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EAN : 9791030705621
208 pages
Au Diable Vauvert (01/12/2022)
3.83/5   27 notes
Résumé :
Dernières nouvelles inédites Jean-Paul Didierlaurent travaillait sur ce recueil au moment de sa mort soudaine, le 5 décembre 2021. Il nous a laissé ses dernières histoires, complétées ici par plusieurs nouvelles inédites lauréates des nombreux concours qu'il a remportés tout au long de sa carrière d'écrivain.
Un enfant albinos seul survivant d'une étrange apocalypse, un covoitureur amoureux, un fossoyeur défunt possédant un troisième oeil, une veuve qui tric... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je ne suis pas particulièrement un adepte des recueils de nouvelles mais il m'a semblé indispensable de ne pas passer à côté de celui -là.
Au Diable Vauvert a eu en effet la bonne idée de regrouper des nouvelles inédites de Jean Paul DidierLaurent qui a nous a quitté trop tôt fin 2021.
J'avais découvert l'auteur dans l'excellent Malamute et j'ai retrouvé dans ces courtes nouvelles un peu de sa belle écriture emprunte d'une certaine poésie.

Quatorze nouvelles qui mélangent les genres mais où l'esprit et le verbe de l'auteur font encore ici des merveilles. J'ai particulièrement apprécié celles qui regorgent d'humour noir comme Bec et Ongles , le Calepin ou Fissure(s) comme celles qui rendent hommage à la lecture avec Marée Noire, Encrage ou le Liseur. le point commun à toutes ces nouvelle c'est cette galerie de personnages incroyables confrontés à des situations inouïes. On se régale sans retenue en découvrant ces histoires qui démontrent l'imagination sans borne de l'auteur où le fantastique côtoie le roman noir et le polar comme des récits plus émouvants dans un joyeux mélange des genres. Comment ne pas être touché en effet par ce VRP au bout du rouleau spécialisé dans la vente de nains de jardin, cette femme qui ne peut s'absoudre à la mort de son mari, ancien gardien de phare ou par cette dame-pipi désespérée de travailler dans un univers immaculé.
Un style qui fait mouche et qui regorge d'inventivité. Qui parvient en quelques pages à créer d'extraordinaires atmosphères comme à nous asséner des chutes incroyables.
Un recueil posthume qui nous fait clairement regretter le départ d'un écrivain à l'avenir prometteur au regard de la qualité de ses écrits. Pour me consoler je vais tenter de me procurer «Le liseur du 6h27».

