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3,64

sur 695 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans ces lignes, la narratrice - d'abord maîtresse puis amie - retrace la vie maniaque, triste, déguindée, désorganisée et remplie d'amour de Thomas qui finit (ou commence) par se suicider. Nous le suivons, nous lecteur, dans ce rythme fou entre hypomanie et dépression ; c'est fatigant, triste parfois mais jamais trop. En effet, le style de l'auteur est précis, presque distant, l'émotion peine à s'entendre. Il me semble que cette distance est aussi celle de la narratrice, jamais trop loin, pas trop près non plus. D'ailleurs, un passage du texte décrivant une interaction entre Thomas et cette dernière le montre bien… Elle ne le comprend pas. Il est inaccessible, replié, exubérant, trop présent ou pas du tout. Thomas échappe, fuit, revient et retourne. Il aime intensément. Se détruit. Est détruit.

Ce livre signe une belle et triste approche de la vie mentale et des troubles psychiques avec une distance que j'ai cependant du mal à comprendre.
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Tout commence par le suicide du personnage principal Thomas, un professeur d'université français expatrié.
On revient ensuite à son adolescence à Paris racontée par la soeur d'un de ses amis de lycée dont il fut l'amant puis l'ami.
La narratrice retrace la vie de Thomas jusqu'à son suicide, de ses études, son installation aux Etats Unis, ses échecs amoureux, professionnels et finalement son incapacité à s'installer dans une vie stable alors que tous ses amis finissent par s'établir.
C'est un portrait sans complaisance d'un personnage peu sympathique par bien des aspects, brillant et plein de vie, mais rapidement insupportable, égocentrique, narcissique, alcoolique et violent, notamment dans ses comportements avec les femmes.
Cela a constitué pour moi un véritable répulsif vis à vis de ce personnage, notamment du fait de la position de la narratrice qui les décrit d'une façon extérieure mais jamais vraiment critique, les justifiant presque, en tout cas ne les qualifiant pas vraiment pour ce qu'ils sont, de la violence envers les femmes.
Aux deux tiers du roman, alors que Thomas semble être arrivé à un point de non retour dans l'enchainement de ses échecs, la question de sa santé mentale est abordée. Sous la pression de ses proches, il va voir un psychiatre et le diagnostic de bipolarité est posé.
En tant que lectrice, j'ai vu alors son comportement d'une autre façon, comme les symptômes et les effets de sa maladie. J'ai pu éprouver plus d'empathie pour ce personnage.
Finalement ce que ce livre nous raconte, c'est aussi la relation aux amis et cette difficulté de comprendre ce qui leur arrive, y compris la maladie mentale ou leur violence et l'impuissance, l'incapacité à les aider.
Ce livre se lit facilement, on retrouve le style fluide de Catherine Cusset, mais j'ai quand même eu beaucoup de mal avec ce personnage et la position de la narratrice.
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Alors que l auteur explique comment et pourquoi, son amant, puis ami de toujours a fini par mettre fin à ses jours, on entre dans l intimité de leurs relations, riches d'échanges, de littérature, de sentiments, du dit et non dit... le style nous emporte même s il y a souvent dans ce récit le cercle vicieux de la bipolarité du personnage qui rend répétitifs certains passages de son existence entre succès et échecs . C est une plume qu'on aimerait avoir en même temps que la qualité des rapports entre l auteur et son défunt ami .
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Sentiments mitigés et léger malaise après la lecture de L'autre qu'on adoraitCatherine Cusset nous raconte la courte vie de son meilleur ami Thomas, jeune universitaire qui se suicida à l'âge de 39 ans après des années d'échecs sentimentaux et professionnels.
