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3,45

sur 148 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1932, Grande Dépression, le Dakota du Nord (comme les autres états d'Amérique) est touché de plein fouet par cette crise économique qui n'épargne presque personne et surtout pas Adelaide, mère célibataire de Mary et Karl (respectivement 11 et 14 ans) et d'un nouveau-né tellement nouveau qu'il n'a même pas encore de prénom quand elle s'envole définitivement à bord d'un coucou appartenant à un pilote trapéziste de foire qui ne se fait pas beaucoup prier pour enlever la matouze, sans plus se soucier de la marmaille restée à terre.
Le bébé est rapidement volé par un couple qui vient de perdre le sien et Mary et Karl se retrouvent à voyager dans un wagon de marchandise, direction un petit bourg paumé où leur tante possède une boucherie et où ils espèrent renouer avec la vie de famille...

Après un départ aussi calamiteux, ne comptons pas trop que les choses s'arrangent et même si elles n'empirent pas toujours vers le tragique, rien de ce qui était prévu ne va se dérouler comme convenu.
Les personnages ne font pas dans la demi-mesure et chacun se montre tout prêt à écraser l'autre pour exister. D'animaux fragiles et blessés qu'ils étaient au départ, ne subsiste plus rien qu'une colère et un appétit de vivre assez féroce pour que l'égoïsme et la loi du Talion soit érigé en principe de vie. Pas d'amour heureux dans ce pique-nique mais des instincts à assouvir coûte que coûte et une folie qu'on touche du doigt sans distinction du personnage qui tient le crachoir dans ce roman choral donnant tour à tour la parole à Mary, à sa meilleure amie, à Karl, à leur cousine, à leur oncle etc. Malmenés et abîmés par la vie, ils nous racontent 40 ans de leur existence, de leurs espoirs, de leurs regrets, de leurs jalousies et de leurs (des)amours envers les autres.
Belle brochette de durs à cuir mal cicatrisés que Louise Erdrich n'a pas créée pour nous la faire aimer et de fait, aucune empathie n'est possible pour ces personnages plein de froideur et d'amertume. L'auteure ne partait visiblement pas avec l'intention de nous apitoyer sur le sort des ces pauvres petits bâtards et encore moins celle de nous faire pleurer dans les chaumières.
Pour le coup c'est réussi et à travers cette chronique familiale implacable c'est tout le Dakota du Nord si cher à ses romans que Louise Erdrich nous fait visiter, un état âpre, dévasté par la pauvreté et la maladie et où les malheurs des uns entraînent le malheur des autres.
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Ah, je peux vous dire qu'on adore le principe des rééditions de grands romans, qui permettent de découvrir ou de redécouvrir des livres passés un peu inaperçu lors de leurs sorties sa sortie.

Prenez "le pique nique des orphelins", second ouvrage de Louise Erdrich paru en 1986 sous le titre "La branche cassée", le voilà trente ans qui ressort en France, grace aux éditions Albin Michel dans la formidable collection "Terres d'Amérique et à une toute nouvelle traduction,. celle d'Isabelle Reinbarez qui rend vraiment service à ce très beau texte.

Louise Erdrich, peu connue en France, est pourtant une des plus illustres voix de la littérature américaine, et plus particulièrement amérindienne. Indienne par sa mère, et allemande par son père Erdrich qui est une romancière reconnue aux USA ( adoubée notamment par Philip Roth) creuse un sillon proche de celui de Toni Morisson, sauf qu'ici ce n'est pas la culture afro américaine qu'elle met en valeur, mais celle des amérindiens dont elle n'a cessé de chanter les louanges et les vicissitudes à travers des sagas souvent épiques et flamboyantes.

Dans ce "Pique Nique des Oprhelins", qui n'est que son second ouvrage, l'auteur traite de ce sujet éternel des rapports conflictuels entre indiens et blancs à travers une saga familiale qui coure sur plusieurs époques, à travers le destin de trois oprhelins abandonnés un jour par leur mère en 1932, juste après le grande crise…
Une mère sans domicile fixe financièrement exsangue suite au décès de son amant qui avait une double vie et avec qui elle entretenait une relation illégitime malgré trois enfants de ce lit, sur un simple coup de tête, va quitter ses trois enfants dont un bébé en plaquant tout pour rejoindre un pilote acrobatique dans une grande fête foraine du village du Dakota du Nord où se déroule l'intrigue.

