.
Le monde va t-il retrouver sa fraternité. Les grecs ont apporté la cité, les romains les lois et l'Europe ?. Les nations européennes ne devaient elles pas apporter la fraternité et les lumières.
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Ce récit est la terrible et véridique histoire de Iohann Moritz.
Ce paysan roumain est dénoncé comme "juifs", il est alors tour à tour interné dans un camp de travail, torturé par des hongrois et vendu aux allemands par ces derniers.
Après lui avoir fait subir les pires humiliations, les nazis le considèrent comme l'un des leurs et l'enrôlent de force dans les rangs des SS.
Enfin, il épouse une allemande et permet à des prisonniers français d'échapper à leurs gardiens.
A la fin de la guerre, emprisonné par les américains, il est traduit devant la justice et à Nuremberg un tribunal de cinquante-deux nations le déclare criminel de guerre.
Il sera libéré en 1949...Plongé dans un univers absurde Iohann nous renvoie l'image d'une humanité en déroute, d'un homme broyé par son destin. Ce livre est perturbant et tragique, passionnant et révoltant.
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Un roman comme une farce terriblement tragique , cruellement réaliste qui raconte les horreurs de la guerre et surtout de conséquences désastreuses de ce conflit mondial.
J'ai trouvé qu' Iohann Moritz avait beaucoup de similitude avec Candide , comme lui , un être simple qui accumule les calamités , qui enchaîne les tourments et après d'infimes répits, aspiré un peu plus par la spirale calamiteuse de l'absurde qui le broie chaque fois un peu plus. Dans la Vingt cinquième heure, le mal n'existe pas ponctuellement, il est toujours présent et pour un bien dispensé, le pire est toujours récolté dans une société qui se déshumanise toujours un peu plus.
Ce roman qui repose sur des faits historiques, se veut d'abord une fiction philosophique mais il m'a permis de me replonger dans cette Histoire tragique, (La guerre en Roumanie, en Hongrie, les camps de prisonniers mis en place par les alliés…) et donner envie de reprendre , d'explorer et d'approfondir un peu plus ces épisodes tragiques. J'ai lu et compris aussi la position de Tandarica.
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
« De toute ma vie, je n’ai désiré que peu de choses : pouvoir travailler, avoir où m’abriter avec ma femme et mes enfants et avoir de quoi manger. C’est à cause de cela que vous m’avez arrêté ? Les Roumains ont envoyé le gendarme pour me réquisitionner — comme on réquisitionne les choses et les animaux. Je me suis laissé réquisitionner. Mes mains étaient vides et je ne pouvais lutter ni contre le roi ni contre le gendarme qui avait des fusils et des pistolets. Ils ont prétendu que je m’appelle Iacob et non Ion comme m’avait baptisé ma mère. Ils m’ont enfermé avec des juifs dans un camp entouré de barbelés, — comme pour le bétail — et m’ont obligé à faire des travaux forcés. Nous avons dû coucher comme le bétail avec tout le troupeau, nous avons dû manger avec tout le troupeau, boire le thé avec tout le troupeau et je m’attendais à être conduit à l’abattoir avec tout le troupeau. Les autres ont dû y aller. Moi je me suis évadé. C’est à cause de cela que vous m’avez arrêté ? Parce que je me suis évadé avant d’être conduit à l’abattoir ? Les Hongrois ont prétendu que je ne m’appelais pas Iacob mais Ion et ils m’ont arrêté parce que j’étais Roumain. Ils m’ont torturé et m’ont fait souffrir. Ensuite ils m’ont vendu aux Allemands. Les Allemands ont prétendu que je ne m’appelais ni Ion ni Iacob, mais Ianos et ils m’ont torturé à nouveau, parce que j’étais Hongrois. Puis un colonel est venu qui m’a dit que je ne m’appelais ni Iacob ni Iankel — mais Iohann — et il m’a fait soldat. D’abord il a mesuré ma tête, il a compté mes dents et mis mon sang dans des tubes en verre. Tout cela pour démontrer que j’ai un autre nom que celui dont m’a baptisé ma mère. C’est à cause de cela que vous m’avez arrêté ? Comme soldat, j’ai aidé des prisonniers français à s’évader de prison. C’est pour cela que vous m’avez arrêté ? Lorsque la guerre a pris fin et que j’ai cru que j’aurais, moi aussi, droit à la paix, les Américains sont venus et ils m’ont donné, comme à un seigneur, du chocolat et des aliments de chez eux. Puis, sans dire un mot, ils m’ont mis en prison. Ils m’ont envoyé dans quatorze camps. Comme les bandits les plus redoutables qu’ait jamais connus la terre. Et maintenant je veux moi aussi savoir : pourquoi. »
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Les paroles du prêtre Koruga à son fils Traian…


