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EAN : 9782848760513
299 pages
Philippe Rey (02/03/2006)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Lorsque le colonel Asante Kroma, chef de la police, entre dans une maison solitaire, il fait une découverte stupéfiante : devant lui vient de mourir le président N'Zo Nikiema, chef dÉtat en fuite.

En prévision de sa chute, il avait fait construire un bunker sous l?atelier d?une jeune artiste-peintre, Mumbi Awele, qu?il rencontrait en secret. Était-elle sa maîtresse ? Une prostituée ? Leur liaison s?était bâtie autour d?un meurtre, celui de Kaveena,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un cadavre dans la case d'un village isolé : celui du chef de l'Etat, N'Zo Nikiema. Un mystère : qui a violé et tué autrefois la petite Kaveena, fille unique de Mumbi, artiste peintre et maîtresse du président défunt. Nous sommes dans un pays africain qui pourrait bien être n'importe lequel et un coup d'état chasse l'autre...le président sortant (sorti) s'est réfugié dans un de ses refuges secrets et, quand le roman débute, le colonel Asante Kroma, chef de la police politique chargé de l'arrêter après l'avoir fidèlement servi, le trouve étendu et tout à fait mort sur le sofa de l'atelier de Mumbi. Kroma découvre alors un bunker sous la maison et plusieurs documents, dont une sorte de journal intime ou plutôt une longue lettre de justification a l'intention de Mumbi. Enfermé dans la case pour un tête-à-tête macabre, le colonel va se remémorer le passé, refaire l'histoire de l'accession au pouvoir de Nikiema (on pense parfois à Joseph Konrad) et tenter de reconstituer sa fuite et les circonstances de sa mort. Cela à travers les retrouvés par Kroma et son propre souvenir. Dans un premier temps tout passe donc par son récit reconstitué et les écrits de Nikiema…

Il incombe donc au colonel Kroma de démêler les sombres secrets d'un système dont il a été un des rouages les mieux huilés et le serviteur loyal. N'a-t-il pas contribué à l'arrivée au pouvoir de N'Zo Nikiema et n'a-t-il pas été de toutes les exactions pour le maintenir en place ? Que sait-il du meurtre rituel de Kaveena et de ses commanditaires, ces « hommes forts qui ont les moyens de financer de telles opérations », et que trouvera-t-il en fouillant le passé ? Deux intrigues convergent donc, l'une reconstituant le parcours politique d'un homme parti de rien pour devenir un président avide et corrompu, l'autre rappelant le destin atroce de Kaveena, victime d'un assassinat visant à satisfaire les appétits de pouvoir de politiciens sans foi ni scrupules. Mais la mort de la petite fille ne demeurera finalement pas complètement impunie, les meurtriers, dans leur arrogance et leur assurance de l'impunité, n'ayant pas pris en compte la fierté d'une famille qui refusera le prix du sang et la détermination d'une mère à se venger d'un homme et, à travers lui, d'un système.

Kaveena, récit aux accents policiers plus que polar, est un long monologue lucide, précis et désespéré, décrivant sans ambiguïté et avec force détails l'histoire d'une Afrique doublement meurtrie et humiliée, par ses colonisateurs – ces hommes conscients « de représenter chez un peuple soumis une race et une nation supérieures. » – puis par ses propres enfants. Tombée entre les mains de politiciens sans scrupules, qu'ils soient étrangers comme Pierre Castaneda ou locaux, elle doit composer avec des dictateurs avides et sans pitié pour leurs ennemis et aussi pour ceux qui furent un jours leurs amis ou leurs alliés. Dans un monde d'où l'innocence est absente qui se décompose, comme pourrissent les provisions amassées dans le bunker souterrain de Nikiema, Kroma essaie de comprendre avant que le destin ne le rattrape à son tour. Craignant pour sa propre vie – « Ma propre mort rôde d'ailleurs autour de moi car je ne vois pas comment je pourrais sortir d'ici sain et sauf. » –, terré dans ce qui est devenu une sorte de mausolée étouffant de chaleur et de puanteur, entouré de portraits inachevés de Kaveena peints pas sa mère, le brillant colonel n'est plus lui aussi qu'un mort vivant, égrenant les vérités comme les mensonges et revenant sur une histoire qui ne cesse et ne cessera jamais de se répéter.

Lien : http://www.polars-africains...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Finalement, ça ne s’est pas bien passé pour moi, la vie. J’ai manqué mon idéal : n’avoir jamais vécu. Oui, c’était la meilleure chose qui aurait pu m’arriver : rien. Le plus beau des rêves en définitive.
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Aussitôt après avoir posé la question, j’ai compris qu’il voulait parler de la mallette. Cette fois-là, j’ai ri de non cœur. Ce vieux m’était décidément sympathique. Quant à lui, ses yeux pétillaient d’une malice quasi enfantine. C’était vraiment un homme extraordinaire. Cela ne m’étonne pas aujourd’hui que sa fille Mumbi ait fini par tenir l’ancien président sous son pouvoir. J’avais compris dès cette époque que nous n’en finirions pour ainsi dire jamais avec le meurtre de Kaveena. C’était simple : Castaneda n’a pas eu de chance. Il n’a juste pas tué la bonne petite fille.
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L’écrivain et journaliste sénégalais Boubacar Boris Diop nous introduit au monde des lettres africaines, nous parle de son origine, ses mythes et ses réalités, et nous recommande certains de ses écrivains actuels préférés.
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