Une intrigue qui commence donc par un abandon particulièrement inattendu et saugrenu, et c'est tout le livre qui va mélanger étrange et épique dans cette saga familiale foisonnante, avec plein de personnages hauts en couleurs où se croiseront différents personnages, indiens et blancs, qu'on suivra jusqu'en 1972, soit un demi siècle après le début du roman.

Surnaturel et onirisme forment les principaux piliers de l'univers de cette saga américaine tragi comique, entre Paul Auster et Faulkner, et on aime éperdument la façon dont Louise Erdrich nous embarque totalement dès le début du roman et pour ne plus nous lâcher dans son monde dans lesquels les personnages tiennent au bord d'un fil très tenu entre raison et folie…

Bref, assurément, un des meilleurs livres de de ce début 2016 qui date de 1986 et j'espère que vous arriverez à la même conclusion que moi en dévorant ce Pique Nique des Orphelins...

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je n'avais pas encore ouvert un livre de Louise Erdrich. J'ai découvert une poésie vibrante et sensitive, un univers terreux où la lumière se glisse parfois, blafarde, par quelques interstices, des personnages complexes liés par le sang ou par intérêt qui ne s'en laissent pas conter, balayant de leur route amour et amitié. Ils sont terriblement seuls, leurs sentiments bien planqués au fond d'eux, mais ont besoin des autres pour avancer quoi qu'il arrive. Des vies brinquebalantes, des embardées fréquentes, des joies éphémères. Des vies rugueuses, âpres, brumeuses et mélancoliques où tragédie, cocasserie, folie et discernement s'entremêlent sans cesse.
Nous sommes en 1932 aux États-Unis, Adélaïde, la ravissante et gracieuse mère de Karl, Mary et du petit Jude – dont l'amant et père de ses enfants, déjà marié, vient de mourir - les emmène à une fête foraine, ironiquement nommée « Le pique-nique des orphelins ». En effet, les trois enfants assistent à l'envolée de leur mère dans les airs avec le Grand Omar, à bord de son avion. Ils voient – et verront longtemps – ses cheveux s'agiter au vent. D'emblée, ils deviennent orphelins. Et sous leurs yeux stupéfaits, Karl et Mary assistent à l'enlèvement de leur petit frère, encore bébé, par un père en mal d'enfant. Livrés à eux-mêmes, ils décident de se rendre chez leur oncle et leur tante – tenanciers d'une boucherie – à Argus, dans le Dakota du nord. Mary sera la seule à arriver à destination, Karl ne descendra pas à temps du train.
Quarante années s'écouleront au gré des existences de chacun. Trois générations se succéderont à travers les différentes voix des personnages. de petits évènements en tragédies, de jalousies en conflits, de la boucherie aux champs de betteraves, de l'apparence à la réalité en passant par les sciences occultes, des femmes fortes et des hommes fragiles, des amours enfouis, des blessures qui ne se referment pas, j'ai été happée par le tourbillon impétueux de cette famille explosée.

Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Trois enfants livrés à eux-mêmes suite aux frasques de leur mère tentent de survivre.Devenus orphelins ils tentent de rejoindre la seule famille qui leur reste .Leur route prendra des chemins différents malgré eux et chacun fera sa vie loin l'un de l'autre.
Dans cette saga familale ,ce roman chorale à la "Faulkner"Louise Erdrich nous brosse le portrait d'une belle galerie de personnages à travers quarante années dans l'ambiance typique de l'Amérique .

Une histoire bouleversante,où chaque personnage est lié l'un à l'autre par des liens puissants malgré certaines rivalités .Le bonheur ne transperce pas ces pages,bien au contraire,c'est sombre,chaotique,sans amour,sauvage.Même les amitiés sont bancales,et l'amour inéxistant .Chacun s'accroche à la vie à sa manière .

