AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 223 notes
5
12 avis
4
20 avis
3
8 avis
2
4 avis
1
0 avis
Supposons que pour conserver en étagères les nombreux livres qu'on vous envoie, vous deviez acheter un appartement de cinquante mètres carrés. Les hauteurs de murs utilisables conduisent au prix d'archivage de 40€ par bouquin tout compris. C'est le prix que Umberto Eco a calculé pouvoir demander aux éditeurs qui lui expédient ses oeuvres traduites par exemple en... birman ou en croate. Plus cher que le prix du livre ! Finalement il les envoie à des prisons qui en font meilleur usage. Un raisonnement amusant qui amène à s'interroger sur l'aspect matériel d'une bibliothèque. Voilà un exemple des considérations insolites qui attendent le lecteur au long des 350 pages de ce livre.

Le dialogue (1) proposé entre Umberto Eco et Jean-Claude Carrière (metteur en scène et écrivain) dépasse les conjonctures technologiques pour s'attarder sur les livres tels qu'ils les collectionnent, objets rares et supports culturels essentiels. Les anecdotes historiques et souvenirs personnels de bibliophiles foisonnent, depuis les enluminures du Moyen Âge aux rouleaux de papyrus, en passant par la bibliothèque d'Alexandrie, les presses à bois de Gutenberg et Internet.

Je vous entends lecteurs contemporains: ces gens-là n'attendent rien du numérique. Eco et Carrière n'ont pas cet a priori et vous répondent que le livre ressemblera à ce qu'il n'a jamais cessé d'être, sous une forme différente, sur un autre support peut-être, mais le livre restera le livre comme la roue reste la roue. On ne peut pas faire mieux et les exigences de la lecture entraînent que son confort s'améliore grâce aux technologies basées sur la digitalisation. Un regret exprimé est que l' hypertexte diminuerait l'intimité lecteur/auteur.

Il n'empêche qu'internet suscite auprès des deux locuteurs de grandes interrogations car l'information stockée est démesurée, très diverse en qualité et surtout en fiabilité. Comment opérer un filtrage qui laisse émerger un niveau culturel souhaitable ? Et l'obsolescence des nouveaux supports ne posera-t-il pas le problème de l'oubli faute de durabilité ? Si vous avez écrit à vos débuts des nouvelles conservées sur diskettes 3,5 pouces, les relirez-vous jamais ? Qu'en est-il pour les descendants de votre investissement dans une collection de CD de Mozart ? le mot lisible a un sens très technique aujourd'hui: reste qu'un incunable l'est toujours sans autre intermédiaire que l'oeil.

Il s'agit d'une conversation d'érudits passionnés et leurs oppositions n'en sont pas car elles font rebondir les sujets en chemins de traverse instructifs pour un large public, pour autant qu'il s'intéresse à l'histoire des documents et à l'évolution des cultures. Vous découvrirez aussi un intérêt marqué pour la bêtise et les faux (Eco est l'auteur de la guerre du faux) qui, par soustraction, permettent une approche de la beauté et de la vérité: "On ne traite pas impunément les autres d'imbéciles sans se rendre compte que leur bêtise est précisément un miroir qu'ils nous tendent. Un miroir permanent, précis et fidèle."

Voilà ce que je peux vous renvoyer à propos de ce livre difficile à circonscrire brièvement car la discussion vagabonde allègrement dans toutes les directions, avec humour et décontraction. de bonnes pages que j'ai annotées abondamment sur ma liseuse, signe d'un intérêt toujours soutenu.

(1) modéré par le journaliste et essayiste Jean-Philippe de Tonnac.


Lien : http://marque-pages.over-blo..
Commenter  J’apprécie          500
La question principale est de savoir si le net et le livre numérique vont détrôner le livre papier. D'où l' échange entre deux écrivains Umberto Eco et Jean-Claude Carrière. Des questions intéressantes sont soulevées. Un bon livre qui ouvre des perspectives.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
Commenter  J’apprécie          330
Un livre d'entretien entre deux bibliophiles passionnées et passionnants que sont Jean-Claude Carrière et Umberto Eco. N'espérez pas vous débarrasser des livres est fluide et très plaisant à lire, de nombreux thèmes qui gravitent autour du livre y sont abordés: la culture et la connaissance, la religion, l'histoire, les nouvelles technologies... Ce livre foisonnant est un vrai trésor en matière d'érudition et de sapience, le lecteur se délecte de nombreuses histoires, souvenirs et autres anecdotes.

