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EAN : 9782207115282
288 pages
Denoël (12/09/2013)
3.53/5   18 notes
Résumé :
Mark Z. Danielewski poursuit son œuvre, soucieux à chaque nouveau livre de réunir esthétique, prosodie, musicalité et scénographie. L'Épée des Cinquante Ans tisse, coud et découd les multiples points de vue dans le cadre d'une narration qui semble pourtant unique et linéaire...
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Imaginez', dit-il avec emphase, les yeux toujours perdus

"dans sa posture

filante. ‘Imaginez en chaque son

"le soupire d'une

unique

" ‘chose

" ‘périssant et qu'au lieu que les sons

" ‘vinssent les uns après les autres,

" ‘il s'exhalât

" ‘un soupir de

" ‘toutes choses

" ‘en même temps.

" ‘Quel serait ce son ?'




Si je vous demande ce qui vous chose en premier, vous me répondrez évidement la mise en page. Je ne vais pas lancer ma chronique là-dessus, mais on ne peut pas s'empêcher d'en parler !

Mark Z. DANIELESKI signe ici un roman a couper le souffle, une expérience très personnelle à vivre sans retenue.

Chintana se voit invitée par Mose Dettledown et se sent obligée d'accepter pour des raisons… Professionnelles ? Bref, tout commence plutôt bien, elle se rend à la petite sauterie et croise une femme qu'elle ne porte pas tellement dans son coeur. Une femme qui lui met des bâtons dans les roues, une femme qui ne pense pas comme elle.

Bref, tout se poursuit plutôt bien, jusqu'à l'arrivée mystérieuse d'un conteur pour les enfants. Seulement voilà, il conte aussi pour les adultes. Ce conteur pourrait bien être Mark Z. DANIELEWSKI, lui même adepte du format conte pour adultes.

Et voilà que notre conteur commence à s'asseoir et à prendre toute la place dans la pièce, comme dans le roman. Il est volumineux, il est imposant, il est sûr de lui. Et il a une histoire bien concoctée, bien travaillée. Une histoire qu'on pourrait raconter au Japon, pourquoi pas. Une histoire de fantômes, une histoire dans laquelle les mots ont leur importance. Dans laquelle les mots peuvent bouleverser bien du monde, des émotions et des sentiments. Une histoire pleine de métaphore, de superlatif composés de mots-valises à la manière ‘Pataphysique. Une histoire qui dérange certains, qui en endort d'autres, mais qui ne laisse pas coi. Une histoire que je vous conseil vivement de lire, de retenir, et d'en faire la gloire par la suite.

" ‘J'examinai

les explosifs,

" ‘manipulai des revolvers. Des petits revolver, des gros revolvers, des revolvers assez puissants pour

" ‘couper quelque chose,

" ‘n'importe quoi, en deux d'un coup'

(…)

" ‘Mais rien de tout cela',

poursuivit le

"Conteur,

" ‘ne pouvait combler mon appétit pour ce que ma noirceur réclamait sans nulle cesse.

" ‘Et je suis donc parti au plus loin des lointains.'

Cette histoire est bien mystérieuse, et elle véhicule des idées bien définies. le conteur a tout pouvoir à partir du moment où il sait employer les mots, où il sait les utiliser de la bonne façon. Il devient alors hypnotisant et peut contrôler, même malgré lui, les gens qui l'écoutent.

Mark Z. DANIELEWSKI joue avec le vocabulaire, avec la mise en forme et la déroute du lecteur. Cinq personnages ont la parole, les cinq semblent parler en même temps et ne peuvent être différenciés qu'avec un code couleur présent dans les guillemet. Un n'a pas de guillemet, pas de couleur, et n'est donc pas vraiment… Existant ?!

Les cinq personnes semblent s'emballer, se disputer l'histoire et la partie à raconter. Et tous réussissent leur mission à la perfection : nous intéresser.

Au-delà de la forme et du contenu, l'auteur a tenu à inclure à son texte des broderies par Atelier Z toutes plus envoûtantes les unes que les autres. Sous forme d'art pointilliste les illustrations évoquent de façon abstraite les pensées du lecteur et titillent son imagination jusqu'à l'achever dans un bouquet final merveilleux.

Ce n'est pas ici d'un roman réussi dont je viens de vous parler, mais d'un réel chef d'oeuvre qui mérite qu'on le lise et qu'on en parle.

" ‘ "Attention toutefois toutes ont

" ‘ "double tranchant

et elles sont assorties de cet avertissement :

" ‘ "Si jamais une plaie venait manquer son but,

" ‘ "tu

" ‘ "disparaîtras

" ‘ "comme la lame

" ‘ "que tu manies."
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Un conte pour (grands) enfants mais à destination, comme tous les bons contes, d'absolument tout le monde. du moins, il devrait en être ainsi dans le meilleur des mondes possibles.
Un nouveau tour de force d'un écrivain de génie, chez qui la forme ne prend jamais le pouvoir sur la forme mais, au contraire, se complète plus-que-parfaitement.
Et puis le récit lui-même. Les soixante-dix minutes qu'exige cette lecture sont plutôt inoubliables.
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Un très étonnant "objet-livre", graphique et coloré, pour questionner la notion même de "conte".

