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3.79/5 (sur 339 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) : 1977
Biographie :

Jean-Marc Ceci a la double nationalité italienne et belge.

Il est théoricien du droit, de formation universitaire de juriste, et vit dans le sud de la Belgique.

"Monsieur Origami" est son premier roman.

Source : Livres Hebdo
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Bibliographie de Jean-Marc Ceci   (2)Voir plus


Entretien avec Jean-Marc Ceci à propos de son roman Monsieur Origami



12/09/2016

Monsieur Origami est l’histoire de Kurogiku, un ermite japonais amoureux et travaillant sans relâche le washi. Quel est votre rapport avec le Japon pour avoir décidé de dédier un roman à sa culture ?


La pratique des arts martiaux. Tout ce qui m’est étranger et lointain nourrit ma soif d’évasion. Depuis tout petit, je suis attiré par l’état d’esprit oriental. J’aime l’intériorité avec laquelle cette culture habille ses gestes et ses traditions : la tradition du thé, la calligraphie, les origamis, les arts martiaux, le tir à l’arc. Il y a une spiritualité et un sens du sacré dans chaque geste.



L’art de la fabrication du papier washi ainsi que de son pliage, l’origami, est centrale dans votre texte. Que représente cet art au Japon et pour vous ?


J’aime le papier depuis ma plus tendre enfance. J’aime toucher le papier, le respirer.


J’ai été fasciné par la façon qu’ont les artisans de fabriquer le washi.


L’origami est une de mes détentes. Il faut voir les travaux de Robert J. Lang, ou Eric Joisel. Regarder une réalisation, une seule. Se dire déjà : c’est extraordinaire. Et puis réaliser que cette œuvre est une feuille de papier. Je veux dire : une seule feuille de papier carrée. Et pliée. Ni déchirée, ni collée, ni découpée. « Simplement » pliée. Sans outil. Une feuille de papier et deux mains qui la plient.



Au bout de 40 années de solitude, Kurogiku reçoit la visite du jeune Casparo, un fabricant de montre très curieux et enthousiaste, à l’opposé de son hôte. Comment est né ce personnage ?


Il est né de mon autre passion, les montres à complication. Dans le monde de la haute horlogerie, il existe une quête à la fabrication de montres compliquées qui contiennent toutes les mesures du temps. Je pense notamment à Patek Philippe, Vacheron Constantin, ou Franck Muller par exemple. Je suis toujours émerveillé quand je pense qu’un boîtier tout petit contient autant de rouages fonctionnant à la seule force mécanique. C’est un monde qui me fascine.
Alors, Casparo, qui est un passionné, se dit que peut-être, lui aussi, y parviendra. A construire la montre la plus compliquée du monde.



Vous avez choisi un ton très dépouillé, avec de très courts chapitres, faisant écho à la poésie des haïkus. Cette écriture s’est-elle imposée à vous ?


Oui. Au fur et à mesure de l’écriture, j’effaçais les mots, les idées, qui faisaient trop de bruit.


J’ai écrit ce texte comme une musique lente entrecoupée de silences. Je voulais entendre le silence. Je voulais parler du silence, de la solitude qu’il y a en chacun de nous, pas le silence qui dérange, pas la solitude qui isole, mais le silence et la solitude qui guérissent.



Vos deux personnages cherchent à comprendre le temps, chacun à leur manière. Pourquoi évoquer cette question ?


La question de notre rapport au temps qui passe est centrale. Le temps est un luxe dont nous ne disposons pas. Nous sommes bien trop occupés pour cela. Occupés à faire et occupés à avoir. Le risque est d’oublier d’être, simplement cela : être.



Voyez-vous votre roman comme un conte philosophique ou comme une histoire d’amour ?


Je ne me suis pas posé la question en l’écrivant. J’ai voulu raconter une histoire qui émeuve, qui soit hors du temps et qui fasse réfléchir.



Ceci est votre premier roman, comment vous êtes-vous lancé dans son écriture ?


J’écris depuis longtemps, en secret. A 17 ans, j’ai découvert les dix conseils d’Hemingway et je les ai appliqués. J’ai écrit Monsieur Origami avec, pour la première fois de ma vie l’intention de l’envoyer à une maison d’édition. Ne connaissant absolument personne, n’ayant aucune relation dans le milieu littéraire ou de l’édition, je l’ai envoyé par la poste.



Jean-Marc Ceci et ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?


5 livres m’ont donné chacun une impulsion :


- Le Petit Prince (Antoine de Saint-Exupéry)


- Désert (J.M.G Le Clézio)


- Citadelle (Antoine de Saint-Exupéry)


- Un été autour du cou (Guy Goffette)


- Océan mer (Alessandro Baricco)



Chacun de ces auteurs m’a donné un coup qui m’a à chaque fois fait avancer sur mon chemin.



Quel est l’auteur qui aurait pu vous donner envie d’arrêter d’écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?


Personne ne pourrait me donner envie d’arrêter d’écrire, parce que c’est en moi. Je comprends le sens de la question : je confronte la qualité de ce que j’écris au regard des grands écrivains. Il faut lire, écrire, et douter. Mais il faut écrire quand même. C’est la seule façon d’avancer.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?


Enfant, cela a été Le Petit Prince. Par la suite, l’une de mes plus belles surprises de lecteur a été Don Quichotte. Je m’attendais à un classique austère et ennuyeux. C’est dire que j’ai été surpris en le lisant. Je me suis régalé.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?


Océan mer, je pense.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


Les grands classiques russes. Mais je sais que je les lirai. Je les ai achetés, ils sont là, à portée de main.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs?


