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3,64

sur 695 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Thomas est mort, il vient de se suicider. Catherine, son amie de longue date et certainement l'auteur de ce roman, lui rend hommage en relatant sa vie de manière particulière, en s'adressant à lui par le 'tu' et en le faisant parler. le récit s'emmêle donc de je, tu dans une même phrase.
Nous traversons ainsi une époque, dans un milieu intello et cultivé d'universitaires. Beaucoup de références littéraires, cinématographiques, de promenades dans New York, Venise, Paris, de citations diverses en français et en anglais. Je m'y suis profondément ennuyée, je n'ai pas eu d' empathie pour ce Thomas bien malade mais qui a eu de la chance tout compte fait d'avoir des amis aussi présents et attentifs à sa vie.
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Catherine Cusset, penchée sur l'Autre qu'on Adorait, nous guide vers une bien sombre destinée.
Comment peut-on se détruire avec une tel acharnement, flamber pour retomber en poussières, aimer pour finalement haïr?
Voici la question que le lecteur se posera sans doute.
Je me sens à des années-lumière de Thomas Bulot, comme bien d'autres, je n'avais pas grand chose à vingt ans, il avait tout, l'Autre qu'on Adorait.

Celui qui avait cette capacité de séduire les intelligences les plus vives et les plus jeunes , avait aussi cette aura pour élire celle qui émergeait parmi les plus belles, cet homme aux capacités intellectuelles si denses, casse, détruit, harcèle, boit plus que de raison, fume plus que de besoins.

Je ne peux me résoudre à partager les impressions de Cathrine Cusset à la grande Libraire quand elle a parlé de hauts très hauts et des bas très bas.
J'ai bien vu les bas mais pas les hauts.

Ce sentiment d'abandon et de solitude morale c'est Thomas qui progressivement le bâtit à travers ses renoncements et sa quête épuisante d'une nouvelle beauté qui viendrait habiller ses nuits.

De tous les mots de Léo Ferré, Catherine Cusset nous attache à un mirage, sans voir que les mots qui suivent font mouche, car
“ Entre les mots, entre les lignes et sous le fard,
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit...”

Je suis encore et encore à la recherche d'un homme à l'activité exubérante. Pourquoi entretenir ce mythe d'un géant universitaire tombé seulement à cause de sa maladie. N'a t-il pas présumé de ses forces, ou poursuivi un projet démesuré avec l'oeuvre monumentale de Proust

Lisant l'attrape coeur de Salinger, je suis séduit par le vagabondage du jeune étudiant, il est sévère à l'égard de l'Université, chez Thomas il manque ce regard critique qui lui aurait permis de comprendre qu'il n'était pas fabriqué pour vivre dans ce monde là.

Les lectures choisies sont étranges comme le Livre Brisé, où l'alcoolisme a brisé et tué l'épouse de Doubrovsky.
Proust ajoute encore plus clairement, une chose qui tombe en ruine... c'est le Chagrin.

L'implacable descente aux enfers est bien là, c'est le résumé de l'éditeur, le roman de Catherine Cusset s'attache à donner la plus belle image universitaire possible de Thomas entre l'image et la réalité “tu as et le tu es”, c'est un constat de douloureux gâchis universitaire.


Je ressent à la fin comme un goût amer, à ne pas dire, avec un titre plus simple que tous les fils de la vie se casseraient un à un, un doute plane. L'Autre qu'on adorait, quel est-il ? Celui qui a vingt ans ou celui qui se suicide à trente neuf ans

Le Livre affirme par les « tu es ou tu as », je doute de ces vérités sans nuances. Les dégâts de l'alcool sont de plus en plus irréparables, et pas un de ses amis pour exprimer cette chute, la dite maladie est une plongée de plus, sur un tel terrain de dépendance à l'alcool.

Ce récit est cruel, les mots de la grand mère de Proust, dans « du Côté de Guermantes » exprime la mort déjà latente depuis longtemps, au moment de la rencontre tragique avec Nora, « Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu sais que tu vas mourir. Tu le sais depuis toutes ces années où la mort est venue habiter chez toi », cette référence est glaçante ici pour Nora, cruelle pour Thomas, gratuitement cruelle.

C'est un portrait sans concessions, dans le cadre d'une vraie fiction, j'aurais trouvé cette destinée puissante, conduit avec brio avec des mots d'une noirceur sans failles.

