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Disons le tout net, ce livre est aux antipodes du roman. Ce n'est ni un essai, ni un commentaire philosophique ou religieux. Il s'agit en réalité de la lecture par De Luca des Dix commandements, et comme il l'avait déjà fait par le passé dans d'autres textes (Noyau d'Olive, Alzaïa, Première heure, etc...) d'une forme d'exégèse de l'écriture biblique directement depuis l'hébreu. le mot exégèse du reste convient très mal à cette relecture depuis la langue hébraïque de chacun des mots des textes sacrés.
Le livre est court, mais d'une densité qui impose la relecture. Chaque phrase inspire une réflexion. Toute la puissance de l'auteur se condense dans ces pages en forme de tout, une somme de la sagesse selon De Luca.
L'artifice qu'utilise l'auteur est celui, évidemment quand on connaît son affection pour la montagne , celui d'un alpiniste au pied de la montagne et de ses compagnons pleins d'interrogations. La parole se gravera "avec des points à la ligne" en dix phrases "comme les dix doigts de la main" dans le roc de la montagne. Passée la stupeur de l'évènement, cette collectivité humaine y trouvera son humanité.
Erri de Luca achève son ouvrage par deux très courts chapitres, l'un "Adieu au Sinaï" et l'autre "En marge du campement" dont l'un rappelle le côté bienfaisant de la voix prophétique et l'autre très intime, présente la place que l'auteur entend garder avec le peuple juif et la langue sacrée "je ne dois pas appartenir, je suis avec les treizièmes, étranger à la douzaine convoquée.Mon titre de voyage est de suivre à l'écart". Quelle leçon de modestie et d'humilité!
Et puis comme toujours des phrases sublimes :
"Quand un homme agit pour défendre une femme, il fait le seul geste qui justifie sa force" (p 92) ou encore "Les mains sont devant l'homme, elles soutiennent son travail, le verbe "faire". Et les paroles font l'homme, elles sont devant lui, elles le guident ou bien l'égarent".
Merci Mr deLuca de ce texte qui nous incite à nous interroger quelques instants sur nos existences hors de toute idéologie et en pleine humanité.
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Je n'ai pas bien compris cet ouvrage qui mêle une question religieuse difficile à comprendre, liée à l'ancien testament, me semble-t-il, avec une ascension dans les Alpes, sans véritable intrigue. le livre est de plus bien court pour permettre une quelconque réflexion sérieuse sur le sujet traité.
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Il y a très longtemps que j'avais noté que je voulais lire ce livre. Je l'ai lu aujourd'hui en moins d'une heure après avoir entendu une conférence d'Erri de Luca en forme de master classe en début de semaine. J'ai retrouvé dans ce livre certaines idées qu'il a partagées durant la conférence et aussi des réponses à des questions que je me posais sur lui.
"Et il dit" est l'une des premières paroles de la Bible, dans le livre de la Genèse. C'est celle de l'acte créateur et de la parole agissante. Là ce terme s'applique au moment où le peuple juif reçoit les dix commandements, dans le livre de l'Exode. Et cette parole est aussi écriture car les commandements s'écrivent dans la roche sous les yeux des Hébreux.
Avant d'arriver à ce passage, pendant vingt-cinq pages, nous sommes en présence de Moïse, même s'il n'est pas nommé. C'est un berger, un meneur d'hommes qui a rencontré Dieu et cette rencontre ne le laisse pas indemne. Il ne veut plus vivre, mais tout d'un coup il se met à parler au peuple hébreu. Et là Erri de Luca reprend chacun des dix commandements et sa traduction et son interprétation sont bien plus larges que ce que l'on entend habituellement. Sa narration englobe toute l'histoire du peuple juif. Il y a des événements antérieurs à cet épisode avec Adam et Eve, Caïn, Abraham ou Isaac. Mais aussi des éléments postérieurs avec David, d'autres auteurs de psaumes ou un passage de l'Evangile, et même des références contemporaines, avec l'évocation de la Shoah.
Cet épisode central des dix commandements (qu'il faudra que je relise en le comparant avec le texte habituel du Décalogue) est suivi de deux petits textes, comme dans d'autres oeuvres d'Erri de Lucas où des chansons ponctuent parfois le déroulement. le premier texte "Adieu au SInaï" - au passage, j'ai appris que le SInaï et l'Horeb sont la même montagne - relate comme une nouvelle création ou un retour au paradis puisqu'après avoir reçu les commandements, le peuple voit toutes ses blessures guérir.
Le deuxième texte précise comment Erri de Luca se situe vis-à-vis de judaïsme : il est "en marge du campement", comme s'intitulent ces trois pages. Il suit l'histoire du peuple juif, il l'étudie, il en est pénétré, mais il ne va pas jusqu'à se poser la question de la foi. En même temps que ce livre, je lis "Jours de Royaume" de Marie-Laure Choplin. Et elle a une belle phrase pour parler d'Erri de Luca, tout à fait en résonance avec ce que je viens d'écrire :" Comme longuement le fait Erri de Luca. Lire et laisser pour plus tard ou pour jamais la question de croire."

