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EAN : 9782266107297
473 pages
Pocket (16/05/2001)
3.87/5   115 notes
Résumé :
Jean-Marie Déguignet est de ce type d'hommes dont le destin fait immanquablement penser à un roman picaresque. Né en 1834 dans une très modeste famille bretonne, il a grandi dans un milieu "où presque personne ne savait lire ou même parler un mot de français". Mais, dévoré par le désir de s'instruire, le petit vacher misérable apprit d'abord seul à lire et à écrire. Après s'être engagé dans l'armée, il prit part à presque toutes les campagnes de Napoléon III, de l'I... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Mémoires d'un paysan Bas-breton ou l'itinéraire exceptionnel d'un enfant pas gaté !

Né pauvre comme Job – enfin comme Jean-Marie ( 1834 - 1905 ) - et mort dans le dénuement le plus total à l'age de 71 ans , cet homme , au travers de mémoires circonstanciées d'une précision et d'un interet notoires , nous livre sa vision d'une époque ou indigence , cléricalisme exacerbé et conservatisme idéologique laissaient peu d'espoir de se balader , une rolex au poignet , avant l'age de 50 ans ! Apres non plus d'ailleurs...
En terminant ce bouquin , deux sentiments prégnants ! Celui d'avoir partagé le renversant destin de quelqu'un qui n'était absolument pas prédisposé à tout cela et qui s'est fait tout seul ! Et paradoxalement , plutot que d'éprouver une certaine admiration bien légitime , j'ai ressenti tres peu d'empathie à l'égard de ce personnage hors norme !
Un parcours renversant pour cet homme du Finistere Nord qui aura connu diverses fortunes tout en cultivant inlassablement sa soif d'apprendre inaltérable . Un journal incroyablement concis lorsque l'on sait qu'il a été écrit sur le tard , pour ne pas dire au crépuscule de sa vie . Tour à tour mendiant , vacher , soldat , cultivateur , débitant de tabac , sa vie s'apparente à un véritable couteau Suisse ! Etant alors tout gamin , un accident marquant à la tete lui permettra d'acquérir ce don phénoménal qui bouleversa sa vie et qu'il n'aura jamais cessé de cultiver - pour un paysan , c'est un minimum -  : une mémoire infaillible ! En véritable autodidacte patenté , le personnage n'aura de cesse d'engranger un savoir forgé par ses multiples voyages et rencontres ! Et des périples , il va en faire le gars Déguignet ! Engagé volontaire fuyant la supposée betise de ses compatriotes et aspirant à la pérennité de l'emploi ( sic ) , il parcourra le vaste monde en enquillant les guerres ( Crimée , Italie , Algérie , Mexique ) et les acquis ! En véritable polyglotte accompli , il étonnera , plus souvent qu'à son tour , un monde beaucoup plus éduqué que le sien , en lui faisant régulierement la nique - qui a dit ta mere ?! - à grands coups de leçons d'Histoire et d'avis bien tranchés . Parti de rien pour arriver à rien en connaissant un destin inclassable : gachis...
Un récit captivant de par son auteur et son époque ! Un conteur , véritable personnage à la Zola , usant à l'envi du Français , du Breton voire meme du Latin et affichant une vraie personnalité ! Et c'est peut-etre là que le bat blesse ! Car ce bonhomme , malgré son prestigieux parcours , a fini par me lasser . Semblant souffrir de paranoia aigue , rien ne semblait trouver grace à ses yeux ! Se réclamant d'un naturel ouvert et compréhensif , il s'avérait finalement anti-tout ! Anti jeunes , vieux , clergé , social - tu perds ton sang froid !! - , ti et gros minet...Il semblait souffrir du délire de persécution et vouait aux flammes de l'enfer ( paradoxal pour un bouffeur de cureton ) toute personne ayant l'outrecuidance de le contredire ! Bigre , comme il y allait le bougre ! D'un naturel orgueilleux , condescendant et faussement modeste , la remise en question personnelle n'était pas envisageable et ceci , au détriment meme d'une vie de famille pathétique et d'une vie en société qu'il estimait trop formatée . Adorant se donner le beau rôle , Déguignet , Saint Déguignet devrais-je plutot dire , anti-clérical convaincu , se voulait anarchiste avant l'heure . Il ne convainquit , au final , que sa propre personne , refusant trop souvent de s'abaisser au niveau de ses contemporains , quitte à finir seul comme un chien , abandonné des siens , dans une aigreur et un aveuglement jusqu'au-boutistes ! Comme quoi on peut etre Bas-breton et bas de plafond...Il n'en reste pas moins un superbe voyage historique dans une Bretagne miséreuse , en pleine mutation , empreinte de traditions séculaires vraiment bien amenées...Un tres beau périple malgré un guide sensiblement rebutant...

