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sur 705 notes
L'Amant de la Chine du Nord est un des derniers livres de Marguerite Duras, une réécriture de l'Amant alors qu'elle apprend la mort de ce dernier. C'est l'histoire de l'amour impossible et transgressif, dans l'Indochine des années 30, entre l'auteure - l'enfant comme elle est appelée dans le roman -, quinze ans, avec un homme chinois - le Chinois -, vingt-sept ans. À notre époque, cela a tout pour choquer; cependant, le fait qu'il s'agisse de l'histoire de l'auteure, que l'enfant ne soit jamais présentée comme une victime si ce n'est de sa famille à elle, que le jeune homme soit lui-même d'une certaine immaturité et surtout que Marguerite Duras n'aborde pas le récit sur le plan de la morale, mais bien de l'ambivalence des sentiments et de l'éveil à la sexualité suscite l'adhésion. Tout autant cinématographiques que littéraires – l'auteure ayant été insatisfaite du film ayant été réalisé à partir de l'Amant -, l'écriture de même que la forme du roman favorisent un rendu qui laisse beaucoup de place aux images. le seul bémol pour moi a été l'incongruité parfois des rires et pleurs qui surgissent, frisant parfois le ridicule… de belles pages sur les sentiments du désir et de la séparation.
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Marguerite Duras écrivit l'Amant de la Chine du Nord après la sortie de l'adaptation cinématographique de l'Amant, par Jean-Jacques Annaud.
Ce second texte sur l'amour entre une adolescente pour un homme de 12 ans son aîné, entre une fille de colons blancs et un chinois, est encore plus beau que la version initiale. Fâchée du succès du film, qu'elle juge hollywoodien et vulgaire dans son esthétisme éthéré, peut-être fâchée aussi des raisons du succès du livre, elle le réécrit, pour prouver au monde entier qu'elle est l'auteure et Annaud un pâle imitateur. Cette version, épurée, nettoyée de certains effets de style, surpasse en effet la première mouture. Cet ouvrage est dans mon sac pour une île déserte.
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A la base, j'avais envie de lire L'Amant du même auteur, mais il n'était pas à la bibliothèque ce jour là… Par contre j'ai trouvé ce livre ci, qui m'a vraiment intrigué pour le coup, je n'en connaissais pas l'existence. Pour la petite histoire, Marguerite Duras, n'ayant pas apprécié le parti-pris trop esthétique selon elle de l'adaptation cinématographique de son roman, a décidé de le réécrire. Ce roman est donc la seconde version de L'Amant, avec certaines modifications. Pour ma part, je me souvenais seulement de quelques images du film (vu il y a si longtemps) et vaguement de l'intrigue, ce fut donc une complète redécouverte.
L'effet est un peu déstabilisant au début car l'auteur évoque sa première version du livre en la nommant simplement « le livre » et idem pour « le film » dont elle parle également. du coup le style est plutôt spécial, on a l'impression de lire les directives destinées à un éventuel réalisateur sur un plateau de cinéma.
Amplifiant encore cet esprit cinématographique, les personnages ne sont presque jamais désignés par leurs noms (pour certains : jamais) mais par leurs rôles : l'enfant, le chinois, la mère, le frère aîné, etc… Pareil, l'effet est assez curieux au début mais on s'y fait et cela n'empêche pas de plonger dans l'histoire. Les dialogues sont plutôt chaotiques, mais l'écriture très épurée, efficace, va à l'essentiel et sert ce récit direct et sensuel en permettant au lecteur de saisir ce lien particulier, si fort et douloureux à la fois, entre le chinois et l'enfant.
Au final, on se retrouve complètement transporté dans l'Indochine des années 20, sur les rives du Mékong ou dans les rues de Saigon, et on achève sa lecture un peu troublé, un peu nostalgique aussi… C'est beau, tout simplement.
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Elle.

Elle n'a pas encore quinze ans.

Cette enfant a poussé dans une famille saccagée.

Le père, mort il y a bien longtemps.

Le grand frère, opiomane violent.

La mère, ruinée par des fonctionnaires véreux, qui n'en finit pas de sombrer dans la folie de son amour pour ce fils dangereux.

Dangereux pour Paulo surtout, le petit frère. Celui que tout le monde sait fou. Hermétiquement clos, presque hors de portée des mots. Mais qui vit tout contre Elle, Elle qui l'aime. Au point que la nuit, leurs corps soudés pourraient se confondre.

Et Tanh, le frère recueilli, l'enfant perdu de la forêt de Siam. Leur amour mutuel, tu.

