À travers une série de chroniques,
Umberto Eco dresse un triste constat de notre monde : non seulement le faux s'insinue partout, mais il est désormais préféré au vrai dans des domaines toujours plus nombreux. Quand on a la possibilité de voir une reproduction en 3D grandeur nature d'un tableau d'un grand maître, quel est l'intérêt de faire une heure de file pour aller admirer la Joconde format A4 ? Et pourquoi regarder quelques vieilles pierres dans leur vitrine alors que les reproductions en plâtre ou en plastique vous permettent maintenant de vous balader dans le temple tout entier ?
Eco nous pousse ainsi à nous interroger sur la notion même de « vrai » et sur ce que l'authentique apporte de plus que sa copie. Les sujets qui provoquent ces interrogations sont de nature très variée : des commentaires de faits divers, des réflexions politiques, des notions philosophiques plus pointues. le ton est parfois grave, parfois plein d'humour et d'ironie (la chronique « Comment présenter un catalogue d'oeuvres d'art » vaut à elle seule le détour).
L'auteur est connu pour l'étendue de son savoir, et force est de constater qu'il n'usurpe pas sa réputation. Il peut parler avec la même aisance d'un jeu télévisé et d'un concept philosophique pointu. C'est parfois au détriment du lecteur, puisque certaines chroniques sont incompréhensibles faute d'avoir les bases nécessaires dans un domaine précis. Dans l'ensemble, j'ai préféré les chroniques concernant la vie quotidienne : en posant les bonnes questions, Eco nous montre qu'il ne faut pas chercher bien loin pour pouvoir se casser la tête sur des questions complexes.