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Emporté par la promotion nourrie par Gallimard pour la sortie du dernier roman d'Erri de Luca, je me suis penché sur ce court roman qui m'avait été légué et qui attendait sagement son tour avec six autres ouvrages du même auteur dans les rayons de ma bibliothèque.
Comme un ange penché sur une prophétie, j'y suis allé plus par curiosité que par intérêt personnel. Grand amateur de la Bible et lecteur quotidien depuis des années, j'ai pris l'habitude de m'éloigner des ouvrages censés l'interpréter.
Mais j'ai apprécié Et il dit car Erri de Luca ne prétend justement pas expliquer le don divin du décalogue, dont il traite, mais donne une vision littéraire de ce moment fondateur du peuple d'Israël.
J'y vois la même démarche que celle des nombreux peintres qui ont mis en image des moments tirés de certains passages marquants de la Bible.
Ce n'est pas de l'exégèse à proprement parler, certainement pas du prosélytisme, c'est de l'art, tout simplement.
Reste à savoir si cette démarche artistique est abordable pour le lecteur athée ou farouchement profane.

Lien : https://christophegele.com/2..
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Je le vois descendre de la montagne, le regard vidé de sens, vidé de vie. Un montagnard solitaire, berger à ses heures perdues, qui recherche aux sommets de ses alpages la quiétude, le bien-être, cette sensation de tutoyer les dieux. Dieu, il en sera question, Elohim, tout là-haut, comme une rencontre divine qu'un vent a ramené jusqu'à ma conscience.

Là-haut, l'alpiniste y trouve ce vent teinté d'un profond silence, propice à la réflexion. Là-haut, où qu'il soit, sur le sommet alpin qui se dresse devant sa minuscule personne, il ferme les yeux, se retrouve au Mont Sinaï, et entends des voix, les paroles divines, le décalogue murmuré par le vent.

Là-haut, je ne me suis pas senti à mon aise, pas une question de vertige. En fait, je ne sais pas quelle sensation j'allais éprouver. Me mesurer à la grandeur de la Nature, certes. Mais me mesurer à Dieu, Elohim. Croiser des brebis, des chamois, le Dahu, certes. Mais rencontrer Abraham, Moïse, ce gars de Nazareth…