Mémoires d'un paysan Bas-breton : un magistral cliché d'époque pris par un photographe obtu à l'arrogance et le dédain aussi cinglants que le fouet de Catwoman...Wapaaaaaa....
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Jean-Marie Deguignet avait remis 24 cahiers de 40 pages racontant sa vie à Anatole le Braz - dont 130 pages ont été remaniées et publiées par la Revue de Paris. Il a alors réécrit ses mémoires sur la fin de sa vie en 24 cahiers de 100 pages qui ont été retrouvés (sauf le premier) dans un immeuble HLM à Quimper.

C'est ce texte cousu de bretonismes, émaillé de mots érudits, de citations en latin, en italien ou en espagnol et riche de quantités d'expressions populaires que vous pourrez lire. Son auteur aurait eu des facultés intellectuelles plus développées, à ses dires, à cause d'un accident à la tempe qui lui aurait fait une ouverture !

Document unique sur la société rurale bretonne du 19ème siècle. Témoignage direct d'un pauvre parmi les pauvres. Deguignet fut tour à tour mendiant, vacher, soldat, sergent, cultivateur, commerçant, miséreux, aliéné. Lui qui ne parlait que breton, a appris le français en autodidacte…et quel français !
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Mémoires d'un paysan Bas-breton fait partie des livres qui ont sommeillé dans ma bibliothèque plusieurs années avant que je ne le lise. Il me semblait qu'il me fallait être bien disposée pour l'apprécier à sa juste valeur.

Mieux qu'un mystère insoluble à résoudre (cette quête des manuscrits de JM Déguignet racontée en préambule s'avère incroyable), mille fois plus fort (car véridique) qu'un roman naturaliste ( il fut enfant-mendiant au début du 19ème ), presque aussi aventureux qu'un Jules Verne (la technologie en moins), voici l'histoire de sa propre vie racontée par un breton de "la race des gueux" né près de Quimper en 1834.

Ce personnage non fictif haut en couleurs et complètement autodidacte, pour quitter quelque temps sa misère s'est fait cultivateur (progressiste), soldat, buraliste... sur des périodes plus ou moins longues, mais toujours rendues avec une précision et un franc-parler que j'ai trouvés admirables.

JMD, afin de ne pas mourir d'ennui et de tristesse, a pris la plume sur sa fin de vie, et distille sur près de 500 pages un document humain absolument unique, d'une force inégalable. Ses opinions athées républicaines acérées éclairent le monde d'avant, la Bretagne quimpéroise, entre autres.

Ne redoutez aucun pathos ou sensiblerie de sa part ; JMB a été bercé très près du mur... Ce libre penseur (trop) en avance sur son temps appelle un chat un chat, et sait parfaitement décrire les injustices inhérentes au 19ème siècle.
En porte-à-faux avec son époque, et ses compatriotes, ce témoin des derniers révolutionnaires (1789), décédé peu avant la guerre de 14-18 m'a régalé d'un bout à l'autre.

Entre clairvoyance, lucidité et facultés cognitives supérieures, sa haine de l'obscurantisme religieux et des " aristo- nobles " finira par lui monter au cerveau. C'est en tout cas ce qu'en pensèrent les médecins.

Il terminera son existence, ivre de rage, seul, abandonné de tous. Sa soumission aurait désamorcé sa colère, mais JMD fit un autre choix. Au péril de sa sociabilité.

Un très grand livre...

