L'ami des beaux jours

« La guerre serbo-croate a duré du 17 août 1991 au 12 novembre 1995. Cinq cents volontaires étrangers auraient servi à un moment donné dans l'armée croate, originaires de trente-cinq pays, tous pour des raisons différentes, soit d'anciens militaires, des militants et même des humanitaires décidant de passer à l'action. Sur ce nombre, il y eut 67 volontaires français, dont 8 furent tués et 20 blessés. du côté serbe, il y eut aussi plusieurs dizaines de volontaires français. » précise Pascal Madonna dans une thèse soutenue à l'IEP d'Aix en Provence en mai 2019.

Ce théâtre d'opération aspire Frédéric en 1992 et trente ans plus tard son ami Sébastien part sur ses traces pour savoir comment s'est achevée la tragédie.

Frédéric et Sébastien incarnent une génération Mitterand qui devient majeure lors de l'effondrement du rideau de fer, rêve d'un monde utopique de paix, et entre à l'université en 1991 quand la Yougoslavie de feu le Maréchal Tito disparait et que les Balkans entrent en guerre intestine.

Etudiants en faculté de Droit à Toulouse, les deux garçons sympathisent vite, nés dans la grande bourgeoisie ils partagent des idées proches, l'un se proclame royaliste, l'autre nihiliste avec « des relents autoritaires des années 1930 ». Ils se battent contre l'UNEF, brassent des idées, fouinent chez les bouquinistes de la rue du Taur, squattent les tables et les terrasses des bistrots de le place Saint Sernin ou Saint Georges et fréquentent les cinémas de la Place Wilson.

Le binôme est séduit par une chargée de cours, Sophie, à peine plus âgée qu'eux, qui se moque des deux arrogants et interpelle leurs proclamations viriles et romantiques. Leurs amours triangulaires marquent à jamais Sébastien qui trente ans plus tard est toujours hanté par la disparition de l'un et la rupture d'avec l'autre.

« C'est au Bibent, café situé à l'angle de la place du Capitole et de la rue Saint-Rome, que se réunissaient avant la Première Guerre mondiale des étudiants serbes qui appartenaient à l'organisation de la Main noire, responsable de l'assassinant de l'archiduc Ferdinand à Sarajevo, en juin 1914. » … nos deux héros sont fascinés par les nouvelles arrivant de Croatie et de Serbie et début 1992, Frédéric s'engage vers la Yougoslavie et disparait.

En 2022, Sébastien part sur les traces de « L'ami des beaux jours » à Vukovar et Osijek où le souvenir des français, et notamment de Jean-Michel Nicolier assassiné le 20 novembre 1991, est toujours honoré « Rođen kao Francuz, umro kao Hrvat » … « né comme un Français, mort comme un Croate ». le romancier apprend que Sophie, devenue magistrat, siège au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, et découvre jusqu'où Frédéric s'est engagé.

Bouleversant roman qui alterne les chapitres entre Toulouse et Osijek, entre Paris et Ankara où Sébastien de Courtois a dirigé l'Institut français de Turquie.

Scénario qui précède de quelques mois celui de « L'ouverture des hostilités » et anticipe l'élan qui pousse des volontaires vers l'Ukraine à l'instar de Wilfried Blériot « il est venu, il a vécu, il est mort » disparu le 3 juin 2022.

« Ce qu'on appelle raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir. » enseigne Albert Camus.

PS : ma recommandation de L'ouverture des hostilités de Christian Authier
Lien : https://www.babelio.com/livr..

