Ecrit semble-t-il en 1844 (l'auteur avait 20 ans), ce court roman paraît en 1847 dans la revue « Le contemporain ». le texte rencontre un grand succès, une forte résonance, les thématiques qu'il évoque sont dans l'air du temps. Jusqu'à sa mort, survenue à 40 ans, l'auteur n'a plus connu un succès semblable, et s'il reste encore lu aujourd'hui, c'est surtout grâce à ce roman.
Il s'agit d'un roman épistolaire. Pauline, jeune femme de 19 ans à peine, est marié avec un homme plus âgé, Sachs, qui essaie de faire son éducation, sans grand succès. Pauline retrouve un jeune homme qui a été amoureux d'elle avant son mariage, le prince Galitzki. Ce dernier profite de l'absence du mari pour séduire
Pauline. Sachs, plutôt que de tuer le séducteur, divorce et fait épouser Pauline par le prince. La jeune femme n'en trouve pas le bonheur pour autant.
L'intrigue est extrêmement simple, l'intérêt du livre tient plutôt à la peinture des caractères des personnages et de la société en arrière plan. L'éducation des jeunes filles, ou plutôt son inconsistance, qui en fait des enfants attardés, à la merci de toutes les manipulations, est une des thématiques principales. A côté de celle du servage, de l'exploitation des masses. Pauline, partagée entre deux hommes, incapable de se connaître suffisamment pour faire un véritable choix, est un personnage vibrant et touchant. La fatalité est créée par la société, non par un décret du destin, elle n'en est pas moins cruelle.
C'est vraiment une très bonne surprise, que ce texte peu connu, et on comprend les appréciations flatteuses que de grands auteurs russes ont formulé à son sujet.