Publiée en 2005 et 2006 en deux éditions (très) limitées aux Pays-Bas et aux États-Unis, puis ressortie de manière moins confidentielle en 2012, et traduite en français en septembre 2013 par Héloïse Esquié chez Denoël, la deuxième oeuvre "indépendante" de Mark Z. Danielewski est bien étonnante, ce qui ne surprend guère en soi, de la part de l'auteur de "La maison des feuilles".

Poussant beaucoup plus loin que dans "La maison" les expérimentations de dessin et de couleur, au point d'apparaître presque comme un roman graphique, "L'épée des cinquante ans", en 285 pages apparentes (mais beaucoup moins en réalité, un très grand nombre d'entre elles étant imprimées uniquement au verso), crée un bizarre petit abîme, au sein de l'anniversaire des 50 ans d'une dame disons "très méchante", lorsqu'un conteur vient, devant quelques orphelins assemblés pour l'occasion, et leurs accompagnatrices, raconter une horrible "histoire de fantômes", dont la chute est... Vous verrez bien, et ne la regretterez pas.

Usant du graphisme d'une manière à la fois belle et torturée pour tenter de rendre au plus près l'art, les artifices et les ruses du conteur, Danielewski réussit ici une bien curieuse expérimentation, mélange subtil de genres et de techniques habituellement séparées, pour un résultat puissant, déroutant et malgré tout bien attachant.

Un très bel objet-livre qui questionne néanmoins sans frémir la notion même d'histoire "racontée".
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En bon fan de la "Maison des feuilles", j'ai naturellement eu envie de lire cette "Epée des cinquante ans" dès que je l'ai eu sous la main. Et quelle fut ma déception... Tout d'abord quand au format du livre, une "faux" livre de 280 pages. La plupart, pour ne pas dire la totalité, des pages sont imprimées seulement sur le recto. le verso servant parfois de support à des photographies de broderies, soit restant vierge.
De plus, l'ensemble est encore raccourci par une mise en page du texte plus ou moins hasardeuse, avec des pages allant de quelques lignes pour les plus denses, à quelques mots. Si la recette fonctionnait pour la "maison des feuilles" car les passages utilisant ces artifices visuels avaient une vraie raison narrative de le faire, ici cela sent un peu le réchauffé.

L'histoire quand à elle est du coup vite expédiée et n'à pas le temps de se ramifier et de devenir interessante. Un soir d'Halloween, Chintana se rend à une soirée où elle croise la femme pour qui son mari l'a quittée, la blessure étant encore fraîche. Elle se laisse entraîner par une assistante sociale en charge de la garde de quelques orphelins dans une pièce où un étrange conteur racontera une sorte de conte assez sombre.

Danielewsky joue ici avec les mots (beau travail de la traductrice au passage, qui invente des mots pour les besoins de la traduction), avec la forme du texte, et même avec ses narrateurs, représentés par des guillemets de couleur. Mais a trop vouloir donner dans le visuel, justement, il en oublie un peu le fond et son histoire manque de souffle jusqu'à un dénouement qui reste très prévisible si on fait un peu attention aux détails. Une grosse déception, c'est bien dommage.
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C'est un conte pour adulte très court, il y est question de Chintana, une couturière solitaire depuis une rupture difficile, invitée à une soirée d'anniversaire qui tombe le soir d'Halloween. A un moment de la soirée elle monte à l'étage accompagnée de cinq orphelins pour écouter le conte d'un homme inquiétant. Mise en abîme donc du conte dans le conte, l'épée du titre est dans la boîte emmenée par le mystérieux conteur, d'où la forme du livre.
Le travail sur la forme est très audacieux, outre la forme allongée du livre on y trouve des inserts de travail de broderie et différentes typos flottantes et aériennes.
Beaucoup de trouvailles poétiques et sémiotiques (lapsus volontaire, mutation sémantique), une façon de créer des ambiances, de mener le lecteur par le bout du nez, un rythme, une métrique subtile et quasi symphonique, tout ça rend évident la singularité du travail de cet auteur.
Si tous les choix esthétiques et narratifs ne m'ont pas eu l'air si justifiés, je pense quand même avoir raté quelques subtilités , il y a une logique cachée et plusieurs lignes d'interprétation qui se superposent/s'entremêlent.
D'une simplicité trompeuse, à relire donc.
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critiques presse (2)
LaPresse
10 décembre 2013
Connu pour ses constructions littéraires atypiques (dont l'angoissante et byzantine Maison des feuilles, qui fait actuellement l'objet d'une réédition, aussi chez Denoël), Danielewski signe probablement ici son roman le plus classique.
***
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lhumanite
04 novembre 2013
Un livre à lire dans les deux sens, simultanément, en lui faisant faire un demi-tour, chaque page étant occupée par deux histoires, l’une dans un sens, l’autre en sens inverse [...] Tout cela distillé avec une virtuosité vertigineuse sur trois cent soixante pages, architecturées par un réseau de contraintes d’une rigueur invraisemblable.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
… Une épée tuera
une saison. Une épée tuera un pays. Celle que je
fabrique maintenant
saura même tuer une idée.
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Vidéo de Mark Z. Danielewski
Exploration du labyrinthe de cette maison des feuilles par ALT 236 afin d'en découvrir plus.
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