L'Ami des beaux jours, une belle oeuvre romanesque de Sébastien de Courtois, qui révèle un écrivain sensible et captivant. Ses mots nous emmènent dans les espoirs et désillusions communes à nos années de formation et ils ne nous lâchent plus jusqu'au point final.
Qu'est-ce qu'écrire ? Tout le monde écrit de nos jours, de manière souvent peu pudique, assez péremptoire et finalement très vaine. Forger un style et charmer, susciter une complicité entre le lecteur et l'auteur, c'est la peut-être la seule raison acceptable pour un romancier, de parler de la matière humaine, cette matière tant de fois remise sur le métier. Sébastien de Courtois possède la distinction de cette « petite musique » comme l'appelait Céline. Et nous les accompagnons ces « pierres vives » si chères à Rabelais, elles ont soif de vivre et de revivre au gré des méandres de la mémoire. Sans pathos inutile, le juste déploiement d'une mélodie, un peu triste parfois, mais qui est finalement une ode à la vie.
le récit est marqué par la maîtrise de ce temps relatif autour duquel nous nous écoulons tous. Saisir le présent, à travers une remémoration de moments passés et dans la cristallisation des désirs singuliers de jeunes gens si proches de nous, retrouver une partie de notre histoire individuelle, c 'est ce que ce roman nous propose. Une fraîcheur émane de la narration et la lecture se déroule au long d'un voyage qui, bien loin d'être mélancolique, est jalonné de voix, amoureuses de l'existence.
Sébastien de Courtois s'interroge et écoute l'Autre. On retrouve cette qualité rare, qui apparaît de manière heureuse dans Chrétiens d'Orient, émission de France Culture dont il est le producteur et animateur. Ecouter une voix sans imposer un ego autant bruyant qu'inutile, lui permettre de se révéler et de se partager. L'auteur sait laisser la narration respirer. Ce silence, qui est ouverture sur la parole, anime, rythme le récit et ouvre des dialogues au travers des années.
le besoin ardent de s'inscrire dans un réel qui s'effiloche, l'amour, l'amitié, ce fourmillement de désirs, colorés par une actualité qui n'est pas encore devenue L Histoire. Ce décors qui ancre les mythes de notre jeunesse. L'Ami des beaux jours est un roman à lire en rêvant, un voyage salutaire pour ralentir la fulgurance oublieuse de notre temps.
Philippe Ledru

Très beau roman d'amitié, d'amour et d'ambitions ratées.

Sébastien, le narrateur, voyage dans le temps se rappelant sa jeunesse, ses études universitaires mais surtout sa rencontre avec Frédéric, dans la France du début des années 90.

Les 2 protagonistes, bien qu'appartenant à deux classes sociales différentes, se lient rapidement d'une amitié intense et partagent des idées, des passions (une femme, la politique et la littérature) et surtout l'ambition de jouer un rôle majeur dans ce monde.
La guerre Yougoslave éclate et bouleverse leur vie. Ils rêvent de la rejoindre, de faire la guerre, de devenir des héros ; Frédéric disparait du jour au lendemain.

Un roman touchant et bouleversant qui nous fait revivre une époque où les jeunes rêvaient encore d'un monde meilleur, où la révolte était un choix possible et où l'amitié et l'amour avaient un goût de liberté et d'inconscience.

A lire absolument.

"L'ami des beaux jours" deSébastien de Courtois se dresse comme un récit captivant et profondément bienécrit, méritant sans aucun doute ses cinq étoiles. À travers une proseenvoûtante, l'auteur nous entraîne dans une toile complexe d'amitié, d'amour etd'aspirations, tout en explorant les thèmes brûlants de la jeunesse, de laguerre, et des choix cruciaux qui forgent nos vies. L'écrituresensible de Sébastien de Courtois révèle les complexités de la nature humaine,tout en nous rappelant la fragilité de la vie et du monde qui nous entoure.
Un roman qui tisse habilement l'émotion et l'intrigue. Sébastien de Courtoisnous offre une expérience de lecture qui laisse une empreinte durable, avec sesthèmes puissants et sa narration habilement construite. Un livre qui méritechaque étoile, un véritable bijou littéraire à découvrir et à savourer.

superbe roman qui nous plonge dans le conflit yougoslave, en fond de relations amoureuses et amicales de jeunes étudiants , avec la fougue, la passion, l'absolutisme qui caractérisent ces franges de vie et le désir profond de croire que l'on peut tout changer et révolutionner avec nos rêves et nos désirs d'un ailleurs meilleur, quand on est encore jeune et immaculé de l'expérience de la vie et de ses souffrances.