Ce jour-là, elle rentre à la pension Liautey, celle qui abrite les orphelines métisses et les blanches ruinées.

Sur le bac, Il est là. Dans son costume grège, dans sa longue voiture noire. le riche homme chinois.

Un regard échangé, une invitation.

Et le désir monte, comme une évidence à laquelle ils ne peuvent se soustraire.

Le désir qui les emporte comme un torrent impétueux.

Jusqu'à la souffrance, la douleur définitive du déchirement.



Eblouissant.

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Duras, un monument n'est-ce pas...alors dire du mal d'elle c'est pas politiquement correct, ben oui mais là je m'en fous...non je n'accroche pas, le style aurait pu tout changer, mais non, c'est haché, rien de fluide, c'est entre le récit narratif et le dialogue de script...Quant à l'histoire, ça chiale toute les 3 pages, alors certes avec de belles nuances, en discrétion, caché, de face. Et partout, au lit, au resto, dans la voiture, sous la douche, au lycée... et puis personne n'est épargné...c'est sans doute le côté émotionnel qu'elle a voulu transcrire...parce qu'évidemment on ne peut rien ressentir sans larme, c'est bien connu...heureusement la calvaire n'a pas duré longtemps, elle a eu la courtoisie ne faire court. j'avais déjà entendu dire que des deux Margueritte, l'autre était d'un tout autre calibre, eh bien ça se confirme...
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Magnifique !
Dès la première page.
J'avais aimé L'amant. Cette version diffère, elle est encore plus imprégnée de cette expérience exceptionnelle vécue par ces deux personnes.

Ayant séjourné au VNam (quelques années après la fin de la guerre), je retrouve certaines ambiances, certains lieux.
Mais ce n'est que le décor ; ce qui arrive à ces deux personnes, dans leur âme, leur être, est superbement décrit, des décennies plus tard.
Magnifique.
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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N°1842 – Mars 2024.

L'amant de la Chine du NordMarguerite Duras – Gallimard.

Ce roman aurait été écrit en 1991 par Marguerite Duras après l'adaptation cinématographique qu'elle juge décevante par jean-Jacques Annaud de « L'amant » qui lui valut le prix Goncourt en 1984 et un succès mondial. C'est donc en quelque sorte une sorte de rectification qui apporte des précisions en vue d'un éventuel autre film avec des annotations précises pour sa réalisation.
Après de longues années passées, quand la vie avait repris son cours, il y avait eu cette communication téléphonique, ces quelques mots lointains de cet amant pleins de regrets, d'amour pour elle, cet oubli impossible . Ainsi veut-elle évoquer sa première histoire d'amour, celle qu'on n'oublie jamais. Ce sera « L'amant », le film d'un autre, puis ce livre. Elle est « l'enfant » et lui n'a pas de nom, sans doute pour insister sur l'aspect transitoire de cette aventure.

Elle se rend à Saïgon pour ses études et relate sa rencontre avec le Chinois élégant et plus vieux qu'elle, sur le bac qui traverse le Mékong, elle se décrit comme une jeune fille de seize ans, pauvre mais insolente, qui a des relations difficiles avec sa mère, un peu délaissée par elle. Il y a ce « coup de foudre » du Chinois qui la voit pour la première fois, l'accompagne dans sa belle voiture, la séduction rapide qui les amène dans sa garçonnière mais cela ne se résume pas à une longue aventure amoureuse et sensuelle. C'est le début de leur histoire et du désir réciproque qui les animent et qu'ils s'avouent. On apprend cette liaison parce évidemment tout se sait mais il n'y a pas de scandale parce que la mère est appréciée, reconnue par tous comme une bonne institutrice, généreuse, humaine. Il y a une grande complicité et une tolérance autour de cette relation autant au lycée qu'à la pension. Elle manque les cours et découche pour rester avec lui et il y a autour de cette relation une grande tolérance, voire une forme de complicité. Elle se confie à Hélène, une élève de la pension pour qui elle nourrit une passion amoureuse.
Ils ne font pas que s'aimer, ils parlent d'eux librement, rient ensemble, se racontent leur histoire, évoquent l'avenir quand ils seront séparés. Ils le savent parce qu'en Chine il y a des traditions autour du mariage. Son amant est fiancé à une jeune fille plus jeune, ailleurs et qu'il doit épouser sinon il perd sa généreuse dot et son père le déshérite, et puis un Chinois n'épouse pas une blanche. Elle devra repartir pour la France qu'elle ne connaît pas, tourner la page. Leur amour est sans lendemain, mais ils s'aiment. Dès lors les relations prennent un tour nouveau. Il y a des rencontres cordiales du Chinois avec la mère, ensemble ils parlent de l'amour qu'il porte à sa fille, de la souffrance et de la solitude qu'il ressent face à l'impasse de cette relation et que les larmes partagées, souvent versées, n'adoucissent pas, la peur pour la fille de tomber enceinte de son amant autant que l'espoir un peu fou d'avoir un enfant de lui pour peser sur:leur histoire, la prise en compte de la sordide misère de la famille, la volonté du Chinois de l'aider sans l'humilier, des projets d'aide financières pour le rapatriement. Et ce malgré le fils aîné plus intéressé que jamais. I ,