Alors certes, elle explique cette spirale de l'échec par la maladie, puisque Thomas découvre tardivement qu'il est bipolaire, bien trop tardivement pour être soigné efficacement et redresser la barre de sa vie.
La maladie donc, mais est ce une excuse pour présenter son meilleur ami comme un loser? Quel drôle d'hommage....
Catherine Cusset nous raconte que, quelques années auparavant, elle avait, dans un projet de livre qu'elle lui avait fait lire, écrit un portrait très cru de Thomas et qu'il en avait été profondément choqué et blessé, lui reprochant d'en être resté aux apparences et de n'avoir pas vu que derrière tout cela il avait une « vie intérieure ».
Mais au fond, dans ce roman, ne reprend elle pas exactement les mêmes termes que dans l'ébauche qui avait tant peiné Thomas des années plus tôt?
Je n'ai pas ressenti d'accès à sa vie intérieure. A sa grande souffrance oui mais la souffrance n'est pas à elle seule la vie intérieure....
Par ailleurs l'écriture de Catherine Cusset est très agréable, quel plaisir de se promener avec elle dans les rues New York, sur les plages du Connecticut ou de découvrir Portland et Salt Lake City.
Quel bonheur aussi toutes ces références et citations de Proust que Thomas aimait tellement qu'il l'avait choisi comme sujet de thèse, Proust et sa recherche du temps perdu qui lèvent peut-être un tout petit peu le voile sur cette reconnaissance de la vie intérieure que Thomas revendiquait si fort....
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Passionnant au début surtout puis des passages un peu ennuyeux. Ce livre interpelle sur certains comportements auxquels il faut attacher plus d'importance qu'on imagine...Nous percevons, à chaque étape de la vie de Thomas ses déceptions, ses doutes, ses exaltations, ses bonheurs, sentimentales et professionnels, et nous les partageons avec lui ; nous nous sentons tombés quand il tombe, émerveillés quand il s'émerveille.... Entourés, se battant contre ses échecs, puis sa maladie... Nous en ressortons ébranlés.
Un bel hommage rendu à un homme qui croquait la vie à pleine dent, mais comme il l'avait dit si bien les gens ont aussi une vie intérieure.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La forme est si plaisante. Raconter un être à la deuxième personne du singulier, le tu qui interpelle, qui dit "je te vois". Raconter un être qu'on a aimé. Au début très impliquée et amoureuse de cette manière de narrer, j'ai ensuite été moins enthousiaste, notamment parce que la personnalité de Thomas, le protagoniste, m'agaçait. Je dirais que la forme dans ce roman m'a séduite entièrement. Je n'ai rien à critiquer sur ce plan là. C'est le fond qui m'a gênée : Thomas a des désirs de gloire, forts, qui, s'ils ne sont pas satisfaits, le laissent exsangue. Je ne parvenais pas à me reconnaître en lui. J'en ai eu assez à un moment de tenter de m'identifier à lui. Donc une certaine hostilité pour lui a entaché le plaisir de cette lecture. Je remercie en revanche Catherine Cusset d'avoir su dépeindre une personne à tant d'aspects -émotionnel, cognitif, comportemental, perceptif-, un portrait psychologique si raporoché qu'il en devient étouffant (peut être est ce voulu ?). En tout cas, l'écriture de Catherine Cusset m'ayant tant séduite, je sais que ses autres romans m'appellent.
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Il ne me semble pas que ce thème soit nouveau : un roman commence avec la mort annoncé du héro. Il faudrait relire "Un lit de ténèbres" de William Styron, pâle imitation linéaire de "Tandis que j'agonise" de Faulkner, tous deux contant un accompagnement funèbre.

On peut se demander si "Celui qu'on adorait" serait vraiment poignant sans ce suicide annoncé. Peut-être le serait-il plus. Tel qu'il se présente, le récit n'est qu'une suite un peu laborieuse de déboires et ce n'est qu'aux trois quarts de la lecture qu'on en arrive à un diagnostic médical qui explique le comportement du héro. Par simple empathie le lecteur s'attache alors à ce personnage : il était temps.