Là-haut, j'y cherchais la poésie d'Erri de Luca, des moments intenses de silence et de beauté. Je l'ai trouvé dans les premières pages, les tous premiers mots, je m'étais mis en condition pour grimper vers le sommet et découvrir petit à petit la forêt se clairsemer. J'étais prêt à survoler les nuages, dominer la vallée embrumée, sentir les pins et le silence d'un pic. Mais finalement, je n'étais pas prêt à cette montée d'altitude. le Mont Sinaï est loin, je n'ai pas la culture hébraïque nécessaire à la compréhension de ce court récit de poésie biblique. Je ne connais que le silence de la vie.
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Grosse déception. Après avoir lu toutes les critiques si positives sur cet auteur, je n'ai même pas eu le courage d'aller au bout de ce court opus.
Il avait tout pour me plaire après avoir attiré mon attention : un homme en montagne, cette belle vue du Sinai en couverture ...
Mais, non, je n'ai pas réussi à "entrer" dans ce livre. Pas réussi à m'identifier au personnage, j'ai essayé de continuer la lecture ... mais j'ai abandonné
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Très intéressante, cette revisite contemporaine des dix commandements. "Tu ne voleras point", "Tu ne tueras point" ... Un court récit poétique et spirituel, inondé de lumière, et un portrait de Moïse ardent et efficace.
«Il était heureux dans le vent, il l'accueillait, à l'écoute. Il était de ceux qui saisissent une phrase là où les autres n'entendent que du vacarme. Par la gorge tendue d'un lion, dans une rafale, dans une avalanche, dans un coup de tonnerre, il reconnaissait le son d'une voix. Tout en l'écoutant, il la lisait aussi, écrite et couchée. Celui qui voit un fleuve regarde le sens dans lequel il coule, vers où il descend selon le courant. Mais l'avenir d'un fleuve est à sa source. Lui regardait du côté de l'origine du vent. Son nez droit coupait comme une proue le souffle et les nuages.»
Le texte est court, mais l'enseignement sur l'histoire de l'Egypte notamment, y est riche.
Avec du recul, c'est un livre que j'ai lu trop vite, survolant les passages abstraits, et suis, de ce fait, passée à côté de la dimension spirituelle de cet écrit.
Ce livre est à aborder, à mon sens, comme une méditation; elle doit bénéficier de toute l'attention du lecteur, pour que l'envolée spirituelle puisse être au rendez-vous.
À bon entendeur ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La Feuille Volante n°1051– Juin 2016
Et il ditErri de Luca – Gallimard.
Traduit de l'italien par Danièle Valin.