Donc beaucoup de différences par rapport au film qui n'était qu'une adaptation du roman, lui-même riche en nuances. Il y a l'ambiance, l'étude des personnages, les relations qui se tissent entre eux .Elle décrit l'atmosphère familiale dans cette école française au sud de l'Indochine en 1930. le père est mort, sa figure est à peine esquissée, la mère, perturbée, désabusée, désespérée vivote comme elle peut, se méfie de son fils aîné Pierre, son préféré, imprévisible, cupide, voleur, profiteur et même violent et qu'elle songe à faire rapatrier. La préférence de la fille va à Paulo, l'autre fils plus jeune mais aussi à Thanh, le chauffeur dévoué à qui ce livre est dédié. Elle l'aime d'un amour authentique, impossible aussi. Tous sont plus ou moins destinés à terme à quitter ce décor .
Il y a toujours cette obsession de la mort qui me paraît prégnante dans ses romans, comme une fatalité parce que nous sommes mortels mais aussi une attirance face aux échecs de la vie, comme si elle devenait insupportable, parce qu'on ne peut pas revenir en arrière. Face à cet amour authentique et sans issue elle est la seule solution. La figure du père mort est lointaine, la mère préférerait que son fils aîné ne soit plus là mais son départ vers la métropole est pour elle un peu sa mort. Elle l'aime mais il met en péril le fragile équilibre de cette famille. le Chinois voudrait bien que son père meurt...Le roman se termine sur le suicide d'un jeune passager, en haute mer.
Ce que je retiens dans ce livre c'est la volonté d'écrire ce pan de son histoire personnelle, parce qu'écrire c'est témoigner, c'est aussi  un bonheur fou parce que la poésie y est mêlée, c'est à la fois un plaisir, une souffrance, une nécessité, peut-être une absurdité mais c'est aussi une victoire sur la mort.

J'ai longtemps, à titre personnel, nourri, une sorte de rejet de l'oeuvre de Marguerite Duras. Cette relecture attentive me la présente sous un jour différent qui n'exclut cependant pas certaines incompréhensions.

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J'ai retrouvé Marguerite Duras comme une vieille amie. de celles que l'on ne revoit qu'au bout d'un long moment, et où pourtant rien ne semble avoir changé. J'avais lu L'Amant il y a quelques années, c'était le premier livre que j'avais ouvert de l'auteure et à partir de là, je me suis mise à en dévorer certains de façon boulimique. Certains me laissent encore un souvenir impérissable, comme Moderato Cantabile, si particulier, ou bien entendu Hiroshima mon Amour, qui est le script du film d'Alain Resnais et qui fait sans conteste partie de mes livres préférés.

L'Amant de la Chine du Nord, c'est cette histoire d'amour incroyable entre un Chinois et une jeune fille anonyme, appelée « l'enfant » du début à la fin du roman, qui dérange autant qu'elle fascine et qu'elle bouleverse. Deux personnages s'unissent autour d'une passion presque déchirante. Je pense qu'on connaît tous plusieurs de ces histoires où les deux membres du couple, aussi amoureux soient-ils, se font plus de mal que de bien. C'est typiquement ce genre récit auquel on a affaire ici. le Chinois et l'enfant sont diamétralement opposés ; de par leur âge, leurs origines, leur mentalité, leur vision des choses, leur classe sociale. Rien ne les réunit, si ce n'est un désir profond, qui grandit tellement qu'il en devient menaçant.

Marguerite Duras dépeint là encore une histoire bouleversante, et toujours aussi dérangeante. Les personnages ne font que rire dans leur malheur, d'une façon décalée qui refroidit le lecteur. Et pourtant, le tout est incroyablement touchant. Certains aspects du roman peuvent avoir l'air assez malsains, mais on ferme les yeux. L'amour semble l'emporter.

