Kazenchis se tait le dimanche

Deux amis d'enfance se retrouvent, deux hommes qui se penchent sur leur passé pour panser des plaies mal cicatrisées. Ils avaient en commun la tristesse des enfants qui ont perdus leur père trop tôt, mais la vie les a séparés.

Mikitu n'a pas quitté le quartier pauvre d'Addis Abeba, devenu chauffeur de taxi pour riches étrangers, il considère la réussite de son ami comme une trahison.

C'est vrai que l'ascension sociale de Solomon a pu faire des envieux. Fonctionnaire haut placé, il dirige la construction d'un barrage qui doit transformer l'Ethiopie en pays gagnant.

Mais Mikitu ne sait rien des compromissions que l'on doit accepter pour se maintenir dans une pareille fonction. Etre proche du pouvoir en place peut être dangereux.

Roman sur l'amertume d'une amitié perdue, « Kazenchis se tait le dimanche » est aussi et surtout le formidable instantané de l'Ethiopie, un pays qui n'en finit pas de s'éveiller.

Beau, lent et chaloupé comme une mélopée en amharique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Un très beau premier roman où l'on entre difficilement à cause d'une langue particulièrement travaillée et d'une structure complexe. L'écriture poétique et profonde révèle de magnifiques pensées sur le deuil, la perte du père, la paternité et l'amitié. A Addis-Abeba deux amis d'enfance que la vie et les choix ont séparés, se retrouvent à l'occasion de la Pâque Orthodoxe. Mitiku et Solomon trouvent enfin l'occasion de s'ouvrir sur leurs blessures intimes, de partager leurs peines, leurs doutes et les choix de vie qu'ils ont fait, mais à quel prix?
A lire absolument. Vincent Defait ne tombe pas dans l'écueil ethnocentriste et offre une vraie plongée dans l'Ethiopie contemporaine où la petite histoire se mêle à la grande Histoire. On plonge dans la vie simple et pourtant tourmentée de Mitiku et des autres personnages. L'une des scènes les plus émouvantes étant sans doute celle de l'orange pelée, qui offre à l'auteur l'occasion de s'aventurer sur les chemins tortueux de la paternité et de l'amour.

Passionnée d' Éthiopie et rentrée récemment d' Addis , je me suis égarée dans les ruelles de ce roman comme on peut se perdre dans les rues d' Addis et ce vieux quartier de Kazenchis . Tout y est parfaitement décrit , les lieux ,les émotions , la douleur de ces deux amis et la grande période de deuil propre à chacun . Magnifique !

En lisant Kazenchis, j'ai voulu me replonger dans l'ambiance d'Addis-Abeba, et ça a marché. L'auteur restitue parfaitement l'ambiance d'Addis, la débrouille au quotidien dans une ville où une minorité de personnes ont un job régulier. Les descriptions plus intimes, les scènes en famille, le fameux repas de Pâques par exemple, sont très bien rendues également.
Par contre j'ai eu du mal à situer l'action et c'est dommage. Je me suis longtemps demandé si elle avait eu lieu pendant le règne du TPLF ou non, le livre étant sorti en 2019 ce n'était pas évident. A la fin la réponse est évidente, mais c'est un peu tard. A la décharge de l'auteur, il ne pouvait pas prévoir un changement de régime en 2018.

Je reste un peu déçu par cette lecture, le récit est très centré sur la relation père-fils, je l'attendais plus axé sur la différence de statut entre Mitiku et Solomon, le fameux Solomon qui incarne la modernité et l'avenir de l'Ethiopie en dirigeant les travaux du barrage de la Renaissance. Je cherchais plus un témoignage de la vie à Addis qu'une étude psychologique, tant pis pour moi.

Dans une belle écriture-élégante et simple à la fois-, Vincent Defait raconte l'histoire de deux amis d'enfance que la vie (disons plutôt les valeurs, la fracture sociale) finit par éloigner puis séparer. du déjà lu, direz-vous? Pas du tout, car l'intérêt du roman ne s'arrête pas à cet argument;il s'enrichit de plusieurs niveaux de lecture qui mêlent la petite histoire ( celle, individuelle des deux héros, leur passé, leur filiation, leurs activités, leurs questionnements) et la grande Histoire : celle d'un pays, l'Éthiopie, en pleine mutation. À lire sans attendre.