Par ailleurs, un diagnostic médical peut-il constituer une base intéressante pour expliquer le comportement d'un personnage? Je pense à "Adrienne Mesurat". Si Julien Green avait énoncé un diagnostic d'érotomanie, ce livre magnifique perdrait toute essence romanesque. Et n'est-ce pas ce dont il s'agît? Difficile de décrire des affres quand on n'est pas là, ce qui est le cas de la narratrice. A cet égard il est remarquable qu'elle soit un témoin crédible.

Enfin, le choix du sujet me pose problème. Je le trouve accrocheur, comme celui-ci du "Choix de Sophie" (W.Styron, déjà cité), dans lequel une mère doit choisir entre ses deux enfants lequel doit être sacrifié. Nous sommes dans le pathos que seuls les grands auteurs peuvent traiter d'une façon qui nourrit l'esprit.

C'est, à mon humble avis, ce qui manque à la plupart des romans contemporains.
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Découverte de l'auteur avec ce roman, choisi à cause des avis que j'avais pu lire. Mais au final, je reste en retrait. Je n'ai pas aimé que la narratrice emploie le "tu" tout au long du livre. J'ai trouvé pesant l'usage de cette seconde personne du singulier pendant près de 300 pages. Dès le début du livre on sait à quoi s'attendre, un professeur d'université se suicide et sa meilleure amie, ancienne amante, revient sur sa vie, en fait le récit en le tutoyant. J'ai peiné dans ma lecture car ce livre est très très déprimant, racontant les échecs professionnels et sentimentaux du héros. Et puis aussi, je ne ressens aucune empathie pour les différents personnages, et surtout pas pour Thomas, ce professeur d'université qui s'enlise de plus en plus. Des circonstances atténuantes il doit en avoir bien sûr, ne serait-ce que sa maladie. Il est bi-polaire, et ne sera soigné que dans les derniers mois de sa vie... Thomas qui avait une haute opinion de ses capacités intellectuelles, qui a mis la barre haut, beaucoup trop haut sans doute, et qui, n'acceptant pas son échec en France est parti très jeune aux Etats-Unis... Thomas qui se victimise, Thomas qui est inconstant, si peu fiable... Thomas qui vit des amours impossibles, choisissant toujours la compagne avec laquelle il ne pourra rien bâtir. Thomas qui professionnellement rêve beaucoup mais ne fait rien de concret pour avancer. Thomas grand adepte de la procrastination...
Les points positifs de ce livre sont les rapports qu'il entretient avec la musique, le cinéma, la littérature et en particulier Marcel Proust, Thomas étant un professeur de littérature dont la thèse est consacrée à cet écrivain et à sa "Recherche du temps perdu".
A lire si on a de la patience et aussi suffisamment le moral pour ne pas sombrer dans la dépression à la suite du héros.
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Difficile de parler de ce livre. Je n'ai pas aimé, mais j'y suis sensible. Pas facile d'expliquer ce paradoxe ! 

Le roman démarre par le suicide de Thomas Bulot, trente-neuf ans, professeur à l'université aux États-Unis, meilleur ami de l'autrice. Dans une tentative de compréhension, un déversoir de sa culpabilité (de ne pas avoir vu, compris) peut-être, Catherine Cusset revient sur la vie de son meilleur ami. Elle dresse son portrait : un homme brillant, rongé par des démons qui prennent plus en plus d'importance. Elle examine l'enchaînement d'événements, tous les rouages qui ont conduit à ce geste de non-retour. Et nomme la maladie qui le détruit.

Je suis partagée par ma lecture. Je comprends la démarche exutoire, mais pas la réserve  que j'ai sentie à ma lecture. À vouloir éviter le côté larmoyant et pathos, toute l'émotion est muselée et ne m'a pas atteinte. Sans émotion, le livre se résume à une énumération d'échecs, qui dessert son ami plus qu'il ne le sert. Elle écrit qu'il est solaire, mais aucune émotion ne transparaît. Aucune empathie, aucun lien ne se créé avec son personnage principal. Et l'antipathie du narrateur n'aide pas.

