Rentrée littéraire 2023 - "Les Instants suspendus" de Philippe Delerm
« Ce n'est pas un éblouissement, pas une surprise. On est tout à coup dans cette lumière-là, comme si on l'avait toujours habitée. On vient de sortir du tunnel. le train n'a pas changé de cadence, il y a juste eu un petit crescendo dans la musique, moins un bruit de moteur qu'une tonalité nouvelle, offerte au vent. Une infime parenthèse entre deux talus, et d'un seul coup : le paysage. Montagne, lac ou forêt, château en ruine ou autoroute, on sait tout absorber, tout devenir. »
Comme on les chérit, ces instants suspendus dans nos vies.
Passer le doigt sur une vitre embuée. La mouche de l'été dans la chaleur de la chambre. le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire…
Philippe Delerm n'invente pas ces moments, il les réveille en nous. Il leur donne une dimension d'horizon infini. On ne savait pas qu'on abritait tous ces trésors, Delerm les met en écrin. Entre humour subtil et nostalgie, un recueil dans la droite ligne de ses grands succès, La Première Gorgée de bière, La Sieste assassinée ou Les Eaux troubles du mojito.
Philippe Delerm/5
52 notes
La vie de Mister Mouse hésite entre l'âtre et le néant. En compagnie d'Emily et de leurs deux souriceaux, Morty et Jenny, Jeremy Mouse a tout pour être heureux, dans le Buisson-aux-mûres.
Pourtant, Jeremy écrit. Pourtant, il attend le facteur, guette fébrilement son reflet dans les glaces, accorde beaucoup d'importance aux jugements que portent sur lui toutes les autres souris de Brambly Town. Mister Mouse serait-il un faux sage ?
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Résumé :
La vie de Mister Mouse hésite entre l'âtre et le néant. En compagnie d'Emily et de leurs deux souriceaux, Morty et Jenny, Jeremy Mouse a tout pour être heureux, dans le Buisson-aux-mûres.
Pourtant, Jeremy écrit. Pourtant, il attend le facteur, guette fébrilement son reflet dans les glaces, accorde beaucoup d'importance aux jugements que portent sur lui toutes les autres souris de Brambly Town. Mister Mouse serait-il un faux sage ?
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Critiques, Analyses et Avis (10)
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Qualifié de roman, ce livre ne me semble pas vraiment en être un. le récit n'est pas linéaire. L'oeuvre est constituée de 28 petites saynètes, racontant la vie d'une famille de souris.
Ce livre se rapproche du grand classique écrit par Kenneth Grahame, "Le vent dans les saules", mais il est différent car il possède quelques références sexuelles. le chef d'oeuvre de Grahame étant un livre pour les enfants. Sinon l'univers est proche : le Royaume-Uni dans les deux livres, des souris pour Delerm, des petits animaux des bois et campagnes pour Grahame (rat, taupe, blaireau, crapaud...) et des petites sociétés évoluant parallèlement à celle des hommes. Je trouve que ce livre de Delerm aurait gagné à rester simplement une oeuvre pour la jeunesse.
Sous un autre angle, avec sa volonté de philosophie, ce livre de Delerm se rapproche du célèbre titre de Antoine de Saint-Exupéry "Le Petit Prince".
Même si la lecture reste agréable, Philippe Delerm ne parvient pas à égaler un Kenneth Grahame et un Antoine de Saint-Exupéry. C'est dommage.
Ce livre se rapproche du grand classique écrit par Kenneth Grahame, "Le vent dans les saules", mais il est différent car il possède quelques références sexuelles. le chef d'oeuvre de Grahame étant un livre pour les enfants. Sinon l'univers est proche : le Royaume-Uni dans les deux livres, des souris pour Delerm, des petits animaux des bois et campagnes pour Grahame (rat, taupe, blaireau, crapaud...) et des petites sociétés évoluant parallèlement à celle des hommes. Je trouve que ce livre de Delerm aurait gagné à rester simplement une oeuvre pour la jeunesse.
Sous un autre angle, avec sa volonté de philosophie, ce livre de Delerm se rapproche du célèbre titre de Antoine de Saint-Exupéry "Le Petit Prince".
Même si la lecture reste agréable, Philippe Delerm ne parvient pas à égaler un Kenneth Grahame et un Antoine de Saint-Exupéry. C'est dommage.
Un livre original, découvert au bon moment, dans un hiver qui n'en finit pas de s'étirer sous la pluie froide. Retrouver son âme d'enfant et se laisser tenter par le jeu : "On dirait qu'on" est des souris et qu'on vivrait dans un terrier...histoire de retrouver un peu de chaleur ! Pas mal du tout.
Salmigondis littéraire à l'usage de...
de qui d'ailleurs ???
Un univers qui louche du côté de celui de Beatrix Potter mais avec moins de charme de mon point de vue. Il y a du cottage disparu et quelques "pensées" qui se voudraient socio-philosophiques comme celles entendues dans les galeries commerciales de nos actuels centres commerciaux.
Quelques jolies phrases échappées de "La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules".
Dommage.
Déçue.
de qui d'ailleurs ???
Un univers qui louche du côté de celui de Beatrix Potter mais avec moins de charme de mon point de vue. Il y a du cottage disparu et quelques "pensées" qui se voudraient socio-philosophiques comme celles entendues dans les galeries commerciales de nos actuels centres commerciaux.
Quelques jolies phrases échappées de "La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules".
Dommage.
Déçue.
