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Myriam Tanant (Autre)
EAN : 9782253041870
381 pages
Le Livre de Poche (01/05/1987)
3.82/5   70 notes
Résumé :
Une visite dans les sanctuaires du faux que sont les musées californiens, un match de football, une émission télévisée, les actions terroristes des Brigades rouges ou les phénomènes de mode, tels sont certains des événements quotidiens ou exceptionnels, légers ou tragiques, qu'analyse Umberto Eco dans ces chroniques écrites au jour le jour. L'intelligence et la finesse, l'ironie et l'humour de l'auteur du Nom de la rose nous entraînent dans la ronde des signes de no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
À travers une série de chroniques, Umberto Eco dresse un triste constat de notre monde : non seulement le faux s'insinue partout, mais il est désormais préféré au vrai dans des domaines toujours plus nombreux. Quand on a la possibilité de voir une reproduction en 3D grandeur nature d'un tableau d'un grand maître, quel est l'intérêt de faire une heure de file pour aller admirer la Joconde format A4 ? Et pourquoi regarder quelques vieilles pierres dans leur vitrine alors que les reproductions en plâtre ou en plastique vous permettent maintenant de vous balader dans le temple tout entier ?

Eco nous pousse ainsi à nous interroger sur la notion même de « vrai » et sur ce que l'authentique apporte de plus que sa copie. Les sujets qui provoquent ces interrogations sont de nature très variée : des commentaires de faits divers, des réflexions politiques, des notions philosophiques plus pointues. le ton est parfois grave, parfois plein d'humour et d'ironie (la chronique « Comment présenter un catalogue d'oeuvres d'art » vaut à elle seule le détour).

L'auteur est connu pour l'étendue de son savoir, et force est de constater qu'il n'usurpe pas sa réputation. Il peut parler avec la même aisance d'un jeu télévisé et d'un concept philosophique pointu. C'est parfois au détriment du lecteur, puisque certaines chroniques sont incompréhensibles faute d'avoir les bases nécessaires dans un domaine précis. Dans l'ensemble, j'ai préféré les chroniques concernant la vie quotidienne : en posant les bonnes questions, Eco nous montre qu'il ne faut pas chercher bien loin pour pouvoir se casser la tête sur des questions complexes.
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Umberto Eco rassemble ici une série de 25 chroniques (leçons) autour de 5 thèmes. le thème du "village globale" aborde les questions de la communication. Les chroniques datent de la fin des années 1970 et le "village globale" c'est à dire la planète entière réduite à un village globale par les NTIC (nouvelle techno de l'information et de la communication) n'en était qu'à ses débuts.
Mais Eco déjà savait nous en montrer les risques pour mieux nous faire apprécier ce qu'il convient de cultiver dans la communication.
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Superbe.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
J'avais eu l'occasion de voir personnellement certaines cérémonies londoniennes, parmi lesquelles l'annuelle Trooping the Colours où l'impression la plus désagréable est donnée par les chevaux, dressés pour tout sauf pour s'abstenir de faire leurs besoins légitimes : peut-être à cause de l'émotion, ou des lois naturelles, mais la reine dans ces cérémonies avance toujours dans une mer de fumier, parce que les chevaux de la Garde ne peuvent pas s'empêcher de parsemer le parcours d'excréments. D'ailleurs, s'occuper des chevaux est une activité très aristocratique, et, pour un aristocrate anglais, le fumier de cheval fait partie des matières les plus familières.