S'agissant de la vie d'un ami, je suis saisi d'un malaise, peut-on dresser sa vie d'une façon si cruelle , si noire.
J'aurais aimé alors une plus grande émotion exprimée par l'auteur, un regret de ne pas avoir su trouver les mots avant qu'il ne plonge.
J'ai du mal à partager l'avis de Nathalie Crom, de Télérama sur sa dignité retrouvée, le respect oui, mais pas ce respect inconditionnel qu'il méritait peut être, comment alors parler de la dignité retrouvée d'un ami ?

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Après la philosophie très chouette d'Yves Cusset, j'enchaîne avec le dernier roman de Catherine, la soeur. A peine quelques pages de lues, et quelque chose me dérange. La narration peut-être, la lourdeur d'un « tu » dont on ne sait encore à qui il s'adresse et de qui il émane. Ce "tu", sorte de monologue intérieur, observe, raconte, commente, l'évolution d'un ami, Thomas, qui se cherche dans la vie universitaire américaine sans jamais trouver sa place. Pourquoi n'y parvient-il pas, alors qu'on le distingue parmi les meilleurs ? On ne comprendra que très tard qu'il souffre de troubles bipolaires. Comme ce livre m'avait été prêté accompagné de moult recommandations, j'ai tenu bon, avec peine certes, mais jusqu'au bout ! J'aurais aimé savoir bien avant où Catherine Cusset voulait m'emmener ! Je me suis ennuyée dur parfois ! Mais j'ai tout de même remercié ma persévérance. En prenant du recul, on saisit la profondeur de ce roman, devenu sous nos yeux un discours à la mémoire du disparu, « celui qu'on adorait » et pour qui l'on n'a pas su faire quoi que ce soit. Ce « tu », c'est toi, c'est celui qui se tait désormais, et à qui l'on redonne du sens. Il reste que la narratrice est vraiment trop distante avec son "tu" qui découpe une vie au scalpel (ça me rappelle certains auteurs du Nouveau Roman), que le décor ressemble à une toile de fond en papier carton avec ses quartiers typiquement américain ou parisien... Bref, je reste partagée. Il aurait pu être génial, ce bouquin! Voilà ce que je me dis.
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Catherine parle à Thomas.
Thomas, pour faire bref, c'est un ex.
Un ex de Catherine.
De Catherine Cusset.
Enfin… de la narratrice.
Enfin on ne sait plus ma pauvre Liliane, avec cette récurrente pratique de l'autofiction chez l'écrivain hexagonal du XXIème siècle, on ne sait plus…

Quoi qu'il en soit voilà la vie de Thomas détricotée par Catherine qui remonte le temps à partir de son suicide (celui de Thomas, pas de Catherine). Je ne spoile rien du tout, le roman commence là, au décès de Thomas, point de fuite des lignes de Catherine qui s'enchaînent, aussi denses et intenses que cette quête de reconnaissance où se consumera l'existence de l'imprévisible et flamboyant Thomas.

On sait que Catherine a voulu rendre hommage à Thomas. Seulement voilà, si j'ai pu suivre le garçon avec intérêt, voire compassion, je n'ai ressenti aucune empathie chez la narratrice, et ça, ça me chiffonne sévère.

Ma lecture achevée je ne parviens toujours pas à dissiper le malaise induit par ce récit paradoxal, analyse pertinente d'un point de vue intellectuel mais curieusement indigente sur le plan émotionnel.

La faute peut-être à cet usage méthodique de la deuxième personne. Le Tu qui tue. Qui tue l'intimité en prétendant la créer. Ce Tu déjà déploré chez Sophie Divry* ou Emmanuel Dongala*, artificiel parti-pris à mon sens, qui complique la narration et suscite la distance, plaçant le lecteur en marge d'un dialogue intime dont il se sent exclu. Pire, ce Tu qui s'adresse à Thomas m'est apparu un peu "jugeant", presque accusateur, au mieux maladroit.
Je pourrais en pondre des kilos comme ça sur cet emploi du Tu qui me turlupine mais bon, on ne va pas passer la nuit là-dessus non plus.