Ce roman est issu d'une nouvelle traduction d'un travail remarquable d'Isabelle Reinharez,traductrice également de Ron Rash .
Une belle rencontre une fois encore avec la plume de Louise Erdrich que j'avais découverte avec son magnifique roman "La malédiction des colombes"
Un bon moment de lecture
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A la lecture du résumé, je m'attendais à un récit mélodramatique, empli de pathos et d'empathie, où nous suivrions les mésaventures et revers de deux jeunes orphelins abandonnés par leur mère. Que nenni !
Alors oui certes, il y a Mary et Franck, qui ont vu s'envoler leur mère un soir de fête foraine pour ne plus revenir, et qui ont alors décidé de sauter dans un train de marchandises afin de rejoindre la boucherie tenue par leur tante dans le Dakota, mais il y aussi leur petit frère encore bébé et n'ayant pas même eu le temps d'avoir un prénom ; il y a la cousine caractérielle, Sita ; l'amie d'enfance, Celestine ; l'amant et oncle, Wallace Pfef ; la fille et nièce impétieuse, Walacette dit « Dot » et tant d'autres qui s'expriment dans ce roman choral alternant le point de vue de ces divers personnages avec de petits chapitres rédigés à la troisième personne du singulier, contant un évènement se passant dans la vie d'un autre personnage encore. Bref, beaucoup de monde s'expriment au sein de ce roman s'apparentant à une fresque familiale dont la galerie de personnages est bien fournie, vous l'aurez compris. Je craignais de m'y perdre, ou que le récit soit redondant mais pas du tout, les évènements s'enchaînent et s'imbriquent dans chaque chapitre, c'est comme si chacun se passaient le relai finalement.
Alors oui certes il y a de l'amour, mais il est souvent déguisé, il ne s'exprime pas clairement, les sentiments sont complexes et maladroits. Les liens amicaux et familiaux sont délicats et sournois bien qu'indéfectibles. Ce qui donne un récit âpre où la tendresse se devine mais la rancoeur domine. Ce que j'ai apprécié, c'est que l'alternance des récits modifie notre perception des personnages, à première vue aucun n'est attachant, l'auteure ne nous les dépeint pas sous leur meilleur jour, mais en adoptant leur point de vue, on comprend ce qui les motive, le pourquoi de leur comportement souvent odieux, la tristesse qui les ronge, l'insatisfaction qui les rend mauvais, leurs regrets, leurs remords, bref toute une étendue de sentiments qu'ils n'osent ou ne savent pas exprimer clairement aux autres. Puis, en changeant de point de vue, le personnage que l'on commençait à comprendre mieux finalement nous agace, car on adopte un nouveau point de vue, le ressenti d'un autre personnage et ainsi de suite. Ou peut-être est-ce moi qui suis trop malléable ?
Quoiqu'il en soit, ce n'est pas un roman comme les autres !
Challenge ABC 2019-2020
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Comment les destinées d'enfants d'une même famille peuvent-ils être à ce point marqués par l'atavisme ? Sur 40 ans, l'auteur nous entraîne dans les soubresauts d'une histoire sur 3 générations où les femmes tiennent le premier rôle. Fortes, déterminées, mais caractérielles aussi : elles semblent ne se satisfaire d'aucune forme d'amour, ni filial ou maternel, ni conjugal, et l'amitié est sauvage, brute, sans concessions souvent, à croire que le bonheur n'a pas sa place dans ces pages. de l'abandon pendant l'enfance (lors du fameux "pique-nique des orphelins" qui donne son titre au roman) aux renoncements amoureux et à la solitude, les personnages semblent en abîme. Ajoutons à ça qu'ils sont pour la plupart un peu peu barrés, voire franchement psychotiques !
C'est pourtant un roman presque réjouissant qu'a écrit Louise Erdrich tant les situations frôlent souvent la cocasserie et sont parfois si près du tragique qu'ils offrent une fantaisie inespérée.
Un roman qui m'a permis de découvrir cet auteur que je n'avais encore jamais lu, un livre que j'ai beaucoup aimé, emportée dans ce tourbillon familial pas ordinaire !
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Louise Erdrich offre avec The Beet Queen un nouvel épisode, un nouveau pan de la complexe histoire qu'elle brode et qu'elle a commencé avec Love Medicine. Ce roman nous livre une écriture riche et nous plonge dans les sentiments humains les plus profonds.

Histoires d'amour, histoire de famille, amitié et haine, les personnages voguent sans arrêt d'un sentiment à l'autre. le lecteur est témoin de ces êtres qui s'aiment puis se déchirent. La structure du livre, changeant de point de vue et d'année, nous ballotte de l'un à l'autre.

