Roman en neuf lettres

Roman en neuf lettres a été écrit en une nuit en 1845 et est paru dans le "Contemporain" de janvier 1847. Je l'ai lu dans la traduction d'Helperine-Kaminski. Mauvais plan. Elle m'a donné des maux de crâne. le début surtout est très confus, après ça va mieux. Je résume donc le début, pour vous éviter de prendre un Doliprane.
Petre Ivanovitch a emprunté 530 roubles à Ivan Petrovitch ( notez les initiales dans le bon sens, je vous prie, élève Sachka ! ) sans lui donner de reconnaissance de dette. Et dans sa première lettre, Petre reproche à son ami d'être introuvable. Il lui reproche aussi de lui avoir envoyé le bel Eugène, un jeune ami qui ne veut plus quitter sa maison...
Bon il s'agit d'une nouvelle légère mais originale et ludique. Un vaudeville épistolaire avec une double chute croisée.

Lu sur l'excellent site de la beq ( 20 pages environ)

Une petite nouvelle épistolaire, un petit bijou surprenant où deux amis Petre Ivanovitch et Ivan Petrovitch s'envoient des lettres qui nous retracent l'intrigue aussi calmement...

Au départ les deux amis s'écrivent simplement pour retrouver un peu de la chaleur humaine mais un conflit va dégénérer entre les deux si bien qu'on voit la tension montée à chaque nouvelle lettre, jusqu'à ce qu'ils se jurent de ne plus se fréquenter. le fond de tout est que Petre Ivanovitch reproche à son ami de lui avoir présenté un ami qu'il soupçonne d'être à présent l'amant de sa femme et de l'autre coté, Ivan Petrovitch reproche à son ami de ne pas avoir la volonté de payer les dettes qu'il avait contractées auprès de lui. Mais l'auteur nous réserve la plus grande surprise lorsqu'on découvre que les lettres sont en fait manipulées par la femme de Petre Ivanovitch et son amant...

"Roman en neuf lettres", car si le texte se présente bien sous la forme d'une correspondance entre deux personnages, c'est toute une intrigue avec ses sous intrigues même qui se révèle peu à peu. L'échange est très bref mais très dense, à tel point que je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, peut-être parce que j'ai inversé dans ma tête les noms des deux personnages qui se ressemblent, mais peut-être aussi parce que rien n'est dit clairement, tout est allusif. Qui a trahi qui, qui a manipulé qui ? quel est le rôle des deux femmes ? Je remercie d'ailleurs les critiques précédentes de m'avoir donné des pistes.
En effet, les personnages se connaissent, sont même très amis lorsqu'on lit les premiers échanges, puisqu'ils se reçoivent mutuellement, se donnent des nouvelles de leur femme respective et de leurs enfants... Mais nous sommes chez Dostoïevski, la situation ne reste pas dans cette ambiance de camaraderie, et le ton monte très vite, de rencontres manquées à des rendez-vous ratés, de petits mensonges en gros, avec une histoire d'argent qui vient envenimer les relations.
Si j'ai apprécié ce changement de ton, ne pouvant pas dire que j'ai pleinement compris le texte, je livre donc un avis réservé.

La derniere phrase de la critique de PiertyM m'a fait relire ce court roman. Mais Je peine toujours a comprendre sa conclusion comme quoi la femme de Piotr (Anna) serait a la source de la manipulation. Je dirais simplement que comme souvent chez Dostoievski, il est difficile de conclure sur le fond d'autant plus que le principe meme du romain epistolaire est de mettre en doute la parole.
La forme, en revanche, me semble claire et l'élément prépondérant: une figure symetrique - le rusé Piotr (et sa femme Anna) d'un coté, le plus honnete Ivan (et sa femme Tatiana) de l'autre - centrée autour du personnage d'Evgueny, sorte de malediction qu'ils se "repassent" par femme interposée.
L'équilibre de l'ensemble est très bien établi par ce procédé, jusque dans les noms des personnages, Piotr Ivanytch et Ivan Pietrovitch. On n'est pas loin du Double, "poeme" précédant ce court roman.

Moi qui trouve que les oeuvres de Dostoïevski sont parfois un peu trop longues, là pour le coup je n'ai pas mis bien longtemps à terminer ce Roman en neuf lettres. Neuf petites lettres, 2 personnages (Petre Ivanovitch et Ivan Petrovich), un malentendu et surtout un ami commun qui fiche un peu la pagaille.
Petite lecture hyper rapide mais ma foi bien sympathique.