Lien : http://justelire.fr/memoires..
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Je sors malheureusement déçue de la lecture de cette biographie à la couverture trompeuse. En effet, à voir cette photographie ancienne montrant un couple de paysans bretons, un bébé sur les genoux, j'avais pressenti un récit axé sur la ruralité en Bretagne au XIXème siècle et étant peu adepte de la littérature régionale et des chroniques paysannes, j'attendais beaucoup de cette lecture, comme un défi ou une tentative de réconciliation avec le genre.

Hélas, s'il est bien question de Bretagne et très brièvement de la vie à la ferme, les "Mémoires d'un paysan bas-breton" relatent surtout la vie militaire de Jean-Marie Déguignet et les nombreuses campagnes auxquelles il a pris part quand, être pauvre et sans instruction, il s'engagea volontairement pour la guerre de Crimée avec l'espoir d'apprendre tout ce qui pourrait constituer de près ou de loin un savoir.

Ma déception digérée, je me suis quand même intéressée à son récit autobiographique car il est fluide et vraiment instructif, si l'on ferme les yeux sur quelques approximations comme dater la construction de la tour de Pise non pas au XIIème siècle mais sous l'empire romain. Guerre de Crimée et guerre de l'indépendance italienne sont vécues de l'intérieur à travers l'expérience d'un simple soldat puis d'un caporal.

Pour le lecteur actuel, l'émotion vient principalement de la quête de savoir chevillée au corps du narrateur, touchant d'humilité malgré ses progrès, et de la description des scènes de la vie quotidienne.