La vie n’a jamais de but objectif, à moins qu’on ne désigne ainsi la mort : tout but réel et véritable est subjectif.

La Société technique veut offrir à la vie un but objectif. C'est le meilleur moyen de l’anéantir. Ils ont réduit la vie à une statistique. Mais : « Toute statistique laisse échapper le cas unique en son genre, et plus l’humanité évolue, plus ce sera, précisément, l’unicité de chaque individu et de chaque cas particulier qui comptera. » (Comte H. de Keyserling)

La Société technique progresse exactement dans le sens inverse : elle généralise tout. « C'est à force de généraliser et de chercher, ou de placer toutes les valeurs dans ce qui est général, que l’humanité occidentale a perdu tout sens pour les valeurs de l’unique, et partant de l’existence individuelle. D’où l’immense danger du collectivisme, qu’on le comprenne à la russe ou à l’américaine. »

Et c'est à cause de cela même, que nous pouvons avoir la certitude que cette Société s’écroulera. Tu en parlais d’ailleurs, toi-même, certain soir à Fântâna. La Société de la civilisation technique est devenue incompatible avec la vie de l’individu. Elle étouffe l’homme. Et les hommes meurent de la même mort que les lapins blancs de ton roman. Nous mourrons tous asphyxiés par l’atmosphère toxique de cette Société où ne peuvent se mouvoir que les Esclaves techniques, les Machines et les Citoyens, exactement comme tu voulais le raconter dans ton livre. Les hommes pèchent ainsi gravement et sont coupables envers Dieu.

De toute notre force, nous agissons contre notre propre bien, et surtout contre Dieu. C'est le dernier degré de déchéance jamais atteint par une Société humaine. Et cette Société périra comme ont péri jusqu’à présent tant et tant de Sociétés au cours de l’histoire, et avant même que l’histoire commence.

Les hommes essaient de sauver cette Société par un ordre logique, alors que c'est cet ordre même qui la tue.

Voilà le crime de la Société technique occidentale. Elle tue l’homme vivant – le sacrifiant à la théorie, à l’abstraction, au plan. C'est là, la forme moderne du sacrifice humain. Le bûcher et les autodafés ont été remplacés par le bureau et la statistique – les deux mythes sociaux actuels dans les flammes desquels est consommé le sacrifice humain.

La démocratie, par exemple, est une forme d’organisation sociale nettement supérieure au totalitarisme, mais elle ne représente que la dimension sociale de la vie humaine. Arriver à confondre la démocratie avec le sens même de la vie, c'est tuer la vie de l’homme et la réduire à une seule dimension. C'est la grande faute, commune aux nazis et aux communistes.

La vie humaine n’a de sens que prise et vécue dans son ensemble. Et pour pénétrer le sens ultime de la vie, il faut employer les mêmes outils dont nous nous servons pour comprendre l’art et la religion : les outils de la création artistique, les outils de toute création. Dans la découverte de ce sens ultime de la vie, la raison n’a qu’un rôle secondaire. Les mathématiques, la statistique et la logique ont le même effet, pour la compréhension et l’organisation de la vie humaine, que pour celle d’un concert de Beethoven ou de Mozart.

Mais la Société technique s’entête à arriver à la compréhension de Beethoven et de Raphaël par des calculs mathématiques. Elle s’entête à comprendre la vie humaine et à l’améliorer par des statistiques.

Cette tentative est également absurde et dramatique.