Tantôt drôle, tantôt triste, parfois étonnante, l'histoire qui nous est racontée dans The Beet Queen ressemble à n'importe quelle existence : chaotique, mouvante. On compatit parfois pour les personnages, d'autres fois on n'éprouve aucune empathie pour eux. Les points de vue changeants de l'histoire nous amène parfois à reconsidérer les événements avec un oeil neuf.

A l'image de Love Medicine, ce roman est touchant car il nous parle de sentiments, de relations parfois difficiles, mais si humains. Il nous plonge dans l'intimité de différentes familles, et d'amis, qui se battent pour donner un sens à leur existence. On traverse des vies de bout en bout, l'histoire se termine comme elle a commencé, la boucle semble bouclée...
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2ème roman de Louise Erdrich, dans une traduction intégrale de Isabelle Reinharez (je suis toujours surpris que l'on puisse éditer une traduction tronquée comme ce fut le cas en 1988).
Une écriture un peu complexe, inspirée dit on de celle de Faulkner, qui demande un certain effort au début du livre, avant de s'habituer aux allers-retours entre personnages et aux changements d'angle de vue.
In fine, une belle aventure à travers une famille qui débute au moment de la Grande Dépression dans le Dakota du Nord. Et qui se termine quarante ans plus tard par la culture intensive de la betterave et symboliquement par une année de sécheresse intense.
Couverture curieuse de l'édition Albin Michel qui fait penser davantage à un champ de blé avec des silos à grains qu'à un champ de betteraves mais il faut certainement y voir une illustration de la sécheresse!
Roman un peu long mais avec des pages très poétiques et une fin très réussie.
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1932, Minneapolis. Au cours d'une fête foraine, Mary et Karl voient leur mère embarquer à bord d'un avion et partir à jamais. Et leur petit-frère Jude encore nourrisson se fait enlever par un homme. Ils n'ont pas d'autre choix que de se rendre à Argus dans le Dakota du Nord où leur tante tient une boucherie avec son mari. Seule Mary y parviendra, Karl étant resté dans le train de marchandises.
Si elle est accueillie avec bonté par son oncle et sa tante, Sita sa cousine ne voie pas d'un bon oeil son arrivée. Très vite, Mary s'intègre et se noue d'amitié avec Célestine.

Sur plus de quarante ans et trois générations, nous suivons principalement Mary, Célestine qui contrairement à Sita sont restées à Argus. Un roman choral où les femmes ont un caractère bien trempé et où le vie n'est pas si facile. L'amitié de l'enfance s'est effacée, bousculée par des événements auxquels les deux femme doivent bien faire face. Tous les personnages de ce roman ont des existences blessées, des rêves avortés. Malgré leur défauts, leur dureté ou leur faiblesse, ils ne peuvent que nous toucher.

Un roman dense, riche, passionné et passionnant où Louise Erdrich déploie une fois plus tout son talent. Et j'ai retrouvé dans ce livre (paru une première fois en 1986 ) tout ce j'aime chez cette auteure.

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Abandonnés par une mère irresponsable, qui s'enfuit ou plutôt s'envole dans les bras d'un aviateur au cours d'une fête foraine, trois enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors que le plus petit d'entre eux, encore bébé, est adopté par des parents qui viennent de perdre leur propre enfant, Karl, le frère aîné est placé à l'orphelinat et mènera ensuite une vie d'errance et de vagabondage.

Quant à Mary, elle s'enfuit chez sa tante, dans le Dakota du Nord et intègre la famille de Sita, sa cousine avec laquelle elle entretiendra toute sa vie durant, des liens conflictuels.

A travers seize chapitres, soigneusement orchestrés, dans lesquels plusieurs voix narratives alternent, le lecteur captivé, suit la vie de cette famille depuis les années 30 jusqu'en 1972. Cette variation de points de vue de la part de plusieurs personnages autour des mêmes événements, souvent tragiques, voire parfois carrément burlesques, donne un caractère envoûtant au récit.

Et quels personnages ! Tous aussi singuliers et hauts en couleur les uns que les autres et que l'on suit d'autant plus volontiers, avec curiosité et attirance, au sein de cet univers étrange mais toujours finement lié à une réalité crue et souvent violente.

J'avais déjà particulièrement aimé "Dans le silence du vent" et j'ai tout autant adoré ce dernier roman réédité, dont la première traduction du titre était "La branche cassée".

On ne résiste pas à cette écriture violente, puissante et fascinante.
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