Découpé en vingt-huit chapitres aux titres aussi délicieux que leur contenu, ce court « roman » se lit comme un recueil de nouvelles qui fleure bon le terrier, la bière rousse, le feu de bois et les airelles. Il nous installe au chaud, dans le terrier de Mr. Jeremy et Mrs. Emily Mouse et de leurs souriceaux, Jennifer et Mortimer. Il nous apprend à prendre la vie du bon côté, à philosopher, à paresser sans fausse honte, à apprécier à leur juste valeur les petits plaisirs quotidiens et le passage du facteur, à chanter, à jouer, à côtoyer la grandeur avant d'y renoncer, et à mettre le museau dehors pour n'en apprécier que mieux le cocon du foyer. Ces adorables vignettes sont émaillées de considérations philosophiques aussi drôles que sages concernant le quotidien, l'amour, le sens de la vie, la vanité et la douceur des choses terrestres. On pense à Beatrix Potter et à ses fables animalières.
À lire absolument, de préférence en hiver, sous la couette ou au coin du feu, en berçant une bière rousse !
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
À lire absolument, de préférence en hiver, sous la couette ou au coin du feu, en berçant une bière rousse !
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
Mister Mouse ou La métaphysique du terrier est une très bonne lecture pour prendre du recul sur nos vies, les aborder avec un autre regard. L'essentiel de nos vies ne pourrait-il pas se résumer à la taille de notre terrier, de notre village, de nos quelques connaissances proches ? Pas sûr que l'on ait besoin de beaucoup pour être heureux. Et si l'on ne devient pas un grand homme de lettre -- ou une grande femme -- chacun peut être le philosophe de sa famille, de ses amis, de son village...
En bref, Mister Mouse ou La métaphysique du terrier c'est l'histoire passionnante d'une petite souris anglaise avec toute sa complexité ! :)
En bref, Mister Mouse ou La métaphysique du terrier c'est l'histoire passionnante d'une petite souris anglaise avec toute sa complexité ! :)
Citations et extraits (6)
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- Il faudra quand même songer à changer ce fauteuil!
Mr. Mouse sait très bien pourquoi Mrs Mouse a dit cela. C'est à cause de ce geste. Il ne peut s'en empêcher. Chaque fois qu'il s'assoit dans le vieux fauteuil aux courbes moelleuses, Mr Mouse contemple d'abord les flammes de la cheminée dans une parfaite immobilité. Mais bientôt, négligemment, sa patte droite va chercher sur l'accoudoir cette déchirure du tissu rose et quelques brins de paille ébouriffés. Comment lutter contre cette insidieuse volupté?
Mr. Mouse sait très bien pourquoi Mrs Mouse a dit cela. C'est à cause de ce geste. Il ne peut s'en empêcher. Chaque fois qu'il s'assoit dans le vieux fauteuil aux courbes moelleuses, Mr Mouse contemple d'abord les flammes de la cheminée dans une parfaite immobilité. Mais bientôt, négligemment, sa patte droite va chercher sur l'accoudoir cette déchirure du tissu rose et quelques brins de paille ébouriffés. Comment lutter contre cette insidieuse volupté?
Dans sa tête, Mr. Mouse est au nord. Le climat très britannique de Brambly Town lui convient, avec ses pluies interminables qui donnent tout son sens au désordre parfumé du terrier du Chêne. Mais il rêve parfois de plus de nord encore, de plus de neige aux jours d'hiver, de printemps fulgurants basculant vers l'été en quelques jours, d'automnes plus poignants dont la splendeur ambrée précéderait six mois de solitude blanche.
La neige est là depuis trois jours. Mortimer et Jeremy l'ont accueillie en battant des mains. Mr et Mrs. Mouse n'ont pu s'empêcher de sourire. La campagne est si jolie, tout autour du terrier, avec ces pentes ourlées de blanc, ces courbes douces où dorment les buissons. Mais, aujourd'hui, le vent souffle, et il faut aller jusqu'au village, tout là-bas, bien après la Mare-aux-saules, bien après le champ du père Mac Gregor.
Où la paresse est expressément reconnue comme la marque première du sérieux de l'écrivain...
La dernière pensée de M. Mouse vaut qu'on s'y arrête. C'est l'écrivain en lui qui a parlé. Mr Mouse ne tergiverse pas quand cette voix se lève au fond de lui ; malgré l'apparente modestie des sujets esquissés, c'est l'écrivain qui commande, désormais.
La voix lui dit à peu près :
- Ce n'est pas tout d'écrire. Il faut, pour nommer les couleurs des jours, apprendre à perdre un peu de temps. L'activité fébrile éloigne du talent.
La dernière pensée de M. Mouse vaut qu'on s'y arrête. C'est l'écrivain en lui qui a parlé. Mr Mouse ne tergiverse pas quand cette voix se lève au fond de lui ; malgré l'apparente modestie des sujets esquissés, c'est l'écrivain qui commande, désormais.
La voix lui dit à peu près :
- Ce n'est pas tout d'écrire. Il faut, pour nommer les couleurs des jours, apprendre à perdre un peu de temps. L'activité fébrile éloigne du talent.
Depuis qu'il a repris la course à pattes, Mr. Mouse ne fume plus souvent. Sa philosophie du plaisir y trouve son compte. Fumer peu, c'est fumer bien. Mais fumer presque pas, c'est le sommet du nirvâna! Deux ou trois fois par mois, Mr. Mouse s'autorise une pipe. Il a renoncé au cigare, impossible à fumer dans un terrier. Pourtant, cela constituait une volonté suprême. Un havane conditionné dans un tube métallique aux allures hypocritement pharmaceutiques, une feuille de cyprès pour l'allumer, et puis cette saveur inégalée, cette amertume sud-américaine lourdement tropicale et sèche en même temps - un petit miracle! Mais, délicieux pour soi, le cigare est infect pour les autres, il faut en convenir.
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