Pêle-mêle:

- On apprend qu' Umberto Eco possède 50000 livres dont 1200 livres rares.
- Quand la bilbiothèque d'Alexandrie a brûlé, il n'y avait pas que des chefs d'oeuvre dedans. Il devait aussi s'y trouver des nanars.
- Les tragédies grecques que nous considérons comme incontournables n'étaient, dans leur majorité, pas citées dans les textes de l'époque. Il est donc possible que ces oeuvres n'étaient même pas les meilleures de leur temps. On s'extasie peut être sur des textes mineurs comparés à la production de l'époque.
- Certains antiquaires que l'on appelle "casseurs" n'hésitent pas à découper des incunables pour les vendre en feuilles séparées.
- Il existe une section de la Bibliothèque nationale que l'on nomme "l'Enfer" et qui regroupe des livres rares et interdits confisqués au fil des siècles. Il faut une autorisation spéciale pour visiter l'Enfer des livres.

A noter le passage où Umberto Eco parle des supports soit disant durables (disquette, CD, DVD, clé USB) mais qui avec le temps deviennent tous obsolètes alors que le livre perdure. Comme le dit l'Italien, le livre c'est comme la roue maintenant qu'on l'a inventé on ne peut pas faire mieux.

Je suis bien d'accord avec lui !



Commenter  J’apprécie          281
Il s'agit d'une réflexion dialoguée de Jean Claude-Carrière et Umberto Eco sur la lecture. Umberto Eco, bien connu pour son roman le nom de la rose, est un érudit diplômé en philosophie, Jean-Claude Carrière, un écrivain, auteur et scénariste. Tous deux s'interrogent sur l'avenir du livre, rappellent les différents supports utilisés à travers les siècles, des volumina romains à la liseuse actuelle, et donnent un point de vue intéressant sur les avantages et les inconvénients de chacun. Ils mettent le doigt notamment sur le paradoxe des nouvelles technologies : sources d'informations inépuisables mais soumises aux lois du marché et de la péremption tandis que le papier, lui, résiste au temps. P. 24 « Nous pouvons donc encore lire un texte imprimé il y a un cinq siècles. Mais nous ne pouvons plus lire, nous ne pouvons plus voir, une cassette électronique ou un CD-ROM vieux de quelques années à peine. » Les nouvelles technologiques nous donnent l'illusion de la toute-puissance, de la sauvegarde infaillible de toute une culture, mais il faut garder à l'esprit que dans la société de consommation, tout est programmé pour péricliter...

J'ai apprécié le parallèle qui est tissé entre les rouleaux de papyrus et la liseuse :

P. 104 « Quand nous faisons défiler un texte sur notre écran, ne retrouve-t-on pas quelque chose de ce que les lecteurs de volumina, de rouleaux, pratiquaient autrefois, autrement dit, la nécessité de dérouler un texte enroulé autour d'un support en bois, comme on en voit encore dans certains vieux cafés de Vienne ? »

Les deux auteurs nous dévoilent également leur passion pour les incunables, ces ouvrages imprimés entre 1452 et 1500 qu'ils traquent inlassablement chez les bouquinistes. Ils se sont constitués au fil des ans et des recherches une bibliothèque impressionnante (50 000 livres pour U. Eco, 40 000 pour J.C. Carrière) dans laquelle ils vont puiser, un peu de la même manière qu'on l'on constitue une cave, ce qui n'est pas sans rappeler nos pratiques à nous, blogueurs, qui sommes nombreux à accumuler des livres pour être sûrs de pouvoir les lire un jour et ressentir leur contact chaleureux au quotidien.
Ils évoquent également le filtrage effectué consciemment ou non, les auteurs qui survivent et ceux qui sombrent dans l'oubli, à juste titre ou non.

En résumé, c'est un document intéressant, au titre percutant, et au contenu édifiant, parfois un brin trop érudit pour moi cependant ! Heureusement, les deux auteurs nous remontent vite le moral en précisant avec franchise qu'ils n'ont pas lu tous les livres qu'ils évoquent.

