Ce qui est bien dans ce tome III des Oeuvres complètes de
Marguerite Duras c'est qu'on y trouve un texte inachevé et donc inédit que je n'ai jamais réussi à me procurer. Alors forcément je jubile avec la lecture de "L'homme menti" que
Duras a commencé à écrire au début des années 1980. le texte est inspiré par sa relation tumultueuse vingt ans plus tôt, avec l'écrivain et romancier
Gérard Jarlot. C'est lui qui l'initiera à l'alcool et provoquera un changement dans son écriture qui va être plus déconstruite, moins écrite comme elle dit.
"L'homme menti" est un texte qui parle d'une femme qui se regarde dans une glace, qui est vêtu en habit du soir et qui va sortir, un soir de Noël. Elle parle à son mari qui est dans une autre pièce qu'elle et qui ne veut pas l'accompagner.
Marguerite Duras dit que ça lui est arrivé et qu'il y a eu quelque chose qui a pris fin ce jour-là avec l'homme avec qui elle vivait. Elle ne pouvait plus supporter une certaine solitude avec lui.
Il est indiqué dans l'appendice que les archives qui portent la trace de ce texte inabouti consistent principalement en un dossier de feuillets manuscrits conservés à l'IMEC.
D'autres feuillets l'accompagnent et notamment les brouillons d'un dialogue entre
Yann Andréa et
Marguerite Duras mise en forme. On y trouve aussi le texte qui constitue un chapitre de « La vie matérielle » recueil publié en 1987 et qui porte le même titre « L'homme menti ». Elle explique ce titre en précisant que cette ancienne histoire d'amour était dominée par le mensonge. D'ailleurs
Gérard Jarlot était connu pour être ce qu'on appelle « un homme à femme », un cavaleur quoi.
Duras explique l'impossibilité d'achever le texte parce qu'elle ne parvenait pas à inventer pour son personnage "une intériorité qui dépasse le mensonge". Dommage, parce que ce texte commençait vraiment très bien.
Et puis, il faut noter le travail précieux de transcription des notes en désordre et souvent raturées. C'est d'ailleurs ce qui fait la grande qualité des ouvrages de la Pléiade.