Avec ce système, l’homme peut atteindre, dans le meilleur des cas, l’apogée de la perfection sociale. Mais cela ne lui est d’aucun secours. La vie même de l’homme cessera d’exister du moment où elle sera réduite au social, à l’automatique, aux lois de la machine. Ces lois ne pourront jamais donner un sens à la vie humaine. Et si on enlève à la vie son sens – l’unique sens qu’elle possède et qui est totalement gratuit et dépasse la logique – alors, la vie même finit par disparaître. Le sens de la vie est absolument individuel et intime.

La Société contemporaine a rejeté depuis longtemps déjà ces vérités et elle se dirige à une vitesse vertigineuse, avec la force du désespoir, vers d’autres chemins. Et c'est pourquoi les flots du Rhin, du Danube et de la Volga roulent en ce moment des larmes d’esclaves. Ces mêmes larmes empliront le lit de tous les fleuves de l’Europe et de tous les fleuves de la terre, jusqu’à ce que les mers et les océans débordent de toute l’amertume des hommes esclaves de la Technique, de l’État, de la Bureaucratie, du Capital.

À la fin, Dieu prendra pitié de l’homme – comme il l’a déjà fait maintes fois. Ensuite – telle l’arche de Noé sur les flots – les quelques hommes demeurés vraiment hommes flotteront par-dessus les remous de ce grand désastre collectif. Et c'est grâce à eux que la race humaine sera sauvée, comme elle l’a déjà été à plusieurs reprises au cours de l’histoire.

Mais le salut ne viendra que pour les hommes qui sont vraiment des hommes, c'est-à-dire des individus. Cette fois-ci, ce ne seront pas les catégories qui seront sauvées.

Aucune Église, aucune nation, aucun État et aucun continent ne pourra sauver ses membres en masse ou par catégories. Seuls les hommes pris individuellement, sans tenir compte de leur religion, de leur race ou des catégories sociales ou politiques auxquelles ils appartiennent pourront être sauvés. Et c'est pourquoi l’homme ne doit jamais être jugé d’après la catégorie à laquelle il appartient.
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- L'amour est une passion, Mr. Lewis, dit-elle. Vous avez dû l'entendre dire, ou au moins l'avez-vous lu vous-même quelque part.
- Mais nous sommes de nouveau d'accord, dit-il. L'amour est une passion.
- Mais vous êtes absolument incapable d'éprouver aucune passion, dit Nora. Et pas seulement vous. Aucun homme de votre Civilisation n'est capable d'avoir de la passion. L'amour, cette suprême passion ne peut exister que dans une société qui estime que chaque être humain est irremplaçable et unique. La Société à laquelle vous appartenez croit justement que chaque homme est parfaitement remplaçable. Vous ne voyez pas dans l'être humain, et par conséquent dans la femme que vous prétendez aimer, un exemplaire unique créé par Dieu ou par la nature - en une seule édition. Chez vous, chaque homme est créé en série. À vos yeux une femme en vaut une autre. En ayant cette conception vous ne pouvez pas aimer.
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Comprends-tu pourquoi ces lunettes me sont si chères ?
C'est avec ces lunettes que j'ai aperçu la première fois ma femme. C'est avec elles que j'ai vu mille et mille belles filles. Avec elles j'ai contemplé des tableaux, des statues, des musées, des villes... C'est avec elles que j'ai regardé le ciel, la mer, les montagnes. Que j'ai lu, des nuits durant, des centaines et des centaines de livres. C'est avec ces lunettes que j'ai vu mon père mourir. Avec elles que je vous ai vu, toi et tous mes amis. C'est avec ces lunettes que j'ai vu l'Europe s'écrouler, et les hommes mourir de faim, être faits prisonniers, torturés, s'éteindre dans les camps de concentration.

694 - [Le livre de poche n° 172, p. 450]
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L'homme se trouvera enchainé par la société technique pendant de longues années. Mais il ne périra pas dans les chaines. La société technique peut créer du confort. Mais elle ne peut pas créer de l'Esprit. Et sans esprit il n'y a pas de génie. Une société dépourvue d'hommes de génie est vouée à la disparition . La société technique qui prend la place de la société occidentale et qui va conquérir toute la surface de la terre, périra elle aussi
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Video de Constantin Virgil Gheorghiu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Constantin Virgil Gheorghiu
La Vingt-cinquième heure (1967), extrait
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