Pour en revenir au roman proprement dit, je constate en conclusion que si brillants que puissent être l'intellect et les beaux diplômes de l'auteure, il manque ici pour moi le souffle universel d'une intelligence émotionnelle, autrement dit l'essentiel de ce qui me touche dans la vie en général et dans un livre en particulier.

Je me doute que mon ressenti sera loin de faire l'unanimité, « mais comment qu'elle se la pète la Lolo avec ses grands mots » pourras-tu donc objecter (oui oui, je dis « tu » parce que moi c'est bien à toi que je m'adresse là). Tant pis, j'assume et résume cette antinomie toute personnelle : J'ai dévoré l'histoire de Thomas, j'ai détesté le regard de Catherine.
Voilà.


* La condition pavillonnaire
* Photo de groupe au bord du fleuve


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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J'aime l'écriture de Catherine Cusset par contre il m'arrive de ne pas adhérer systématiquement à sa production romanesque partant toujours d'éléments autobiographiques romancés. Dans les meilleurs des cas cela donne "Un brillant avenir " ou très récemment le délicat " le côté gauche de la plage" et dans le pire " Indigo". "L'autre qu'on adorait" se situe pour moi entre les deux.
Thomas, est grand, beau, très très intelligent et promis à un brillant avenir dans un milieu universitaire où sa parfaite connaissance de l'oeuvre de Proust lui donne une aura qu'il sait utiliser sans complexe. Après avoir été un temps l'amant flamboyant de l'auteure, il restera ensuite un ami fidèle. C'est au nom de cette amitié et à la suite de son suicide à trente-neuf ans, que Catherine Cusset retracera son parcours de 1986, année de son premier échec à Normale Sup à avril 2008, date de sa mort.
Le récit débute sur les chapeaux de roue, brillant mélange d'éléments biographiques, historiques et psychologiques autour de ce séducteur. J'ai été tout de suite accroché, intéressé malgré la forme très personnelle que prend le texte. Catherine Cusset s'adresse à Thomas en employant le tutoiement, signe de proximité, voire de réalité, donnant ainsi une force à son récit mais tenant aussi le lecteur à distance. La description minutieuse de cet univers d'universitaires très aisés, certes sociologiquement et psychologiquement intéressante, envoie malgré tout des signes bien précis d'un monde à part dont, au fil des pages on se sent petit à petit un peu exclu. Thomas, sautant de maîtresses en maîtresses comme dans les nombreux vols aller/retour France/Usa, finit par lasser. Ses amours et sa procrastination autour de sa thèse se font de plus en plus répétitives, ses recherches d'emploi aussi. L'écriture virevoltante de Catherine Cusset, fait que l'on n'abandonne pas son héros, de plus en plus antipathique. On le laisse continuer à disserter ( brillamment ) sur Proust, à acheter ses glaces chez Crébillon, à draguer et baiser divinement des conquêtes et à boire des grands crus. Heureusement vers le dernier tiers, un regain d'intérêt apparaît avec, je pense, le noeud du livre, l'élément sans doute déclencheur de cet hommage posthume. Catherine Cusset avait écrit au début des années 2000 un portrait peu amène de son ami qu'elle avait eu l'audace ? l'honnêteté ? de lui faire lire. En tant que lecteur, un certain malaise naît. Malveillance de la part de l'auteure ? Sentiment de culpabilité ? En tous les cas la réflexion que ce texte a suscité de la part du malheureux a ouvert la porte au roman : " Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure.", phrase plusieurs fois reprise comme une claque dont on ressent toujours l'impact.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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La construction du livre pourra perturbé certains lecteurs. Le prologue annonce le suicide du héros mais on ne comprendra les raisons de cet acte que dans la fin du récit. Le lecteur devra être attentif tout au long du récit s'il souhaite comprendre les raisons de son suicide. Il a des petits défauts dans l'écriture : il y a de nombreux recours à des paroles de chansons (souvent non traduites) qui n'apporte rien et ne sont pas mises en valeur dans le récit ; l'auteur vivant aux USA, elle ne s'attarde pas sur certains détails de l'Amérique qui ne sont peut-être pas familiers du lecteur français ; on notera aussi quelques anglicismes. Le récit est plaisant pour qui s'intéresse au monde universitaire et c'est pour cela qu'il faut le lire selon moi.
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Tout a très bien démarré, une lecture prenante qui serre le coeur, 100 pages lues d'un trait ou presque et un attachement réel aux personnages. Thomas bien-sûr, mais également Catherine qui raconte la vie et la mort de son ami. Thomas, dont on découvre peu à peu la mélancolie, qui alterne les hauts et les bas, se heurte à de nombreux échecs, se soigne à l'alcool et qui reste finalement un adolescent, fou de littérature et de musique : Proust, Nina Simone et l'Amérique. Thomas et sa fêlure, qui finira par l'emporter dans la tombe. Une belle écriture, des mots choisis avec finesse pour ne pas dire volupté. Un roman de l'émotion.