Lien : http://cottagemyrtille.canal..
Commenter  J’apprécie          220
Ce sont deux bonhommes qui discutent. Pas des lapins de six semaines mais deux messieurs qui en connaissent un rayon niveau littérature. Et ils jasent. du livre, de la culture, de ce qu'implique notre modernité dans le rapport à la connaissance, de la place de la mémoire dans un monde où est accessible en un clic... Ils font un ping-pong d'idées. Rien de fondamentalement nouveau n'émerge de cet échange, mais il est parfois rassurant d'entendre certaines vérités. En vrac :
- les livres qu'Umberto Eco possédait dans les années 50 ne sont plus lisibles à l'heure actuelle. le papier moderne ne vieillit pas si bien que ça. Alors le papier de nos éditions de poche d'aujourd'hui ne devrait pas tenir bien longtemps. La permanence du papier en prend donc pour son grade.
- les nazis auraient pu déterminer si un paysan était juif en regardant s'il plantait ses graines de gauche à droite ou de droite à gauche.
- quand la bilbiothèque d'Alexandrie a brûlé, il n'y avait pas que des chefs d'oeuvre dedans. Il devait aussi s'y trouver des nanars.
- les tragédies grecques que nous considérons comme incontournables n'étaient, dans leur majorité, pas citées dans les textes de l'époque. Il est donc possible que ces oeuvres n'étaient même pas les meilleures de leur temps. On s'extasie peut être sur des textes mineurs comparés à la production de l'époque.
- c'est Bacon qui a écrit toutes les pièces de Shakespeare. Mais ça prenait tellement de temps à Bacon pour les écrire qu'il n'avait pas le temps d'écrire les siennes. du coup, c'est Shakespeare qui a écrit toutes les pièces de Bacon.
- on appelle "casseurs" les gens qui découpent un incunable pour le vendre en feuilles séparées.
- nos ancêtres étaient bien plus petits que nous. Ils avaient donc des tons de voix différents des nôtres puisqu'ils n'avaient pas le même coffre que nous autres.
- Monseigneur de Quélen, archevêque de Paris, a déclaré en chaire à Notre-Dame : "Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d'excellente famille du côté de sa mère".
- à propos de l'existence ou non des Roses-Croix, Nehaus écrivait en 1623 : "Le seul fait qu'ils nous cachent qu'ils existent est la démonstration de leur existence". Imparable.
- quand Bossi, le chef de la Ligue du Nord, est venu à Rome pour vendre sa salade fasciste, des gens l'ont accueilli avec une pancarte proclamant : "Lorsque vous viviez encore dans les arbres, nous étions déjà des tapettes".

Je le confesse, je suis très sensible à tout ce que dit Umberto Eco, en revanche les propos de Jean-Claude Carrière me touchent beaucoup moins. Là où le premier est souvent drôle en plus d'être érudit, le second a tendance à trop se mettre de l'avant dans ses exemples ("Oui, moi, quand j'ai travaillé avec Buñuel...". Bon, il faut avouer que le monsieur a travaillé avec des pointures en matière de cinéma, ça n'aide pas à la modestie. L'admirateur du piémontais que je suis aurait volontiers demandé à monsieur Carrière de la mettre en veilleuse pour laisser plus de place à Eco, même quand ce dernier parle d'auteurs baroques italiens inconnus au bataillon.

En résumé, rien de spectaculaire dans ce livre d'entretien, mais l'ouvrage est très accessible. Les notions abordées sont simples (quelle différence entre savoir et culture ?) et ne finissent jamais en de verbeuses péroraisons universitaires de vieux gâteux. C'est même tout le contraire : à 78 ans, Umberto Eco est un étrange mélange de sapience et de geekitude. Voilà un homme qui peut aussi bien disserter sur Thomas d'Aquin que sur Superman. Il a très tôt intégré l'informatique dans son travail et du coup, sa méfiance envers le numérique n'est pas du tout un réflexe anti-progrès mais plutôt l'expérience d'un vieux de la vieille à qui l'informatique a passé son temps à dire que la disquette 5"1/4/3"1/5, le CD-Rom, le DVD, la clé USB étaient des supports de stockage durables.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
Commenter  J’apprécie          160
Umberto Eco et Jean-Claude Carrière sont tous les deux nés au début de années 1930, d'un côté et de l'autre des Alpes. Écrivains, passionnés d'Histoire et bibliophiles, ils se livrent en 2009 à un dialogue où l'on parlera de littérature, des nouvelles technologies de l'information, de la transmission des connaissances et de leur passion commune pour l'objet-livre. J'avoue avoir lu ce livre un peu par défaut : j'avais grandement envie de relire la plume d'Umberto Eco et de découvrir un de ses ouvrages mais mon choix était considérablement réduit, ayant déjà lu ses titres qui m'intéressaient le plus.


J'en retiens un moment de lecture plutôt agréable mais clairement pas passionnant. Les deux auteurs conversent du passé, du futur, de littérature bien sûr mais aussi et surtout de bibliophilie, une grande passion commune aux deux auteurs… mais qui m'est totalement étrangère. Aussi, je suis resté complétement imperméable à l'excitation et à la passion des deux auteurs sur ce sujet qui, malheureusement pour moi, occupe une place prépondérante dans le livre. Si j'aime lire, j'avoue que je n'attache qu'une importance très modérée aux livres en tant qu'objet et que l'idée de les collectionner ainsi que la recherche du livre ancien introuvable me laissent tout aussi indifférent que la philatélie ou le tiercé.