On n'a pas pu échapper à cette loi pendant le royal wedding. Mais ceux qui ont regardé la télévision ont remarqué que ce fumier chevalin n'était ni sombre, ni brun, ni inégal, mais se présentait toujours et partout dans un ton pastel, entre le beige et le jaune, très lumineux, de façon à ne pas attirer l'attention et à s'harmoniser avec les couleurs tendres des habits féminins. On a lu ensuite (mais on pouvait facilement l'imaginer) que les chevaux royaux avaient été nourris pendant une semaine avec des pilules spéciales, pour que leurs excréments aient une couleur télégénique. Rien ne devait être laissé au hasard, tout était dominé par la retransmission.
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Des centres culturels qui depuis des années organisent des débats, des conférences, des colloques ont dû faire face à une troisième phase. La première était la phase normale jusqu'en 1968 : quelqu'un parlait, le public, en quantité raisonnable, écoutait, avec quelques questions bien élevées à la fin, et tout le monde rentrait à la maison au bout de deux heures. La deuxième est la phase de soixante-huit : quelqu'un essayait de parler, un public turbulent lui contestait le droit de prendre la parole de façon autoritaire, quelqu'un d'autre, parmi le public, parlait à sa place (de façon tout aussi autoritaire, mais on ne s'en est aperçu que lentement), à la fin on votait n'importe quelle motion et tout le monde rentrait. La troisième phase, par contre, fonctionne ainsi : quelqu'un parle, le public s'amasse en quantité invraisemblable, assis par terre, se pressant dans les espaces avoisinants, parfois sur les escaliers d'entrée, il supporte que l'orateur parle pendant une, deux, trois heures, participe à la discussion pendant deux autres heures, et ne veut jamais rentrer à la maison.
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Cogito interruptus...
Il y a des livres dont le compte rendu, l'explication et le commentaire s'avèrent plus faciles que la simple lecture ; car seul l'exercice de la pensée permet d'en suivre sans distraction les argumentations, les implacable nécessités syllogistiques ou les enjeux ponctuels de relation. C'est pour cette raison que des ouvrages comme la Métaphysique d'Aristote ou la Critique de la raison pure ont plus de commentateurs que de lecteurs, plus de spécialistes que d'amateurs.

Il y a au contraire des livres qui sont très agréables à lire mais sur lesquels il est impossible d'écrire, car dès qu'on tente d'en faire un commentaire ou une présentation, ils se refusent à entrer dans la proposition « Ce livre dit que ». Qui les lit par plaisir en a pour son argent. Mais qui les lit pour les raconter aux autres s'indigne à chaque ligne, déchire les notes qu'il vient de prendre, cherche la conclusion qui suit les « donc » et ne la trouve pas.
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La technique de l'« audioanimatronique » est utilisée dans beaucoup de secteurs de Disneyland et donne vie aussi à une collection de présidents des Etats-Unis, mais jamais peut-être comme dans la caverne des pirates elle ne montre davantage sa prodigieuse efficacité. Des hommes ne feraient pas mieux, et coûteraient plus cher, mais ce qui compte surtout c'est que ce ne soient pas des hommes et qu'on le sache.
Le plaisir de l'imitation, les Anciens le savaient déjà, est l'un des plus inhérents à l'âme humaine, mais ici, outre le fait de jouir d'une imitation parfaite, on jouit de la persuasion que l'imitation a rejoint son apogée et que maintenant, la réalité sera toujours inférieure.
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Avec un rapide changement de décor (en ce qui concerne le monde actuel), mais sans nous déplacer d'un centimètre pour notre parallèle avec le Moyen Âge, nous voilà dans une salle de cours où Chomsky découpe grammaticalement nos énoncés en éléments anatomiques qui se ramifient de façon bifide, où Jakobson réduit à des traits binaires les émissions phonologiques, où Lévi-Strauss structure la vie parentale et le tissu des mythes en jeux antinomiques et où Roland Barthes lit Balzac, Sade et Ignace de Loyola comme le savant médiéval lisait Virgile, en poursuivant des illusions opposées et symétriques. Rien n'est plus proches du jeu intellectuel médiéval que la logique structuraliste, comme rien ne lui ressemble plus, après tout, que le formalisme de la logique et de la science physique et mathématique contemporaines. On ne doit pas s'étonner de pouvoir retracer dans le même territoire antique des parallélisme avec le débat dialectique des politiciens ou la description mathématisée de la science. Nous sommes en effet en train de comparer une réalité en acte avec un modèle concentré ; mais, dans les deux cas, nous nous trouvons devant deux manières d'affronter le réel qui n'ont pas d'équivalent dans la culture bourgeoise moderne et qui dépendent, l'une comme l'autre, d'un projet de reconstitution face à un monde dont on a perdu ou dont on refuse l'image officielle.
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Vidéo de Umberto Eco
Milo Manara enlumine le Nom de la Rose d’Umberto Eco
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