Ce roman, plus ou moins autobiographique, est aussi une critique incroyable de l'Indochine sous domination française. Tout le monde en prend pour son grade, on montre le poids des conventions. C'est un livre que j'aurais adoré étudier en classe pour en connaître plus. Marguerite Duras est une auteure impressionnante et je suis ravie d'avoir enfin sorti ce livre-ci de ma PAL pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur.
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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« L'Amant » a obtenu le Prix Goncourt en 1984.
Il sera adapté au cinéma et réalisé par J.J. Annaud.
Marguerite Duras a passé cinq mois dans le coma lorsque ce projet cinématographique est né, cinq mois qui la feront complètement passer à côté de cette collaboration. Déçue par un scénario qui ne reflète pas son histoire, elle renonce à y participer.

« L'Amant de la Chine du Nord » en est sa réécriture. Publié en 1991 (le film sortira quelques semaines plus tard), ce livre est beaucoup plus que cela pour Marguerite. Elle y mettra tout son coeur.
L'écriture est différente : elle y ajoute de la sensibilité, et du détail tel un scénario. Ainsi, le livre commence avec les descriptions de mouvements de caméra, que nous retrouverons tout au long du texte autobiographique.

Le lien familial y est très présent également : la mère que la vie n'a pas épargnée (cf « Un barrage contre le Pacifique »), les relations aux frères,… Ce sujet y est traité plus en profondeur que dans « l'Amant ».
Et bien sûr cette histoire « d'amour » (permettez-moi les guillemets, le sujet étant délicat) entre l'enfant et l'amant, dont les prénoms ne seront jamais dévoilés.
C'est surtout l'histoire familiale qui m'a intéressée lors de cette lecture, et qui permet d'appréhender certains aspects de la vie de Marguerite Duras : ses choix futurs (dans lesquels j'inclus ses non-choix), ses qualités, ses vices (malheureusement l'alcool fut un compagnon fidèle à Duras, cf « Moderato Cantabile »), son courage, sa liberté.

Le portrait de cette femme du XX siècle est passionnant. Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, pour les plus jeunes surtout : je vous invite vraiment à la découvrir à travers ses écrits et à vous en faire un avis, qu'il soit bon ou non. Car se cultiver ne signifie pas se sentir obligé de tout aimer : savoir pourquoi « je n'aime pas » est déjà un grand pas!
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L'amant de la Chine du Nord
Marguerite Duras

J'ai lu ce roman juste après avoir terminé « L'amant », qui reçut le prix Goncourt 1984. En 1992 sortait la sulfureuse et très esthétique adaptation cinématographique par celui qui s'entendit si bien avec Umberto Eco pour le film du « Nom de la rose ». Avec Duras, la relation fut tout autre, ce qui conduisit le réalisateur à développer seul son script, afin de rester fidèle à sa vision. Marguerite Duras déclarera d'ailleurs : « Rien ne m'attache au film, c'est un fantasme d'un nommé Annaud. » Un an avant la sortie du film de Jean-Jacques, elle publiera ce nouveau roman, sa propre vision cinématographique de « L'Amant ».

Il s'agit ainsi de la même histoire, mais avec des partis pris différents, une structure formelle et narrative d'un autre ordre. Il y a d'abord l'évocation visuelle, scénique, qui s'étoffe de didascalies et de choix de metteur en scène. Duras parle de la caméra, de la manière de filmer les lieux et les corps. En fin d'ouvrage, elle donne même des idées de plans de coupe : un ciel bleu criblé de brillances, un fleuve vide dans son immensité dans une nuit indécise, le paquebot sous la pluie droite de la mousson, le jeu des enfants et des chiens jaunes…

Surtout, il y a les dialogues, « chaotiques mais d'un naturel retrouvé ». Duras évoque des « couches de conversation juxtaposées ». le livre original en revanche, ne possédait pratiquement aucun dialogue, il se construisait par sauts temporels, par strates de mémoires, par flaques de souvenirs. le récit est ici plus linéaire, visuel, interactif. L'amant a désormais une voix, un discours, et le roman s'attache à ces liens du langage avec l'enfant, ainsi que Duras évoque sa jeune personne. le traitement des personnages secondaires est exploré plus en profondeur. La mère, le petit frère Paulo et Than, le garçon vietnamien entré très jeune au service de la famille, prennent une ampleur nouvelle. On découvre aussi la passion amoureuse et défendue qui lie la jeune fille à son fragile petit frère, celui qui est différent, une passion analogue à celle qui la lie finalement au Chinois.

Trois manières de raconter une histoire. Toutes fascinantes à leur façon.
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