Alors, pourquoi me suis-je réellement ennuyée en deuxième partie ? Que se passe-t-il dans ce texte pour finalement se mordre la queue et revenir sans cesse sur les mêmes errances (un peu comme Thomas) et lasser. Un peu comme si à force de vouloir raconter ce qu'elle a ressenti (peut-être de la culpabilité ?) Catherine Cusset se serait perdue dans le méandre des mots.
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Belle plongée dans le monde difficile des bipolaires...Catherine Cusset nous ôte tout suspense dés les premières lignes mais cela n'enlève rien à l'intérêt du récit au contraire. On cherche évidemment à comprendre comment en est-il arrivé là...mais très rapidement on partage totalement le sentiment d'inéluctabilité dans l'enchaînement des périodes euphoriques et des descentes aux enfers dans la vie quotidienne de ce jeune homme qui avait tout pour la réussir...une lecture parfois assez déprimante mais grâce au talent de l'auteur une vraie empathie émerge dans l'avancement de la lecture. Je ne suis pas certain de pouvoir recommander ce livre aux personnes vraiment touchées par cette maladie, car c'en est une, mais pour ceux qui se sentent parfois un peu bi-polaire , c'est au contraire une lecture fort instructive pour mieux comprendre jusqu'où il ne faut pas aller sans envisager de se faire soigner...
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J'étais attirée par ce personnage tant aimé, très séduisant, homme à femmes et brillant universitaire avec tout ce qu'il faut d'échecs pour le rendre encore plus attirant. Bon, mais je me suis retrouvée à la porte: le livre est très bien écrit, l'auteure y a mis toute son affection, mais tous ces personnages sont entre eux. C'est du moins l'impression que j'ai eue. Une impression qui n'engage que moi, évidemment. Si vous aimez l'Amérique, le canal st Martin, les bandes d'amis bon genre et les êtres un peu compliqués, ce roman est pour vous.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Le prologue plonge immédiatement le lecteur dans la tragédie, Thomas, l'ami de toujours, s'est suicidé. Thomas était brillant, intelligent, charmeur, cultivé, mais tout au long de sa courte existence, il a sabordé sa carrière professionnelle et sa vie amoureuse. Il fut l'amant, puis le meilleur ami de Catherine Cusset qui remonte le temps, non pour le conjurer mais pour mieux l'incruster dans sa mémoire et tenter de mieux comprendre son ami disparu…
C'est un long compte à rebours qui donne beaucoup d'intensité à tous les évènements. Elle reconstitue de la manière la plus minutieuse possible la vie de Thomas, égrenant les différents épisodes de sa vie de façon assez factuelle, s'adressant à lui tout au long du livre. C'est un procédé assez déroutant et même agaçant au départ, mais il faut se laisser porter…
C'est au final un portrait sans concessions de Thomas, évitant toute emphase ou embellissement, Thomas apparait dans toute sa complexité, son charme et ses failles. C'est également une passionnante plongée dans la vie universitaire américaine et le microcosme intellectuel parisien dans lequel évoluait son ami qui n'a jamais réussi à publier un ouvrage sur son sujet de prédilection, Proust, omniprésent dans ce récit vibrant, dont la citation en exergue de L'autre qu'on adorait, éclaire tout le livre :
« Une personne n'est pas comme je j'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regard, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous faisons des croyances nombreuses à l'aide de paroles et même d'actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, un ombre où nous pouvons tour à tour imaginer avec autant de vraisemblance que brillent la haine et l'amour. »
Catherine Cusset porte un regard aigu sur l'amitié, la vie intellectuelle, les dernières pages de L'autre qu'on adorait donnent tout leur souffle à son témoignage, Thomas n'est pas complètement mort, grâce à ce livre intense et fort.
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