Challenge NOTRE-DAME de PARIS
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge XIXème siècle 2019
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Jean Marie Deguignet a connu un destin exceptionnel, ouvrier agricole dans le finistère profond, soldat à Lorient, engagé dans les guerres de Crimée, d'Italie et du Mexique du second empire, débitant de tabac et finalement mourant miséreux à Quimper.
Il tient un journal tout au long de sa vie.
Ce récit n'a pas d'égal dans les annales du temps.
C'est celui d'un écorché vif, d'un anticlérical et d'un anarchiste pourfendeur des conservatismes.
Le style est étonnamment brillant, souvent violent et ce témoignage se révèle être un vrai roman humain de l'aventure d'une vie riche en péripéties.
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critiques presse (2)
OuestFrance
12 décembre 2023
Ce récit d’une vie indépendante et non sans déboires, notamment avec les autorités religieuses, se dévore comme un roman.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
BDGest
24 octobre 2017
Un premier tome qui, à travers un destin hors norme, offre une vision sans complaisance mais juste de la Bretagne profonde du XIXème siècle. Un témoignage relativement intéressant, qui change des clichés habituels offerts aux voyageurs.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J’ai déjà dit que je m’étais engagé non pas par pur goût ou penchant militaire, pas même par sentiment patriotique, ne sachant pas alors ce que c’était que le militarisme ni le patriotisme ; mon seul but était de chercher de l’instruction partout où j’en trouverais et par tous les moyens dont je pourrais disposer. Je voulais savoir pourquoi il y avait des hommes qui savaient tout et d’autres qui ne savaient rien ; pourquoi, comment et par quelles lois la terre tournait, ainsi que les millions de milliards d’autres globes célestes ; pourquoi les livres saints, dont je connaissais déjà une bonne partie, ne parlaient pas de ces mouvements ; pourquoi il y avait sur la terre des grands et des petits, des rois et des sujets, des maîtres et des esclaves, des savants et des idiots, des riches et des pauvres ; pourquoi M. et madame de Kerorhant qui ne travaillaient jamais, ne priaient jamais, se portaient tou­jours bien, allaient en voiture, mangeaient et buvaient tout ce qui leur faisait plaisir, sont morts sans grandes souffrances, ont eu de grands enterrements et de nombreuses prières, moyennant quoi leurs âmes sont allées tout droit au ciel ; tandis que mon père et ma mère ont travaillé et prié toute leur vie, ne mangeant que des pommes de terre cuites à l’eau et du mauvais pain de seigle, ont fait de longues et terribles mala­dies par excès de travail et de privations, sont morts tous les deux de faim et enterrés à peu près comme deux chiens, sinon tout à fait sans quelques petites prières isolées, du moins sans grandes cérémonies et grande pompe religieuse, faute desquelles leurs pauvres âmes ont dû aller en purgatoire pour continuer les souffrances que leurs corps ont endurées sur la terre.
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Dans la lutte actuelle (1), je ferai mon possible pour le triomphe de ceux qui se disent républicains ; car les autres, les nobles et les jésuites nous ramèneraient certainement quatre ou cinq siècles en arrière, au bon vieux temps où les paysans et les ouvriers étaient considérés et estimés à dix-sept degrés au dessous des bêtes de somme et des chiens ; la lutte était commencée. ...
(1)Il s'agit des élections législatives du 20 février 1876 qui virent la victoire des républicains .
...Et Mac Mahon, leur chef et Président de la République, et qui avait promis d'aller jusqu'au bout, fut obligé de faire la culbute . Les trois cent soixante trois qu'il avait chassés de la Chambre y revinrent avec d'autres encore et dirent au fuyard de Froeschwiller et de Sedan qu'il devait se soumettre ou se démettre ; et le vainqueur de Paris se démit . Il fut remplacé par Jules Grévy et la République fut alors réellement proclamée, même la république démocratique , disait-on partout .Mais le malheur était que parmi les représentants de cette république démocratique, il n'y avait pas un seul démocrate . Démocratie veut dire , gouvernement du peuple par le peuple: Civitas in qua populi potestas summa est, et dans notre république démocratique, le peuple, le vrai peuple n'avait aucun vrai représentant. En revanche, il y avait parmi ces représentants de beaux parleurs, des sophistes, des phraseurs qui savaient endormir le peuple avec de la poudre de rhétorique, en lui promettant du pain et du beurre, même la poule au pot, comme disait le malin gascon et son roué Sully . C'est ainsi d'ailleurs que le peuple est toujours et partout gouverné .les gouvernants, les politiciens lui envoient la fumée, et le fumet pendant qu'ils mangent le ragoût avec leurs parents et leurs amis . Si cette chambre républicaine eût été composée de démocrates, ceux-ci auraient commencé par faire aux jésuites et aux réactionnaires ce qu'ils avaient promis de faire aux républicains s'ils eussent été vainqueurs, c'est à dire de les envoyer, les plus gros réactionnaires à Cayenne , où ils avaient promis de nous envoyer nous tous républicains ; et tous les jésuites et autres tonsurés à la recherche de leur vrai royaume qui n'est pas suivant leurs Evangiles et d'après leur propre dire, de ce monde .
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Je vais commencer aujourd'hui un travail que je ne sais [ni] comment ni quand il se terminera, si toutefois il se termine jamais. Je vais toujours l'essayer.
Je sais qu'à ma mort, il n'y aura personne, ni parent, ni ami, qui viendra verser quelques larmes sur ma tombe ou dire quelques paroles d'adieux à mon pauvre cadavre.
J'ai songé que, si mes écrits venaient à tomber entre les mains de quelques étrangers, ceux-ci pourraient provoquer en ma faveur un peu de cette sympathie que j'ai en vain cherchée, durant ma vie, parmi mes parents ou amis.
J'ai lu dans ces derniers temps beaucoup de vies, de mémoires, de confessions de gens de cour, d'hommes politiques, de grands littérateurs, d'hommes qui ont joué en ce monde des rôles importants ; mais, jamais ailleurs que dans les romans, je n'ai lu de mémoires ou de confessions de pauvres artisans, d'ouvriers, d'hommes de peine, comme on les appelle assez justement, car c'est eux, en effet, qui supportent les plus lourds fardeaux et endurent les plus cruelles misères...
(extrait du chapitre I "le mendiant" - 1834-1853)
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L'histoire rapporte que les meres des jeunes enfants aztèques sacrifiés au dieu Tlaloc pour avoir de la pluie , étaient gaies et contentes , surtout quand leurs enfants pleuraient beaucoup avant et pendant qu'on les égorgeait , parce qu'alors la pluie serait abondante et bienfaisante .
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Tonnerre de Brest : Expression populaire Brestoise ; l'origine en serait un gros canon qui signalait l'évasion des forçats .
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