Sur le reste, s'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, l'érudition notoire de ces deux auteurs rythme le livres d'anecdotes historiques et d'intéressantes réflexions. J'ai néanmoins trouvé le livre globalement en deçà des autres essais et recueil d'articles écrits par Umberto Eco (Je connais trop mal Jean-Claude Carrière pour le comparer à ses autres ouvrages). Aussi, je recommanderai bien davantage ses livres comme Chroniques d'une société liquide ou Construire l'ennemi et autres écrits occasionnels.


Voici donc un livre plutôt agréable mais que je ne le conseillerais qu'aux bibliophiles qui y trouveront leur bonheur ou aux plus fervents aficionados des deux auteurs.
Commenter  J’apprécie          150
Un très bel échange à bâtons rompus entre deux bibliophiles et têtes de proue de notre XXIème siècle. Plus qu'une dissertation sur l'amour des livres et les anecdotes qui l'accompagnent, on y trouve tout un questionnement sur l'avenir de notre culture
Commenter  J’apprécie          110
Une thématique accrocheuse et prometteuse, qui malheureusement ne répond pas vraiment à la question de base. Oui, j'ai été déçue par ce livre qui aurait pu nous fournir quelques belles pensées sur les livres, faire un point sur l'histoire du livre, son devenir, son importance dans notre culture et notre quotidien. Au lieu de ça j'ai eu l'impression de lire deux collectionneurs se regarder le nombril et se demander qui des deux a la plus grosse… collection d'incunables.

Incunables: Se dit d'un livre imprimé en Occident avant 1500. Parce qu'on apprend quand même des chose dans ce livre.

Dans le fond je reproche au livre de présenter deux intervenants coupés du monde, qui ne ressemblent pas aux lecteurs comme vous et moi, et qui du coup présentent une vision du livre d'érudits. Ils nous tartinent des pages d'exemples de quête d'incunables, de ce que vont faire leurs héritiers de leurs collections à leur mort (nous autres ne craignons pas que nos progénitures se déchirent lors du partage de nos 150 livres de poche…). Quant à l'idée de "conversation" entre érudits, j'émettrais là aussi un bémol. Souvent les intervenants ne se répondent pas, ils parlent chacun leur tour, nuance.

Lire le billet en entier sur Lirelasuite.net
Lien : http://lirelasuite.net/umber..
Commenter  J’apprécie          81
N'espérez pas vous débarrasser des livres est une entrevue entre deux érudits bibliophiles à savoir, Umberto Eco et Jean-Claude Carrière. L'entrevue animée par Jean-Philippe de Tonnac, porte sur plusieurs thèmes : la bibliophile, la place du livre et de la lecture de nos jours, de la culture, du cinéma, de la bêtise humaine, et de bien d'autre thèmes encore.

Les thèmes abordés sont tous traités avec une grande érudition, ce qui n'empêche pas les auteurs de placer par-ci, par-là, quelques anecdotes bien croustillantes. Si les thèmes abordés dans l'ouvrage passent du coq à l'âne, sans trop de transition logique, il s'agit bien de l'unique défaut de ce livre que j'ai particulièrement apprécié.
Commenter  J’apprécie          80
J'avais possiblement trop d'attentes envers ce livre et je sort déçu de cette lecture. Pourtant tout ce qui touche aux livres m'intéresse, ou du moins c'est ce que je croyais jusqu'ici. Mais les incunables, les collections privés à n'en plus finir et la chasse aux trésors me laissent de marbre au contraire des sommités qui pérorent ici. Pourtant il y a des passages qui m'ont accroché comme lorsqu'ils jasent des livres non-lus, de l'impact d'Internet ou des livres brûlés. Mais dans l'ensemble cela me semble un étalage de culture élitiste. À quoi sert un savoir encyclopédique si on ne se soucie pas de la forme pour le transmettre? Ces messieurs font grand étalage de leurs vastes connaissances, certes remarquables, mais peinent à rester centrés sur l'objet de la discussion et digressent à qui mieux-mieux; pour lecteurs avertis, et encore..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (548) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Nom de la Rose

Quel est le nom du personnage principal ?

Guillaume d’Ockham
Guillaume de Baskerville
Sherlock d’Holmes
Sherlock de Melk

10 questions
729 lecteurs ont répondu
Thème : Le nom de la rose de Umberto EcoCréer un quiz sur ce livre

{* *}