Voilà une histoire somme toute assez banale. Celle d'une envolée amoureuse qui connaîtra une évolution pour le moins laborieuse et incertaine. Rien de spectaculaire toutefois dans cette romance, c'est même ce qui fait son charme. Tout le monde peut s'y reconnaître en notre siècle ou les alliances sont fragiles. Travers des temps modernes où plus aucune valeur morale ou religieuse ne sous tend les relations du couple.
Les situations et les sentiments sont bien analysés et retranscrits par
Lauren Elkin, en particulier l'état d'esprit de l'héroïne, Catherine Parrish, abandonnée et laissée dans l'ambiguïté la plus totale par son beau et ténébreux gondolier, Marco, peu prolixe de ses sentiments et encore moins scrupuleux des convenances. Il faut dire qu'elle n'a elle-même pas été très bienveillante avec son fiancé américain avec qui elle a rompu pour ce bel Italien.
Venise, la ville romantique par excellence, est décrite sans fard. Elle est devenue un personnage de cet ouvrage, presque haïssable quand elle sert de décor au désarroi d'une Catherine Parrish complètement déboussolée. Elle avait trouvé en Marco une bouée de sauvetage, elle qui se voyait promise à un avenir trop conventionnel et insipide.
A cette aventure amoureuse chaotique se superpose l'énigme de la découverte d'une vieille synagogue, dissimulée sous des parements moins nobles que les mosaïques qu'elle recèle. Elle sera le prétexte à recoller la romance à la grande Histoire de Venise, mais aussi et surtout à celle du peuple juif dans son errance européenne.
C'est écrit à la première personne avec des mots de tous les jours, très contemporains. Il faut cependant bien suivre les transferts, car la première personne change de narrateur dans certains chapitres. C'est un artifice de construction un peu déroutant.
De la même façon qu'elle nous fait toucher du doigt le côté flétri de la sérénissime, nous imprégner de l'humidité qui gagne les murs,
Lauren Elkin parvient à nous rendre palpable le désarroi de son héroïne, cette amoureuse à la dérive.
J'ai aimé l'imprégnation des sentiments dans le décor.