En principe j'aime bien les romans d'Erri de Luca, cette chronique s'en est souvent fait l'écho, et lire un de ses livres est toujours pour moi un plaisir. Pourtant j'ai lu ce texte comme une fable : l'histoire de ce guide de montagne qu'on retrouve épuisé après une course solitaire s'y prête particulièrement. L'auteur lui-même est un montagnard aguerri et le spectacle des hauteurs ne pouvait le laisser indifférent.   Dans ce décor on est forcément transcendé par ce qu'on voit, par la solitude, le danger, la nature potentiellement hostile qu'il faut regarder avec un oeil attentif parce que la vie en dépend. On est attiré par le sommet autant que par le vide, on est amené à se surpasser soi-même pour une conquête gratuite, personnelle, anonyme. Ici, j'ai retrouvé avec bonheur le souffle poétique de son style, l'art des images, la beauté des paysages qu'il connaît bien et qu'il fait si heureusement partager à son lecteur… L'homme qu'on vient de retrouver est à demi mort, épuisé, terrassé par la fatigue et la faim, comme dans un état second. C'est un peu comme s'il revenait d'une autre planète, un miraculé, sauvé seulement par l'eau des nuages, un peu comme s'il était devenu un autre, que ce voyage avait quelque chose d'initiatique, l'avait transformé. Face à ses interrogations sur lui-même, sur son identité, son frère aîné est là pour l'inviter à reprendre pied dans le monde ordinaire des terriens. Il fait appel à sa mémoire individuelle, celle de leur enfance commune, du quotidien. C'est un peu comme si cet homme qui a tutoyé le sommet et qui a failli laisser sa vie dans cette entreprise, ressuscitait, connaissait une seconde naissance [la symbolique de la tente qui le protège, associée à l'image de la femme souligne cette idée] et il parle. Dès lors, la longue errance de cet alpiniste courageux et peut-être inconscient évoque celle du peuple d'Israël fuyant l'Égypte et la paroi montagneuse lui rappelle le message divin qui, dans le Sinaï, grava la loi de Yahweh.
Les montagne ont toujours eu pour les hommes un caractère sacré et, dans cet univers minéral, sauvage, dépouillé, un être humain ne peut ressentir qu'une grande fragilité, qu'une grande humilité. De Luca connaît bien cette impression mais il est aussi un mystique, traducteur de la Bible et grand connaisseur de la religion juive. Il est donc normal que cet environnement lui rappelle le « Mont Nebo » d'où, selon la tradition hébraïque, Moïse qui n'a pas été autorisé par Dieu a fouler la Terre Promise a cependant pu l'apercevoir avant sa mort.
L'homme reprend vie peu à peu, mais en même temps, entre dans une autre dimension, il devient une sorte de truchement divin, refait l'histoire du peuple d'Israël. Dès lors le texte prend une dimension biblique symbolique, revisite l'histoire de la délivrance du peuple d'Israël d'Égypte, sa pérégrination dans le désert en passant par le mont Sinaï jusqu'à la terre qui devait les accueillir, fait un parallèle entre l'eau salvatrice et la parole divine [« "Ils apprirent au pied du Sinaï que l'écoute est une citerne dans laquelle se déverse une eau de ciel, de paroles scandées à gouttes de syllabes." ], évoque la faute de la femme au jardin d'Eden, la malédiction qui pèsera sur elle pour la suite, l'expulsion d'Adam et d'Eve, leur destiné et leur descendance. Il réhabilite la femme, rappelle son rôle créateur de la vie, refuse de voir, comme le feront les religions par la suite, une condamnation à souffrir dans les douleurs de l'accouchement. Bien au contraire, il voit les femmes comme l'avenir de l'homme, comme le dira plus tard le poète, puisque la vie ne peut procéder que d'elles et qu'ainsi elles sont garantes de la pérennité du peuple d'Israël et donc de sa prospérité. Il rappelle que l'avenir de l'humanité réside dans l'amour, même s'il prend la forme d'un rapprochement charnel entre les hommes et les femmes. C'est bien en traducteur, en linguiste et même en exégète qu'il repense la Bible, commente le Décalogue... Il énumère les interdits édictés par Dieu au peuple élu, propose ses gloses, disserte sur ce qui est proscrit et sur ce qui est toléré, notant au passage les contradictions, souhaitant peut-être dans une sorte de bienveillante utopie que l'humanité s'inspire de ces commandements pour, dans une nouvelle morale universelle, devenir meilleure. Il assigne à ses paroles divines un effet miraculeux et les hommes font prévaloir l'amour qui guide leurs pas et inspire leurs actions mais n'oublie pas le destin des Juifs qui est d'errer par le monde, d'être sans cesse expulsés, victimes des pogroms et le la Shoah.

Si j'ai goûté la style de l'auteur, sa poésie et la puissance de son verbe, je n'ai en revanche que très peu apprécié son message religieux même si je comprends qu'on puisse profiter de sa notoriété pour faire du prosélytisme. Je suis peut-être passé à côté de quelque chose, à côté du message idéaliste porté par l'auteur et qui l'honore, mais ce livre me laisse quelque peu dubitatif au regard de la réalité de l'humanité.

© Hervé GAUTIER – Juin 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Au début, j'ai beaucoup aimé l'histoire de cet homme, de cet alpiniste chevronné, qui redescend d'un sommet complétement épuisé et perdu. Les phrases d'Erri de Luca sont de petits bijoux de simplicité et de force.

Et puis, l'histoire devient confuse, et je me suis perdue dans cette longue divagation sur les Dix Commandements, une divagation trop hermétique pour l'athée, pour l'inculte que je suis. Tant pis !
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Et il dit...
Je suis restée sourde à ses paroles. Moi, la mécréante, je n'ai pas entendu les mots d'Erri de Luca. Je n'ai pas partagé ses images. Pourtant son verbe est beau. Et la poésie légère, soufflée par le vent des montagnes. Mais au bout d'une trentaine de pages, le vertige m'a prise et je suis retombée attirée par le vide. La parole biblique et toutes les tentatives de traduction m'ennuient. Tant pis pour moi...
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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