Corps et âme de Frank Conroy. Je ne sais pas si ce livre est méconnu. Je n’en avais jamais entendu parler avant de lire un simple mot posé dessus, dans une librairie. Ce simple mot écrit par le libraire disait : « le livre que je recommande à tous mes clients ». Je l’ai dévoré.


Aussi, je mentionne souvent ce livre sur lequel je suis tombé un jour par hasard, quand j’étais adolescent, juste parce que le titre m’accrochait : La Conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole. Je n’en avais de même jamais entendu parler avant de l’avoir en mains. Je l’ai aussi dévoré.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?


Je ne peux pas répondre à cette question. Je pense qu’il s’agit de rendez-vous entre un lecteur et une œuvre. J’ai laissé tomber quelques grands livres et je me dis que ce n’était tout simplement pas le bon moment. Je les relirai peut-être.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ». Tractatus Logico-Philosophicus


Et en ce moment que lisez-vous ?


Je lis souvent plusieurs romans en même temps. En ce moment, je lis L`enfant bleu de Henry Bauchau, Chants : Edition bilingue français-italien de Giacomo Leopardi, Presqu`elles de Guy Goffette, et La Quarantaine de J.M.G Le Clézio. Et je relis Le poney rouge de John Steinbeck.



Entretien réalisé par Marie-Delphine
Découvrez Monsieur Origami de Jean-Marc Ceci aux éditions Gallimard :


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Ma Librairie : Delamain à Paris, à la rencontre des libraires passionnés | lecteurs.com .
Ma Librairie vous embarque dans la capitale, à deux pas de la Comédie française, dans cette librairie qui a vu passer tellement d?artistes, d?écrivains, au fil du temps. Entrez avec nous à la rencontre de la Librairie Delamain et de son libraire passionné, qui vous fait partager son amour de la lecture et quelques anecdotes ? Suivez les conseils du libraire ! Jean Marc Ceci, Monsieur Origami (Gallimard) "Si vous aimez la concisions des Haïkus, découvrez la philosophie de l'origami" Laurent Mauvignier, Continuer (Éditions de Minuit) "Si vous aimez les portraits de femmes aux caractères trempés, ce livre est pour vous" Antoine Bello, Ada (Gallimard) "Si vous appréciez les nouvelles technologies, embarquez-vous avec Ada dans le monde virtuel" Jean-Paul Dubois, La succession (Éditions de l'Olivier) "Si les personnages en équilibre dans la vie vous émeuvent, vous apprécierez La succession" L'Ajar, Vivre près des tilleuls (Flammarion) "C?urs sensibles, les 18 membres du collectif L AJAR réveilleront en vous l'amour d'une littérature pleine de sensibilité" Article à lire sur lecteurs.com : http://www.lecteurs.com/article/ma-librairie-a-paris-librairie-delamain/2442785 Visitez le site : http://www.lecteurs.com/ Suivez lecteurs.com sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/orange.lecteurs/ Twitter : https://twitter.com/OrangeLecteurs Instagram : https://www.instagram.com/lecteurs_com/ Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCWQQ-VlGEFs22XKdO15tQCg/videos Dailymotion : http://www.dailymotion.com/OrangeLecteurs

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Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
Elle a de longs cheveux noirs, brillants, légèrement ondulés.
Ses yeux sont deux pupilles noires. Deux billes brillantes. Deux hématites.
Elle se dresse sur des escarpins hauts et fins – noirs – laissant apercevoir ses orteils vernis de noir. Les talons forment le galbe de ses mollets. La peau est soyeuse et brillante.
Le bord de sa robe noire flotte au vent.
Altière mais pas fière. Immobile – de cette immobilité que seul le mot « silencieux » peut qualifier. Une immobilité silencieuse.
Je tombe sous le charme. Le temps s’arrête.
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L’homme ne comprend pas le temps. L’homme a inventé sa mesure. Il a enroulé le temps autour d’un cadran, puis il l’a plié.
- Plié ?
- Plié. L’homme a plié la ligne du temps. En secondes. En minutes. En heures. En jours. En semaines. En mois. En années. En siècles. En millénaires. En ères. En éternité. L’homme sait ce que sont la seconde et le millénaire. Une griffe dans le temps. Un pli sur la ligne du temps. Mais le temps, le temps lui-même, la ligne qui ne contient pas de pli, qui n’a ni début ni fin ni mesure ni épaisseur, cela l’homme ne le comprend pas.
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Combien de temps met un homme pour se remettre d'un chagrin de non-amour ?
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Nous sommes les rouages d'une montre très compliquée. Nous ne comprenons pas toujours ce qu'un petit mouvement de notre part fait bouger de l'autre côté du cadran.
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À quoi sert-il d'avoir si être nous manque.
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Les règles de l'origami sont simples.
Comme souvent, la simplicité de ses règles rend l'exercice de l'art plus compliqué.
Toutes les règles sont contenues dans le mot lui-même : origami. Oru : "plier", Kami : "papier"
Ni plus ni moins.
Dans l'art de l'origami, on plie du papier.
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D’où l’on vient est d’une extrême simplicité. Puisqu’à l’origine il n’y a rien.
Cependant ce rien contient déjà en lui les lois de tout ce qui existait quand nous n’étions pas encore là, de tout ce qui existe aujourd'hui alors que nous sommes là, et de tout ce qui existera demain quand nous ne serons plus là.
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- Toute beauté a sa part d'ombre...
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Altière mais pas fière. Immobile –de cette immobilité que seul le mot "silencieux" peut qualifier. Une immobilité silencieuse.
(p. 108)
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A quoi sert-il d'Avoir si Être nous manque.
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