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EAN : 9782866421779
160 pages
Editions de l'Etoile (06/11/1996)
4.17/5   12 notes
Résumé :
Cette nouvelle édition en livre des Yeux Verts reprend le numéro de juin 1980 des Cahiers du cinéma, entièrement conçu, écrit, et mis en page par Marguerite Duras, en collaboration avec Serge Daney qui assurait la coordination de ce numéro, avec le concours de Pascal Bonitzer, Michéle Manceaux, François Régnault et Charles Tesson.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En juin 1980. Les Cahiers du cinéma avaient demandé à Marguerite Duras de concevoir Les Yeux verts, un numéro culte tout entier de la même couleur, aujourd'hui réédité dans une belle édition, richement illustré par des photos prises par Jean Mascolo (le fils de Marguerite Duras).

On a droit à une réflexion passionnante sur l'acte de création, mais l'ensemble reste quand même un peu trop érudit et reservé uniquement aux passionnés de Duras
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« Les Yeux verts » est une réédition d’un numéro spécial de la revue des Cahiers du cinéma, entièrement conçu, réalisé et illustré par Marguerite Duras. En juin 1980, les Cahiers du cinéma avaient demandé à Marguerite Duras de concevoir un numéro culte monochrome. Il a été réédité en 1996 dans une “Petite Bibliothèque” de poche, plus sobre. La coordination a été assurée par Serge Daney, l’idée étant de rassembler des textes pour former une œuvre littéraire en part entière.

Il s’agit en quelques sortes d’un essai sur l’histoire du cinéma moderne.
Marguerite Duras y expose les difficultés qu'elle a eu à faire des films, les problèmes rencontrés et apporte des éléments de réponse. On y trouve aussi des réflexions personnelles, de conversations avec des personnes ayant un intérêt dans le cinéma (acteurs, réalisateurs, producteurs) et des lettres écrites ou reçues, toujours en rapport avec le sujet. Et puis les nombreuses photos en noir et blanc font de l’ensemble un livre facile à lire dans lequel on peut piocher des extraits en fonction du titre du texte, toujours court.

Et même si les propos de marguerite Duras sont parfois difficile à suivre, comme, par exemple, dans le texte intitulé Les films de la nuit : “… il y a des films qui ne bougent plus, comme, pour moi, le premier American graffiti dès que je l’ai vu jusqu’à aujourd’hui, une joie : cinéma comme on dit : musique”, on voit où elle veut en venir et on peut lire « Les Yeux verts » comme une chronique de la vie intellectuelle des seventies.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
LE POSTE

Donc, encore. Ça augmente chaque jour, partout. La maladie de la télévision. Le poste est sale. Il devient un objet ménager, une vieille casserole, un évier, mais vieux et sales, il y a très longtemps qu'on les entend, qu'on les voit. Ils entrent dans votre maison, ils se montrent à nous. On ouvre le poste et voilà, ils sont là, on ferme. On ouvre de nouveau ce pauvre poste et en voilà un autre. On voit leur tête grandeur nature, ils tendent le cou, ils regardent vers nous, alors on se met devant eux pour empêcher, on ferme. Ils nous font le même sourire qui se voudrait de connivence profonde. Ils vous disent le discours unique qui se voudrait, de même, aller de soi avec la même force de conviction renversante, les même poses, le même zoom, puis ils s'en vont, au tour d'un autre de vous parler de la France, de la qualité de la vie, des jeux olympiques, et nous on voit qu'il leur manque une dent, qu'ils ont la laryngite ou le rhume, le costume Cardin, les onges propres, le château dans le Périgord. Le mensonge, tous, on le voit, qu'ils mentent comme ils respirent, tous, on le voit, on ne le voit plus tellement on le voit. Ils viennent là pour mentir. C'est quand ils ont à mentir encore plus que d'habitude qu'ils commandent à la télévision de venir les chercher pour qu'ils se montrent. Nous on sait, on voit le mensonge à la télévision comme on les voit, idem, tous. Il y a ceux qui sont en place, il y a leurs commentateurs, leur éboueurs. Leur phrasé du français est le même, on les confond parfois. Quelle écurie. On a des préférences, en général pour ceux de télé-nuit, ceux de quatre heures du matin parce qu'ils sont tellement fatigués. Mais quel étrange effet ils ont sur ce dont ils parlent. Là où ils parlent il n'y a plus de livres, il n'y a plus de films, il n'y a personne, plus de fait divers. Il n'a plus que de la représentation. C'est mystérieux. Il ne s'agit plus d'eux seuls mais du poste, peut-être, difficile à croire qu'ils frappent de nullité tout ce qu'ils abordent. Et pourtant, dès qu'ils paraissent, un écran s'élève entre leurs images et nous qui regardons. Comme s'il se produisait un changement de couleur, que le poste tournait au gris, à la maladie du gris.

Quelquefois, il faut le dire, quelle joie, les grandes baleines de Hawaii passent par là et les chassent. Quelquefois ce sont les bébés phoques, ils sont étranges, ils sont peints en couleur, c'est la jeunesse géniale du Canada qui a trouvé ça, de les peindre en couleur indélébile pour rendre leur fourrure inutilisable et les sauver ainsi de l'horrible massacre.
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LA PERTE POLITIQUE

Pour beaucoup de gens la véritable perte du sens politique c'est de rejoindre une formation de parti, subir sa règle, sa loi. Pour beaucoup de gens aussi quand ils parlent d'apolitisme, ils parlent avant tout d'une perte ou de manque idéologique. Je ne sais pas pour vous ce que vous pensez. Pour moi la perte politique c'est avant tout la perte de soi, la perte de sa colère autant que celle de sa douceur, la perte de sa haine, de sa faculté de haine autant que celle de sa faculté d'aimer, la perte de son imprudence autant que celle de sa modération, la perte d'un excès autant que la perte d'une mesure, la perte de la folie, de sa naïveté, la perte de son courage comme celle de sa lâcheté, celle que son épouvante devant toute chose autant que celle de sa confiance, la perte de ses pleurs comme celle de sa joie. C'est ce que je pense moi.
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Viens, viens que nous allions ensemble pendant cet après-midi de printemps, viens, qu'on aille à travers la ville, qu'on parle, de tout, c'est le bonheur de la vie, qu'on regarde le mouvement, la ville à travers les vitres, la lumière jaune, qu'on aille, toujours, qu'on reste, toujours, là, et là encore, à regarder derrière les vitres la ville, la lumière jaune répandue, qu'on parle, de partir, de rester, d'écrire, de se tuer, tu vois, viens pour rien, pour entendre le bruit, le bruit des langues étrangères, les cris, le vacarme, le fleuve, la douceur...
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" il y a des films qui ne bougent plus, comme, pour moi, le premier American graffiti dès que je l’ai vu jusqu’à aujourd’hui, une joie : cinéma comme on dit : musique”
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Il faudrait instaurer cette critique-là : ne pas parler du film de façon intemporelle mais de soi devant le film. Quand je revois pour la cinquième fois, "La Nuit du chasseur", "Ordet", "Les Lumières de la ville", je me retrouve chaque fois comme renouvelée devant ces films, et en même temps émerveillée d'être égale à moi-même à travers les années de ma vie.
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