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Auteur du très remarqué roman « le liseur du 6 H 27 » paru en 2014, Jean-Paul Didierlaurent (1962 – 2021) s'est également illustré dans l'écriture de nouvelles, un art qu'il maîtrisait à la perfection.
Dans cet ultime recueil posthume, il confirme ses belles qualités d'imagination et son sens du rebondissement. Qu'il se mette dans la peau d'un malade souffrant d'ornithophobie ou dans celle d'une victime d'AVC bloquée dans un lit d'hôpital sans pouvoir réagir, il réussit à nous charmer.
Et vous ne regarderez plus jamais la dame-pipi de votre centre commercial ou le fossoyeur de votre village sans penser à lui.
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Ce kaléidoscope de nouvelles est précieux. Il honore la mémoire de Jean-Paul Didierlaurent. Résurgence, sa voix en filigrane.
L'émotion vive de comprendre un livre posthume, des textes lauréats, des inédits, des merveilles rémanence. Rassembler l'épars est ici, un bel hommage. Ce livre est un carillon de cloches dans les montagnes vosgiennes.
Rappelez-vous les « Le Liseur du 6h27 », « La Fissure », « Le Reste de leur vie », et « Malamute ».
« Bec et Ongles », 15 nouvelles pétries d'humanité. Parfois acides, caustiques, à double-tranchant, on ressent le regard de Jean-Paul Didierlaurent sur chaque mot. Inoubliable et magnanime, il nous offre un tour de manège émouvant.
De plusieurs degrés, paraboliques, des drames teintés parfois d'humour et d'interpellations, toutes assignent nos pans de vie, angoisses ou passions.
« Marche après marche, le visage prosterné vers le sol, soumis et heureux, je lis. »
«Marée noire », métaphore de la littérature, « je me sens l'étoffe d'un Moïse devant les eaux de la mer. »
Dans cette orée, troublantes, percutantes, sensibles, lucides et dévoreuses, le double cornélien des existences en apogée. Ici, résonne l'attention à l'autre, les douleurs échouées face aux ressacs, l'admirable surveillance d'un auteur sensible à autrui.
« Bec et Ongles » un titre, et une nouvelle. Tsunami, les névroses à fleur de peau. Les angoisses murailles, l'ubuesque des situations imprévisibles mais insistantes. La peur éveille les causes. Cette nouvelle satirique, malicieuse, manichéenne est une métaphore délicieuse et superbe. Tel un magicien des mots, Jean-Paul Didierlaurent change les couleurs et du noir le blanc resurgit. D'un drame arrive un sourire. Ce fragment est une éclaircie. Un remède à la morosité et l'intuition gagnante que tout peut aller mieux, toujours…
« Il est des mots qui parfois résonnent comme des petites victoires. »
Que dire de « Pénélope » écrite en 2021, dans cet hier si proche encore comme une trame annonciatrice. L'écho d'une voix inoubliable. Pénélope, tricoteuse symbolique. Corde à noeud, la laine, telle une fidèle qui modèle le visage de l'aimé disparu en mer. La résilience n'est pas prête à la bataille. Elle tricote pour lui, Laurent, « le cliquetis des aiguilles qui s'entrechoquent, comme à chaque fois depuis huit ans. » le pull-over dans l'infini des larmes, comme un soupir sur ses douleurs. Ce texte est une perle dans la nuit noire. La magnificence de la constance. Quand bien même le deuil ne franchit pas le seul de l'après-lui. Digne pleureuse des silences et des solitudes, phare dans le sombre d'une mer avaleuse de Laurent. Tricoteuse aimante, ne pas lâcher prise face à la mort.
Lisez cet écrin de nouvelles spéculatives et dont chacune vous parlera. Vous verrez le regain des grandes importances.
Tels des bonbons acidulés fondant en bouche, des petites madeleines de Proust. Une malle ouverte subrepticement riche de feuilles manuscrites rien que pour nous.
Précieux, raffiné, d'une haute intelligence et d'un magnétisme impressionnant. Publié par les majeures éditions Au Diable Vauvert.
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Je ne suis pas adepte en général des nouvelles, mais j'ai fait une exception pour cet auteur.

Parmi ces 14 nouvelles, plusieurs parlent de livres et rendent hommage à la lecture : "Marée Noire", où des phrases s'échappent des livres d'une bibliothèque, "Encrage", écrite en 2015 où Gaston, pilonneur de livres, se balade au Salon du Livre et "Le Liseur" écrite en 2005 avec le même Gaston, pilonneur le jour et liseur dans le train qui l'emmène au travail. Ces deux dernières nouvelles ont dû lui servir pour écrire en 2015 : "Le liseur du 6h27".

Dans "Fissure", nouvelle écrite en 2003, Xavier, représentant en nains de jardin, se fie aux signes et va être complètement perturbé par une fissure sur le socle de Blanche-Neige. Cette nouvelle préfigure son roman éponyme paru en 2018.

Deux nouvelles parlent de corrida : "Puntilla" où un homme dans le coma, hospitalisé contemple un dessin de Picasso avec un matador et un toro et "Naranja" où un, matador de toros est enlevé.