Catherine Cusset se contente de rester à la surface. La vie ne se résume pas à des faits, elle se nourrit aussi des interactions sociales, de l'amour des autres. Comme Thomas Bulot lui avait dit, "Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure". Et c'est précisément cette vie intérieure qui m'a manquée. 

Après, c'est très bien écrit. le style est rythmé, l'écriture est riche, intéressante, précise. L'exercice littéraire du tutoiement est une réussite. C'est une lecture très agréable, un peu longue sur la fin, mais le talent de conteuse de Catherine Cusset est indéniable.

Je crois qu'ici sont atteintes les limites de l'autofiction. Comment rendre hommage sans dévoiler, comment faire vibrer le lecteur en préservant la vie intérieure du personnage principal ?

Merci Babelio et Gallimard pour cette lecture.

Et vous, vous avez aimé ? le roman était quand même dans la dernière sélection du Goncourt 2016, je dois être à contre-courant, peut-être ! 
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A l'occasion de la sortie en poche de ce roman, finaliste du Goncourt 2016, je me suis laissé tenter par la quatrième couverture qui parle d'amitié endeuillée.

Le roman commence en France, dans les années 80. On y suit Thomas, un tout jeune parisien de classe moyenne supérieure dont la vie culturelle est trépidante. Il rate deux fois normale sup'? Qu'importe ! Sa destinée sera américaine. Il s'exporte aux Etats-Unis où il applique le même épicurisme et la même nonchalance que dans son pays natal.

Si on ne peut pas manquer d'être touché par la malchance de cet homme, qu'on ne cesse de nous dépeindre comme brillant et à qui les opportunités ne font que filer entre les doigts, on est souvent agacé aussi.

L'entre-soit de ce récit m'a titillé. La narratrice (qui n'est d'autre que l'auteur elle-même, elle ne s'en cache pas) et son personnage sont issus d'un milieu très favorisé : parisiens d'origine, les grandes études en France comme aux Etats-Unis ne sont pas un problème et semblent même aller de soi. On prend l'avion comme d'autres prendraient le bus. Tout le monde semble avoir une résidence secondaire. Placée comme observatrice de ce mode de vie privilégié, je n'ai pas pu me départir de l'impression d'écouter les malheurs de gens aisés qui se regardent beaucoup, beaucoup, beaucoup le nombril.

Ensuite, le sort réservé aux femmes dans ce récit est absolument catastrophique. Les comportements abusifs de Thomas dans chacune de ses relations amoureuses sont décrits avec une complaisance qui m'a sidérée. Il commet ni plus ni moins qu'un viol sur la narratrice quand ils étaient ensemble? Leur relation est passionnelle. Il est jaloux, ultra-possessif, violent avec d'autres femmes? le pauvre, il est insécurisé. Il gifle violemment sa compagne russe en pleine rue ? Quelle salope celle-là, d'avoir osé alerter la police et de le faire jeter en cellule ! Ces russes sont décidément des barbares. Finalement, on peine à plaindre cet éternel célibataire qui mérite sûrement moins de compassion que ses victimes.

Par contre, la description du système universitaire américain est vraiment intéressante. Thomas y est victime de la compétition qui y fait rage mais aussi de son propre manque de rigueur : il est incapable de publier un livre (passage obligé dans le milieu universitaire américain) et ce trou béant sur son CV lui fait manquer les opportunités les unes après les autres.

En bref, c'est un récit tour à tour touchant et agaçant, sur un jeune privilégié qui se heurte sans cesse à la dureté du monde. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de me demander : si Thomas était né dans une famille d'ouvriers provinciaux, aurait-on soulevé sans cesse le biais de la finesse de son esprit pour excuser sa violence et sa nonchalance?
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