Il y a aussi "Bec et ongles" sur la phobie des oiseaux, "Nuit blanche" où Fatou, un enfant de douze ans, est seul dans une ville où le Mal Noir sévit, "Cabine 4" avec une dame Pipi, "Le calepin", avec un fossoyeur détenteur d'un calepin avec tous les noms des villageois et la date de leur décès, une histoire de covoiturage : "Covoit", celle d'un greffé du coeur "Pulsations", de la veuve d'un gardien de phare", qui tricote et détricote sans cesse : "Pénélope" ou d'une mystérieuse boite aux lettres jouant avec le temps dans "Post-mortem".
J'ai apprécié l'écriture de ces nouvelles, leur originalité et leur humour noir.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Ouvrage lu pour le club des lecteurs avec curiosité et compréhension. Jean-Paul Didierlaurent était une plume magistrale, touchante, intelligente et captivante. J'ai adoré certains de ses romans au point de les conseiller régulièrement au boulot. Brillant, il avait même réussi à me plaire avec «Macadam», son recueil de nouvelles, alors que ce genre ne me plaît pas. Hélas, la sauce n'a pas pris avec ce nouveau recueil. La faute au format, évidemment. Pas à son talent ! J'ai tout de même aimé certains textes comme « le calepin », « Covoit » ou « Nuit Blanche ».
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Comme tous les jeudis, j'avais passé l'après-midi à me balader le long des quais. C'était une journée caniculaire. L'asphalte vomissait vers le ciel son haleine brûlante et la Seine, assoupie, déployait paresseusement sa surface argentée sur laquelle glissaient des bateaux mouches chargés de touristes. Dans l'air saturé de chaleur, les tours de Notre-Dame semblaient vaciller sur leur base. J'errais de bouquiniste en bouquiniste, l'oeil aux aguets. J'ai pour les vieux livres une passion dévorante. Leur beauté fanée m'émeut. Après avoir été maintes et maintes fois effeuillés, parcourus, écornés, parfois aimés et adulés, d'autres fois haïs et maltraités, ils échouent sur le trottoir, gisant pêle-mêle dans les cartons, agonisant dans leur encre délavée. À l'approche des casiers, mes prunelles pétillent de gourmandise. Mon regard vole de livre en livre. Les ouvrages me tendent leurs tranches fatiguées comme autant d'échines appelant la caresse de mes yeux. Mon attention se fixe soudain sur un détail anodin, une dorure racoleuse, une reliure avenante. Alors, mes mains se font serres pour plonger dans les grands bacs de contreplaqué et saisissent le volume convoité. Mes doigts impatients tournent les pages, glissent sur le papier, en mesurent le grammage, en analysent toute la texture. Mes narines s'entrouvrent, telles des fleurs sous le soleil, et inspirent goulûment les effluves poussiéreux que libèrent les feuilles jaunies. Telle une ménagère choisissant les plus beaux fruits, j'ausculte, je palpe, je soupèse, je sens. Une seule chose échappe à mon analyse : le contenu même des livres. Leur lecture ne m'intéresse pas. Jamais. Si parfois j'en tourne les pages, c'est uniquement pour en admirer la qualité typographique. Je les aime pour leurs couleurs, pour leurs odeurs et pour leurs formes.
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Le contenu lui importait peu. Il aurait pu lire un ouvrage de recettes de cuisine ou un manuel de bricolage avec la même application. Seul l'acte de lecture avait de l'importance. C'était son purgatoire.
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Et tandis qu’au dehors la nuit descend sur le monde, à vingt milles marins de là, abritée sous le dôme vitré du phare, la lumière va et vient, comme un cœur qui bat.
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« Je ne suis qu’un pauvre bougre en salopette bleue qui, du matin au soir, brise l’échine de milliers de livres à s’en rendre malade, des livres que vos dieux de l’Olympe comme vous dites ont un jour décidé de publier à grande échelle pour des lecteurs qui n’étaient pas toujours au rdv. Je suis au service d’une machine à l’appétit insatiable, un monstre qui engouffre journellement des tonnes d’ouvrages et qu’il faut nourrir, coûte que coûte, parce que le système le demande. »
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Comme à chaque fois depuis huit ans, lorsque le pull-over sera terminé, elle le détricotera et puis recommencera. Faire et défaire, entretenir l'espoir au gré des pelotes déroulées.
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Videos de Jean-Paul Didierlaurent (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Paul Didierlaurent
Book trailer de Malamute de Jean-Paul Didierlaurent aux éditions Au diable vauvert. Entre drame rural et huis-clos montagnard sous la neige : Après le liseur du 6H27, JPDL revient avec un conte moderne merveilleux. « À son admirable talent de conteur, JP Didierlaurent ajoute ici un sens éblouissant du tragique. » Bernard Lehut – RTL « À la croisée du roman réaliste, du roman familial et du conte. Brassant d'un même mouvement passé et présent, rudesses de la nature et abîmes de l'intime, prosaïque et merveilleux. Une nouvelle réussite d'écriture. Jean-Claude Lebrun – L'Humanité
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